Les Artistes en général n’ont que des traditions incertaines : ils se conduisent par des habitudes contractées de longue main, ou par des caprices du moment. Ils ont donc besoin d’une histoire qui fixe leurs incertitudes, d’une lumière pure qui leur montre les erreurs, le danger, le mauvais goût de leurs habitudes ; d’un fond assez riche, pour rendre utiles ces mêmes caprices que l’ignorance rend presque toujours nuisibles. […] Cette foule d’hommes oisifs qu’on ne saurait désigner que par les places d’habitude qu’ils occupent à nos spectacles, cet essaim de femmes à prétentions qui cherchent sans cesse le plaisir, et que le plaisir fuit toujours ; cette jeunesse légère, qui juge de tout, et qui ne connaît encore rien ; ces gens aimables du Monde, qui prononcent toujours sans avoir vu, et qui en effet rencontrent mieux quelquefois que s’ils s’étaient donnés la peine de voir, font tous partie de la multitude, qui prend le ton, sans s’en douter, des Artistes, des Amateurs, et de la bonne Compagnie12.
Le charme, qui cachait les défauts, s’est dissipé peu à peu par l’habitude, et les défauts sont restés. […] La Danse était au berceau en France lors de l’établissement de l’Opéra : l’habitude, l’usage, la tradition, seules règles des Artistes bornés, l’y ont depuis retenue comme emmaillotée.
On ne saurait trop se persuader combien ce petit exercice, qui ne parait rien signifier, contribue cependant à rendre la flexibilité aux jarrets et procure une démarche aisée et agréable, corrige les mauvaises habitudes contractées, ou qu’on pourrait contracter par la suite1 : il n’y a donc pas de doute que cet exercice ne soit un point essentiel, et qu’il ne doive être répété tous les jours pendant longtemps pour faciliter les progrès dans cet art.