Après que l’on s’est mis dans l’habitude de se mouvoir les bras avec tous les agrémens qu’ils doivent avoir ; si l’on veut acquerir la facilité de les faire avec les pas, on n’en peut point choisir de plus aisez que les tems de Courante, ou Pas grave qui est très-lent dans la maniere de le faire : outre que l’on s’accoutumera aussi d’accorder les mouvemens des bras avec les jambes ; c’est pourquoi j’ai mis ces quatre Figures de suite qui expriment les differentes attitudes dans lesquelles les bras & les jambes doivent se mettre.
La pantomime exprime beaucoup sans doute, mais sans l’accent et le sentiment des sons mélodieux de la musique, elle ne peut nous toucher et nous émouvoir entièrement. […] La pantomime exprime avec rapidité les mouvements de l’âme ; elle est le langage de tous les peuples, de tous les âges, de tous les temps ; elle peint même mieux que la parole, une douleur extrême, ou une joie excessive. […] « Polymnie (a) a du geste enseigné le langage, « Et l’art de s’exprimer des yeux et du visage. » Danchet.
Avant d’entrer en matière, je dois m’exprimer franchement, et aller au devant d’un reproche qu’on seroit autorisé à me faire, si je ne m’exprimois pas. […] Le vieillard, après avoir exprimé sa joye par les embrassemens qu’il prodigue à ses enfans, donne ses ordres ; on apporte des brocs, des provisions, on en couvre les tables ; on présente des fleurs et des fruits au seigneur et à son épouse. […] Il en est beaucoup qui peuvent fournir des plans de ballets aussi ingénieux qu’agréables, en en retrachant toutefois ce que la pantomime ne peut exprimer que confusément. […] La première accompagnée d’une suite nombreuse de guerriers et d’héroïnes descend d’un char brillant attelé de superbes coursiers ; les guerriers et les guerrières au son des instrumens consacrés à la guerre, exécutent des danses caractéristiques ; ils forment en dansant plusieurs figures militaires, et mêlent à leurs jeux tantôt l’image des combats avec les sabres et les boucliers, tantôt celle de la lutte ; ils accompagnent ces exercices de voltes, d’évolutions ; les vainqueurs sont couronnés des mains de la gloire ; on les porte en triomphe ; on danse autour d’eux ; on célèbre leur victoire ; les arbres de la forêt sont chargés de trophées ; tout est martial, tout peint la valeur, tout exprime le courage ; tout parle enfin en faveur de la gloire, qui embellit elle-même cette fête. […] Un peu plus bas, elle voit un berger qui brise son chalumeau et qui exprime ce que la douleur et la langueur ont de plus touchant.