/ 149
2. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre troisième — Chapitre IV. Fragment de Lucien »

Un esprit vif, l’oreille fine, le jugement droit, l’imagination féconde, un goût sûr qui lui fasse pressentir partout, ce qui lui est convenable, sont des qualités rares dont il ne peut se passer et avec lesquelles l’Histoire ancienne, ou plutôt la Fable, lui fournira une matière suffisante pour les plus magnifiques compositions. […] Qu’il se rappelle la manière dont Icare planta la vigne, les malheurs d’Érigone, l’enlèvement d’Orithye, celui de Médée et ses fureurs : sa retraite en Perse ; l’histoire des filles d’Érechthée, et tout ce qu’elles ont fait et souffert en Thrace. […] Glaucon, Créon, Bellérophon, la Chimère, Sthénobée, le combat du Soleil et de Neptune, les fureurs d’Athamas, le Bélier des enfants de Néphélé, l’accueil que reçurent Ino et Mélicerte dans les Gouffres des mers appartiennent à l’Histoire de Corinthe. […] Car l’Histoire de Troie paraît liée à celle de Sparte, et tous les Héros qui s’y sont trouvés, peuvent fournir chacun un sujet particulier, ainsi que les événements qui suivirent cette guerre sanglante, comme la faiblesse de Didon et les erreurs du pieux Énée. La Fable d’Oreste est aussi naturellement liée à cette grande histoire, ses dangers chez les Scythes, la rencontre inopinée qu’il y fait d’Iphigénie, le sang qu’il avait répandu, l’expiation qu’il allait en faire, ses infortunes ; ses fureurs.

3. (1724) Histoire générale de la danse sacrée et profane [graphies originales] « A, son altesse royale. Monseigneur. le duc d'Orléans, petit-fils de France. » pp. -

MONSEIGNEUR, Le goût universel que Votre Altesse Royale a toujours marqué pour les Sciences & les Arts, & la protection dont Elle favorise ceux qui les cultiveni, me fit prendre la liberté de lui présenter il y a quelques années l’Histoire de la Musique, un des Arts pour lequel Elle semble avoir eu une préference d’inclination. L’Ouvrage s’est ressenti de son acceuil favorable, auquel j’ai certainement plus attribué le succès qu’il a eu dans le Public, qu’à tout autre mérite ; ce qui fera peut-être trouver extraordinaire à Votre Altesse Royale, qu’au lieu de me contenter de lui en venir témoigner mon humble reconnoissance, j’ose lui faire observer une espece d’engagement auquel Elle ne s’attendoit pas, & qu’elle a néanmoins pris en faveur de l’Histoire de la Danse, comme sœur de la Musique : c’est une cadette qui n’a pas besoin d’une protection moindre que celle que vous avez accordée à l’aînée, pour paroître avec agrément dans le monde. […] Ni cette grandeur qui vous environne, ni la gravité attachée à l’importance des affaires qui vous occupent, ni le caractere de Héros que vous soutenez déja depuis long-tems, ne rendent point cette Histoire indigne de votre protection, lorsque vous sçavez, MONSEIGNEUR, que l’exercice qui en fait le sujet, a servi aux Rois les plus sages & aux Héros les plus illustres de l’Antiquité, à signaler leur joye dans les plus grandes occasions de Fêtes & de réjouissances publiques.

4. (1724) Histoire générale de la danse sacrée et profane [graphies originales] « Préface. » pp. -

La liaison qui est entre la Danse & la Musique, m’a jetté insensiblement dans la nécessité de donner l’Histoire de l’une, après avoir publié celle de l’autre ; & comme il me paroît à propos de prévenir mon Lecteur sur l’ordre que j’ai gardé dans ce Traite, je le fais ici en peu de mots. […] Les Egyptiens sont les premiers parmi les Payens, dont les Prêtres ayent exprimé par des danses caractérisées les Mysteres de leur Religion : les Grecs ont encheri sur eux en ce point, comme on le voit dans l’histoire de leurs Corybantes ; & les Romains les ont imitez, en faisant entrer les danses dans la célébration de leurs Fêtes & dans leurs Sacrifices. […] Et comme les Instituteurs des differentes danses, leur avoient donné ou leurs noms propres, ou ceux des choses qu’elles exprimoient ; ce sont des circonstances que je n’oublie point dans leur histoire, parce qu’elles en font le fondement. […] L’histoire de la Danse Sacrée en particulier auroit demandé une meilleure plume, par la dignité de son sujet qui n’a point encore été traité. Pytagore, Platon, Lucien, & Athénée nous ont donné seulement une idée generale de la Danse ; Meursius en a plus parlé dans son Traité de l’Orchestre : mais cela est fort différent d’une Histoire suivie de cet Art, de laquelle j’aurai eu au moins le mérite de l’invention.

/ 149