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80. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 25 septembre. Raden Mas Jodjana, danseur classique. »

Mais, par contre, ils jouissent d’un système gymnastique d’une ampleur, d’une variété, d’une perfection sans pareilles ; car le génie occidental qui a élevé les cathédrales gothiques et rythmé les tragédies de Racine, a aussi inventé la danse sur la pointe, la danse d’élévation et a su par le simple linéament d’une arabesque, darder dans l’espace tout ce que l’âme humaine porte en soi de ce tourment de l’au-delà qui nous grandit.

81. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. premiere partie — Chapitre XXXIX. Des Chassez de differentes façons. » pp. 175-182

Premier attitude du chassé dans la babet Et de cette situation vous pliez legerement, & en vous relevant la jambe droite qui est en l’air se raproche de la gauche en faisant un jetté chassé en se laissant tomber sur le pied droit derriere le gauche à la troisiéme, ou cinquiéme position, ce mouvement jetté par le poids du corps qui tombe avec le pied, fait lever le gauche qui se porte de suite à côté, en faisant un pas sur la pointe du pied ; mais à peine est-il posé que le corps se porte dessus, ce qui fait lever le pied droit, & le talon gauche se pose, afin d’estre ferme pour en reprendre un autre, parce que ces pas se font très-legerement, n’estant que des demi mouvemens tant du cou-de-pied que des genoux & de la hanche ; ce pas a deux temps differens, la jambe droite levée en commençant, comme il est démontré par la premiere Figure.

82. (1909) Une vie de danseuse. Fanny Elssler « Chapitre VIII. victoires et revers  » pp. 262-319

Le commerçant, esprit subtil, aurait-il fait une association d’idées entre les pointes d’acier et les pointes de l’illustre virtuose ? […] Mlle Taglioni est une danseuse chrétienne, si l’on peut employer une pareille expression à propos d’un art proscrit par le catholicisme : elle voltige comme un esprit au milieu des transparentes vapeurs des blanches mousselines dont elle aime à s’entourer ; elle ressemble à une âme heureuse qui fait ployer à peine du bout de ses pieds roses la pointe des fleurs célestes. […] Elle danse de tout son corps, depuis la pointe des cheveux jusqu’à la pointe des orteils. […] La vue d’un chat la faisait frémir, le miaulement d’un chat la faisait fuir bien loin sur la pointe des pieds. […] Dans certaines attitudes penchées, les lignes de la figure se présentent mal, les sourcils s’effilent, les coins de la bouche remontent, le nez fait pointe, ce qui donne à la face une expression de malice sournoise peu agréable.

83. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1662 — 7 février : Ercole Amante — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 11 février 1662 »

Mais, pour le Sexe précieux, Le cher paradis de nos yeux, Comme leur nombre est beaucoup moindre, Je veux, ici, toutes les joindre, Chaque Nom étant exprimé Selon l’ordre de l’Imprimé ; Le tout avec des Vers faciles, Et non pas des pointes subtiles : Car quand on fait des in promptus, Rarement les Vers sont pointus.

84. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 30 octobre. Le danseur et le préjugé au travesti. »

La danse féminine, enrichie et transformée par l’introduction des temps sur les pointes, se différencia nettement de la danse masculine sur la plante et la demi-pointe.

85. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 29 janvier. Graine d’étoiles. Plante et fleur. — Grands sujets. — Inconvénients d’un beau titre. »

Après un rapide pas de bourrée, la danseuse dégage à la grande seconde et, pendant que ses bras impriment au corps un mouvement rotatoire, la jambe d’appui, par un effort du coup de pied, se détache de terre et, pointe basse, s’enlève.

86. (1921) Le Ballet de l’Opéra pp. 191-205

3º La danse sur les pointes. […] Puis viennent les exercices : dégagés à terre, ronds de jambe à terre, dégagés à la demi-hauteur, ronds de jambe en l’air, pliés, premiers temps de pointes, grands battements, etc… Plus tard, les divers adages ou développés, qui sont la préparation des temps sautés qu’on peut définir : une suite de grâces et de séductions ; développés à la seconde, attitudes, arabesques ouvertes, croisées, préparation de pirouettes à la quatrième, préparation cambrée en arrière, pirouettes renversées, préparation de pirouettes sur le coup de pied, pirouettes sur la pointe, pose pour commencer une variation.

87. (1820) Traité élémentaire, théorique et pratique de l’art de la danse « Chapitre quatrième. Étude des bras » pp. 57-63

Il faut que les bras soient sans cesse arrondis tellement, que la pointe des coudes soit invisible ; sans cela, ils formeraient des angles, qui leur enlèveraient la grâce et le contour moelleux, qu’ils doivent toujours présenter ; au lieu des lignes droites, obliques, ou courbées en demi-cercle46, nous n’en verrions que d’angulaires et dépourvues d’élégance47.

88. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1664 — 13 février : Le Ballet des Amours déguisés — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 16 février 1664 »

Plusieurs autres nobles Objets, Dont bien des cœurs sont les sujets, Augmentant, comme des miracles, La pompe et l’éclat des spectacles, Avec un parfait agrément, Y dansèrent pareillement ; Et comme elles sont toutes belles, Je vais spécifier icelles Dans un style simple et naïf, Et non d’un ton superlatif Sans affecter, même, aucun ordre, De peur qu’on y trouvât à mordre, Ni relever leurs qualités Par pointes et subtilités.

89. (1909) Une vie de danseuse. Fanny Elssler « Chapitre VI. les débuts de fanny elssler à paris  » pp. 188-219

« Le talent de Mlle Fanny Elssler, dit une note du 19 août, consiste dans une très grande vivacité, une vigueur étonnante, de la précision au milieu de ce désordre apparent, de riches pointes, une abondance d’entrechats bien passés, beaucoup de souplesse, des jambes qui se portent moelleusement plus qu’à la hauteur de la hanche, et des yeux, des airs de tête singulièrement agaçants. […] Les pointes y jouent un grand rôle, un rôle qui attache le regard et étonne l’imagination ; elles feraient le tour du théâtre sans paraître se fatiguer et sans que les attraits qu’elles supportent perdissent rien de leur incroyable aplomb ou de leur moelleuse volupté. […] Les connaisseurs parlaient avec ravissement de la légèreté des pas de Fanny, de la finesse de ses pointes, et le nom de « pieds » paraissait bien lourd, bien grossier, pour désigner des extrémités alertes et spirituelles qui narguaient le sol plutôt qu’elles ne le touchaient. […] Elle prétend que, la claque ayant été supprimée pour la circonstance, ce sont les spectateurs payants qui auraient seuls applaudi, et, comparant ce résultat à celui qui n’aurait été obtenu six jours auparavant, à la Tempête, qu’avec le secours de mains mercenaires, elle ajoute méchamment : « Nous espérons qu’un jour Mlle Elssler pourra répudier les bruyantes acclamations qui couvrent le petit bruit de ses petites pointes, et que le public artificiel du lustre laissera faire au public sérieux. » Le grand public fut invité à se prononcer sur les mérites des deux rivales.

90. (1887) Ces Demoiselles de l’Opéra « IV. Le mastic et le chausson » pp. 36-53

Talma dans le rôle de Cinna. » Ce coiffeur s’appelait Pointe. Pointe n’était pas seulement le confident, l’ami, le fournisseur et le petit journal des sujets et des rats du temps, c’était encore leur pantalonneur en titre : c’est-à-dire qu’il tendait sur elles, à la force du poignet, l’inexpressible de tricot auquel l’ancien bonnetier des théâtres, — l’estimable M.

91. (1921) L’âme et la danse pp. 99-128

Elle place avec symétrie sur ce miroir de ses forces, ses appuis alternés ; le talon versant le corps vers la pointe, l’autre pied passant et recevant ce corps, et le reversant à l’avance ; et ainsi, et ainsi ; cependant que la cime adorable de sa tête trace dans l’éternel présent, le front d’une vague ondulée. […] … Notre Phèdre est tout ébloui de ces pointes et de ces pirouettes étincelantes qui font le juste orgueil des extrêmes orteils de l’Athikté ; il les dévore de ses yeux, il leur tend le visage ; il croit bien de sentir sur ses lèvres courir les agiles onyx ! […] Il faut donc que la danse enfante par la subtilité des traits, par la divinité des élans, par la délicatesse des pointes stationnaires, cette créature universelle qui n’a point de corps ni de visage, mais qui a des dons, et des jours, et des destinées, mais qui a une vie et une mort ; et qui n’est même que vie et que mort, car le désir une fois né ne connaît pas le sommeil ni aucune trêve. […] Quelle attention est dans ce doigt ; quelle volonté la roidit, et la maintient sur cette pointe !

92. (1820) Traité élémentaire, théorique et pratique de l’art de la danse « Chapitre sixième. Des temps, des pas, des enchaînements et de l’entrechat » pp. 71-78

Dans les temps terre-à-terre, vous ne sauriez assez faire jouer le ressort des cous-de-pied, pour en rendre l’exécution plus agréable et plus gracieuse, et renforcer et baisser les pointes pour la rendre vive et brillante.

93. (1820) Traité élémentaire, théorique et pratique de l’art de la danse « Chapitre premier. Instructions générales aux élèves » pp. 19-39

On ne saurait trop vous recommander de filer délicatement la pirouette sur la pointe ; ce qui présente la plus agréable exécution, et en même temps la plus parfaite ; car rien n’est plus rebutant à voir qu’un mauvais danseur qui tournaille tantôt sur la pointe et tantôt sur le talon, et qui sautille par secousses à chacun des tours de sa pirouette.

94. (1806) L’Art de la danse, poëme en quatre chants, calqué sur l’Art poétique de Boileau pp. -247

Au mépris du bon sens, le burlesque effronté Trompa les yeux d’abord, plut par sa nouveauté : On ne vit plus en vers que pointes triviales ; Le Parnasse parla le langage des halles : 85 La licence à rimer alors n’eut plus de frein ; Apollon travesti devint un Tabarin. […] Chant II, vers Le Madrigal d’abord en fut enveloppé ; Le Sonnet orgueilleux lui-même en fut frappé ; La Tragédie en fit ses plus chères délices ; L’Elégie en orna ses douloureux caprices ; 115 Un héros sur la scène eut soin de s’en parer, Et sans pointe un amant n’osa plus soupirer ; On vit tous les bergers, dans leurs plaintes nouvelles, Fidèles à la pointe encor plus qu’à leurs belles ; &c. […] On s’élève sur les pointes des pieds, on s’enlève en sautant. […] Mais lorsque les Anglais brodent cette Danse, ils frappent la terre du talon et de la pointe alternativement ; ils ont beaucoup de pas compliqués dans ce genre, qui ressemble un peu à la cosaque. […] Jadis nos danseurs les plus célèbres, au milieu des Danses les plus graves, s’arrêtaient en équilibre sur la pointe d’un pied, pendant dix à douze mesures ; ils pouvaient prendre pour patron S.

95. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 11 décembre. La querelle des Anciens et des Modernes. Le procès de Miss Duncan. — Les têtes de l’hydre. — Chopin chez la Goulue. — Mon courrier. »

Les blanches ombres glissent sur la mélodie, qui s’égrène, en l’effleurant à peine de leurs pointes chaussées de satin rose ; elles ne s’interposent point, agressives, entre nous et la musique.

96. (1845) Notice sur La Sylphide pp. 3-23

Elle arrivait sur la pointe du pied, elle se balançait gracieuse, jetant son corps tantôt à droite, tantôt à gauche. […] En effet, la voilà, tout là-haut dans le nuage, au sommet de l’arbre, sur la pointe de l’herbe qui pousse et qu’elle touche sans la courber ; elle se moque de toi, mon amoureux ; elle te défie de la suivre dans ses domaines aériens !

97. (1908) L’École de danse de Grünewald « L’école de danse du Grünewald » pp. 261-268

Oui, oui, c’est pour imiter les bas-reliefs de la Grèce, c’est pour réjouir nos yeux par la grâce et la souplesse de leurs gestes, qu’elles se donnent tout ce mal, qu’elles gigotent et tournent comme des totons, qu’elles se dressent sur la pointe de leur orteil comme des pantins de fil de fer, des automates bien articulés…..

98. (1845) Notice sur Giselle pp. 3-24

L’air du pas qu’elle a dansé avec son cher Loys, lorsqu’il n’était pas le comte Albrecht, lui revient en mémoire ; elle en exécute les poses et les temps avec une rapidité qui s’augmente toujours ; puis, dans un éclair de raison qui lui revient, elle veut se tuer et se laisse tomber sur la pointe de l’épée apportée par Hilarion. […] Plus d’un œil qui ne croyait voir que des ronds de jambe et des pointes, s’est trouvé tout surpris d’être obscurci par une larme, ce qui n’arrive pas souvent dans les ballets.

99. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre IV. » pp. 27-36

Hilas n’avoit que de foibles moyens, et manquoit tout à la fois d’instruction et de génie ; il s’imagina qu’il falloit représenter un grand Roi à la Toise, en conséquense il se fit faire un cothurne très élevé, et pour se hausser encore davantage il représenta Agamemnon sur la pointe des pieds, afin de paraître plus grand que tous les acteurs qui l’entouroient.

100. (1887) Ces Demoiselles de l’Opéra « IX. L’escadron volant de la rue Lepeletier. » pp. 190-203

Comme on applaudissait ses pointes, son parcours, son ballon, son tacqueté !

101. (1887) Ces Demoiselles de l’Opéra « VII. Brelan d’astres » pp. 134-175

Taglioni, qui n’est aujourd’hui pour nous, comme les Gardel, les Montessu et les Bigottini pour les gens de l’Empire, qu’un madrigal dans un mot, et qui, aux yeux de nos pères, représentait la Danse comme la Malibran représentait la Musique : l’une, le sourire aux lèvres, les bras harmonieusement étendus, la pointe du pied sur la pointe d’une fleur ; l’autre, un flot de cheveux noirs déroulé sur de blanches épaules, une joue pâle appuyée sur une main diaphane, un œil lustré par les larmes, — nos deux fées, s’est écrié quelque part Théophile Gautier, les fées que nous invoquions pour nous inspirer, nous autres romantiques qui ne croyons plus aux Muses ! […] Sa force, sa précision, la vigueur de ses pointes et sa hardiesse pétulante évoquaient le vers de Virgile : Crispum sub crotalo docto movere latus… L’esclave syrienne que le poète aimait à voir se trémousser sous la treille blonde devait posséder cette vivacité sereine.

102. (1909) Une vie de danseuse. Fanny Elssler « Chapitre IV. le ballet a l’opéra vers 1830  » pp. 129-155

Parlez-nous des ronds-de-jambe, des pointes, des ballons, des gargouillades, des flicflacs et des pas de Zéphire, voilà qui est beau, noble, académique, majestueux, français ! […] On craignit un jour, dit-on, qu’ayant enlevé un cœur royal à la pointe d’une cachucha, la reine des Grâces du lieu ne conservât assez longtemps sa conquête pour entraver d’augustes alliances62. » La dangereuse beauté fut priée d’aller passer quelque temps à Londres.

103. (1887) Ces Demoiselles de l’Opéra « V. Pastels après décès. » pp. 54-87

Les invitées de Gruer — l’histoire nous a conservé ce détail — étaient coiffées selon la dernière mode — en pouf à l’égarement du cœur et de l’esprit, et mademoiselle de Camargo en racine droite, avec sept pointes à l’espagnole. […] Il est vrai qu’étant d’origine supérieure et extra-terrestre, ces nymphes n’avaient pas à redouter qu’on relevât une imperfection dans leur corps ainsi dénudé… Les pensionnaires de Gruer bondirent… Leurs atours — arrachés — volèrent de ci de là… En un instant, elles n’eurent plus pour tout vêtement que leur pouf à l’égarement de l’esprit et du cœur… Quant à la Camargo, il ne lui restait guère que sa racine droite et ses sept pointes à l’espagnole… Nous voilà bien loin de la précaution d’une fille honnête et de qualité !

104. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre VI. » pp. 56-71

La danse noble se dégrada en admettant des pas tortillés, il étoit nécessaire pour parvenir à les faire, d’avoir alternativement les pieds en dedans et les pieds en déhors, ces pas se faissoient de la pointe aux talons, et ne pouvoient s’opérer sans le secours de la hanche, qui commande impérieusement à toutes les parties qui lui sont subordonnées ; or il résultoit de ces pas tortillés des mouvemens d’autant plus ridicules, que ce disloquement des pieds s’imprimoit au corps, et qu’il en résultoit un déhanchement désagréable, propre à détruire ce bel ensemble cette harmonie, cette grace simple, et cette élégance qui constitue la belle danse.

105. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome III [graphies originales] « [Programmes de ballets] — Les Graces. Ballet anacréontique. » pp. 75-97

La plus jeune des trois Graces, moins craintive et plus curieuse que ses compagnes, veut examiner encore ce tendre enfant ; elle approche sur la pointe des pieds ; elle tourne autour de lui, elle se baisse et le considérant d’un œil curieux, elle s’écrie en fuyant : Mes sœurs !

106. (1936) Philosophie de la danse

On songe à la toupie qui se tient sur sa pointe et qui réagit si vivement au moindre choc.

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