Robinet, lettre du 13 septembre 1670 […] Puis, on passe dedans un Bois, Où (le Jour étant aux abois) On devait, de la Comédie, Avec Concert, et Mélodie, Avoir le Divertissement, Dessus un Théâtre charmant, Coûtant grand nombre de Pistoles, Ornés de Lustres, Girandoles, Festons de feuillage, et de Fleurs, Des plus éclatantes Couleurs De Vases d’or, de Porcelaines, Et, bref, d’argentines Fontaines, Dont l’eau tombaient, sans aucun bruit, Dans un Bassin, exprès, construit, Où, tout au moins, rempli de mousse, Qui rendait sa chute si douce, Que l’oreille elle chatouillait, De l’air dont elle gazouillait, Sans qu’elle interrompit l’ouïe, Dans le cours de la Comédie.
Qu’elle se nomme proprement, Vous assurant avec serment, Que l’Actrice au joli visage,38 Qui joue icelui Personnage, Le représente, au gré de tous, D’un air si charmant et si doux, Que la feue aimable Baronne, Actrice si belle et si bonne, Et qui plaisait tant à nos yeux, Jadis, ne l’aurait pas fait mieux.
Auparavant que d’y monter, Neptune la fait escorter Par douze aimable Néréides, Divinités des flots liquides, Dont les visages attrayants Sont frais, délicats et riants, Qui font la Cour à cette Belle, Et dansent un air avec Elle, Avec des grâces et des pas, Où l’on remarque des appas Qui passent toute autre cadence ; Ensuite de laquelle Danse, Phosphore, Amant de ses attraits,39 Des Dieux, en ayant ordre exprès, Conduit cette Beauté divine Dans une superbe Machine, Digne Trône d’un si beau Corps, Qui parut fort brillant alors, Ayant avec Elle quatre Heures, Qui, comme ses inférieures, La suivent agréablement Dans les routes du Firmament, Durant que les Dieux Maritimes, De leurs voix douces et sublimes, Font un concert mélodieux Digne des Dieux, ou demi-Dieux. […] Mademoiselle Castelnau, Douce comme un petit agneau, Mais que l’on croit fière et cruelle À ceux qui sont amoureux d’elle.
D’abord, comme en un Lieu champêtre, On voit, dans un Lointain, paraître, Un Port, où la Mer fait flo-flo, Comme à Dieppe, ou Saint Malo, Avec de longues Kyrielles, De Navires & de Nacelles, De l’un, & de l’autre côté, Et même, une vaste Cité, Flore, que le Printemps r’amène, Se découvre dessus la Scène, En des Atours fort gracieux, Avec ses Nymphes, & les Dieux Tant des Eaux, que des Jardinages, Qui, pour Valets de Pied, & Pages, Ont des Dryades, des Sylvains, Des Fleuves d’Eau douce, & Marins, Et le reste de leur Séquelle, Magnifique, & non telle quelle. […] En charmant Chacun, elle appelle Venus, l’amoureuse Immortelle, Afin qu’elle vienne Ici-bas, Achever, par ses doux Appas, Les Plaisirs dont la Paix foisonne, Graces à LOUIS, qui la donne, En interrompant ses Explois, Qui pourroyent êtablir ses Loix Chez tous les Peuples que la Terre, Dans sa vaste Rondeur, enserre.
Iris vole par ses ordres dans les Airs ; elle y étale les couleurs les plus vives : l’Amour frappé de ce brillant spectacle, après en avoir joui, se décide pour le Gris de Lin, comme la couleur la plus douce et la plus parfaite.
Je ne dis rien dudit Poème, D’autant qu’à mon regret extrême, Son langage mignard et doux Ne fut, onc, entendu de nous. […] La jeune Comtesse de Guiche, Douce, agréable, belle et riche, Ayant, par bonheur singulier, Pour Aïeul un Grand Chancelier.
Pour moi, je dirai seulement que je regarde les bras qui accompagnent bien le corps en dansant comme la bordure fait à un Tableau : car si elle n’est faite de façon qu’elle puisse convenir au Tableau, quelque beau qu’il soit, il n’est pas si parent : ainsi quelque bien qu’un Danseur fasse les pas, s’il n’a point les bras doux & gracieux, sa danse ne paroîtra pas animée, & par consequent fera le même effet que le Tableau hors de sa bordure : quelque-uns m’allegueront que c’est un don particulier, je l’avoüe ; mais néanmoins j’espere que je ne laisserai pas de donner des moyens pour les acquerir par une ample & distincte démonstration que j’en ferai dans cette Partie, & qui ne doit pas moins contribuer à l’avancement de la jeunesse, qu’au soulagement des Maîtres ce qui est tout ce que je me suis proposé dans mon Livre.
Et quoi de plus doux, pour un mari qui veut mener une vie honnête et chaste, que la compagnie de sa femme ? […] Voyant les Romains passionnés pour les spectacles, et entendant parler des plaisirs qu’ils y alloient chercher, les Barbares disoient : On croiroit que les Romains, qui ont inventé ces plaisirs, n’ont ni femmes, ni enfans ; faisant entendre par là que pour quiconque veut vivre honnêtement, il n’y a rien de plus doux que la compagnie de sa femme et de ses enfans, et qu’elle peut tenir lieu de beaucoup d’autres divertissemens. […] C’est de là que naît dans les ames pieuses, par la consolation du Saint-Esprit, l’effusion d’une joie divine, un plaisir sublime, que le monde ne peut entendre, par le mépris de celui qui flatte les sens, un inaltérable repos dans la joie de la conscience, et dans la douce espérance de posséder Dieu.
Malgré les douleurs dont mon col, Dont j’étais quasi pis que fol, Je me mis en quelque équipage, Je pris un cheval de louage, Et fis un dessein courageux De voir ses pompes et ses jeux : Mais, de ce beau Château, l’entrée Ne fut point par moi pénétrée ; Dès la première, ou basse Cour, Un Suisse m’arrêta tout court, Humble, je fis le pied derrière, Mais il me dit à sa manière, D’un ton qui n’était pas trop doux, Oh, Par mon foi, point n’entre fous ; Si bien qu’avec plus de trois mille, Tant des champs, que de cette ville, Qui furent (non pas sans émoi) Rebutés aussi bien que moi, De loin, la Maison regardâmes, Et soudain nous rétrogradâmes, Grinçant cent et cent fois les dents De n’avoir pas entré dedans.
D’autres qui se prennent de la premiere, & vous portés le pied à côté à la deuxiéme position, en vous élevant dessus, & du même tems poser le talon à terre pour plier, & le demi-jetté qui pour lors se croise à la cinquiéme position ; ce qui termine ce pas, on donne des exemples de ce pas dans l’Aimable Vainqueur ; qui est une fort belle danse de Ville, ils y sont placez de differentes manieres & si à propos, qu’il semble que la jambe exprime les notes ; ce qui prouve cet accord ou plutôt cette imitation de la Musique avec la danse, puisque l’on doit imiter la douceur de ses sons par des pas doux & gracieux.
De plus, c’est que les danses de Ville qui ne sont que gracieuses par elles-mêmes, ne demandent que des mouvemens doux & remplis de beaucoup de noblesse.
Un Jaloux charmé d’un Objet Ravissant et de belle-taille, Veut l’épouser, vaille-que-vaille, Ou, du moins, il promet cela Aux Parents de cet Objet-là : Mais connaissant que sa Maîtresse Est plus Coquette, que Tigresse, Redoutant, comme un grand méchef, Le fatal pennache29 du chef S’étant dégagé vers le Père, Il arrive, enfin, que le Frère, Qui paraît doux comme un mouton, Le contraint à coups de bâton, De conclure le Mariage, Ce qu’il fait, dont son âme enrage ; Mais ce que je dis du Ballet Ne vaut pas un coup de sifflet, Ou, du moins, ce n’est pas grand’chose, Ni de la Comédie en prose, Qu’on peut nommer certainement Un exquis divertissement.
Les autres Beautés renommées, Qu’ailleurs j’ai, toutefois, nommées, C’étaient Saint-Simon, Cévigny, De mérite presque infini, La Vallière, autre Fille illustre, Digne un jour d’avoir un Balustre, Et la défunte Mortemar, Je la nomme défunte, car Depuis qu’elle n’est plus pucelle, Ce n’est plus ainsi qu’on l’appelle : Elle a toujours les mêmes traits, Autrement, les mêmes attraits, Elle est toujours jeune et brillante, Elle est, même, encore vivante : Mais cette beauté de renom, Est, du moins, morte par le nom, Qui n’est plus que pour Père et Mère, Que, de longue-main, je révère, Étant leur très humble Valet : Mais, pour revenir au Ballet, Les Voix douces et naturelles De quatre aimables Demoiselles, Les Luthistes et Violons, En leur Art, de vrais Apollons, Et, bref, toute la symphonie, Causaient une joie infinie.
Mais nous ne saurions dédaigner cette hautaine retenue, cette douce sévérité de sœur converse qui respecte par-dessus tout la règle de l’ordre chorégraphique dont elle a pris l’habit : le blanc tutu, vêtement séraphique. […] * * * De huit jours en huit jours, les Vendredis de la Danse à la Comédie Montaigne commencent à devenir une habitude assez douce.
Après vint Mercure qui pria Orphée de continuer les doux airs de sa Musique, l’assurant que non seulement les bêtes farouches, mais les Étoiles du Ciel, danseraient au son de sa voix.
Aussi la Brianza a-t-elle raison d’être venue se mêler à toute cette fougueuse jeunesse, Brianza le « diablotin brun » qui ensorcela à Petrograd « la cour et la ville », il y a de cela quelque trente ans, et qui porte ce doux prénom qui est un présage et un symbole de la gloire chorégraphique, celui de la Grisi et de Zambelli : Carlotta.
Loret, lettre du 20 janvier 1663 Moi, votre très humble Valet, Fus, Lundi dernier, au Ballet, Au Ballet des Arts, c’est-à-dire, Le Ballet du Roi notre Sire, Qui sous son Règne glorieux, Dans Paris et maints autres lieux, Fait refleurir par excellence, Les Arts, les Lettres, et la Science : Mais pour parler sincèrement De ce beau divertissement, Il était rempli de merveilles Pour les yeux et pour les oreilles, Il me parut digne des Dieux, Et jamais on ne dansa mieux ; Outre la parfaite harmonie D’une admirable symphonie, Dont Baptiste, esprit transcendant, Était Chef et Surintendant, Quatre Filles, qui sont de celles Qu’on admire pour Chanterelles, Firent alternativement Goûter un doux contentement Par leurs voix claires et sereines, Plutôt Angéliques qu’humaines, Et dont, par curiosité, Tu peux voir les noms à côté.
Un Théâtre des mieux orné Que mon œil ait jamais lorgné, Roulant sur les fortes échines De plus de cent douze Machines, Lesquelles on ne voyait pas, S’étant avancé de cent pas, On ouït, soudain, l’harmonie D’une Angélique symphonie De douces Voix et d’instruments ; Et durant ces divins moments, On admirait sur des montagnes Diane et ses chastes Compagnes, (Avec des arcs, flèches, ou traits) Ayant d’adorables attraits, Et dont, tout de bon, quelques-unes, Tant blondines, que claires-brunes, Charmaient cent cœurs, en moins de rien, Sans, même, en excepter le mien.
Les mots de grave et d’aigu, de prompt et de lent, de doux et de fort ; n’offrent que des définitions très imparfaites. […] Ce sublime d’intonation, ces accens, et ce cri de la nature qui font couler les larmes du spectateur, et le transporte dans les illusions les plus douces et les plus déchirantes font l’éloge complet du mérite de l’acteur.
Mais, surtout, les trois Chanteresses, Ou, plutôt, trois Enchanteresses, Charmèrent par leurs doux accords Tous ceux qui les oyaient, alors.
Robinet, lettre du 21 juillet 1668 Dans le PARC de ce beau VERSAILLE, Qui n’est pas un Lieu de Broussaille, Mais le Palais le plus riant Où, du Couchant à l’Orient, Les claires et pure Naïades, Les gaies et vertes Dryades, La jeune Flore et les Zéphirs, Les Amours, les Jeux, les Plasirs, Les Labyrinthes, la Verdure, L’Art, en un mot, et la Nature Fassent par leurs beaux Agréments Le doux charme de tous les Sens ; Là, dis-je, où le Ciel à la Terre Ses plus chères faveurs desserre, On vit, Lundi, ce que les yeux Ne peuvent voir que chez les Dieux, Ou chez LOUIS, qui les égale Dedans la pompe d’un Régale.
Ce n’est plus, comme chez la sirène d’Homère, la seule beauté de la forme, la seule magie des accents, représentées par un symbole ; l’éclatante et douce perfidie de l’onde aux transparents murmures, mais quelque chose de plus sombre, de plus capricieux, de plus voilé ; non la naïade agile du Taygète, qui bondit nue sous le soleil, mais la fée sauvage suspendue aux vieilles roches germaniques, et se balançant sous les buissons et les halliers. […] Quel peut être le sujet de sa rêverie et de sa tristesse, — lui ordinairement si gai, si gracieux et si doux ? […] Voici les cavernes profondes où germe la perle diaprée ; voici les forêts sous-marines, tapissées de plantes extraordinaires, inconnues à l’œil des mortels ; cette douce et murmurante harmonie, c’est le bruit des eaux qui tombent en cascade, et le frémissement des sources sans nombre qui se répandent au loin dans les veines de la terre. […] Un style facile, doux et large, une grâce colorée et vague, une imagination imprégnée de la poésie traditionnelle, assurèrent à cette œuvre limpide et charmante une popularité toute germanique, qui ne dépassa point les limites du monde septentrional.
Premierement, à ce Piroüetté où le corps n’est posé que sur un seul pied, le plié doit estre pris très-doucement le corps entierement posé sur la jambe qui plie, parce que celle qui marche ce n’est que la pointe qui pose à terre, & qui sert pour ainsi dire de guide au corps pour se tourner autant qu’il le doit être, & lorsque vous vous relevez ce doit être avec la même douceur que vous vous êtes plié : ainsi les mouvemens doux sont toûjours les plus gracieux & sont plus agréables.
Elle est douce, poétique et généralement amoureuse de tout ce qui est brun, violent et élégiaque. […] Avant : être incolore, ardent, doux, furieux.
La figure était celle d’une jolie jeune femme aux traits distingués, au regard rêveur et doux. […] Ces corps d’enfants souples et beaux, leurs longs cheveux bouclés et libres, leurs petits bras s’agitant au rythme des jambes et des pieds nus, au son d’une musique suave, la grâce merveilleuse du moindre de leurs gestes débarrassés de cette sorte d’ankylose empruntée et maladroite que donnent chez nous aux petits rats d’opéra les exercices mal compris, surtout leurs yeux, leurs doux yeux candides et tendres d’enfants du Nord, me mirent dans un état d’exaltation pure et religieuse que je ne connaissais pas.