Pour faire une danseuse d’une enfant gracieuse il faut commençer par la déshumaniser.
la jolie enfant ! […] … Laissez-la recevoir mes baisers et mes recommandations… Du reste, la chère enfant no dormirait pas tranquille, si ce n’était pas sa pauvre mère qui l’aidait à se mettre au lit.
Enivrée, elle courait d’un bout à l’autre du pont, sautait par-dessus les câbles, tournait autour du cabestan, regardait, touchait les canons, passait sa jolie tête par les sabords, riait, sautillait comme un enfant en extase devant tout ce qu’elle voyait. […] Quand elle se rendit, en août 1841, au lac George et à Saratoga, elle se vit entourée d’une bande d’enfants qui sautaient gaîment en criant : This is Fanny ! […] Un soir que Fanny rentrait du théâtre, une femme du peuple s’approcha de la voiture et lui tendit un enfant de deux mois environ, en lui disant : « Prenez-le ! […] Alors l’inconnue, folle de joie, reprit l’enfant, le cacha dans un fichu et prononça ces paroles avec une emphase et un lyrisme qui contrastaient avec sa mise simple, plutôt pauvre : « Personne ne doit plus te toucher maintenant, puisque tu as été touché par cet ange qui est certainement né sous une heureuse constellation. […] Le bonheur t’a touché, mon cher enfant ; désormais le malheur n’osera plus t’approcher. » On ne pouvait faire un pas sans entendre parler de Fanny.