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9. (1909) Une vie de danseuse. Fanny Elssler « Conclusion » pp. 414-418

En faisant mouvoir la beauté vivante selon le rythme musical, il associe deux éléments qui ont une force d’expression singulière. […] Pour eux, la danse était une des révélations supérieures de la beauté. […] Félicitons-la d’avoir vu, portés à une rare perfection, des ébats dont nous aurions aujourd’hui si souvent besoin pour égayer nos existences moroses, lourdes d’ennui : les jeux légers du Rythme et de la Beauté.

10. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1663 — 8 janvier : Ballet des Arts — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 20 janvier 1663 »

La Pucelle de Saint-Simon, Fille d’un Duc, de grand renom, Et d’une Mère fort charmante, Fille, dont la beauté naissante, Se rend digne, de jour en jour, D’admiration et d’amour, Fille, enfin, le rare modèle D’une âme si noble et si belle, Qu’on peut nommer l’âme et le corps, Deux incomparables trésors. […] Cévigny, pour qui l’Assemblée Était de merveille comblée, Chacun paraissant enchanté De sa danse et de sa beauté ; Fille jeune, Fille brillante, Fille de mine ravissante, Et dont les jolis agréments Charment les cœurs à tous moments.

11. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome III [graphies originales] « [Programmes de ballets] — Apelles et Campaspe, ou la Générosité d’Alexandre. Ballet pantomime. » pp. 177-189

Alexandre ayant ordonné à Apelles de faire le portrait d’une de ses favorites nommée Campaspe ; Apelles frappé de la beauté de son modèle, en devient amoureux. […] Alexandre enchanté de la beauté du tableau, de l’expression des figures, de la correction du dessin, et des teintes harmonieuses qui en forment le coloris, prend la résolution de faire faire le portrait de Campaspe ; il la fait avancer et lui ôte son voile : Apelles, qui n’a jamais rien vu de si beau, recule de surprise, et d’admiration. […] L’amour qu’Apelles a conçu pour Campaspe, lui fait imaginer de se servir du déguisement de ses élèves, pour rendre à cette beauté la séance plus variée, et moins ennuyeuse. […] Apelles, voulant répandre une vapeur légère sur ce tableau et rendre hommage à la beauté qui l’enchante, fait brûler l’encens, et se prosterne aux pieds de sa Vénus. […] Apelles, s’étant livré à son enthousiasme et ayant rendu à la beauté qui l’enflamme l’hommage que son cœur lui devoit, retourne à l’ouvrage.

12. (1845) Notice sur Ondine pp. 3-22

Les ondulations de ces cous blancs et déliés, la grâce mélancolique et languissante de ces oiseaux charmants et tristes, sont, aux yeux des paysans du voisinage, le symbole des beautés mortelles qu’une punition terrible a frappées. […] Il y a moins de beauté pure et complète, avouons-le, dans cette conception gothique et germanique que dans la lumineuse création du symbole grec ; mais si la beauté est le domaine de l’Hellène, le monde merveilleux et invisible se laisse entrevoir au Germain avec plus d’épouvante et de singularité. […] Bientôt elle redevient visible au pauvre Mattéo, que cette beauté magique entraîne encore, et qui, les bras étendus vers la vision céleste, s’abandonne au charme suprême ; il va la suivre… la fenêtre entrouverte donne issue à son vol. […] On s’avance tristement vers l’autel ; la rose va périr ; toutes les grâces de la jeune fille s’effeuillent ; toute sa beauté pâlit et languit. […] Coleridge, Tieck et Goethe admiraient cette goutte des eaux de la Baltique, perle magique qui, sous un autre soleil, en dehors de ce monde spécial, perdait sa couleur et sa beauté.

13. (1908) Quinze ans de ma vie « Quinze ans de ma vie — XXII, gab » pp. 250-

Elle était merveilleusement belle et avait fait sensation dans cette contrée où l’on donne une si grande valeur à la beauté. […] La mère de Gab, que sa beauté rendait sympathique à tous, n’eut point de mal à obtenir de la buraliste toutes les réponses qu’elle désirait. […] Et nous demeurons le cœur poigné : de la Beauté qui passe. […] Plus heureuse que ses frères les Créateurs elle fit vivre son œuvre silencieuse et, dans la nuit, ce décor des grandes choses, nulle tâche humaine n’amoindrit sa beauté. […] Amoureuse de la Beauté qui resplendit dans la nature elle l’interroge de ses yeux clairs.

14. (1908) Quinze ans de ma vie « Préface » pp. -

Préface Je ne l’avais vue que comme l’ont vue toutes les foules humaines qui couvrent la terre, sur la scène, agitant d’un geste harmonieux ses voiles dans les flammes, ou changée en un grand lis, éblouissante, nous révélant une forme auguste et neuve de la beauté. […] Volontiers elle peint d’un trait vif et brillant les pauvres gens en qui elle trouve quelque beauté qui les grandit et les décore.

15. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome III [graphies originales] « [Programmes de ballets] — Hyménée et Cryséïs. Ballet anacréontique. » pp. 149-155

Un jeune homme d’Athènes, nommé Hyménée, d’une naissance obscure, mais éperduement amoureux de la belle Cryséïs, se mêle à cette fête ; sa jeunesse, la beauté de la taille et celle de ses traits aident à son déguisement ; les jeunes filles le reçoivent parmi elles, le traitent comme une de leurs compagnes, et, à la faveur de son travestissement, il jouit du plaisir de voir sa maîtresse. […] Un jeune enfant effrayé et mouillé par l’orage, court avec précipitation ; il cherche un azile au milieu des jeunes Athéniennes ; Cryséïs le reçoit dans ses bras ; il a peur, et peint sa situation ; il tremble de froid, pleure, et intéresse ces jeunes beautés ; il vole des bras des unes dans ceux des autres ; mais il revient sans cesse dans ceux de la belle Cryséïs ; il se couche sur son sein, l’embrasse et partage ses tendres caresses entre elle et le jeune Hyménée. […] Ce vaisseau doit égaler en beauté et en magnificence, celui qui portoit Cléopatre sur le Cydnas, lorsqu’elle vint visiter Antoine, et que le peuple la prit pour la mère des Amours.

16. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1666 — Première moitié d’octobre : Divertissement pour la reine — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 17 octobre 1666 »

Robinet, lettre du 17 octobre 1666 L’autre Jour, notre belle REINE, Dans le PETIT PARC de VINCENNE Ayant assemblé les BEAUTÉS Qui sont toujours à ses côtés, Les fit danser sur les Fleurettes, Au Concert des douces Musettes, Et la charmante de TOUSSI, (XXX.)

17. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 15 janvier. Trois vedettes. »

Mlle Isabelita Ruiz est une magnifique créature, à la beauté prenante et provocante, mais nous n’aimons pas son style. […] Sa physionomie est originale, mais son exécution très pauvre et sans beauté, ses costumes prétentieux et sans charme.

18. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1666 — 9 janvier : Le Triomphe de Bacchus dans les Indes ou Ballet de Créqui — Lettres en vers à Madame la Duchesse de Nemours de la Gravette de Mayolas — La Gravette de Mayolas, lettre du 17 janvier 1666 »

Un Ballet à plusieurs Entrées, Agréablement préparées, Ne les divertirent pas mal, Non plus que la beauté du Bal. 

19. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1662 — 7 février : Ercole Amante — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 6 mai 1662 »

Et comme la belle Thérèse Ne va plus à présent qu’en chaise, Pour conserver le Fruit second Formé dans son ventre fécond, Madame y parait en sa place ; Mais qui danse avec tant de grâce, Que tel qui l’a bien des fois vu De tout son grand éclat pourvu, Quelque longtemps qu’on y séjourne, Volontiers encore y retourne Pour l’agréable nouveauté D’y voir danser cette Beauté.

20. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1667 — 5 janvier : La Pastorale comique — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 9 janvier 1667 »

Étant allé voir, ce jour même, Notre GRAND PORTE-DIADÈME, Je fus vraiment sollicité Par une obligeante BEAUTÉ De demeurer à ce Spectacle ; Mais, par un malheureux Obstacle, Ayant des Affaires Ici, Il m’en fallut sevrer ainsi.

21. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1670 — 4 février : Divertissement royal, Les Amants magnifiques — Lettres en vers et en prose au Roi de la Gravette de Mayolas — La Gravette de Mayolas, lettre de la fin février 1670 »

La Gravette de Mayolas, lettre de la fin février 1670 Grand ROI, de qui la complaisance, Se joint à la magnificence, Nous donnant un Ballet Royal Pendant le temps du Carnaval, Je puis assurer, je puis dire Que toute la terre l’admire, Et qu’on y court de tous côtés Pour voir ces pompeuses beautés, Dont les surprenantes merveilles Charment les yeux et les oreilles : Et même le Roi Casimir De le voir ayant le désir, Dit après ce plaisir aimable Qu’on ne peut rien voir de semblable, Et que la Cour du Grand LOUIS Sur toute autre emporte le prix, Soit en pompe, soit en richesse En bonne grâce et politesse.

22. (1860) Mémoires de Rigolboche « Mémoires de Rigolboche — Chapitre III » pp. 27-43

. — La baronne de B… — Sa beauté. — Les beautés de la veille. — les bons mouvements de la baronne. — Histoire d’un petit Savoyard. — Son adoption. — Ce qu’il est devenu. […] Leurs traits sont beaux et rappellent une beauté passée ; en les détaillant on se rend parfaitement compte de ce qu’elles ont pu être jadis. […] Genre de femmes que je me permettrai d’appeler : les beautés de la veille.

23. (1769) Traité contre les danses [graphies originales] « Traité contre les danses. [Première partie.] — Chapitre II. Preuves contre les Danses, tirées des Saintes Ecritures. » pp. 11-22

N’arrêtez point vos regards sur une fille, de peur que sa beauté ne vous devienne un sujet de chute. […] Détournez vos yeux d’une femme parée, et ne regardez point une beauté étrangère. […] Plusieurs se sont perdus par la beauté d’une femme : car c’est par là que la concupiscence s’embrase comme un feu. […] Ne faites point attention à la beauté d’une femme, et ne la considérez point parce qu’elle est agréable. […] Plusieurs ayant été surpris par la beauté d’une femme étrangère, ont été rejetés de Dieu ; car l’entretien de ces femmes brûle comme un feu.

24. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1663 — 7 août : Ballet de la Vérité, accompagnant la tragédie de collège Thésée — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 11 août 1663 »

Loret, lettre du 11 août 1663 Dans Clermont, où par excellent28 On montre aux Enfants la science, Plus de cinquante Scolares Bien vêtus, et disant flores Jouèrent, l’autre jour, Thésée, Pièce en Vers Latin composée Selon la beauté du Sujet, Par le docte Père Bouchet, Qui par des grâces non pareilles L’a, dit-on, traitée à merveilles.

25. (1757) Articles pour l’Encyclopédie « Sur les machines de théâtre » p. 458

L’effet serait de la plus grande beauté, si on y faisait servir la lumière à rendre aux yeux du spectateur les diverses teintes du jour naturel. […] Cette beauté ne dépend que du soin et de l’art. […] Les machines qui tiennent si fort à la décoration, lui prêteront encore de nouvelles beautés ; mais comment imaginer des machines, si on ignore en quoi elles consistent, la manière dont on peut les composer, les ressorts qui peuvent les faire mouvoir, et surtout leur possibilité ? […] Que de beautés ne doivent pas résulter du concours du poète et de l’artiste ? […] La beauté d’un ensemble dépend toujours de l’attention qu’on donne à ses moindres parties.

26. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Programmes de ballets] — Plan. du ballet d’alexandre. » pp. 219-222

Frappé de sa beauté et de ses grâces naïves et touchantes, le Prince Macédonien en devient éperduement amoureux. […] Tel est l’empire de la valeur sur la beauté.

27. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1666 — 2 décembre : Le Ballet des Muses — La Muse Dauphine à Monseigneur le Dauphin d’Adrien Perdou Subligny — Subligny, seconde semaine, lettre du 17 février 1667 »

Quoi que MONSIEUR DE PÉRIGNY Ait rendu du BALLET la beauté sans seconde, Vous ne voyez point là de BELLE SÉVIGNY À bons grands coups de poings faire battre le monde.

28. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1669 — 3 mars : Mascarade — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 9 mars 1669 »

Robinet, lettre du 9 mars 1669 […] Le Dimanche, au PALAIS ROYAL, Fut aussi le Bal général Dans l’Appartement de MADAME, Où tout alla de la grand’ gamme, Comme d’ordinaire tout va Chez cette belle ALTESSE-là, Où, porche d’elle se rassemble Ce qui plus aux Anges ressemble, Et c’est à dire ces Beautés Par qui les Cœurs sont si tentés.

29. (1909) Une vie de danseuse. Fanny Elssler « Chapitre premier. les années d’apprentissage  » pp. 1-36

La danse, pour être gracieuse, exige des tempéraments vifs, des corps vigoureux et souples, un sens instinctif du rythme, enfin un souci de beauté qui préside à toutes les évolutions. […] Elle avait éclipsé une beauté fâcheusement célèbre, la danseuse Clotilde Mafleuroy, femme séparée de Boïeldieu. […] Sa beauté était celle de la Viennoise. […] Elle exigeait une discipline qui réprimât toute exubérance et soumît toutes les attitudes aux lois de la beauté. […] Ses créations appartiennent au genre classique ; mais c’est l’art classique sans formules rigides ; c’est l’art classique, expression harmonieuse de la beauté vivante.

30. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. premiere partie — Chapitre VI. De la troisiéme Position. » pp. 15-16

Elle est une des plus necessaires pour bien danser, elle apprend à se tenir ferme, à tendre les genoux, & assujettit à cette regularité qui fait toute la beauté de cet Art.

31. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 17 avril. « En bateau ». — Le préjugé du rythme. »

Mais comparez donc le mouvement du danseur, dit moderne ou prétendu « antique » : genoux projetés verticalement, ruades variées, — s’il ne s’enhardit pas à sautiller, — à celui du danseur classique, à son amplitude, son aplomb, son élasticité prodigieuse, son articulation parfaite… Pour un œil qui sait voir, pour un œil contemporain, épris de « constructivité », de discipline, de beauté intellectuelle, il y a plus de beauté dans un simple développé à la seconde de Mlle Zambelli que dans maint bacchanal pseudo-grec escamoté à Fokine.

32. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre quatrième — Chapitre IX. Des Actions convenables à la Danse Théâtrale »

Chacune de ces actions a des beautés ou des agréments qui lui sont particuliers, et le charme qui en résulte dépend de la manière seule de les traiter.

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