On ne caractérisera plus la musique avec un habit rayé à plusieurs portées, et chargé de croches et de triples croches ; on ne la coiffera plus avec les clefs de G-ré-sol, de C-sol-ut, et de F-ut-fa ; on ne fera plus enfin danser le mensonge avec une jambe de bois, un habit garni de masques et une lanterne sourde à la main ; ces allégories grossières ne sont plus de notre siècle : mais ne pouvant consulter la nature à l’égard de ces êtres chimériques, consultons du moins les peintres ; ils représentent les Vents, les Furies et les Démons sous des formes humaines ; les Faunes et les Tritons ont la partie supérieure du corps semblable aux hommes, la partie inférieure tient du bouc et du poisson. […] Tel est le caractère de la belle danse, qu’il faut y substituer le raisonnement à l’imbécillité, l’esprit aux tours de force, l’expression aux difficultés, les tableaux aux cabrioles, les graces aux minauderies, le sentiment à la routine des pieds, et les caractères variés de la physionomie à ces masques tiédes qui n’en portent aucun. […] Quoiqu’il en soit, (et les sentimens à cet égard sont uniformes), les anciens parloient avec les mains ; le climat, le tempérament et l’application que l’on apportoit à perfectionner l’art du geste, l’avoient porté à un dégré de sublimité, que nous n’atteindrons jamais, si nous ne nous donnons les mêmes soins qu’eux pour nous distinguer dans cette partie.
C’est pour lors que la Musique auroit porté le caractere du Poëme ; qu’elle auroit tracé les idées du Poëte, qu’elle auroit été parlante & expressive, & que le Danseur auroit été forcé d’en saisir les traits, de se varier & de peindre à son tour. […] elle détruit les idées que la Scene vient d’imprimer dans mon ame ; elle joue un Passepied ; elle reprend un Rigaudon ou un Tambourin fort gai, lorsque je suis vivement ému & fortement attendri par l’action sérieuse qui vient de se passer ; elle suspend le charme d’un moment délicieux ; elle efface de mon cœur les images qui l’intéressoient ; elle étouffe & amortit le sentiment dans lequel il se plaisoit ; ce n’est pas tout encore, & vous allez voir le comble de l’inintelligence ; cette action touchante n’a été qu’ébauchée ; l’Acte suivant doit la terminer & me porter les derniers coups ; or de cette Musique gaie & triviale, on passe subitement à une Ritournelle triste & lugubre : quel contraste choquant ! […] Boquet chargé depuis quelque temps des desseins & du costume des habits de l’Opéra, remediera facilement aux défauts qui régnent dans cette partie si essentielle à l’illusion, si toutefois on lui laisse la liberté d’agir, & si l’on ne s’oppose point à ses idées qui tendront toujours à porter les choses à leur perfection.
On ne caractérisera plus la Musique avec un habit rayé à plusieurs portées & chargé de croches & de triples croches ? […] Tel est le caractere de la belle Danse, qu’il faut y substituer le raisonnement à l’imbécillité ; l’esprit aux tours de force ; l’expression aux difficultés ; les Tableaux aux cabrioles ; les graces aux minauderies ; le sentiment à la routine des pieds, & les caracteres variés de la physionomie à ces masques tiedes qui n’en portent aucun. […] Quoi qu’il en soit, (& les sentiments à cet égard sont uniformes) les anciens parloient avec les mains ; leurs doigts étoient, pour ainsi dire, autant de langues qui s’exprimoient avec facilité, avec force & avec énergie ; le climat, le tempérament & l’application que l’on apportoit à perfectionner l’Art du geste, l’avoient porté à un degré de sublimité que nous n’atteindrons jamais si nous ne nous donnons les mêmes soins qu’eux pour nous distinguer dans cette partie.
Une année même, en signe de satisfaction particulière, il porta les honoraires à 20 000 ducats. […] Il m’a coûté de grosses sommes : on ne saurait croire les grosses sommes qu’il m’a coûtées, car il n’avait qu’à écrire sur un billet ce qu’il voulait avoir, et il l’obtenait immédiatement ; mais depuis qu’il n’est plus, je sens bien ce qui nous manque, et je donnerais volontiers trois fois ce que j’ai dépensé, si je pouvais le rappeler à la vie. » Enfin l’empereur François, qui pourtant ne l’aimait pas, se décida vers la fin de sa vie à porter son traitement à 8 800 florins. […] Elle portait des gants blancs qu’elle n’eut pas l’occasion de quitter, de telle sorte qu’il fut impossible d’admirer la finesse de ses mains. […] Des ventouses le matin, au déjeuner un tête-à-tête et un entretien mélancolique avec Prokesch, et enfin le soir un autre tête-à-tête dont je dirais volontiers avec Gœthe : « Plutôt me débattre à travers les souffrances que de porter tant de joies de la vie », tout cela m’avait tellement fatigué qu’à dix heures je tombai comme une masse dans mon lit et que ce matin à quatre heures je me suis réveillé comme quelqu’un qui se serait grisé la veille. » Dans les lettres à Rahel une note de plus en plus sombre succède aux accents triomphants des mois précédents. […] La poitrine sur laquelle s’appuyait sa tête portait aux cérémonies officielles l’ordre hongrois de Saint-Etienne, l’ordre russe de Sainte-Anne, la Croix du Sud du Brésil, l’Aigle rouge de Prusse, le Danbrog, l’Etoile du Nord, l’ordre des Guelfes de la Grande-Bretagne et du Hanovre, le Lion de Zæhringen… N’y avait-il pas là de quoi éblouir la petite Autrichienne, élevée dans le respect des grandeurs ?
Tout ce que la belle danse exige des Dupré, des Vestris, celle-ci le demande à ses Danseurs, et ce n’est pas tout : l’art du geste porté au suprême degré doit accompagner le majestueux, l’élégant, le délicat de la belle danse, et cela ne suffit pas encore : il faut, comme nous avons dit, que le Danseur Pantomime puisse exprimer toutes les passions, et tous les mouvements de l’âme.
. — Si votre cœur vous portait à venir me voir, ne l’écoutez pas, je vous prie, par ce temps-ci, et soyez assurée qu’aussitôt que je croirai pouvoir le faire sans danger, ce sera moi qui irai vous présenter mes hommages.
La peinture et la sculpture enrichissoient ces pompeux édifices si propres à perpétuer la gloire des artistes, et à porter leurs noms au temple de l’immortalité.
Danaüs désespéré de l’union de ses filles avec ses neveux, et de la loi que son frère Egyptus lui impose, médite le projet de se venger ; agité par mille sentimens divers, il exprime le trouble de son ame ; il veut punir l’arrogance d’Egyptus par le massacre de ses fils ; il veut changer les flambeaux de l’Hymen et de l’Amour en torches funéraires, et se servir du bras de ses filles pour porter des coups plus assurés, et se délivrer d’une famille qui lui est d’autant plus odieuse, qu’elle met des bornes à sa puissance et à son ambition.
L’Acte des Fleurs ; l’Acte d’Eglé dans les Talents Lyriques ; le Prologue des Fêtes Grecques & Romaines ; l’Acte Turc de l’Europe galante ; un Acte entr’autres de Castor & Pollux, & quantité d’autres, où la danse est, ou peut être mise en action avec facilité & sans effort de génie de la part du Compositeur, m’offrent véritablement des Ballets agréables & très-intéressants ; mais les Danses figurées qui ne disent rien ; qui ne présentent aucun sujet ; qui ne portent aucun caractere ; qui ne me tracent point une intrigue suivie & raisonnée ; qui ne font point partie du Drame & qui tombent, pour ainsi parler, des nues, ne sont à mon sens, comme je l’ai déjà dit, que de simples divertissements de Danse, & qui ne me déploient que les mouvements compassés des difficultés méchaniques de l’Art.
Elle va se plonger dans le sein l’épée d’Enée dont elle est armée ; lorsqu’une troupe de Maures, tenant des torches à la main, se dispersent dans le palais, et y portent partout la flamme et la mort.
On en vit même une grossière imitation sur des boîtes de plumes qui portaient le nom de Fanny Elssler. […] Les restaurants imaginèrent des plats à la cachucha ; on les faisait minuscules, sous prétexte qu’ils devaient être aussi légers que la danse dont ils portaient le nom. […] Très entourée, très adulée, la sylphide donnait à ses amis des nouvelles de son séjour en Russie, d’où elle revenait ; elle portait des bijoux qui lui avaient été offerts par les souverains ; elle racontait son retour qui avait failli être tragique, les chevaux de sa berline ayant été précipités dans la Vistule. […] Le monsieur à la brochure se faisait connaître : c’était un M. de Guingand, négociant en vins ; il annonçait qu’il portait l’affaire devant les tribunaux.
L’art, qui ne doit que l’embellir, et qui quelquefois l’exagère, n’a pas encore porté en France la manie de forcer la voix humaine par delà les sons qui constituent sa beauté. […] Les voix de femme, si bien faites pour porter l’émotion jusqu’au fond de nos cœurs, n’étaient plus dans leur état naturel qu’un obstacle aux écarts des musiciens ; et ils les auraient abandonnées à perpétuité pour se servir des castrati (qu’on a d’ailleurs employés de tous les temps en femmes sur les théâtres d’Italie), si elles n’avaient eu l’adresse et le courage de gâter leurs voix pour s’accommoder aux circonstances.
7Nous pensons si différemment de Lucien, parce que la Danse a dégénéré de nos jours au point de ne plus la regarder depuis longtemps que comme l’art de faire des entrechats, et des gambades, de sauter ou courir en cadence, ou tout au plus de porter le corps, ou de marcher avec grâce, et sans perdre l’équilibre, d’avoir les bras moelleux, et des attitudes pittoresques et élégantes.
Troisièmement, la diversité des effets de la Danse théâtrale ancienne et de la nôtre, qui a induit l’Abbé Du Bos dans la plus grande erreur, se concilie fort aisément avec la certitude dans laquelle il aurait dû être, lui qui connaissait si bien l’antiquité, que les Grecs et surtout les Romains, ont porté cet Art infiniment plus loin que nous ; et c’est ce qu’on verra sans obscurité par le détail des faits que j’ai recueillis, pour former la suite historique de cet Ouvrage.
Les Juifs observent leur sabbat d’une manière toute servile et toute charnelle, parce qu’ils l’emploient à l’impureté et aux danses, qui portent à la débauche ; combien leurs femmes feroient-elles mieux d’employer ce jour-là à leurs ouvrages de laine qu’à danser !
En voici la raison : la contraction des muscles dans les efforts du saut roidit les articulations et force chaque partie à rentrer dans sa place et à revenir de sa forme naturelle : les genoux ainsi forcés se portent donc en dedans, ils reprennent leur volume ; ce volume met un obstacle aux battemens de l’entrechat : plus ces parties ce joignent, plus celles qui leur sont inférieures l’eloignent ; les jambes ne pouvant ni battre ni croiser, restent comme immobiles au moment de l’action des genoux qui roulent désagréablement l’un sur l’autre, et l’entrechat n’étant ni coupé, ni battu, ni croisé par le pas, ne sauroit avoir la vitesse et le brillant qui en font le mérite.
Je lui demandai un jour s’il étoit vrai qu’il eût retouché les tragédies de Schakespear ; il me répondit : je ne suis ni assez imbécille, ni assez téméraire pour oser porter une main profane sur les chefs-d’oeuvre du génie, et de l’imagination.
Il n’hésita pas un instant et me répondit, sans avoir porté la fleur à ses narines : — C’est une rose.
En voici la raison ; la contraction des muscles dans les efforts du saut roidit les articulations, & force chaque partie à rentrer dans sa place & à revenir à sa forme naturelle ; les genoux ainsi forcés se portent donc en dedans, ils reprennent leur volume ; ce volume met un obstacle aux battemens de l’entrechat ; plus ces parties se joignent, plus celles qui leur sont inférieures s’éloignent ; les jambes ne pouvant ni battre ni croiser, restent comme immobiles au moment de l’action des genoux qui roulent désagréablement l’un sur l’autre, & l’entrechat n’étant ni coupé, ni battu, ni croisé par le bas, ne sauroit avoir la vîtesse & le brillant qui en font le mérite.
Ce n’est qu’à partir du 1er septembre 1837 qu’ils furent doublés par Duponchel, qui porta aussi les appointements fixes à 10 000 fr. […] « Le talent de Mlle Fanny Elssler, dit une note du 19 août, consiste dans une très grande vivacité, une vigueur étonnante, de la précision au milieu de ce désordre apparent, de riches pointes, une abondance d’entrechats bien passés, beaucoup de souplesse, des jambes qui se portent moelleusement plus qu’à la hauteur de la hanche, et des yeux, des airs de tête singulièrement agaçants.
Les décorations étant portées à bras soit de la salle des peintres au théatre soit du théatre an magasin, n’éprouveroient aucun des inconvéniens qui résultent naturellement du transport par charriots. […] Un autre objet au quel on n’a jamais réfléchi, c’est que le spectateur dans quelque place que ce soit ne doit point voir ce qui se passe derrière les décorations ; s’il a la faculté d’y porter ses regards, il perd une partie du plaisir qu’il se proposoit d’avoir, et on lui ôte à tous égards celui de l’illusion ; en plongeant ainsi dans les ailes, il y découvre la manœuvre du théatre, il y apperçoit cent lumières incommodes et lorsqu’il veut ensuite ramener ses regards sur la scène, tout lui paroît noir et confus, son œil fatigué ne distingue plus les objets, ou ne les voit qu’à travers un brouillard.
On met sur la partie horizontale des espèces de lampions de fer blanc faits en forme de biscuits, et auxquels on donne ce nom ; l’autre partie couvre ces lumières, et on l’oppose au public ; en sorte que toute la lumière frappe la partie de la décoration où l’on veut porter un plus grand jour.
Je demandai à la vieille dame comment elle se portait.
Car vous avez sûrement remarqué qu’elles ont toutes aux poignets, au cou, aux oreilles une joaillerie quelconque, — dût celle-ci jurer, aussi énergiquement que le perroquet de Gresset, avec l’habit qu’eles portent et le personnage qu’elles remplissent.
Ils avaient de très longs cous et portaient des cols excessivement hauts.
Il portait la signature de mon imprésario et était ainsi conçu : « Prenez train ce soir même pour embarquer après-demain destination New-York. » Je répondis par une autre dépêche réclamant un délai, dans le but de danser devant la reine Victoria.
Il avait un chapeau de paille à très petits bords, un de ces chapeaux de paille dits américains à Paris, et comme on n’en avait jamais porté en Amérique !
Un camp, des évolutions militaires, les exercices, les attaques et les deffenses des places, un port de mer, une rade, un embarquement, et un débarquement ; voilà des images qui doivent attirer nos regards, et porter notre art à sa perfection, si l’exécution en est naturelle.
Les arts sont de tous les pays ; qu’ils empruntent la voix qui leur est propre, ils n’auront pas besoin d’interprêtes, et ils affecteront également et le connoisseur et l’ignorant : leur effet ne se borne-t-il au contraire qu’à frapper les yeux sans toucher le cœur, sans remuer les passions, sans ébranler l’âme, ils cessent dèslors d’être aimables et de plaire : la voix de la nature et l’expression fidelle du sentiment porteront toujours l’émotion dans les âmes les moins sensibles ; le plaisir est un tribut que le cœur ne peut refuser aux choses qui le flattent et qui l’intéressent.