Une cinquième objection, c’est qu’on a quelquefois besoin de délassement après le travail, pour le reprendre ensuite avec une nouvelle ardeur, et en mieux soutenir les fatigues ; et la danse est un délassement : si on l’interdit aux gens de travail, et particulièrement aux gens de la campagne les jours de dimanches et de fêtes, où, interrompant leurs travaux ordinaires, ils n’ont rien à faire, l’oisiveté dans laquelle ils seront, pourra les porter à quelque mal plus grand que celui de danser qu’on veut empêcher. […] On nous demande à quoi, en interdisant les danses, nous voulons que les gens de travail, et surtout ceux de la campagne, s’occupent les jours de dimanches et de fêtes ? […] Gens simples et naturels par leur institution primitive, ils n’avoient jamais connu ces inventions de la Grèce… Le peuple innocent et simple trouvoit un assez agréable divertissement dans sa famille, parmi ses enfans : c’est où il venoit se délasser, à l’exemple de ses patriarches, après avoir cultivé ses terres ou ramené ses troupeaux, et après les autres soins domestiques qui ont succédé à ces travaux ; et il n’avoit pas besoin de tant de dépenses, ni de si grands efforts pour se relâcher. » L’endroit de saint Jean Chrysostôme que M.
S’il est prouvé que le sentiment d’un seul est moins que rien, & même celui de plusieurs hommes assemblés, pourquoi tant de gens s’ingérent-ils donc de dire hautement le leur, & de le regarder comme infaillible ? […] Assez de gens sans moi barbouilleront du papier ; d’ailleurs, je suis assez persuadé de mon mérite ; je me prodigue assez de louanges moi-même, sans avoir besoin des suffrages d’autrui. […] Un petit nombre de Gens de goût, diront-ils, fixe le sentiment général. Mais qu’il soit permis de citer ici un ou deux passages du Discours que vient de prononcer à l’Académie Française M. de Lamoignon de Malesherbes : « Le Public s’est élevé un Tribunal indépendant de toutes les Puissances, & que toutes les Puissances respectent, qui apprécie tous les talens, qui prononce sur tous les genres de mérite ... cette vérité que j’expose dans l’assemblée des Gens de Lettres, a déjà été présentée à des Magistrats, & aucun n’a refusé de reconnaître ce Tribunal du Public, comme le Juge Souverain de tous les Juges de la terre ».
Je me borne à rapporter une circonstance qui est de mon sujet, et qui peut servir à la consolation, à l’encouragement, et à l’instruction des gens de Lettres et des Artistes. […] Il s’était trouvé à portée de voir Benserade, d’examiner ses plans, et quelquefois de faire de petits vers pour les gens de qualité qui devaient en remplir les personnages. […] [Voir Ballet, Fêtes de la Cour de France] Les Poètes, les gens de Lettres, les Artistes ne seront-ils jamais persuadés, par les exemples éclatants qui frappent leurs yeux, par l’expérience de tous les siècles, par la voix intérieure qui crie sans cesse dans le fond de leur cœur, que l’envie, la malignité, les fureurs de la jalousie dégradent, avilissent, déshonorent ?
Chacun admire une Machine Qui semble être presque divine, Faisant si promptement aller Et du bout à l’autre voler Cette éclatante Renommée, Des honnêtes Gens tant aimée.
Malgré le grand nombre de gens qui s’avisent d’écrire, les bons Ouvrages sont très-rares. […] Je grossirai les Dictionnaires des Auteurs vivans : que j’aurai de plaisir à voir mon nom moulé dans un Livre où l’on ne met sans doute que celui des gens illustres !
Cramer, ce grand Violon, le dirigeoit sans canne et sans bâton de mesure ; et son violon seul dominoit sur tous les instrumens et sur toutes les voix qui composoient ce nombreux assemblage de gens à talens. […] Nous ne verrions plus de gens de mérite, qui n’ayant pu, avec des appointemens médiocres, économiser pour la vieillesse ne peuvent exister avec une pension plus médiocre encore, et sont forcés d’aller mourir à l’hôpital ou de solliciter une place de portier à ce même théâtre où ils ont été utiles pendant trente années et qu’ils ont embelli par leurs talens.
L’ABBÉ de SAINTE GENEVIÈVE, Naguère s’acquitta des Pas Qu’on fait au Branle du Trépas ; Le GRAND PRIEUR de FRANCE encore, Que pour ses Vertus l’on honore Dans le TEMPLE et partout Ici, A fait la même chose aussi ; Et MACHAUT, qui dans l’INTENDANCE, En servant l’État d’importance, A fait raccourcir tant de Gens, Vient de faire à quatre-vingt ans Pareille Danse que les autres.
Loret, lettre du 5 mars 1661 Pour plaire à quatre Demoiselles, Que je crois, toutes, fort pucelles, Le Lundi gras, jour jovial, Je revis le Ballet Royal, Ayant honorable séance Près de Gens de haute importance, Où par pure bonté d’esprit, Monsieur de Taloi me souffrit,13 Quoi que, pourtant, quelques personnes, En mon endroit, un peu félonnes, Eussent animé contre moi Cet ardent Officier du Roi ; Je m’étais (outré de colère) Plaint de son procédé sévère, Mais j’aurais été bien fâché D’avoir à son honneur touché ; Et depuis icelle boutade, Charnassé, son cher Camarade, M’a conté tant de bien de lui, Qu’il se peut vanter, aujourd’hui, Que je l’honore et je l’estime, Aussi bien en prose, qu’en Rime.
Les gens de bon sens diront qu’il est bien digne de la métaphysique et de la religion qu’elles se résolvent en art, en musique et en poème : toutes ces fumées sont bien faites pour répondre les unes des autres.
» Que pour deux cents trente personnes, » Et vous assure, en vérité, » Que bien des Gens de qualités, » Craignant d’avoir même disgrâce » Que le sieur Baron de la Crasse, » S’en sont froidement retournés » Avec, du moins, un pied de nez.
La première est de plusieurs Gens Qui sont contristez, & dolents De vois Psiché dans la Disgrâce : Et qui, dansants de bonne grâce, Ou chantants fort plaintivement, En Italien, mêmement, Expriment leur Deuil, à merveille, Et ravissent l’œil, & l’oreille. Une autre, de Cyclopes, suit, Mais, nullement, à petit bruit, Car n’étants148 pas des Gens d’extases, Ils achèvent de pompeux Vases Pour un beau Palais dont l’Amour Consacre à Psiché, le Séjour, L’aimant, & trahissant sa Mére, Comme un faux & malin Compère : Et des Fées, aux Forgerons, Faisans des Pas légers & prompts, Apportent ces Vases superbes Dignes des Beaux Vers des Malherbes.
I Pour justifier mon titre et sous le prétexte de sacrifier aux gens qui veulent tout savoir, racontons de quelle manière j’ai été dotée du surnom de Rigolboche. […] Ce système n’est pas plus détestable qu’un autre quand il s’adresse à des gens consciencieux. […] Paris est plein de gens qui n’ont pas encore payé leur nom et qui ne le payeront jamais.
Rien n’est plus ordinaire que de voir les gens à talents déclarer hautement qu’une pratique qu’on veut établir pour l’avantage de l’art, est impossible, par la seule raison que le travail et l’effort ne leur ont pas encore procuré la facilité de la suivre. […] On reproche l’incrédulité sur les faits aux gens instruits, parce qu’ils n’admettent jamais que la vérité prouvée : il me semble qu’elle est bien plutôt l’humiliant apanage des ignorants, puisqu’ils rejettent toujours, sans discussion, tout ce qui passe leur portée.
e de celle de Blois, portant défenses de tenir des foires et des marchés, et des danses publiques les dimanches et fêtes, d’ouvrir les jeux de paumes et les cabarets ; et aux bateleurs et autres gens de cette sorte de donner aucune représentation pendant le service divin, tant les matins que les après-dinées, soient exécutées. […] Si, après toutes ces autorités des saintes Ecritures, des saints docteurs, tous ces règlemens des conciles, et toutes ces décisions des théologiens les plus éclairés, et les plus pieux qui viennent d’être rapportés, on ose encore prendre la défense des danses, et que l’on s’obstine à les croire permises, ne montre-t-on pas par là évidemment qu’on ferme volontairement les yeux pour ne pas voir clair en plein jour ; qu’on ne tient aucun compte de tout ce qu’il y a eu et de ce qu’il peut y avoir encore dans l’Eglise de gens les plus éclairés et les plus pieux, et qu’on manque de respect pour l’Eglise même que, dans les conciles, a parlé si clairement et si fortement contre les danses ?
Loret, lettre du 11 février 1662 Le sept du mois, Mardi passé, Le Ballet du Roi fut dansé, Mêlé d’un Poème tragique, Chanté, tout du long en musique, Par des Gens Toscans et Romains, La plupart légers de deux grains ; Et, même, par l’illustre Hilaire, Qui ne saurait chanter sans plaire, Et la Barre pareillement, Dont la voix plaît infiniment, Et dont la personne excellente La Beauté même représente (Assez convenable rôlet) Dans ce beau Poème, ou Ballet ; Lequel Poème s’intitule En Français, Les Amours d’Hercule, Et dans sa naturalité Se nomme Ercole Amante. […] Il représentait en sa danse, En l’une, la Maison de France ; Puis Pluton, Mars et le Soleil, Le dernier dans un appareil Assez conforme à la manière Que l’on peint ce Dieu de lumière : Mais, surtout, furent admirés De son chef les cheveux dorés, Agencés d’une main habile, Et d’une façon si subtile, Que jusqu’à présent nul Mortel N’avait admiré rien de tel ; Notre cher Porte Diadème Le prisa fort, dit-on, lui-même, Et tous les Gens de qualité Etant près de Sa Majesté.
Ce qu’on danse sont huit Entrées, Qui sont les plus considérées Du Ballet de l’Hiver dernier, Ainsi que je l’appris hier ; C’est à savoir, celle des BASQUES, Dont, comme eux, les Pas sont fantasques, Des BERGERS et des BOHÉMIENS, La plupart étranges Chrétiens, Des DÉMONS, Gens fort laids et haves, Des PAYSANS et des ESCLAVES, Des MAURES et des ESPAGNOLS, De nos Progrès pires que Fols, Et qui, dedans leur Décadence, N’ont guère le cœur à la Danse.
Des Avocats y faisaient rire Plus cent fois qu’on ne saurait dire, Citant, de plaisante façon, Et mêmes dans une Chanson, Tous leurs Docteurs, vieux et modernes, En les traitant de Gens à Bernes, Par exemple, Justinian, Ulpian et Tribonian, Fernand, Rebufe, Jean, Imole, Paul, Castic, Julian, Barthole, Jason, Alciat et Cujas, Et d’autres qui font un gros tas.
I Une chose qui étonne bien des gens, c’est mon âge. […] Elle fréquente un vilain monde, elle va chez Markouski et, quand elle est au milieu de gens qui la voient pour la première fois, elle pose pour la femme distinguée. […] Bien des gens connaissent la baronne.
Elle se coucha en disant : — Je ne peux pas partir ; toi tu vas prendre le train pour ne pas manquer de parole aux gens de là-bas, et je te suivrai demain matin. […] Marchand revint, et, cette fois avec des gens de police. […] Vers neuf heures des gens arrivèrent et parmi eux j’aperçus un bonhomme en qui je reconnus le classique juif polonais, prêteur sur gages, avec sa longue lévite noire, son grand chapeau rond, sa barbe de Christ et son sourire cauteleux.
& offrant, en outre, une excellente Méthode aux gens mariés, pour se quereller dans leur ménage, sans faire de bruit. […] Ce n’est qu’aux gens du commun que j’offre mon projet, non que je m’imagine que les gens de condition soient plus heureux lorsqu’ils sont mariés ; mais parce qu’on m’a dit qu’il était d’usage parmi eux de ne point contredire leur épouse, qui, de son côté, s’inquiète peu des actions de Monsieur ; on se quitte lorsqu’on s’ennuie, chacun prend un hôtel séparé, & vit au gré de ses caprices : on appelle cela, je crois, le bon ton. Ce n’est donc point aux gens du grand monde enchaînés par l’hymen, que mon projet peut être utile.
Entre plusieurs personnages médiocres qui entouraient le Cardinal de Richelieu, il s’était pris de quelque amitié pour Durand, homme maintenant tout à fait inconnu, et que je n’arrache aujourd’hui à son obscurité, que pour faire connaître combien les préférences ou les dédains des gens en place, qui donnent toujours le ton de leur temps, influent peu cependant sur l’avenir des Artistes. […] [Voir Fête (Beaux-Arts)] Qu’on compare cette Fête remplie d’esprit et de variété avec l’assemblage grossier des parties isolées et sans choix du Ballet des prospérités des armes de la France, et on aura une idée juste des effets divers que peut produire dans les beaux Arts, le discernement ou le mauvais goût des gens en place.
Le troisième jour, aux flambeaux, Un grand Ballet, et des plus beaux, Dont était, en propre Personne, Notre digne Porte-Couronne, Avec maint Prince et Grand Seigneur, Et d’autres Gens, qui, par honneur, Comme étant Personnes de marque, Sont dans les Plaisirs du Monarque, Fut admirablement dansé ; Et quand ce plaisir fut passé, On finit toutes ces délices Par des Feux, par des artifices Allumés sur de claires eaux, Si radieux et si nouveaux, Que si les bruits sont véritables On n’en vit jamais de semblables.
Il n’y a que trop de gens qui, abusant de l’ingénuité du peuple, pour s’emparer de son vœu, foulant aux pieds la raison et outrageant le mérite, savent adroitement se servir du penchant naturel qu’a l’homme d’être imitateur, de courir où il voit les autres se porter, de répéter ce qu’il entend dire, surtout de la bouche des savants ou des grands qu’il suppose plus sages que lui, et aux opinions desquels il s’asservit par cette raison, religieusement ; et comme les plaisirs qui s’offrent aux yeux sont plus faciles à comprendre que ceux qui frappent l’esprit, ces gens abusent de l’ascendant qu’ils ont pris ; mais ces prestiges artificieux et trompeurs n’ont pas une longue durée.
Maint Prince, Duc et Pair de France, Qui savent aussi bien la danse, Que le Métier de guerroyer, Lorsque Mars veut les employer, Audit Ballet se signalèrent, Et fort galamment y dansèrent, Étant Gens d’élite et de choix, Mais qui plus, qui moins, toutefois, Enfin, mainte Personne illustre Parut, illec, dans tout son lustre. […] La jeune Dame de Vibray, Laquelle, pour dire le vrai, Et bien parler comme il faut d’elle, À la gloire d’être fort belle, D’honnêtes Gens m’ont dit cela, Car je ne la vis pas bien là.
Cette foule d’hommes oisifs qu’on ne saurait désigner que par les places d’habitude qu’ils occupent à nos spectacles, cet essaim de femmes à prétentions qui cherchent sans cesse le plaisir, et que le plaisir fuit toujours ; cette jeunesse légère, qui juge de tout, et qui ne connaît encore rien ; ces gens aimables du Monde, qui prononcent toujours sans avoir vu, et qui en effet rencontrent mieux quelquefois que s’ils s’étaient donnés la peine de voir, font tous partie de la multitude, qui prend le ton, sans s’en douter, des Artistes, des Amateurs, et de la bonne Compagnie12.
La plupart croient en savoir assez pour s’ériger en docteurs, pour décider en maître, et comme des gens consommés dans la science de la religion, que ce qu’il y a de plus criminel ou de plus dangereux est permis.
Que de fautes, surtout intérieures, que bien des gens commettent sans presque y penser en les commettant ou après les avoir commises !