XIX sardou et kawakami — Quel est l’auteur des pièces que joue Sada Yacco ? […] Moi je n’en étais pas… Le résultat de cette séance fut que Kawakami joua Patrie de Sardou au Japon, et obtint pour cette pièce un succès aussi grand que pour les drames de Shakespeare qu’il implante également là-bas et dont il joue les rôles avec tant de vérité qu’on l’appelle chez lui l’« Antoine » du Japon. […] L’usage au Japon est de commencer une pièce à neuf ou dix heures du matin, et de la faire durer au moins jusqu’à minuit. […] On construit actuellement des théâtres européens au Japon, pour que les acteurs d’Europe puissent venir y jouer des pièces de leur pays.
Une bonne Pièce de Théâtre en Danse doit être un Extrait serré d’une excellente Pièce Dramatique écrite.
Elle ne vient jamais aux répétitions et elle sait tous les rôles de la pièce qu’on joue ou qu’on va jouer. […] Ce jeune vaudevilliste, une des gloires du théâtre, y vient juste trois fois par chacune de ses pièces. […] nous voilà nous deux pour répéter la pièce à présent ! […] Avec ce système, on jouera la pièce dans un an. […] Laissez donc, ça va toujours… Depuis que je fais des pièces ici on ne m’a jamais répété qu’avec trois ou quatre femmes, et à la première il n’y a jamais d’accrocs, et tout le monde est à son poste.
C’est-là un préjugé bien favorable pour notre Art, et si surtout on fait réflexion à la magnificence avec laquelle les Grecs en général, et principalement les Athéniens faisaient jouer les Pièces Dramatiques de leurs grands Poètes. […] L’étendue des 24 heures me paraît accordée aux Poètes Dramatiques aux dépens du vraisemblable, peut-être comme une compensation des difficultés presque insurmontables qu’il y a à faire d’excellentes Pièces de théâtre. […] La durée de la représentation d’une Pièce de théâtre peut aller jusqu’à trois heures. […] 19Ainsi un compositeur de Ballets Pantomimes, borné pour l’ordinaire à deux ou trois Danseurs, ne saurait faire durer ses Pièces plus long temps que la nature de son Art ne peut le permettre. […] Le corps des Ballets joue dans nos Pièces le rôle que jouait le Chœur dans les Tragédies Grecques.
On y voit, comme en Mignature, Et très délicate Peinture, La belle, et tendre Passion De Diane, et d’Endimion, Charmant Berger qu’aucun n’égale : Et cette Pièce musicale, Contient cent mignonnes beautés, Et cent rares diversités Dignes d’être considérées, Et, voire, des plus admirées. […] Dans le trois, qui ferme la Pièce, Diane montre sa liesse, D’avoir eu, selon ses souhaits, Dans sa Chasse, en entier Succès : Mais on l’oit, en même temps, plaindre, De ce qu’elle se sent contraindre, À brûler pour le beau Chasseur, Dont la vue a charmé son Cœur, Auparavant, comme insensible, Et, bref, à l’Amour, invincible. […] Or, pour la mieux embarrasser, L’Amour, en son Art, un grand Maître, Fait, encor, le Berger paraître, Qui, derechef, lui plaît si fort, Que, malgré tout son vain effort, Elle s’en déclare vaincue : Et voilà la Pièce conclue, Hors que les Faunes, avec Pan, Lequel se carre comme un Paon, Les Cupidons, avec leur Sire, Et les Bergers, pour vous tout dire, Viennent, par leurs Chants, et leur Pas, De ce Couple rempli d’Appas, Célébrer l’aimable Aventure : Qui, ce me semble, est la Peinture, Du Triomphe de mon Héros, Si digne d’amour, et de los, Sur la belle et rare Princesse Qui va, de sa Royale Altesse, Répondant à son Amitié, Etre l’excellente Moitié.
Un impresario m’engagea pour aller créer aux Etats-Unis le principal rôle d’une nouvelle pièce, intitulée Quack, docteur-médecin. Dans cette pièce je devais donner la réplique à deux acteurs américains : MM. […] L’auteur, pendant notre travail, eut l’idée d’ajouter à sa pièce une scène où le docteur Quack hypnotisait une jeune veuve. […] A la fin de la pièce, le soir de la première, nous jouâmes notre scène d’hypnotisme. […] La pièce n’eut — doit-on le dire ?
Comme ma mère ne pouvait pas comprendre de quoi il voulait parler, je me levai du tapis sur lequel j’étais assise avec quelques joujoux et je déclarai : — J’ai oublié de vous dire, maman, que j’ai récité ma pièce au Lycée, dimanche dernier. — Récité votre pièce ? […] Je me jetai à son cou et la couvris de baisers en lui disant : — J’ai oublié de vous le dire… J’ai récité ma pièce.
Robinet, lettre du 31 août 1669 Notre belle et riante COUR Des mieux se grandit chaque jour, Et maintenant elle s’égaie, AU CHÂTEAU SAINT GERMAIN EN LAYE, Dans son Spectacle très charmant, Composé magnifiquement De ravissantes Mélodies, De Ballets et de Comédies, Où la digne TROUPE du ROI Fait miracle, en très bonne foi, Jouant la PRINCESSE D’ÉLIDE, Pièce d’un style fort fluide, Partie en Prose et l’autre en Vers, Et pleine d’Ornements divers, Que, par l’ordre de notre SIRE, MOLIÈRE a faite, et c’est tout dire.
Loret, lettre du 3 septembre 1661 De l’autre mois, le dernier jour, Je fus aux Jésuites, pour Y voir une Pièce Tragique,19 Composée en style énergique Avec des entr’Actes plaisants, Comme on en fait là tous les ans.
Ayant vu l’une, et l’autre Pièce, Avec extase, avec liesse, J'en puis, ceci, mettre en avant, Et j’en parle comme savant.
La Pièce, puisqu’il faut le dire, Était un Tableau du Martyre De saint Marc et saint Marcellin, Qu’un Tyran injuste et malin, Pour les contraindre en leur croyance, Fit expirer dans la souffrance.
La Gravette de Mayolas, lettre de juillet-août 1670 Dans le Collège de Clermont En toutes Sciences fécond, ADRASTE, rare Tragédie Parut en belle compagnie ; Le Révérend Père JOBERT En Vers, en Prose fort expert, Pieux et savant Personnage, A composé ce bel Ouvrage : Mais le Ballet bien inventé Fait sur la curiosité Ne se trouva pas moins aimable, Que la pièce était remarquable, Car Beauchamp, qui l’entend fort bien, En cela n’avait omis rien, Tous ceux qui la représentèrent Parfaitement s’en acquittèrent, Des Acteurs les beaux vêtements En augmentait les agréments ; De même tous ceux qui dansèrent Tant de gentillesse montrèrent Que leurs gestes, et que leurs pas Semblaient être faits au compas ; Aussi l’Assemblée éclatante Témoignait être fort contente.
Dans une des pièces les plus délicieusement ordonnées du monde, je vis une jeune femme, grande, svelte, blonde et admirablement jolie. […] La pièce était immense, toute en longueur avec des fenêtres d’un seul côté. […] On avait voulu l’enlever pour élargir la pièce, mais la Princesse l’avait maintenue et on en avait tiré un admirable parti au point de vue décoratif. […] La pièce était dallée de faïences bleues, recouvertes de lourds tapis orientaux. […] J’allai chez elle à neuf heures du matin et on m’introduisit au second étage du palais dans une pièce encore plus jolie, s’il est possible, que la salle dans laquelle j’avais pénétré la première fois.
Subligny, huitième semaine, lettre du 3 janvier 1666 CURIEUX, allez voir la Pièce du Marais ; Les Machines de l’Andromède, Ne semblent, ma foi, rien auprès De ce dernier ouvrage, à qui tout autre cède.
Au comble de l’embarras, je restai debout au milieu de la pièce tandis que tout le monde me regardait. […] Le silence se fit et la pièce commença. […] Je ne vis pas les décors, je n’entendis pas la pièce : je ne vis, je n’entendis qu’Elle. […] Il m’expliqua que Mme Sarah Bernhardt désirait savoir si je ne pouvais pas lui donner certaines indications au sujet de l’éclairage de sa nouvelle pièce, La Belle au Bois dormant. […] A son tour elle vint à mon théâtre après la représentation, pour voir quelques éclairages que j’avais installés spécialement pour sa pièce et dans le seul but de lui être agréable.
Loret, lettre du 20 août 1661 Mais il ne faut pas que je die Le reste de la Comédie, Car bientôt Paris la verra, On n’ira pas, on y courra ; Et chacun prêtant les oreilles À tant de charmantes merveilles, Y prendra plaisir, à gogo, Et rira tout son saoul ; ergo, Pour ne faire, aux Acteurs, outrage Je n’en dirai pas davantage, Sinon qu’au gré des Curieux, Un Ballet entendu des mieux, Qui par intervalles succède, Sert à la Pièce, d’Intermède, Lequel Ballet fut composé Par Beauchamp, Danseur fort prisé, Et dansé de la belle sorte Par les Messieurs de son Escorte ; Et, même, où le sieur d’Olivet, Digne d’avoir quelque Brevet, Et fameux en cette Contrée, A fait mainte agréable Entrée.
Oui, sans doute : resserez l’action de l’Avare, retranchez de cette pièce tout dialogue tranquille, rapprochez les incidens, réunissez tous les tableaux épars de ces drames, et vous réussirez. […] Tout ce qui peut servir à la peinture, doit servir à la danse : que l’on me prouve que les pièces des auteurs que je viens de nommer sont dépourvues de caractères, dénuées d’intérêt, privées de situations fortes, et que les Bouchers, et les Vanloos ne pourront jamais imaginer d’après ces chefs-d’œuvre, que des tableaux froids et désagréables ; alors, je conviendrai que ce que j’ai avancé n’est qu’un paradoxe : mais s’il peut résulter de ces pièces une multitude d’excellens tableaux, j’ai gain de cause ; ce n’est plus ma faute si les peintres pantomimes nous manquent, et si le génie ne fraye point avec nos danseurs. […] ne commencérent-ils pas à représenter en Pantomime, les scènes des meilleures pièces de ce tems ? encouragés pas leurs succès, ils tentèrent de jouer des actes séparés et la réussite de cette entreprise les détermina enfin à donner des pièces entières, qui furent reçues avec des applaudissemens universels. Mais ces pièces, dira-t-on, étoient généralement connues ; elles servoient, pour ainsi dire, de programme, aux spectateurs, qui, les ayant gravées dans la mémoire, suivoient l’acteur sans peine, et le devinoient même avant qu’il s’exprimât.
Pour considérer leur manière, J’allai voir leur Pièce première, Donnant à leur Portier, tout Franc, La somme d’un bel écu blanc.
Traité du geste, Contenant la maniere de représenter les Pièces de Théatre, à l’aîde des bras & des jambes, pour la commodité des Acteurs nazillans, begayans, gasconnans ; &c. […] Pour revenir à mon sujet, n’est-il pas vrai que si les Acteurs ne jouaient que par signes, les Spectateurs ne seraient plus ennuyés, dégoûtés, révoltés par le mauvais style de la plupart des Pièces nouvelles ? […] J’avoue d’abord qu’il serait à souhaiter qu’on ne représentât par gestes que les Pièces nouvelles, attendu que, pour l’ordinaire, elles ne font pas aussi-bien écrites que celles de Corneille, Molière, Racine, Voltaire, &c. […] Cela posé, je dirai qu’il me semble que des Gesticulateurs habiles pourraient représenter à la muette les excellentes Pièces, sans faire rien perdre de leurs beautés, parce que, tandis qu’ils les rendraient à l’aîde de différens signes, ceux des Spectateurs, qui voudraient en prendre la peine, liraient le Poème, pour juger si les gestes correspondent à l’action ; ainsi que cela se pratique à l’Opéra, où l’on n’entend pas facilement les paroles. Je crois que l’on pourrait cependant faire quelque exception, si l’on jugeait à propos d’adopter mon systême : par exemple, une fois par mois on représenterait à l’ordinaire chacune des Pièces des plus fameux Poètes : on donnerait aussi quelquefois, à la manière usitée de nos jours, mais bien rarement, & sans tirer à conséquence, l’Hypermnestre de M. le Mi**, le Warwick de M. de la Har**, & Gaston & Bayard, de M. de Bel**, en faveur des beaux vers répandus dans ces trois Ouvrages.
À moi, qui l’aime dessus tous, Il m’en coûta jusqu’à cent sous, Soit en grande ou petite espèce, Pour voir à mon tour cette Pièce.
Quoi qu’il en soit, voyez la Pièce, Vous tous Citoyens de Lutèce ; Vous avouerez de bonne foi, Que c’est un vrai Plaisir de Roi.
Floridor, et ses Compagnons,5 Sans être incités, ni semons, Que pour la véritable joie Que dans les cœurs la Paix envoie, Pour réjouir Grands et petits, Jeudi, récitèrent, gratis, Une de leurs Pièces nouvelles,6 Des plus graves et des plus belles, Qu’ils firent suivre d’un Ballet, Gai, divertissant et follet, Contribuant, de bonne grâce, Aux plaisirs de la populace, Par cette générosité, Autrement, libéralité, Qui fut une évidente marque De leur zèle pour le Monarque.
Loret, lettre du 23 février 1664 Je vous dis donc, de bonne foi, Qu’en parlant du Ballet du Roi, Je fis dans ma Lettre dernière, Une faute absurde et grossière, Et que n’eut pas commise un boeuf, Des deux Demoiselles d’Elbeuf, Princesses d’illustre Famille, J’écrivis la Soeur pour la Fille ; Il est certain qu’icelle Soeur A de l’esprit, grâce et douceur : C’est ce que j’en dis dans ma Pièce, Mais c’était, toutefois, sa Nièce, (Une jeune Seigneur me le dit) Qui parut au Ballet susdit, De cent et cent attraits pourvue.
Mais ce qui achève de prouver combien elle est ancienne, & qu’elle donna même naissance aux Poèmes dramatiques en récit, c’est qu’on a toujours dit qu’une Pièce de Théâtre avait des Spectateurs, & non des Auditeurs : preuve sans réplique que le discours est étranger dans les Drames, & qu’ils devraient n’être qu’en action. […] Il est fâcheux que les Pièces de ce Théâtre ne soient pas toutes sans paroles, & que le Public ne sente pas assez le mérite des Drames où l’Acteur n’a rien à dire. […] Je dirai plus : « quand une Pantomime est touchante », qu’elle est le tableau d’une action de la vie, qu’elle jette du ridicule sur nos défauts ; en un mot, qu’elle est excellente comme la mienne, elle vaut un Drame ; « je la préfere même aux meilleures Pièces de Théâtre ». […] Dans un autre endroit de la même Pièce, le Sultan, à son tour, fait une vraie Pantomime . […] Passons maintenant à une autre Pièce.
Et que le reste des Acteurs, De Chagrins autant d’Enchanteurs, Me ravissent dans cette Pièce ; Où chacun se croit à Liesse !
Chaque pièce nouvelle amène un ou deux personnages éminents. […] Il se moque de la troupe, de la pièce, de l’orchestre, des ouvreuses, de l’Entr’acte, des petits bancs. — Un de ces soirs, il se moquera de lui-même.