Si j’ajoute à ces inconvéniens l’effet révoltant que produisit sur le public l’impôt arbitraire que le directeur mit indistinctement sur toutes les places ; on jugera que son ressentiment fut préjudiciable au chef-d’œuvre d’Hayden, et qu’il en éprouva le contre-coup.
Mais cette pluralité de chœurs qui se pratique assez souvent en Italie, n’est guère d’usage en France ; on trouve qu’elle ne fait pas un bien grand effet, que la composition n’en est pas fort facile, et qu’il faut un trop grand nombre de musiciens pour l’exécuter. […] Qu’on se représente cet acte exécuté de cette manière, et qu’on le compare avec le plat assemblage des airs que Lully y a faits ; qu’on daigne se ressouvenir de l’effet qu’a produit une fête très peu estimable par sa composition, qui y a été ajoutée lors de la dernière reprise, et qu’on décide ensuite s’il est possible à un poète d’imaginer un plus beau plan, et à un musicien de le manquer d’une façon plus complète. […] Telle est la suite sûre du défaut d’expression du musicien dans les grands desseins qui lui sont tracés : c’est toujours sur l’effet qu’on les juge ; exprimés, ils paraissent sublimes ; sans expression, on ne les aperçoit pas, ou s’ils font quelque sensation, c’est toujours au désavantage du poète. […] car il est certain que ce morceau et tout l’acte produisent un fort grand effet. […] Cependant par l’effet que produit l’acte de Méduse, dépouillé, comme il est réellement, de l’expression qu’il devait recevoir de la musique, qu’on juge de l’impression étonnante qu’il aurait faite, s’il avait eu cet avantage qui lui manque absolument.
« En composant, en réglant, soyez peintre ; que tout dans votre tableau soit en harmonie, et que les effets principaux aient une vive expression, qu’accompagne une grâce séduisante. » 49.