— des bras, 56, 62 Préparations des temps et des pas, 64. […] Temps, 33, 71. Terminaisons des temps et des pas, 64.
Etant élevez sur la pointe des pieds ainsi que je viens de le dire, les pieds à la quatriéme position, le corps également posé ; je suppose que le pied droit soit devant, de-là vous laissez échaper vos deux jambes, comme si les forces vous manquoient, en laissant glisser le pied droit derriere, & le pied gauche revient devant en partant tous deux à la fois, & en tombant les deux genoux pliez, & du même instant vous relever en remettant le pied droit devant, & le pied gauche revient derriere, ce qui vous remet à la même position que vous estiez en commençant ; mais vous estes encore plié, & vous vous relevez du même tems en rejettant le corps sur le pied gauche, & assemblant par ce mouvement sauté, le pied droit auprès du gauche en se posant à la premiere position, puis vous faites un pas du pied gauche ; ce qui s’appelle dégager le pied, & c’est aussi ce qui vous met dans la liberté de faire les pas qui suivent, mais cet enchaînement de pas se fait dans l’étenduë de deux mesures à deux tems legers, j’ay taché de le circonstancier dans toutes ces parties, afin d’en rendre l’execution plus facile. […] Mais pour donner une intelligence plus facile de comprendre ce pas dans tous ces differens mouvemens ; j’ay mis ces trois figures de suite qui en démontrent tous les tems ; Savoir, la premiere lorsque vous êtes élevé sur la pointe des pieds, comme je viens de le dire, le pied droit devant en laissant échaper les deux jambes à la fois, le pied droit qui étoit devant se trouve derriere, & les genoux pliez de même que le represente cette premiere Figure ; la seconde fait voir le changement au second mouvement, puis que le pied droit revient devant & les genoux sont pliez, comme au premier ; & la troisiéme represente le dernier mouvement qui se termine par un assemblé, ce qui finit l’étenduë de ce pas.
Toutes ces Danses tiennent par leur origine à la danse sacrée ; mais après la simplicité des premiers temps, lorsque l’Empire tyrannique des passions eut détruit le règne paisible de l’innocence, dans la dépravation générale des mœurs, toutes ces danses ne tinrent plus par leur exécution, qu’au plaisir. […] C’était l’innocence des premiers temps qu’ils peignaient dans leurs pas. […] Dans le temps de la Moisson, de nouveaux amusements célébraient les douceurs de l’abondance ; et lorsque les rigueurs de l’Hiver ramenaient les Peuples dans leurs foyers, pour y jouir des bienfaits des autres Saisons, les Danses des Festins leur fournissaient de nouveaux sujets de joie. […] Cette Fête commencée dès l’Aurore et continuée tout le jour, fut par la succession des temps poussée bien avant dans la nuit.
Mais pour suivre toûjours le point de fiction que je me suis fait d’abord par le pied droit, je le suppose & par conse quent le gauche est devant à la quatriéme position : ainsi vous devez avoir le bras droit opposé : pour lors en pliant sur le pied gauche pour sauter dessus, le bras droit du même tems s’étend en prenant son contour de haut en bas, & le poignet du bras gauche se plie aussi de haut en bas ; mais ses trois mouvemens se doivent prendre conjointement ensemble, c’est-à-dire, lorsque vous pliez sur le pied gauche ; les bras par consequent prenent leurs mouvemens dans l’instant. […] Quant à ceux de côté ils se font differemment, tant à l’égard des jambes que des bras, & comme je vous en ay fait sentir tous les differens tems dans la premiere Partie, tant par le discours que les Figures, c’est ce qui m’engage de mettre les trois figures de suite, pour mieux faire sentir tous les differens tems & mouvemens que les bras doivent executer dans le cours de ce pas. […] Le Contre-tems de Chaconne se prend de la 3e ou 4e position ; comme il est expliqué dans ma premiere Partie : ainsi il demande une opposition ; c’est pourquoi si vous avez le pied gauche devant, c’est le bras droit qui se trouve opposé : & dans cette attitude ayant le corps posé sur le pied gauche, il faut plier dessus, & sauter en étendant le bras droit ; puis porter le pied droit à côté à la 2e position en allant à droit, & si vous portez le pied gauche derriere à la troisiéme, qui est votre second pas, dans le même tems le bras gauche se plie de bas en haut ; ce qui fait le contraste au pied droit qui est devant. […] Mais lorsque vous le faites en arriere, il faut suivre la même regle qu’aux autres pas, c’est-à-dire qu’en partant du pied droit en arriere, comme il est devant le bras gauche opposé : ainsi dans le tems que vous prenez votre premier mouvement pour passer le pied droit derriere, le bras gauche se contourne de haut en bas, & le bras droit revient de bas en haut ; ce qui fait tout le changement de bras que vous devez observer dans ce pas.
Songez à ses temps de valse qui sont à la danse ce que le mètre dactylique — un temps fort, deux faibles — est à la mélopée virgilienne. […] Elle tourne volontairement le dilemme qui, de tout temps, menace le ballet en tant que genre théâtral : le dualisme inéluctable, l’antinomie patente de l’action et de la danse, de la mimique et de l’orchestrique. […] Les attaches d’une exquise finesse, ses chevilles fragilement ouvragées ne sont point faites pour les grands temps de vigueur ou d’élévation. […] Elle se serre, câline, contre la mesure, jette ses bras gracieux et ses cheveux châtains au vent, tandis que, parmi l’envolée de la robe ses talons scandent les trois temps en tournant. […] Quelques rares souvenirs du « rat d’Opéra » que naguère elle fut, quelques temps timidement sautés, des bras et un torse traduisant avec insistance le mouvement musical comme ceux d’un chef d’orchestre.
Le Public n’attend pas d’un homme comme moi, qui a passé tout le tems de sa vie à étudier & à enseigner la Danse une longue dissertation sur l’origine & l’ancienneté de cet Art : je laisse ce soin aux Sçavans. […] Si la Danse ne devoit servir qu’à paroître sur les Theatres, elle ne feroit l’occupation que de peu de personnes ; mais on peut dire qu’elle merite les soins presque de tous les hommes, quand même ils n’en devroient faire usage que dans les premiers tems de leur jeunesse destinez à cet exercice. […] Lully, Italien de Nation, étant venu en France à l’âge de neuf ans ; y appris la Musique : & comme il avoit un genie rare & sublime, il s’éleva bien-tôt au-dessus de tous les Compositeurs de son tems. […] Mais quelques fussent les talents de tous ces Danseurs, de leur propre aveu, la palme étoit reservée à Pecour & à l’Etang, qui depuis ce tems ont été les modeles de tous ceux qui ont voulu briller dans la même carriere. […] Les femmes qui depuis quelque tems avoient été admises dans les Bales de l’Opera, contribuerent beaucoup à la magnificence du spectacle.
Le second remede à employer, est de conserver une fléxion continuelle dans l’articulation des genoux, & de paroître extrêmement tendu sans l’être en effet ; c’est là, Monsieur, l’ouvrage du temps & de l’habitude ; lorsqu’elle est fortement contractée, il est comme impossible de reprendre sa position naturelle & vicieuse sans des efforts qui causent dans ces parties un engourdissement & une douleur insupportable. J’ai connu des Danseurs qui ont trouvé l’Art de dérober ce défaut à tel point qu’on ne s’en seroit jamais apperçu, si l’entrechat droit & les temps trop forts ne les avoient décelés. […] J’ai dit que les Danseurs jarretés doivent conserver une petite flexion dans l’exécution ; ceux-ci par la raison contraire doivent être exactement tendus, & croiser leurs temps bien plus étroitement, afin que la réunion des parties puisse diminuer le jour ou l’intervalle qui les sépare naturellement. […] Ils sont gauches, ils ignorent l’Art de dérober leurs situations par des temps simples qui n’exigeant aucune force, donnent toujours le temps d’en reprendre de nouvelles ; ils ont de plus très-peu d’élasticité & percutent rarement de la pointe. […] La plupart d’entr’elles dansent les genoux ouverts comme si elles étoient naturellement arquées ; grace à cette mauvaise habitude & aux jupes, elles paroissent plus brillantes que les hommes, parce que, comme je l’ai dit, ne battant que du bas de la jambe, elles passent leurs temps avec plus de vîtesse que nous, qui ne dérobant rien au Spectateur sommes obligés de les battre tendus, & de les faire partir primordialement de la hanche, & vous comprenez qu’il faut plus de temps pour remuer un tout qu’une partie.
… » Mais la Danse, se dit-il, ce n’est après tout qu’une forme du Temps, ce n’est que la création d’une espèce de temps, ou d’un temps d’une espèce toute distincte et singulière. […] La ligne droite, la moindre action, le temps le plus bref, semblent l’inspirer. Un homme pratique est un homme qui a l’instinct de cette économie de temps et de moyens, et qui l’obtient d’autant plus aisément que son but est plus net et mieux localisé : un objet extérieur. […] Cet acte, comme la danse, n’a pour fin que de créer un état ; cet acte se donne ses lois propres ; il crée, lui aussi, un temps et une mesure du temps qui lui conviennent et lui sont essentiels : on ne peut le distinguer de sa forme de durée. […] Mais il est grand temps de clore cette danse d’idées autour de la danse vivante.
Dès qu’une fois, au contraire, on a connu les sources primitives des Arts, il semble que leur Temple s’ouvre : le voile qui en couvrait le Sanctuaire se déchire ; on les voit naître, croître et s’embellir ; on les suit dans leurs divers âges ; on se plaît à débrouiller les différentes révolutions, qui, en certains temps, ont dû les arrêter dans leur course, ou qui, dans des circonstances plus heureuses, ont facilité leurs progrès. On a bientôt alors un tableau combiné des effets et des causes : on jouit de l’expérience de tous les temps, et de la sienne. […] Il fallait attendre que le temps eût réuni les différentes opinions des hommes sur ce qui leur plaisait, pour pouvoir enseigner quels étaient les vrais moyens de leur plaire.
On y représenta un grand Ballet, dont le sujet était La Verita nemica della apparenza, sollevata dal tempo ; ce qui veut dire, La Vérité ennemie des apparences soutenue par le temps. […] Ces Personnages formèrent les premières Entrées, après lesquelles le Temps parut. […] En France, en Angleterre, en Italie, on a représenté, dans des temps différents, un fort grand nombre de ces Ballets Allégoriques et Moraux ; mais la Cour de Savoie semble l’avoir emporté sur toutes les autres, par le choix, la galanterie, et l’arrangement qu’elle a fait éclater dans les siens.
Il ne fut question, dit le Duc de Sully dans ses Mémoires97, pendant tout le temps du séjour de ce Prince en Béarn, que de réjouissances et de galanteries. […] Ce coup est du Ciel, dit-il, c’est assez fait le Roi de France : il est temps de faire le Roi de Navarre ; et se retournant du côté de la belle Gabrielle, qui, comme lui, portait les habits de la Fête, et qui fondait en larmes, il lui dit : Ma Maîtresse, il faut quitter nos armes, et monter à cheval, pour faire une autre guerre. […] Je trouve dans les Mémoires du temps, qu’on y exécuta plus de quatre-vingts grands Ballets, depuis 1689 jusqu’en 1610, beaucoup de Bals magnifiques, et un très grand nombre de Mascarades fort singulières.
Je suppose donc que vous soyez sur le pied gauche, la jambe droite en l’air & bien étenduë, il faut la croiser devant la gauche en aprochant la cuise & en pliant le genou, & l’étendre en l’ouvrant à côté du même tems son genou se plie, en la croisant derriere, puis l’étendre à côté & continuer d’en faire plusieurs de suite, tant d’une jambe que de l’autre ; ce qui les délie & les met dans l’habitude de les faire vîte, en observant à chacun de ces battemens d’étendre le genou après que vous l’avez plié. […] Il se rencontre quelquefois des battemens simples qui se mêlent dans d’autres pas : par exemple, vous faites un coupé en avant du pied gauche, & la jambe droite qui est derriere vient faire un battement, en frapant la jambe gauche, & en se reportant du même tems en arriere à la quatriéme position ; mais ce battement se fait les jambes tenduës, parce qu’aux demi-coupez que vous faites en avant, l’on doit être élevé sur la pointe & les jambes étenduës, & c’est dans ce même tems que vous faites ce battement, & la jambe droite se portant en arriere, le talon gauche se pose à terre ; ce qui donne la liberté au pied droit de se porter à la quatriéme position : ainsi que je l’ai déja dit dans le Chapitre des Coupez.
C’est sur cette même regle que les habiles Danseurs ont conduit leurs bras, l’opposition du bras au pied, qui est, que lorsque vous avez le pied droit devant, c’est le bras gauche qui doit être opposé pendant l’étenduë de ce pas, je dis l’étenduë du pas, parce que pour le tems de Courante en avant, qui n’a qu’un pas, si c’est du pied droit, le bras gauche s’oppose de même que le pas de Bourée ou Fleuret en avant, quoiqu’il soit composé de trois pas, il n’oblige pas à faire trois changemens de bras, il suffit de l’opposer au premier pas. […] & celui qui est opposé 2. fait un demi cercle comme ces mots Rond du coude de haut en bas, ce qui se doit faire dans le même tems de l’un avec l’autre, pour se trouver également en dessous, comme il est démontré par 4. […] Demonstration du changement de l’oposition [Légende intérieure] [à gauche] 2 Rond du coude de haut en bas [à droite] 3 [à gauche] 4 [à droite] 5 Rond du coude de bas en haut [à gauche] 6 [à droite] 7 Etant donc tous les deux en dessous le bras gauche, retourné de bas en haut 5. de la même maniere que le tracent ces mots Rond du coude de bas en haut, & le droit du même tems ne fait que retourner la main en dessus ; ce qui se fait par un petit rond du poignet de bas en haut, ce qui termine le changement d’opposition, comme vous le represente 6.
* [6] Dans votre étude soignez les cous-de-pied ; gardez-vous de les lâcher, ce serait un grand défaut, ainsi que d’avoir les pointes hautes ou inégales ; mettez de la souplesse, de la grâce dans leurs mouvements33, et fortifiez-les pour les temps de vivacité, de vigueur et d’élévation. […] [8] Dans les pas, dans les temps de vigueur, mettez de la force et de l’énergie ; mais prenez garde que ces qualités ne dégénèrent en défauts, c’est-à-dire par de la roideur, et par une pénible et désagréable tension de nerfs. […] [10] Le jarreté doit s’appliquer toujours à ployer un peu ses genoux, et à ne jamais les maintenir tendus ; surtout dans les temps de vigueur et dans l’entrechat (à la fin des développements, des pas, des attitudes ou des poses, cette règle veut des exceptions). […] La raison en est simple, naturelle et évidente, lorsque l’on considère que les temps et les mouvements du danseur sont exactement subordonnés aux temps et aux mouvements de la musique. […] Pour regagner le temps que la flexion lente et outrée a fait perdre, et pour le rattraper, il faut que l’extension soit prompte ; et c’est ce passage subit et soudain de la flexion à l’extension, qui donne à l’exécution une sécheresse et une dureté tout aussi choquantes et aussi désagréables, que celles qui résultent de la roideur.
Les plus belles pirouettes filées à la seconde, en attitudes et sur le cou-de-pied ; les temps d’élévation, de vigueur, et un bel entrechat, sont de son ressort65. […] Le sujet qui s’y destine peut se permettre l’exécution de tous les temps, de tous les pas que l’art nous apprend. Cependant, sa manière doit être toujours noble et élégante, et ses temps d’abandon, d’élans doivent être faits avec retenue et en conservant, sans cesse, une aimable dignité. Il doit éviter les grands temps du genre sérieux. […] Selon moi, le type de ce genre est l’imitation de ces mouvements naturels qui ont formé ce qu’on a appelé les danses dans tous les temps et chez tous les peuples.
Camargo fut pendant quelque tems son élève et devint bientôt sa rivale. […] Les jettés battus, la royale, l’entrechat coupé sans frottement, tous ces tems aujourd’hui rayés du catalogue de la danse et qui avoient un éclat séduisant, la Dlle. […] La Demoiselle Camargo avoit de l’esprit ; et elle en fit usage en choisissant un genre remuant, actif, qui ne laissoit pas le temps aux spectateurs de l’anatomiser et de s’appercevoir de ses défauts de construction. […] Javilliers le doubloit, souvent avec succès ; et il avoit quelques temps particuliers et familiers qu’il exécutait avec grace, sureté et facilité. […] Voilà, Madame, tout ce qu’une mémoire usée par le temps et le malheur a pu retenir sur les anciens danseurs de l’opéra.
Pour Horace, il déclare nettement que la Peinture & la Poésie ont toujours marché de pas égal, & qu’elles ont eu dans tous les tems le pouvoir de nous représenter tout ce qu’elles ont voulu. […] Toutes deux conservent exactement l’unité du lieu, du tems, & de l’objet. […] Ces deux Arts se sont maintenus de tous les tems dans un même dégré de perfection. […] Si les Sculptures antiques ont été l’admiration des Anciens, comme elles font l’étonnement des Modernes, que peut-on concevoir de la Peinture de ces mêmes tems-là ? […] Aussi la Peinture étoit alors si honorée, que les habiles Peintres de ces tems-là ne peignoient sur aucune chose qui ne pût être transportée d’un lieu à un autre, & qu’on ne put garantir d’un embrasement.
La mélodie, ce chant naif, et touchant qui n’emprunte rien de l’art et qui doit tout au goût et à la nature a surnagé sur les flots tumultueux des siècles ; le tems n’a pu flétrir ses charmes, et elle brille encore parmi nous de l’éclat, et de la fraîcheur intéressante de la jeunesse. […] La première tête qu’il parvint à mettre ensemble, quelqu’imparfaite quelle fut, dût lui faire éprouver autant de contradictions que d’obstacles, et exiger beaucoup de tems, et de patience. […] Nous ne sommes plus dans le tems ou un tableau d’Appelle étoit payé trois cens mille francs ; où un grand Monarque écrivoit de sa main au cavalier Bernin, pour le prier de venir en france, et lui offroit trois mille louis par an, s’il vouloit y rester. […] Mais ce qui dût étonner la Grèce, ce fut de les voir paroitre tous à la fois comme un brillant phénomène ; ils s’y montrèrent avec une perfection rare qui ne pouvoit être que l’ouvrage du tems, de l’imagination et du génie, qui sembloient leur avoir prêté leurs ailes pour les élever d’un vol rapide vers la perfection. […] On peut dire que son origine ainsi que celle de tous les arts se perd dans la nuit des tems.
Ce petit corps de troupes attache l’oeil et le séduit par la régularité, la prestesse, l’ensemble, la simplicité et l’accord de ses temps et de ses mouvemens. […] Si les mouvemeus des troupes sont précis, c’est parce qu’ils sont simples et d’une facile exécution ; si les pas, les figures et les temps de la danse s’exécutent mal, si le tout est privé d’harmonie et ne produit que confusion, c’est parce que le maître des ballets à qui tout est facile, règle trop savament, et que les temps et les pas étant trop compliqués, trop accéléeés et trop difficiles, les figurantes, (surtout quelques novices) ne peuvent ni les saisir de l’oeil, ni les exécuter avec leurs jambes mal exercées. […] La perfection, le fini des pas, le moelleux des temps, les hardiesses dont l’étude et l’adresse dérobent les difficultés ; toutes ces qualités, dis-je, appartiennent aux premiers sujets, et ne peuvent être exécutées par ceux qui n’ont que des talens routiniers. […] Depuis 45 ans la danse est riche en temps et en pas ; mais elle a été économe et n’a point prodigué sa richesse dans l’exécution méchaniqne du corps de ballet : elle a senti que ce seroit employer ses moyens en pure perte. […] Pour terminer ma lettre, j’avancerai que la danse actuelle n’offre que des temps sautillés, des pas hachés et un trépignement acceléré, qui deshonore ce bel art et lui ote sa parure.
Elle est du temps qui se fait oublier. Grâce à la musique, le temps est l’espace du cœur, ou de l’esprit rendu sensible au cœur par l’émotion.
Il y a un temps de s’affliger, et un temps de sauter de joie . […] Le premier passage qu’on allégue en faveur des danses, est celui de l’Ecclésiaste, où l’on lit : Il y a un temps de s’affliger, et un temps de sauter de joie . […] Mais dans cette remarque du Saint-Esprit, qu’il y a un temps de s’affliger et un temps de sauter de joie, son intention principale a été de nous avertir de prendre garde à bien distinguer le temps destiné aux larmes, et celui qui est destiné à la joie ; et que c’est dans cette vie qu’il faut gémir et pleurer, en attendant dans l’autre vie la consolation et la joie. Jésus-Christ lui-même nous a appris à prendre cette vie pour le temps de deuil et de pleurs, et celui de l’autre vie pour le temps de la joie, lorsqu’il a dit : (Matth. c. 5. v. 5.) […] Au lieu donc de se servir de la parole du Saint-Esprit, qu’il y a un temps de pleurer, et un temps de sauter de joie , pour autoriser les danses, servons-nous-en plutôt pour nous convaincre que notre partage en ce monde doit être les gémissemens et les larmes, à la vue de tant de péchés que nous avons commis, de tant de dangers dont nous sommes environnés, et de notre éloignement du ciel, dans lequel seul le vrai bonheur nous est promis.
Il n’y a rien, aucun luxe de temps ardus et brillants ; magnifique dénuement, abdication volontaire ! […] S’il faut absolument que je reproche quelque chose à la Lilia de mercredi, c’est la façon quelque peu abrupte d’achever tels enchaînements de temps rapides, tels que déboulés, en s’arrêtant dans une position qui n’est pas définitive et en rétablissant l’aplomb après coup. […] Dans les temps d’adage du grand ensemble, dont Mlle Dauwe et elles sont les protagonistes, dans les développés en arabesque, il y avait bien quelque précipitation et incertitude ; en somme M.
Dans ces tems d’une rustique simplicité, quelques bonds irréguliers exprimaient sans art, mais non pas toujours sans grâce, une joie franche et vive. […] C’est de l’étude de la danse que naissent les dispositions favorables pour acquérir cette aisance dans la marche et dans le maintien, ces manières aimables et polies, ces grâces séduisantes qui, après avoir été portées dans les beaux jours de la France à un haut degré de perfection, furent, dans des tems désastreux, contraintes chez les uns, méconnues chez les autres, et remplacées chez plusieurs par un ton difforme et grossier, ennemi de la galanterie et de l’urbanité française. […] Mais, si les principes du vrai et du beau peuvent s’éclipser pendant quelque tems, ils ne reparaissent qu’avec plus d’éclat après des jours de trouble et de révolution : aujourd’hui, un maître habile et sage peut parvenir à former des élèves, qui uniront à la noblesse décente de la danse ancienne, l’aisance et la grâce de la danse moderne. […] Combien rencontrons-nous aussi d’amateurs dans la société, qui possèdent les mêmes avantages qu’ils avaient acquis par une étude profonde, au tems où la danse était estimée et recherchée.