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6. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre quatrième — Chapitre III. Obstacles au Progrès de la Danse »

Toute action théâtrale est antipathique aux Danseurs modernes142, par la seule raison que les actions de Danse n’ont pas été pratiquées par les grands Danseurs, ou crus tels, dont ils remplissent au Théâtre les emplois. […] Par conséquent pour qu’il soit bien exécuté, il faut que chaque Danse prise séparément s’y rapporte, et fasse ainsi, de manière ou d’autre, partie de cette action. […] Le plaisir résultant de l’action principale sera donc nécessairement moindre. […] S’il y a huit Danseurs ou Danseuses à l’Opéra, qui soient en droit d’avoir chacun deux entrées particulières ; il faut (si l’on veut remplir les lois primitives de l’Art) imaginer seize actions séparées qui se lient ou se rapportent à l’action principale, et supposer encore, que ces huit sujets se prêteront à les exécuter. […] Aucun des Auteurs qui depuis Quinault ont travaillé pour le Théâtre Lyrique, sans excepter même la Motte, ne paraît avoir connu la danse en action.

7. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre quatrième — Chapitre X. Des Actions principales en Danse »

Des Actions principales en Danse Notre Tragédie et notre Comédie ont une étendue et une durée qui sont soutenues par les charmes du discours, par la finesse des détails, par la variété des saillies de l’esprit. L’action se divise en Actes ; chaque Acte est partagé en Scènes ; les Scènes amènent successivement les situations ; les situations, à leur tour, entretiennent la chaleur, forment le nœud, conduisent au dénouement, et le préparent. […] Il faut donc quel l’action théâtrale marche toujours avec la plus grande rapidité, qu’il n’y ait point d’entrée, de figure, de pas inutile. […] S’il arrive donc un jour, que quelque Danseur de génie entreprenne de représenter sur notre Théâtre Lyrique une grande action, qu’il commence par en extraire toutes les situations propres à fournir des tableaux à la Peinture. […] Si ces situations sont en grand nombre, si elles se succèdent naturellement, si leur enchaînement les conduit avec rapidité à une dernière, qui dénoue facilement et fortement l’action ; le choix est sûr.

8. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre III. » pp. 17-24

Un ballet en action doit être une pièce de ce genre ; il doit être divisé par scènes et par actes ; chaque scène en particulier doit avoir, ainsi que l’acte, un commencement, un milieu, et une fin ; c’est-à-dire, son exposition, son nœud et son dénouement. […] Un maître de ballets doit s’attacher à donner à tous les acteurs dansans une action, une expression et un caractère différens ; ils doivent tous arriver au même but par des routes diverses, et concourir unanimement et de concert, à peindre, par la vérité de leurs gestes, et de leur imitation, l’action que le compositeur a pris soin de leur tracer. […] Quelle idée de saisir pour l’action, l’instant, où Diane est occupée à donner à Endimion des marques de sa tendresse ? […] Les tableaux exigent une action, des détails, un certain nombre de personnages, dont les caractères, les attitudes et les gestes doivent être aussi vrais et aussi naturels qu’expressifs. […] Vous me direz, peut-être, qu’il ne faut qu’un seul trait au peintre, et qu’un seul instant pour caractériser le sujet de son tableau ; mais que le ballet est une continuité d’actions, un enchainement de circonstances, qui doit en offrir une multitude.

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