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10. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre troisième — Chapitre III. Fêtes de Louis XIV relatives à la Danse, depuis l’année 1643 jusqu’en l’année 1672 »

Soit que l’esprit se fût développé par la continuité des Spectacles publics, qui sont toujours l’École la plus instructive de la multitude, fait qu’à force de donner des Fêtes à la Cour, l’imagination s’y fut peu à peu échauffée, fait enfin que le Cardinal Mazarin, malgré les tracasseries qu’il eut à soutenir et à détruire, y eut porté ce sentiment vif des choses aimables qui est si naturel à sa Nation ; il est certain que les spectacles, les amusements, les plaisirs pendant son ministère, n’eurent plus ni la grossièreté, ni l’enflure qui furent le caractère de toutes les Fêtes d’éclat du Règne précédent. Le Cardinal Mazarin avait de la gaieté dans l’esprit, du goût pour le plaisir, et dans l’imagination moins de faste, que de galanterie. […] On regardait le succès comme infaillible, le P… de P*** comme la ressource unique, et Benserade comme un homme médiocre, sans goût, sans imagination et presque sans talent.

11. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Réponse de Voltaire » pp. 8-9

Votre titre n’annonce que la danse, et vous donnez de grandes lumières sur tous les arts ; Votre style est aussi éloquent que vos ballets ont d’imagination ; vous me paraissez si supérieur dans votre genre, que je ne suis point du tout étonné que vous ayez essuyé des dégoûts qui vous ont fait porter ailleurs vos talens ; vous êtes auprès d’un Prince qui en sent tout le prix.

12. (1921) Danse et musique « Danse et musique, par André Suarès — III » p. 135

Les pauvres multitudes sont ravies de ne point penser, et de n’avoir même pas à faire le moindre effort d’imagination.

13. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre II » pp. 10-20

Mais peu à peu l’esprit se développa, l’intelligence se perfectionna ; les idées vagues, et éparses se classèrent, et s’agrandirent ; le goût germa ; l’envie de créer, en imitant, tira l’imagination de sa longue léthargie, elle s’échauffa gradativement ; et les hommes apprirent dès cet instant à sentir et à apprécier le brillant et pompeux spectacle de la nature. […] Cependant on est autorisé à croire que l’amour est aussi ancien que le monde, et que de tout tems il exerca son empire sur les coeurs et que les passions vives qu’il alluma stimulées par le désir de plaire à l’objet adoré, échauffèrent l’imagination, excitérent l’industrie, et dévelopérent dans l’homme le germe de tous les talens. […] Mais ce qui dût étonner la Grèce, ce fut de les voir paroitre tous à la fois comme un brillant phénomène ; ils s’y montrèrent avec une perfection rare qui ne pouvoit être que l’ouvrage du tems, de l’imagination et du génie, qui sembloient leur avoir prêté leurs ailes pour les élever d’un vol rapide vers la perfection. […] Ce fut à Athènes qu’ils déployèrent, à l’envi, leur richesse, et leur magnificence, ce fut dans cette ville si justement célébrée, que des hommes supérieurs exposèrent aux regards d’un peuple passionné les chefs-d’oeuvre de l’esprit, de l’imagination, et du génie ; ils embéllirent cette ville en y élevant des temples, des palais, des théatres et des colonnes.

14. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE VII. » pp. 110-128

Un bouquet, un rateau, une cage, une vielle, ou une guittare ; voilà à peu près ce qui fournit l’intrigue de nos superbes Ballets ; voilà les sujets grands & vastes qui naissent des efforts de l’imagination de nos Compositeurs. […] Si le Ballet est le frere aîné des autres Arts, ce n’est qu’autant qu’il en réunira les perfections ; mais on ne sauroit lui déférer ce titre glorieux dans l’état pitoyable où il se trouve, & convenez avec moi, Monsieur, que ce frere aîné fait pour plaire, est un sujet déplorable, sans goût, sans esprit, sans imagination, & qui mérite à tous égards l’indifférence & le mépris de ses sœurs. […] Le Ballet est donc le frere du Poëme ; il ne peut souffrir la contrainte des regles étroites du Drame ; ces entraves que le génie s’impose, qui retrecissent l’esprit, qui resserrent l’imagination, anéantiroient totalement la composition du Ballet, & le priveroient de cette variété qui en est le charme. Il seroit avantageux, Monsieur, aux Auteurs de secouer le joug & de quitter la gêne, si toutefois ils avoient la sagesse de ne pas abuser de la liberté, & d’éviter les pieges qu’elle tend à l’imagination ; pieges dangereux dont les Poëtes Anglois les plus célebres n’ont pas eu la force de se garantir.

15. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 30 décembre. Polyphème. »

Le rêve de reconstituer l’orchestique des anciens ou bien, pour user de la terminologie plus circonspecte de Goethe, « s’approchant de la forme ancienne », a de tout temps hanté l’imagination des musiciens et des maîtres de ballet : Gluck et Noverre jadis, Ravel et Fokine hier encore.

16. (1757) Articles pour l’Encyclopédie « Sur l’artiste »

Communément on entend par enthousiasme, une espèce de fureur qui s’empare de l’esprit et qui le maîtrise, qui enflamme l’imagination, l’élève, et la rend féconde. […] Je crois d’abord que ce mouvement qui élève l’esprit et qui échauffe l’imagination, n’est rien moins qu’une fureur. […] Observez encore que je n’ai point employé le mot imagination, qu’on croit communément la source unique de l’enthousiasme ; parce que je ne la vois dans mon hypothèse que comme une des causes secondes, et telle (pour m’aider encore d’une comparaison prise de la Peinture), telle, dis-je, qu’est la toile sous la main du peintre. L’imagination reçoit le dessein rapide du tableau qui est présenté à l’âme, et c’est sur cette première esquisse que le génie distribue les couleurs. […] Quand on aura découvert que la raison est le premier moteur des opérations de leur âme, et non l’imagination, qu’on en a cru chargée jusqu’à présent, pense-t-on qu’on donnera du génie ou du talent à ceux à qui la nature aura refusé un don si rare ?

17. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre premier — Chapitre III. Des différentes espèces de Ballets »

Leur imagination s’échauffa : ils se communiquèrent leurs idées. […] Il n’existait rien, par conséquent, dans la nature, et l’imagination brillante des Poètes ne pouvait rien inventer qui ne fût de son ressort.

18. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Réponse à la question proposée. — Lettre VII. Sur le même sujet. » pp. 40-55

La jouissance des vrais amateurs est plus vive et plus pure que celle de l’artiste qui expose son ouvrage ; parceque la modestie, compagne ordinaire du grand talent, l’empêche de jouir complettement de son succès, et que le triomphe du moment lui découvre l’incertitude de l’avenir ; ce n’est pas assez pour lui d’avoir bien fait ; il veut mieux faire encore et vaincre par un effort d’imagination, les difficultés possibles de son art. […] Nous avons du goût, de l’invention, de l’imagination, qu’elle est donc cette fureur de vouloir copier, lorsque nous pouvons créer et corriger même ce que les Grecs et les Romains ont fait d’irrégulier ? […] Je sais qu’il y a bien des peines à se donner, bien des difficultés à vaincre et beaucoup d’obstacles à surmonter ; mais l’application et la modestie réunies à l’amour de son art et à la passion de la gloire, brisent et renversent bientôt tout ce qui s’oppose aux élans de l’imagination. […] Tout ce qui est petit et minutieux, les dégoûte, les révolte ; et ce n’est que dans un cercle étendu qu’ils peuvent déployer les richesses de leur esprit, de leur goût et de leur imagination. […] En dérobant tout ce qu’on aime à voir, et tout ce qu’il ne faut pas montrer ; elles rallumeront des désirs éteints par l’habitude de posséder sans peine ; elles alimenteront l’espérance, et donneront tout à faire à l’imagination.

19. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre quatrième — Chapitre II. Détails sur Pylade et Bathylle »

Toujours occupé d’idées nobles, la tête remplie des actions les plus belles de l’Antiquité, son penchant devait nécessairement tourner son génie vers les plus grands tableaux, dont son imagination était sans cesse frappée. […] Les traces qui en restaient dans son imagination, rendaient son humeur égale, sa conversation gaie, son commerce facile.

20. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur les fêtes nationales] — Lettre v. sur le mème sujet. » pp. 137-140

Cet événement fut célébré par des fêtes brillantes, dont la partie intéressante fut confiée au goût et à l’imagination de Mr. […] Despréaux en avoit la direction, mais resserré dans un cercle de dépense beaucoup trop étroit, son esprit éprouvait une contrainte préjudiciable, et cette gêne mettoit des entraves à son imagination.

21. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre VII. » pp. 72-80

En admirant l’immensité des chefs-d’oeuvre, que la poésie, la peinture, la sculpture et la musique ont enfantés, je dois regarder le ballet comme le frère cadet de cette illustre et antique famille qui doit son origine à l’imagination et au génie ; elle seule peut prodiguer à ce frère nouveau-né toutes ses richesses ; il y trouvera l’intelligence, le goût, et les graces ; la régularité des belles proportions, le charme et la puissance de l’éxpréssion ; il y trouvera encore, l’art de placer, de distribuer, de groupper les personnages, celui enfin de régler leurs gestes, et leurs attitudes à la mesure plus ou moins grande des sensations qu’ils éprouvent, et des passions qui les agitent. […] Ballotté entre la vérité, et le mensonge, bercé pour ainsi dire, par la partialité, et l’erreur, et fatigué par une foule de contradictions je m’endormis profondément ; mon imagination éxaltée me transporta eu Italie. […] En réfléchissant sur tout ce qu’une imagination folle et déréglée m’avoit tracé, il me vient, une idée, et elle me paroit raisonnable.

22. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome III [graphies originales] « Observations sur la construction d’une salle d’opéra. » pp. 3-32

Il seroit donc à desirer pour le progrès des arts qui concourent unanimement 0 la perfection d’un spectacle dont la nation Française se glorifiera toujours, il seroit à desirer, qu’on élevât un monument digne d’elle, qui permit aux artistes de donner l’essor à leur imagination, et qui rassurât le public sur des craintes que des événemens fâcheux ne rendent que trop légitimes. […] il faudrait absolument qu’il renonçât à son plan, et qu’il le regardât comme un rêve de son imagination. […] Dèslors le peintre décorateur, et le maître des ballets peuvent étendre leurs idées et déployer sans obstacles les richesses de leur imagination. […] La commodité et la sureté publique ont sollicité mon attention ; j’ai pensé que ce vaste édifice fourniroit à l’architecture et à la sculpture les moyens d’y déployer toutes les richesses du goût et de l’imagination. […] Loin de mon imagination les petites choses ; il n’en existe déjà que trop ; des maisonnettes, des échopes et des baraques obstruent et dégradent la majesté du petit nombre de nos beaux monumens, affligent le bon goût et offensent le respect que l’homme bien organisé doit aux productions du génie et des arts.

23. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre XVII. » pp. 173-184

Tous les beaux arts s’empressent à lui prêter leurs secours et leurs charmes ; il est celui des sens, et sa composition fait le plus grand honneur au génie et à l’imagination brillante des François. […] Nous sommes en général accoutumés à priser ce qui est ancien et ce qui nous vient de loin ; nous aimons à admirer dans une perspéctive immense tout ce qu’il nous est impossible de distinguer : plus les objets s’éloignent, plus ils s’agrandissent au miroir de notre imagination ; delà bien des succès éphémères, qui réellement n’ont eu d’autre mérite qu’un costume imposant, beaucoup de pompe, et quelques coups de théatre gigantesques. […] Son génie ne le transportera pas à mille lieues de son clavecin, et il composera en resserrant son imagination dans son cabinet, une musique très bonne suivant les règles de son art, mais elle péchera contre celles du goût et de la convenance ; elle ne sera ni caractéristique ni imitative. […] C’est à l’imagination du maître de ballets à se transporter chez les peuples différens de nous : S’il ne pont nous montrer le vrai, il nous montrera au moins le vraisemblable.

24. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre troisième — Chapitre II. Des Fêtes du même genre dans les autres Cours de l’Europe »

Les Français qui avaient du génie trouvèrent les accès difficiles et la place prise : ils se répandirent dans les Pays Étrangers, et ils y firent éclater l’imagination, la galanterie et le goût qu’on ne leur avait pas permis de déployer dans le sein de leur patrie. […] Idée noble, ingénieuse et nouvelle, qu’on a trop négligée, après l’avoir trouvée, et qu’on aurait dû employer toujours à la place de ces desseins sans imagination et sans art, qui ne produisent que quelques étincelles, de la fumée, et du bruit.

25. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 7 mars. Spectacle de danse de Mlle Brociner. »

Volontiers elle utilise, sans presque les transposer, des temps d’exercices à la barre, détirés ou grands battements ; et ces éléments de discipline scolaire servent de base à une imagination plastique naïve et subtile en même temps.

26. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Avertissement. » pp. -1

Cet essaim ou cette fourmillière de copistes infidèles s’est propagée, et en se répandant sur tous les théatres possibles, ne pouvant rien créer, ils sont attachés à copier les productions de l’imagination ; ils en ont flétri les fleurs et les fruits ; ils m’ont estropié pendant cinquante années de toutes les manières.

27. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre troisième — Chapitre VI. Défauts de l’exécution du Plan primitif de l’Opéra Français »

On y voit partout l’imagination et le goût marquer la place des Arts qu’il y a réunis, et faire toujours naître du fond du sujet chacun de leurs emplois différents. […] Je trouve, par exemple, un trait d’imagination que j’admire, et un défaut d’exécution qui me confond, dans l’épisode de Protée que Quinault a lié si naturellement à l’Opéra de Phaéton. […] [Voir Expression] Le même vice me frappe dans presque tous les endroits où l’imagination de Quinault s’est manifestée.

28. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre VII. » pp. 56-64

Un bouquet, un rateau, une cage, une vielle, ou une guitarre ; voilà à peu près ce qui fournit l’intrigue de nos superbes ballets ; voilà les sujets grands et vastes qui naissent de l’imagination de nos compositeurs. […] Si le ballet est le frère des autres arts, ce n’est qu’autant qu’il en réunira les perfections ; mais on ne sauroit lui déférer ce titre glorieux dans l’état pitoyable où il se trouve ; et convenez avec moi, Monsieur, que ce frère, fait pour faire honneur à la famille, est un sujet déplorable, sans goût, sans esprit, sans imagination, qui mérite à tous égards d’être méconnu. […] Il seroit, peut être avantageux, Monsieur, aux auteurs de secouer un peu le joug, et de diminuer la gêne, si toutefois ils avoient la sagesse de ne pas abuser de la liberté, et d’éviter les piéges qu’elle tend à l’imagination ; piéges dangereux dont les poètes Anglais les plus célèbres n’ont pas eu la force de se garantir.

29. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Réponse à la question proposée. — Lettre IV. Sur le même sujet. » pp. 24-29

Le lieu de la scène étoit mal choisi : l’opéra, théâtre de la fiction, du merveilleux et des plus douces illusions ; où la danse et les ballets offrent les peintures les plus voluptueuses ; dont, les costumes légers jusqu’à l’indécence, portent à l’imagination des secousses dangereuses ; ce théâtre embelli par les machines et les décorations, étoit-il propre à recevoir un ouvrage aussi sérieux que la création du monde. […] La musique de la création du monde n’étoit point, disoit-il, de la musique ; c’étoit de nouveaux sons inspirés par une émanation divine ; c’étoit le miracle du génie, et l’effort d’une imagination embrasée par le feu céleste.

30. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre IX. » pp. 97-129

Le Modeleur, ne lui prête qu’un caractère permanent et invariable : S’il réussit aisément à bien rendre les figures hideuses et contrefaites et toutes celles qui sont purement d’imagination, il n’a pas le même succès lorsqu’il abandonne la charge, et qu’il cherche à imiter la belle nature ; cesse-t-il de faire grimacer ? […] Les caractères que je viens de vous nommer sont idéaux, et purement d’imagination ; ils ont été crées et enfantés par les poètes ; les peintres leur ont donné ensuite une réalité par des traits et des attributs différents, qui ont varié à mesure que les arts se sont perfectionnés, et que le Flambeau du goût a éclairé les artistes. […]   Il n’est pas moins nécessaire que ces trois genres de danseurs aient de l’esprit, du goût et de l’imagination, ainsi que trois grands peintres dans des genres opposés. […] L’imagination, diront les défenseurs du masque, supplée à ce qui nous est caché ; et lorsque nous voyons les yeux étincellans de jalousie, nous croyons voir le reste de la physionomie allumé du feu de cette passion. Non, Monsieur, l’imagination quelque vive qu’elle soit, ne se prête point à des contre-sens de cette espèce : des yeux expriment la tendresse, tandis que les traits peindront la haine, des regards pleins de fureur, lorsque la physionomie sera gaie et enjouée, sont des contrastes, qui ne se rencontrent point dans la nature, et qui sont trop révoltans pour que l’imagination, quelque complaisante qu’elle soit, puisse les concilier.

31. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE IX. » pp. 195-260

Le Modeleur ne lui prête qu’un caractere permanent & invariable ; s’il réussit aisément à bien rendre les Figures hideuses & contrefaites, & toutes celles qui sont purement d’imagination, il n’a pas le même succès lorsqu’il abandonne la charge & qu’il cherche à imiter la belle nature ; cesse-t-il de la faire grimacer ? […] Les caracteres que je viens de vous nommer sont idéaux & purement d’imagination ; ils ont été créés & enfantés par les Poëtes ; les Peintres leur ont donné ensuite une réalité par des traits & des attributs différents qui ont varié à mesure que les Arts se sont perfectionnés, & que le flambeau du goût a éclairé les Artistes. […] Il n’est pas moins nécessaire qu’ils aient de l’esprit, du goût & de l’imagination, ainsi que trois grands Peintres dans des genres opposés. […] L’imagination, diront les défenseurs du masque, supplée à ce qui nous est caché, & lorsque nous voyons les yeux étincelants de jalousie, nous croyons voir le reste de la physionomie allumé du feu de cette passion. Non, Monsieur, l’imagination quelque vive qu’elle soit ne se prête point à des contre-sens de cette espece ; des yeux exprimant la tendresse, tandis que les traits peindront la haine, des regards pleins de fureur lorsque la physionomie sera gaie & enjouée, sont des contrastes qui ne se rencontrent point dans la nature, & qui sont trop révoltants, pour que l’imagination, quelque complaisante qu’elle soit puisse les concilier.

32. (1921) Salvatore Viganò pp. 167-190

Il est incontestable que Viganò sut unir l’imagination d’un poète à la vision d’un peintre et à la sensibilité d’un musicien. […] Pour accomplir une pareille tâche il fallait une prodigieuse imagination servie par un sens rare de la composition picturale et de la musique. […] Il ne se mettait jamais en colère et aimait l’oisiveté, mais il est probable que durant ses longues siestes, son imagination ne cessait de travailler et d’enfanter de nouvelles combinaisons de mouvements, de nouvelles visions. […] L’imagination du chorégraphe lui représentait les scènes d’un ballet comme une succession de fresques animées. […] Stendhal aimait ce ballet qu’il disait être « une fête pour l’imagination ».

33. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre XV. » pp. 150-159

Mon imagination ne me détermine pas à donner une préférence absolue aux objets qui portent le caractère de la tristesse ou celui de la terreur ; Young ne sera jamais mon unique modèle. Si j’ai quelquefois préféré les sujets tragiques, c’est par reconnoissance : ce genre m’a fourni de grands moyens d’action et d’expréssion ; le jeu varié des passions a prêté aux gestes et à la physionomie cette éloquence vive et animée que les sujets tendres et langoureux m’ont constament refusée : je peignois en grand, mes teintes étoient vigoureuses, et je les employais avec les pinceaux hardis d’une imagination exaltée. […] On me dira que ce genre est neuf, et je répondrai que les principes des arts établis parle goût et embellis par l’imagination sont invariables.

34. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre V. » pp. 37-55

Le génie et le goût s’empressèrent à le bercer ; les arts et les talents amusèrent ses premières années, le désir de plaire à un illustre protecteur anima leurs travaux, enflamma leur imagination, et le succès couronna leurs efforts. […] On suivoit strictement les règles, mais ces règles isolées ne peuvent opérer efficacement, si elles ne sont mises en oeuvre par le goût, et l’imagination. […] La musique et la poésie lyrique sortirent de leur engourdissement, le goût soutint leurs efforts, et l’imagination assura leur succès. […] Je ne puis m’empêcher de rendre hommage au goût et à l’imagination du Marquis de Sourdéac Né riche, la méchanique fut le jeu de son enfance ; il appliqua une partie de cet art aux machines propres aux théâtres ; genre inconnu alors et qui tient du merveilleux ; genre, qui convient à l’opéra, puisque ce magnifique spectacle est celui des arts, et qu’ils doivent s’y montrer tous à la fois. […] Cette ville fameuse, et embellie par la multitude des chefs-d’oeuvre qu’elle renferme offroit aux jeunes artistes des modèles parfaits dans tous les genres, bien propres à exciter leur émulation, à perfectionner leur goût à enflammer leur imagination et à exercer utilement leurs pinceaux, leurs ciseaux, leurs règles et leurs compas.

35. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre premier — Chapitre IX. De la Danse sacrée des Grecs et des Romains »

Que ne peut pas la force de l’imagination sur les hommes d’un sang vif ?

36. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre premier — Chapitre VI. Des Ballets Moraux »

Ils exigeaient des recherches fines pour le choix des habits, des idées vives pour l’assortiment des personnages, de l’habileté pour donner aux Danses l’expression convenable, du génie pour l’invention générale, du talent pour la composition des symphonies ; du goût, de l’ordre, de la variété dans les décorations, de l’imagination, de l’adresse dans les machines, et une dépense immense, pour mettre en mouvement une composition si compliquée.

37. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre quatrième — Chapitre VII. Supériorité et avantages de la Danse en action »

Son imagination s’est échauffée par les chefs-d’œuvre qui l’ont frappée ; son talent s’est développé par l’étude constante de la nature.

38. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Réponse à la question proposée. — Lettre X. » pp. 64-66

Ce théâtre fut machiné par Arnoud, qui avoit du goût et de l’imagination.

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