Cet heureux contraste produit en nous une délicieuse sensation, et embellit la musique par ce clair-obscur, qui est l’âme des beaux arts. […] La musique cultivée par un instinct, ou un goût inné s’efforça de perfectionner ses heureux essais. […] Le premier homme qui eut l’idée heureuse d’adapter des paroles au chant fut sans contredit le premier versificateur du monde. […] La poësie ne faisoit que balbutier ; la musique au berceau n’articuloit que les sons de l’enfance ; la danse se trainoit à peine ; la peinture sans dessin, privée de la variété des couleurs et en ignorant l’heureux mélange, n’offroit que de foibles ébauches ; la sculpture pétrissoit l’argile, et il ne sortoit de ses mains que d’insipides caricatures.
Trop heureux si je puis à la fois, offrir à la science des maîtres une méthode lumineuse et sûre, prémunir l’inexpérience des élèves contre les écarts du faux goût, et perfectionner un art qui a fait l’occupation et le charme de ma vie tout entière. […] Cette vivacité, qui entretient et vivifie les relations sociales, a besoin d’être tempérée et réduite au ton de l’enjouement ; sans cette heureuse modération, elle dégénère en étourderie et conduit trop souvent à l’incivilité.
Mais telles sont les jouissances qu’ambitionne votre Majesté Impériale, elle semble n’être élevée au rang suprème que pour jouir du privilège de faire des heureux.