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76. (1909) Une vie de danseuse. Fanny Elssler « Chapitre V. marie taglioni  » pp. 156-187

A Munich, où elle fut engagée au théâtre royal, elle plut à la cour autant qu’à la foule. […] A Vienne, comme elle jetait du haut d’un balcon des fleurs à la foule, ses admirateurs fanatisés se les arrachèrent entre eux avec force horions et bousculades. […] Elle déclare que ce phénomène tant vanté ne lui a pas semblé aussi surnaturel qu’à la foule. […] Et ce n’est pas seulement la foule qui est dupe ; c’est aussi l’élite. « Ventredieu !

77. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome III [graphies originales] « Observations sur la construction d’une salle d’opéra. » pp. 3-32

Le théâtre de Louvois construit légèrement à quatre ou cinq toises de l’opéra, tenant à une quantité de maisons mal baties, augmente encore le danger, la rue neuve le Pelletier, déjà fort étroite l’est devenue davantage, depuis qu’on y a élevé une foule de petites maisons construites en bois, et occupées par un grand nombre de locataires ; comment est il possible que des bâtimens aussi inflammables ayent été tolérés sous les yeux d’un gouvernement sage. […] Je vais répondre à celle question : 1° Les circonstances en détermineront la distribution ; la guerre ne peut être éternelle ; les douceurs de la paix attireront une foule d’étrangers, l’industrie renaîtra, le commerce deviendra florissant ; les manufactures reprendront une nouvelle activité ; les arts imagineront dès chefs d’œuvre, et toutes les sources taries de la richesse publique deviendront abondantes : c’est alors que la mode de louer des loges à l’armée se renouvellera et ce sera cette époque heureuse, qui en fixant la prospérité de la France, déterminera la distribution de ce bâtiment. 2° Il faut de toute nécessité une salle pour les administrateurs précédée d’une antre pièce, il faut un secrétariat, une pièce ou bibliothèque de musique et d’ouvrages dramatiques, il faut encore un café et des lieux à la moderne avec des réservoirs. […] Dans un incendie égal à celui de l’opéra une foule de spectateurs prit la fuite avec précipitation ; plusieurs d’entre eux se cramponnèrent aux portes soit pour assurer leur sortie, soit pour éviter les risques d’être renversés ou écrasés ; cette colonne grossit à un tel point, et les efforts réunis pour pousser en-avant furent tels que ceux qui tenoient les portes furent déplacés, ils ne les quittèrent point mais ne pouvant résister au choc, elles se fermèrent, il ne fut plus possible alors de faire reculer des gens qui n’entendoient rien et qui étoient saisis de frayeur ; les cris de la mort et du désespoir, des enfans et des femmes écrasés, d’autres dévorés par le feu, étouffés par la fumée, telle est l’esquisse de cet effrayant tableau ; l’instant d’après fut le signal de la mort ; les flammes gagnèrent, elles dévorèrent tout. […] la foule d’artistes et de talens en tous genres qui le composent, enfante des modes propres à alimenter l’industrie, à accélerer l’activité des manufactures ; les nouveautés qu’ils imaginent chaque jour rendent les nations étrangères tributaires de nos goûts, de nos costumes et de nos fantaisies l’opéra n’a-t-il pas toujours ajouté un poids sensible dans la balance de ces mêmes intérêts ?

78. (1908) Quinze ans de ma vie « Quinze ans de ma vie — XXI, choses d’amérique » pp. 232-249

Voyant que tout le monde, presque sans exception, se dirigeait du même côté, il suivit la foule qui défilait, en flots pressés, sur les trottoirs. […] Il était plus de cinq heures, lorsqu’il réussit à retrouver le pont, mais il ne put que difficilement le traverser, car la foule des travailleurs, la journée finie, revenait, en masse compacte sur Brooklyn.

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