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12. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre V. » pp. 37-55

Richelieu fonda l’Académie Française ; il en fut le chef et le protecteur. […] Nous étions privés du plus pompeux et du plus magnifique spectacle de l’Europe, (l’Opéra Français), et nous en devons la jouissance au goût, et au génie du Cardinal Mazarin. […] Il craignit que les danseurs Français tristes et nobles ne mourussent à force de rire, en voyant gambader, faire des pirouettes accrochées, les trois tours en l’air, les entrechats à huit, et à dix, et les Passa Campagna, et que ceux-ci en regardant se promener à pas lents les danseurs Français sur les airs de la Courrante, et de la Sarabande, ne gagnassent le spléen, et ne mourussent de la consomption. […] L’opéra Français fut crée, et on lui doit sa naissance. On ne peut se refuser à regarder l’Abbé Perrin comme un homme qui eut assez de génie pour entrer dans les vües de Mazarin, en composant le premier opéra en langue Française.

13. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 1er janvier 1923. Carte de visite. »

Nous souhaitons encore que les créations en souffrance comme celle de Cydalise, qui compte six mois de répétitions, souvent inutiles car interrompues, comme celle de Padmavati toujours dans les limbes, soient réalisées dans le plus bref délai ; que les reprises faciles à effectuer comme celle des Deux Pigeons, si attendus, ne languissent pas infiniment ; que la 400e de Coppélia, petit chef-d’œuvre français dont le succès est inépuisable, serve d’occasion pour renouveler décors et costumes et pour nous rendre le troisième acte arbitrairement coupé ; qu’on maintienne au programme Castor et Pollux, qui appartient au fond national, impérissable ; qu’on ne laisse pas à l’étranger la gloire d’avoir monté avant l’Opéra des œuvres telles que la Valse de Ravel. […] Sur ce, le critique de Comœdia offre une cordiale poignée de main au directeur de la maison de danse et à son vaillant état-major ; il prie également toutes ces dames et tous ces messieurs d’agréer l’expression de son admiration et de sa sympathie pour la troupe qu’il croit destinée à rétablir, dans toute sa gloire, le Ballet français.

14. (1908) Quinze ans de ma vie « Quinze ans de ma vie — XIX, sardou et kawakami » pp. 214-

Sardou avait été expressément fait pour lui, parce qu’il était un auteur japonais, et que les Français étaient très contents qu’il eût amené sa troupe japonaise à Paris, et que la Société des Auteurs le recevait avec joie. […] C’était en français, mais j’affirme que c’était aussi difficile à comprendre que le japonais de Kawakami. […] Je causais avec lui en ce mauvais français dont je suis coutumière, et sans savoir qui il était.

15. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 30 octobre. Le danseur et le préjugé au travesti. »

Et il y a plus d’un demi-siècle, Bournonville, missionnaire de la danse française, in partibus infidelium ou, sans métaphores, maître de ballet à Copenhague, recommande aux danseurs dans la préface de ses Exercices chorégraphiques de ne point se laisser rebuter par l’injustice de certains critiques qui, ne tenant aucun compte des qualités et du talent des danseurs, s’attaquent à la danse masculine en bloc. […] Cependant l’abus du travesti — dont l’usage en Russie apparaît comme une rare exception — est une des tares du ballet d’opéra français et j’espère être soutenu dans la petite guerre d’usure que j’ai entreprise contre ce poncif inepte. […] Qui sait si l’information que je citais au début de ces lignes ne s’inscrira pas à la première page d’une Renaissance de la danse française ?

16. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre troisième — Chapitre VII. Principes Physiques du vice de l’Exécution primitive de l’Opéra Français. »

Principes Physiques du vice de l’Exécution primitive de l’Opéra Français. […] Par ce peu de mots on a une esquisse de l’opinion qu’on s’était formée dans la Littérature Française de Quinault et de Lully.

17. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 2 juin. Le ballet cambodgien. »

C’est la grande tradition classique du ballet français ; c’est encore l’orchestique grecque dont, décidément, nous ignorons trop de choses. […] Ayant dansé, elles font la révérence à la française, avec quelle grâce !

18. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1670 — 14 octobre : Le Bourgeois Gentilhomme — Lettres en vers à Monsieur de Robinet — Robinet, lettre du 27 décembre 1670 »

Robinet, lettre du 27 décembre 1670 Ajoutons, fermant ce Chapitre, Et, par icelui, notre Epître, Qu’on traite cet Ambassadeur Avecque beaucoup de splendeur : Et tant lui, que sa Famille, Laquelle, en Gens, point ne fourmille, Sont régalés et divertis, Par les Comédiens, gratis, L'ayant, l’autre jour, chez Molière, Eté de façon singulière, Par son Gentilhomme Bourgeois, Demi Turc, et demi Français, Et par de bonnes Confitures, Pour moi d’agréable Pâtures.

19. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Réponse à la question proposée. — Lettre première. » pp. 8-13

Sans doute, votre prévention en faveur de la France, ne peut avoir qu’un motif louable, l’amour de la patrie : sous ce rapport, on vous rendra la justice de dire, que vous pensez et que vous écrivez en bon français ; mais il est un amour devant le quel il faut que tous les autres fléchissent, celui de la vérité : Amicus Plato, sed magis amica veritas . […] cette fureur de graver tout, peut-elle prouver que les Français aiment mieux la musique que les Italiens ? […] Les Italiens sont à cet égard bien plus sages que les Français ; mais à défaut de graveurs il y a un grand nombre de copistes, tous musiciens ; et comme il paroît toutes les années soixante opéras nouveaux, les copistes voyagent, correspondent entre eux, font des échanges, et n’écrivent que les Ariettes, les Duo, les grands Récitatifs avec accompagnemens, les Cavatines, les Trio, les Quatuors, les Finales, c’est à dire, tous les morceaux qui ont été vivement applaudis par le public, et qui portent avec le caractère de la nouveauté, l’empreinte du goût et le cachet brulant du génie.

20. (1910) Dialogue sur la danse pp. 7-17

Sans doute, Mme D. danse un peu en anglais, comme d’autres en français ou en italien ; mais elle danse surtout en grec, et c’est ce dont vous ne douteriez pas si vous saviez le grec mieux que l’anglais. […] Vous n’aimez point les danses françaises parce qu’elles parlent notre langage et n’ont pas de mystère pour vous ; mais comme vous ne savez pas le russe, je suis sûre que vous délirez devant Mme Rubinstein. […] Elle n’a jamais dansé qu’en français. […] c’est la petite-fille spirituelle de Théophile Gautier, c’est la digne élève de Flaubert, c’est toute l’antiquité vue à la française.

21. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1661 — 17 août : Les Fâcheux — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 18 août 1668 »

Robinet, lettre du 18 août 1668 Comme chacun, à leur exemple (Que toute la Ville contemple), De se signaler est ravi, C’est ce qu’on a fait à l’envi, Et j’en fis en mon autre Épître Un assez spacieux Chapitre ; Mais, vraiment, les COMÉDIENS, Tant les Français qu’Italiens, Ont, depuis, témoigné leur zèle De façon si noble et si belle, Et sans aucun égard aux frais, (Car on en fait, je vous promets, Dedans une Rencontre telle, Tant en violons qu’en chandelle) ; Ils ont, dis-je, d’un si bel air Leur affection fait briller, Donnant GRATIS la Comédie À quiconque en avait envie, Et c’est-à-dire à tout Paris, Qui la voulut voir à ce prix, Qu’ils méritent bien que l’Histoire En conserve aussi la mémoire.

22. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 18 décembre. Quinault, Rowe. »

Quinault fait triompher le goût français. De tels hommes sont faits pour rendre à la danse classique, art français, sa suprématie de jadis.

23. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur les fêtes nationales] — Lettre iii. sur le même sujet. » pp. 122-128

Mais cessons de confondre le bon avec le défectueux, l’infiniment grand avec le très-petit, le sacré avec le profane ; n’établissons point un parallèlle inadmissible entre le prophète Moyse, et le muphty de la théophilantropie ; entre le legislateur des Juifs, et celui des Français, L. […] La nomenclature de toutes celles que les armées Françaises ont remportées, n’est-elle pas immense ? […] ce passage fut forcé par les Français, avec une valeur, une intrépidité, et un acharnement sans exemple ; il fut défendu par les Autrichiens avec une bravoure et un courage opiniâtre.

24. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1669 — 13 février : Le Ballet de Flore — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 9 mars 1669 »

Robinet, lettre du 9 mars 1669 Le lendemain, le Grand Ballet Chez le ROI joua son Rôlet, Et le lundi d’ensuite encore, S’entend bien, le Ballet de Flore, Où la Cohue et le Concours Furent tels, en ces derniers jours, Qu’à part Française Courtésie116, L’Officier, dans sa frénésie, Repoussait par de félons coups Le susdit Sexe aimant le doux, Et (dont il n’était pas en fête) Le jetait tout franc à la tête, Si qu’un Huissier en eut au Chef Fort malle bosse, par méchef.

25. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre IX [X] » pp. 97-106

La scène Française ne m’offre-1-elle point Corneille, Racine, Voltaire et Crébillion ? […] Je pourrois encore parler de ces acteurs tragiques qui créerent l’art de la tragédie, et dont les successeurs font encore aujourd’hui les délices de la scène Française ; si leur éloquence est secondaire, il faut avouer néanmoins que c’est un mérite de faire ressortir par la déclamation toutes les beautés de la poésie ; car combien ces belles productions ne perdent-elles pas de force et d’energie dans la bouche d’un lecteur ou d’un acteur médiocre ? […] Le récitatif des premiers opéra Français mis en musique par Cambert et par Lully étoit egalement dénué d’harmonie ; il étoit langoureux, sans expression, et en voulant l’orner par de longues cadences, on ajoutoit à son ridicule ; la basse continue en fermoit l’unique accompagnement, et par cette monotonie, on peut aussi comparer ce récitatif à la déclamation des anciens accompagnée d’une seule flûte. […] Quant a la déclamation, on me permettra de dire que la nôtre est plus sage, plus vraie et bien plus naturelle que celle des Grecs et des Romains et que le costume adopté par notre scène Française, s’avoisine de la vérité, autant que celui des anciens s’en éloignoit ; tout étoit contre nature dans l’accoutrement de leurs acteurs ; 1’homme disparoissoit : un art bizarre lui enlevoit sa forme et ses proportions ; sa tête enveloppée dans une seconde tête monstrueuse ; sa voix métamorphosée en voix de Stentor ; ses bras paralisés pas l’établissement d’un gésticulateur ; tout cet attirail, dis-je, le privoit des moyens propres à fortifier ]‘éxpréssion du discours, et à y ajouter de l’énergie.

26. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 18 septembre. Je fais l’école buissonnière. »

Quant à ce pas de chahut, ce mouvement de la jambe tendue, violemment projetée en avant à la hauteur des yeux, mouvement que les dancing-girls anglaises, bataillons d’anges pervers, ont emprunté aux quadrilles français, aux Grille d’Égout et aux Nini Patte-en-l’air, ne se retrouve-t-il pas identique, mais transfiguré par je ne sais quelle hiératique grandeur dans les bas-reliefs mortuaires des tombeaux royaux de Sakkarah ? […] J’ai vu, cet été, danser à l’Olympia un couple français, Mitty et Tillio. […] Décidément, seule l’invention comique s’adapte heureusement au génie acrobatique — que ce soit l’humour anglo-saxon ou la verve gauloise du forain français.

27. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre quatrième — Chapitre III. Obstacles au Progrès de la Danse »

Ce sont les abus qui arrêtent ses progrès, que je défère à la sagacité, au goût, au discernement des Français. […] Cette antipathie est une maladie ancienne : elle tenait les Danseurs, dès l’établissement de l’Opéra Français.

28. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1667 — 14 février : Le Sicilien ou L’Amour peintre — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 19 juin 1667 »

D’autre part, un Marquis Français, Qui soupire dessous ses Lois, Se servant de tout stratagème Pour voir ce rare Objet qu’il aime (Car, comme on sait, l’Amour est fin), Fait si bien qu’il l’enlève enfin, Par une Intrigue fort jolie.

29. (1921) Salvatore Viganò pp. 167-190

Celui-ci, frappé du talent du jeune homme, lui proposa de l’emmener en Angleterre et de l’initier aux secrets de la danse théâtrale française. […] De Moscou à Naples, de Londres à Vienne, le ballet français triomphait. […] Les Français n’avaient pas tardé à abuser de cette virtuosité. […] En 1792, il affirmait d’ailleurs son admiration pour son maître en mettant à la scène à la Fenice La Fille mal gardée du chorégraphe français. […] Ce sont des ballets allégoriques ou mythologiques à la mode française.

30. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre quatrième — Chapitre IX. Des Actions convenables à la Danse Théâtrale »

Lorsqu’il s’élèvera parmi nous quelque grand talent assez instruit des possibilités de l’Art, pour se les rendre propres, sa place, n’en doutons point, lui sera marquée dans l’histoire des Artistes fameux, à côté des Pylades et des Bathylles ; et sa Danse digne seule de ce nom sera désormais appelée la Danse Française.

31. (1757) Articles pour l’Encyclopédie « Sur la musique moderne »

Alors le redoublement des rimes est un nouvel agrément : il n’est point d’ouvrage plus difficile, qui exige une oreille plus délicate, et où la prosodie Française doive être plus observée. […] Rousseau, il y a bien des canevas dans nos opéras qui, pour l’ordinaire, n’ont ni sens ni esprit, et où la prosodie Française se trouve ridiculement estropiée. […] Les Français passent pour réussir mieux dans cette partie qu’aucune autre nation de l’Europe. […] L’opéra italien avait donné l’idée de l’opéra français : Lully qui était Florentin, était musicien comme l’étaient de son temps les célèbres compositeurs de delà les monts, et il ne pouvait pas l’être davantage. […] de même celles de nos bons maîtres français d’aujourd’hui sont fort supérieures à celles qu’on admirait sur la fin du dernier siècle.

32. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 15 mai. Peut-on reconstituer une danse antique. »

Sait-on qu’il y a plus d’un quart de siècle un savant français usa de la cinématographie encore dans l’enfance pour reconstituer l’orchestique des Grecs, d’après les monuments figurés ? Non, car il est admis d’ignorer tout des initiatives françaises.

33. (1908) Quinze ans de ma vie « Quinze ans de ma vie — XV, quelques souverains » pp. 160-177

Des fonctionnaires français accompagnaient les visiteurs, qui produisaient, je dois le dire, un effet énorme, avec leurs costumes simples mais d’un pittoresque achevé. […] Lorsque je fus devant le roi, je dis tranquillement à mes amis, à voix distincte et en français : — Quel beau sauvage ! […] On me présenta au roi, il me tendit la main et jugez de mon effarement quand je l’entendis me déclarer à son tour, en un très bon français : — Je suis charmé, de faire votre connaissance, miss Fuller. […] Après la prière, le roi me raconta que son père avait été détrôné, puis exilé du Sénégal par le gouvernement français. […] Il était sujet français et dans son pays, tributaire de la France, il n’était plus qu’un chef de clan.

34. (1908) Quinze ans de ma vie « Quinze ans de ma vie — XXI, choses d’amérique » pp. 232-249

XXI choses d’amérique Un étranger, et surtout un Français, qui n’a jamais séjourné en Amérique, ne peut point imaginer notre pays tel qu’il est. Un Français se fera une idée de l’Allemagne sans l’avoir vue ; de l’Italie, sans y être allé ; de l’Inde même, sans l’avoir visitée : il lui est impossible de se figurer l’Amérique telle qu’elle est. […] Croyant à une mauvaise plaisanterie, Mortier égrena les plus belles injures — heureusement débitées en français — de son répertoire. […] Mortier descendit à Holland-House, maison où l’on parlait français et où les choses se passaient d’une façon qui lui était plus familière. […] Or, bien que la maison fût à la française, on lui répondit à l’américaine : — Mais cela ne regarde pas le portier.

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