Il faut considérer que cet opéra fut joué dans un petit local, et qu’il étoit privé de danse, de machines, et de décorations ; magie enchanteresse qu’il étoit réservé au génie de Quinault de nous montrer, et dont il nous a le premier fait éprouver les charmes. […] Décorations superbes et machines d’autant plus étonnantes, qu’il y avoit des Palais entiers qui descendoient des cieux supportés par des nuages, et dans les quels cent personnes étoient grouppées de différentes manières. […] C’est donc à cet ami des arts que ce spectacle doit toutes les machines étonnantes, et heureusement combinées, qui firent jadis une partie enchanteresse des opéras de Quinault. […] Ce spectacle avoir, pour titre, la Toison d’or, tragédie de Pierre Corneille, mêlée de musique et de danse, et ornée de chants, de décorations et de machines. […] Le Marquis de Sourdéac s’associa à cette entreprise, et se réserva la direction des machines.
Le ballet est une espèce de machine plus ou moins compliquée, dont les différents effets ne frappent et ne surprénent qu’autant qu’ils sont prompts et multipliés ; ces liaisons et ces suites de figures, ces mouvemens qui se succédent avec rapidité, ces formes qui tournent dans les sens contraires, ce mélange d’enchainemens, cet ensemble et cette harmonie qui règnent dans les temps et dans les développemens, tout ne vous peint-il pas l’image d’une machine ingénieusement construite ? […] Plusieurs d’entre elles exigent des machines : il est par exemple, peu de sujets dans Ovide, que l’on puisse rendre sans y associer les changemens, les vols, les métamorphoses, etc. […] Les théatres d’Italie ne brillent point par les machines ; ceux de l’Allemagne construits sur les mêmes plans, sont également privés de cette partie magique du spectacle ; en sorte qu’un maître de ballets se trouve fort embarrassé sur ces théatres, s’il n’a quelque connoissance du mécanisme, s’il ne peut développer ses idées avec clarté, et construire à cet effet de petits modèles, qui servent toujours plus à l’intelligence des ouvriers, que tous les discours, quelque clairs, et quelque précis qu’ils puissent être. […] Les Anglais sont ingénieux ; leurs machines de théatre sont plus simplifiées que les nôtres ; aussi les effets en sont ils aussi prompts que subtils.
Le Ballet est une espece de machine, plus ou moins compliquée, dont les différents effets ne frappent & ne surprennent qu’autant qu’ils sont prompts & multipliés. Ces liaisons & ces suites de figures ; ces mouvements qui se succédent avec rapidité ; ces formes qui tournent dans des sens contraires ; ce mêlange d’enchaînements ; cet ensemble & cette harmonie qui régnent dans les temps, & dans les développements : tout ne vous peint-il pas l’image d’une machine ingénieusement construite ? […] Plusieurs d’entr’elles exigent des machines : il est, par exemple, peu de sujets dans Ovide, que l’on puisse rendre, sans y associer les changements, les vols, les métamorphoses, &c. […] Les Théatres d’Italie ne brillent point par les machines ; ceux de l’Allemagne, construits sur les mêmes plans, sont également privés de cette partie enchanteresse du Spectacle ; ensorte qu’un Maître de Ballets se trouve fort embarrassé dans ces Théatres, s’il n’a quelque connoissance du méchanisme ; s’il ne peut développer ses idées avec clarté, & construire à cet effet de petits modeles, qui servent toujours plus à l’intelligence des ouvriers, que tous les discours, quelque clairs & quelque précis qu’ils puissent être. […] Les Anglois sont ingénieux ; leurs machines de Théatre sont plus simplifiées que les nôtres, aussi les effets en sont-ils aussi prompts que subtils.