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139. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Réponse à la question proposée. — Lettre xvi » pp. 89-95

Les hommes les plus instruits dans leur art doivent se ménager un stimulant capable de les élever et de déployer en eux les plus vastes conceptions ; l’artiste, perpétuellement isolé, se laisse bercer par l’amour-propre et par les louanges outrées de quelques esprits complaisans ; louanges dont l’effet nécessaire est de briser les ailes du génie. […] C’est dans ces délicieux climats et sous un ciel heureux que le génie et le goût placèrent le berceau des arts imitateurs ; c’est là qu’ils étalérent les chefs-d’œuvre de la peinture, de la sculpture et de l’architecture ; c’est-là que les jeunes artistes, enflammés à la vue de tant de merveilles, les étudient et les copient ; le génie de ces hommes illustres embrâse le leur ; ils trouvent dans les uns le brillant et l’entente harmonieuse des couleurs ; dans les autres, la pureté et l’élégance du dessin : Celui-ci se distingue par la grace de ses figures et le moëlleux de leurs contours ; celui-là étonne par la richesse et la belle ordonnance de sa composition et par la distribution heureuse de ses personnages. […] Gardel possède à fond la partie méchanique de son art : mais cet ensemble précieux qui fait le mérite des corps de ballets n’existe plus, lorsque les figurantes s’y associent ; les charmes qu’elles pourroient y répandre, s’évanouissent pour faire place à la confusion et au désordre. […] Le tems qu’ils donnent à l’étude de leur art et à l’imitation de la nature, ne leur permet pas d’approfondir la langue des Homère et des Virgile.

140. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre troisième — Chapitre V. Établissement de l’Opéra Français »

Ils les employèrent quelquefois contre la vraisemblance, jamais avec assez d’art et toujours comme une espèce d’ornement postiche ; et c’est-là un des grands défauts de leur exécution. […] Il est cependant d’autant plus inexcusable, que l’Aria n’est presque jamais qu’un morceau isolé et cousu sans art, à la fin de chaque Scène, qu’on peut l’ôter sans que l’action en souffre ; et que, si on le supprimait, elle y gagnerait presque toujours122. […] De là qu’il bâtissait sur le merveilleux, il ouvrait sur son Théâtre à tous les Arts la carrière la plus étendue. […] La danse la plus composée, les miracles de la peinture, les prodiges de la mécanique, l’harmonie, la perspective, l’optique, tout ce qui, en un mot, pouvait concourir à rendre sensibles aux yeux et l’oreille les prestiges des Arts, et les charmes de la nature entrait raisonnablement dans un pareil plan, et en devenait un accessoire nécessaire. […] Il est certain que le dessein de Quinault est un effort de génie, qu’on peut mettre à côté de tout ce qui a été imaginé de plus ingénieux pendant le cours successif des progrès des beaux Arts, mais il n’est pas moins certain que le plaisir, l’émotion, l’amusement qui en résultent sont très inférieurs aux charmes qu’on devrait et qu’on peut en attendre.

141. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1663 — 8 janvier : Ballet des Arts — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 20 janvier 1663 »

Loret, lettre du 20 janvier 1663 Moi, votre très humble Valet, Fus, Lundi dernier, au Ballet, Au Ballet des Arts, c’est-à-dire, Le Ballet du Roi notre Sire, Qui sous son Règne glorieux, Dans Paris et maints autres lieux, Fait refleurir par excellence, Les Arts, les Lettres, et la Science : Mais pour parler sincèrement De ce beau divertissement, Il était rempli de merveilles Pour les yeux et pour les oreilles, Il me parut digne des Dieux, Et jamais on ne dansa mieux ; Outre la parfaite harmonie D’une admirable symphonie, Dont Baptiste, esprit transcendant, Était Chef et Surintendant, Quatre Filles, qui sont de celles Qu’on admire pour Chanterelles, Firent alternativement Goûter un doux contentement Par leurs voix claires et sereines, Plutôt Angéliques qu’humaines, Et dont, par curiosité, Tu peux voir les noms à côté.

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