il faut en convenir, puisque d’ailleurs je ne saurais le dissimuler ; ma Pantomime , cet ouvrage que je regardais comme le chef-d’œuvre de l’esprit humain, n’a point eu l’honneur d’être exécutée sur le Théâtre du sieur Nicolet. […] La Phèdre de Pradon l’emporta quelque temps sur celle de Racine ; & l’Athalie de ce grand Homme ne fut pas toujours regardée comme un chef-d’œuvre. […] S’il est prouvé que le sentiment d’un seul est moins que rien, & même celui de plusieurs hommes assemblés, pourquoi tant de gens s’ingérent-ils donc de dire hautement le leur, & de le regarder comme infaillible ?
Malgré les douleurs dont mon col, Dont j’étais quasi pis que fol, Je me mis en quelque équipage, Je pris un cheval de louage, Et fis un dessein courageux De voir ses pompes et ses jeux : Mais, de ce beau Château, l’entrée Ne fut point par moi pénétrée ; Dès la première, ou basse Cour, Un Suisse m’arrêta tout court, Humble, je fis le pied derrière, Mais il me dit à sa manière, D’un ton qui n’était pas trop doux, Oh, Par mon foi, point n’entre fous ; Si bien qu’avec plus de trois mille, Tant des champs, que de cette ville, Qui furent (non pas sans émoi) Rebutés aussi bien que moi, De loin, la Maison regardâmes, Et soudain nous rétrogradâmes, Grinçant cent et cent fois les dents De n’avoir pas entré dedans.
c’est pourquoi indépendamment de ce que j’ai déja dit de la maniere de marcher dans les Chapitres précédens qui regardent également l’un & l’autre Sexe, les mêmes remarques sont necessaires pour les Demoiselles, car elles doivent tourner les pieds, & étendre les genoux, quoique l’on prétende que l’on ne s’apperçoit pas de ces défauts ; mais pour s’en désabuser, sur tout pour les jeunes personnes qui se négligent, je ne veux que leur propre aveu, qu’elles se presentent devant un miroir, & qu’elles marchent quelques pas en observant la maniere de marcher que je viens de décrire dans les Chapitres ci-devant, ou qu’elles marchent nonchalemment, elles se trouveront tout un autre air ; alors elles conviendront que d’avoir la tête droite, le corps en est plus ferme, les genoux étendus, les pas en sont plus assurez.
Vous devez aussi observer que votre tête soit fort droite, pour conserver le corps dans son équilibre ; parce qu’il doit tourner sur un seul pied comme sur un pivot, & c’est ce que j’ai tâché d’exprimer dans ma Figure, en la faisant porter à plomb sur un seul pied, & regarder le bras gauche pour le conduire avec la justesse & la douceur que demande cette action.
Lettre xvii Je vous ai annoncé dans mon avant-dernière lettre, Madame, que je ne vous nommerois que ceux des danseurs et danseuses qu’on peut regarder comme les modèles de leur art ; cependant ceux qui s’efforcent de les copier, ne sont pas sans mérite et je ne hazarderai rien, en avançant que dans le nombre des sujets qui contribuent aux charmes et à la magie des ballets, on en trouverait une douzaine au moins, capables de remplir avec succès les premières places dans les plus beaux théâtres de l’Europe, et qu’ils en feraient les délices et l’ornement. […] Ces deux plaisanteries, l’une poëtique, l’autre rimaillée, ont fait sur les lecteurs des impressions différentes ; la première excita le sourire, mais scandalisa les amis des mœurs ; l’autre fit bailler les gens de goût ; elle fut jettée au feu, sans produire ni flamme ni éteincelles : Quant à moi, Madame, qui n’ai pas la hardiesse de prononcer sur les ouvrages d’esprit, et qui n’en juge que par sentiment, j’ai regardé le premier pamphelet, le mieux écrit, comme une étourderie d’autant moins excusable que l’auteur n’avoit pas besoin de cette futile production pour faire preuve de talent.
Elles me regardaient toutes en souriant. […] Tandis que le jour baissait, je remarquai que le roi et les gens de sa suite regardaient le ciel, tout autour d’eux, et je me demandai pourquoi. […] Comme je paraissais surprise de le voir voyager sans elles, surtout dans un pays où il y avait tant de jolies femmes, il me regarda longuement à son tour et répondit : — Pour mes femmes, une femme blanche n’a ni charme, ni beauté. […] Au comble de la surprise, je regardai mon amie et m’écrirai : — Mais alors, c’est pour cela qu’elle est venue cet après-midi ?
Regardez vos mains maintenant !
Ils la regardaient comme l’harmonie du Monde, et ils croyaient, qu’elle ne pouvait être mieux honorée, que par des Danses régulières qui leur semblaient une image du concert et de l’accord de ses perfections.
Suivez la multitude qui court en foule dans le Salon du Louvre ; mais ne regardez pas comme elle, sans voir.
Par exemple, regarder marcher differentes personnes ?
On regardait le succès comme infaillible, le P… de P*** comme la ressource unique, et Benserade comme un homme médiocre, sans goût, sans imagination et presque sans talent. […] Regardez-vous comme les enfants d’une même famille, et concourez de tous vos efforts à sa splendeur.
Car il faut avouer qu’il y a beaucoup de gens d’esprit, qui loin de regarder la Peinture du côté de la perfection & de l’estime où elle étoit chez les Grecs, n’ont pas même donné la moindre attention à cet Art, tel que nous le possedons aujourd’hui, & que les derniers siécles l’ont fait renaître ; & si ces mêmes personnes font tant que de regarder quelques ouvrages de peinture, elles jugent de l’art par le tableau, au lieu qu’elles devroient juger du tableau par l’idée de l’art. […] Si nous regardons la maniere dont la Peinture a été récompensée, nous verrons que les tableaux des excellens Peintres étoient achetez à pleines mesures de piéces d’or, sans compte & sans nombre ; d’où Quintilien infere que rien n’est plus noble que la Peinture, puisque la plûpart des autres choses se marchandent & ont un prix fixe, au lieu que la Peinture n’en a point. […] Cependant les préceptes qu’il nous a laissez, ne regardent que la théorie de ces deux Arts, lesquels different seulement dans la pratique & dans l’exécution : cette pratique de la Poésie se remarque dans la diction & dans la versification, supposé que la versification soit de l’essence de la Poésie. […] Les Hébreux ont prétendu que l’origine de la Poésie venoit d’une inspiration divine, comme nous le voyons dans Moïse, David, & Salomon ; c’est pourquoy les Grecs ont aussi regardé Orphée, Lin, Musée, Homere, & Hésiode comme des hommes divins ; ils donnoient aussi la qualité de saints aux Poëtes qui excelloient dans cet art. […] C’est aussi par où je finis le Traité de la Peinture & de la Poésie, que je regarde comme deux sœurs, que la jalousie entretient dans la discorde depuis leur naissance, pour les prérogatives de leur art.
Quant à celle en passant, elle se fait pareillement, excepté que lorsque vous passez devant une personne vous faites deux ou trois pas avant de commencer votre reverence : regarder la personne que vous devez saluer pour lui adresser votre reverence, & du même tems vous vous tournez à demi du côté que sont les personnes que vous saluez, & vous glissez le pied qui est de leur côté en avant, puis vous pliez & vous relevez très-doucement, en observant de laisser poser le corps sur le pied qui a passé devant, afin de marcher du pied de derriere.
Mais ce qui prouve encore plus l’attachement & la prédilection que Sa Majesté avoit pour la danse ; c’est que malgré les penibles travaux qui occupoient continuellement ce grand Conquerant, il n’a pas laissé de s’en dérober quelques heures pendant plus de vingt à vingt-deux ans, que Monsieur de Beauchamp a eu l’honneur de le conduire dans ce noble exercice : enfin cette danse dont je viens de parler, du propre aveu des plus habiles Maîtres ; a toûjours esté regardée comme une danse très-necessaire à sçavoir pour bien danser ; c’est ce qui m’engage d’en faire une legere description tous ses mouvemens sont si essentiels, qu’il vous donnent une facilité pour bien danser les autres danses, ce qui se va prouver par la maniere dont elle se dansoit.
La fête des Agapes ou festins de charité, fut encore instituée dans la primitive Eglise, en mémoire de la Cêne de Jesus-Christ avec ses Apôtres, avant sa mort, & pour cimenter l’alliance des Chrétiens convertis du Judaïsme, avec ceux qui venoient du Paganisme, les faire manger ensemble, & diminuer insensiblement par-là l’aversion qu’ils avoient eue les uns pour les autres : les riches en faisoient la dépense, & y convioient les pauvres ; quelques saints Docteurs les ont regardées comme les noces de l’Eglise. […] « Quiconque les premiers jours de Janvier & de Mai, suivant la coutume & superstition des Gentils, festoyera les calendes dudit mois de Janvier, à cause du nouvel an, ou la fête du premier Mai à cause du renouvellement du Printems, ou dressera la table dans sa maison, avec force viandes & lampes, ou cierges allumez, ou quiconque osera louer des Chantres ou Joueurs d’instrumens, & former des danses par les rues & les places publiques, qu’il soit excommunié & regardé comme un impie. » Néanmoins par succession de tems ces sortes de danses & les danses Sacrées ne laisserent pas de reprendre racine en France : l’abus s’en trouva si considérable, que les Evêques firent des constitutions Sinodales dans le douziéme siecle, pour les abolir autant qu’il fut possible ; comme nous le voyons par la constitution de Odon Evêque de Paris, qui fit un commandement exprès aux Curez & aux Prêtres de son Diocese, d’abolir l’usage des danses nocturnes, & d’en empêcher la pratique dans les Eglises, dans les Cimmetieres & aux Processions publiques. […] Ceux qui ont lû l’Alcoran, sçavent qu’il est rempli d’une infinité de fables qui ne sont pas mieux fondées ni moins incroyables que l’origine de leurs danses Sacrées, Néanmoins d’autres prétendent que cette danse Sacrée des Dervis est regardée parmi eux comme la discipline que se donnent nos Religieux, parce qu’elle est aussi pénible que violente. […] Pitagore qui paroît avoir eu quelque idée d’une Divinité incrée, a crû que l’origine de la danse Sacrée étoit fondée sur ce que Dieu étoit regardé par les Grands-Prêtres comme un nombre mistérieux, & comme une harmonie qui vouloit être honorée par des cadences mesurées : c’est sur ce fondement que les Sacrificateurs étoient persuadez que la Divinité qu’ils adoroient en dansant, les agitoit intérieurement par de certains trémoussemens qu’ils appeloient fureur sacrée ; de même que les Prophetes, qui par le son des instrumens se sentoient quelquefois inspirez de l’Esprit divin.
J’ai traité assez sérieusement un sujet qu’on ne regardera peut-être que comme très futile. […] Nous regardons cependant, dès l’abord comme des innovations dangereuses tout ce qui s’écarte de, la route commune. […] Ce Baladinage est devenu à son tour la seule Danse noble, à laquelle on a substitué dans les suites une Danse plus animée, que les louangeurs du temps passé ont jugée un excès outré et de mauvais goût, et c’est cette dernière qu’au temps de l’Abbé Du Bos on regardait comme la perfection de l’Art.
« L’observation du sabbat, c’est-à-dire du jour consacré à Dieu, nous regarde encore plus que les Juifs, parce que nous devons l’observer d’une manière toute spirituelle. […] Les commandemens de Dieu, et en particulier celui qui regarde la sanctification des fêtes, sont trop oubliés ; et bientôt le jour du Seigneur sera moins à lui que tous les autres, tant on cherche d’explication pour l’abandonner à l’inutilité et au plaisir. » Et sur ce que l’auteur, que M. […] Combien cette défense regarde-t-elle encore plus les chrétiens qui, vivant sous la loi de grâce, sont obligés à une plus grande sainteté !
Lully fut dès lors regardé comme un Compositeur divin, les Chanteurs comme des modèles, les Ballets comme les chefs-d’œuvre de la danse, les Machines comme le dernier effort de la mécanique, les Décorations comme des prodiges de peinture.
J’ai regardé consciencieusement, j’ai lu également les explications fournies par le programme.
Euridice enchantée vole vers son époux ; il lui tend la main sans la regarder ; elle le conjure et le presse de jetter les yeux sur elle. Fidèle au décret de Pluton, il refuse de la regarder ; Euridice passe de tous cotés ; il fuit et détourne la tête, en exprimant le tourment qu’il endure : Euridice le conjure de nouveau de répondre à son impatience et de jetter un regard sur elle ; ses refus l’offensent, elle les attribue à son indifférence, et quitte sa main en exprimant son dépit.
Sans ménagement, sans pudeur, cabalant à découvert contre son bienfaiteur, lui ravissant chaque jour quelque portion de gloire, il voulut enfin consommer l’ouvrage de sa réputation par un coup hardi, qui anéantit sans retour un vieux Athélete, dont il se croyait le rival, et qui ne le regardait que comme un faible écolier, plus digne de pitié que de colère.
Et pendant que les corps se mêlent en cette lutte passionnelle et les bras simulent les gestes de l’amour, les deux petites figures rondes des mimes vous regardent bien en face, imperturbables, pensives, sereines.
Si au contraire il venait devant vous, vous lui céderiez le passage le plus commode, qui est ordinairement le haut pavé, en vous découvrant du côté opposé à son passage, descendant le chapeau dans toute l’étendue du bras, comme signe de grande considération, s’inclinant jusqu’à ce qu’il soit passé, et ne point se retourner pour regarder ses pas. […] Il ne faut point se promener autour du salon pour regarder fixement les personnes qui y sont placées ; cela est indécent et d’un mauvais genre. […] Il n’est point honnête de marcher au lieu de danser, comme de regarder du côté opposé à son danseur ou sa danseuse, de ne pas donner la main quand le sens de la danse l’exige : ce sont autant de marques de mépris. […] Sans doute, la danse, considérée seulement comme moyen de récréation, n’est qu’un plaisir frivole qui se passe avec l’âge ; mais par cela même, elle n’a rien de dangereux, et peut être regardée comme un des amusemens qui conviennent le mieux à la jeunesse.