Le bras se leve, le coup est prêt à tomber, lorsqu’un Dieu protecteur des amants arrête le bras du Sacrificateur, en répandant un charme sur cette Isle qui en rend tous les habitants immobiles. […] 12 Il aborde ; l’Amour fait jetter l’ancre ; il descend de son bord ; les Nymphes, les Jeux & les Plaisirs le suivent, & en attendant les ordres de ce Dieu, cette troupe légere se range en bataille. […] Un de ses regards rappelle à la vie Constance ; Dorval & Clairville ne doutant point alors que leur libérateur ne soit un Dieu, se prosternent à ses pieds. […] L’Amour satisfait unit Clairville à Constance, les Misogyniens aux Nymphes, & donne à Dorval Zenéide, jeune Nymphe que ce Dieu a pris soin de former. […] Ce Dieu, Clairville & Constance, Dorval & Zénéide, les Jeux & les Plaisirs dansent les principaux morceaux.
Il reste juste assez d’âme en ce monde changé pour en meubler les corps de cinq êtres humains ; et quelle âme, juste Dieu !
Ce Dieu jette un poignard au milieu de l’assemblée. […] L’horison s’entrouvre : le jardin disparoît et fait place au Palais brillant du soleil(1) : Apollon est assis sur un trône éclatant ; ce Dieu veut se montrer dans toute sa gloire : les Astres, les Constellations, les Heures, les Muses et les Arts l’environnent : Admète et Alceste se prosternent, et lui expriment leur gratitude.
Un fort honnête et galant Homme Qu’il n’est pas besoin que je nomme, Homme, envers-moi, de coeur humain, Et mon ami, de longue main, (Que Dieu gard50. de toute infortune) M’y plaça sur une Tribune, Où je fus mille fois ravi Des belles choses que je vis.
Quel est le lecteur qui prononceroit avec la même expression ; ah Dieu ! […] et ah Dieu !
Cette troupe riante est ingénieusement distribuée par l’artiste ; des amours broyent les couleurs ; d’autres essayent leurs crayons, des zéphirs chargés des présens de Flore s’offrent pour modèles ; les Graces forment grouppe avec l’Amour enfant ; elles lèvent mystérieusement le voile qui couvre son berceau ; ce petit Dieu est endormi. […] Apelles inspiré par l’Amour lui présente l’arc de ce Dieu, et une de ses flèches.
Allez messieurs, continua-t-il, il n’appartient qu’à Dieu de changer l’eau en vin.
Et l’autre répliqua : — Pour l’amour de Dieu, qu’est-ce qu’il fait là ?
Un jour, à la National Gallery de Londres, Mallarmé aperçut une toile de Boucher, Pan et Syrinx, où, caché dans les roseaux, le Dieu guette deux nymphes voluptueusement enlacées.
Des raisons plus pressantes, des embarras plus fâcheux, doivent les engager à renoncer à la carrière pénible & brillante d’hommes de Lettres, à cette montagne stérile, où croissent à peine quelques lauriers, & sur laquelle un Dieu misérable éblouït une troupe d’infortunés, qu’il repaît de vent & de fumée.
Ils firent du jeune Hymen un Dieu, qu’ils invoquèrent dans leurs Mariages.
Mais, pour Dieu !
Jupiter, termine la Pièce, Et remet, par tout, la liesse, En immortalisant Psiché, Après avoir, un peu, prêché Vénus, sa trop colère fille, De sa Machine qui fort brille : Et ce Dieu là, c’est du Croisy, Qui hautement, couronne ainsi, L’Oeuvre, de la belle manière.
Le Dieu de la guerre se met à ses cotés ; Vulcain se place aux pieds de la Déesse, et les héros de la suite se grouppent derrière elle.
Le superbe Conquérant de l’Inde, le Dieu des richesses, l’Ambition, le Caprice cherchèrent en vain à s’introduire dans ce temple.
. — Le Dieu et la Bayadère. — Robert le Diable. — La Sylphide. — Révolution romantique dans le ballet. — Causes du succès extraordinaire de Marie. — Une revanche de l’idéalisme. — Les panégyristes de Marie ; Jules Janin. — Hommages des poètes ; Méry. — Succès dans toute l’Europe. — Critiques de Rahel Varnhagen. — Caractère de Marie. — Sa prodigalité. — Son mariage avec Gilbert de Voisins. — Difficultés avec la direction de l’Opéra. — Nécessité d’engager une autre danseuse 156 CHAPITRE VI les débuts de fanny elssler à paris Le voyage de Véron à Londres. — Engagement des sœurs Elssler. — Leurs appointements. — Réclame tapageuse. — Appel aux bonapartistes. — La Tempête ; les répétitions ; dépenses pour la mise en scène. — Première représentation le 15 septembre 1834. — Physionomie de la salle. — Succès de Fanny. — Opinions de la presse. — Incompétence de Jules Janin. — Encore la légende des amours du duc de Reichstadt et de Fanny Elssler. — Orgueil de Véron. — Elssléristes et taglionistes. — Reprise de la Sylphide. — Débuts de Thérèse. — Le bal de Gustave. — Les deux sœurs dans Don Juan. — Les recettes de la Tempête. — Une parodie. — La mode 188 CHAPITRE VII l e diable boiteux L’année 1835. — La Juive. — Campagne des taglionistes contre Fanny Elssler. — L’Ile des Pirates. — L’attentat de Fieschi. — Insuccès du nouveau ballet. — Duponchel succède à Véron. — Qualités de Duponchel. — Les deux sœurs Elssler à Berlin. — Retour à Paris. — Première représentation des Huguenots, le 29 février 1836. — Vogue de l’Espagne et des danses espagnoles. — Grillparzer à Paris ; son jugement sur les sœurs Elssler. — Première représentation du Diable boiteux, le 1er juin 1836. — Succès complet de Fanny. — La cachucha. — Rentrée de Marie Taglioni dans la Sylphide. — Deux principes opposés. — La Fille du Danube. — Les sœurs Elssler à Bordeaux. — Retour à Paris ; accident de voiture. — Grave maladie de Fanny… 220 CHAPITRE VIII victoires et revers Les danseuses à l’église Notre-Dame-de-Lorette. — La statuette de Fanny par Barre fils. — Popularité de la cachucha. — Rentrée de Fanny dans le Diable boiteux. — Adieux de Marie Taglioni. — Nourrit et Duprez. — Les sœurs Elssler à Vienne en août 1837. — Les feuilletons de Théophile Gautier sur Fanny. — La Chatte métamorphosée en femme. — Premier portrait de Fanny par Th.
Ie ne mets point toutes ces choses en debat elles sont sans replique, & ne suis pas de ceux qui sacrifieroient à l’impertinence, mais de n’espargner pas mesmes tant de braues gens qui ont si long temps & si heureusement conuersé sur ceste montaigne tant renommée du Dieu des sciences, & qui ont si dignement traité ce qu’ils ont entrepris, que me peut-on respondre, sinon que comme chasque chose tend à son centre, de mesme nostre inclination par le mal-heur auquel nous engagea la desobeissance premiere se porte naturellement au mal, comme à son obiect plus souhaitable, où elle se lie si estroitement que nous ne l’en pouuons separer que par violence, ie veux dire par vne soigneuse estude de la vertu qui pressupose tousiours du contraste.
Platon qui fut leur disciple & leur admirateur, ne put assez louer le génie de celui qui le premier avoit mis en concert & en danse l’harmonie de l’Univers & tous les mouvemens des astres, exprimez par la danse astronomique : il conclut de-là qu’il devoit être un Dieu ou un homme divin. […] La fable de Priape nous apprend qu’il étoit un Dieu belliqueux & fameux Danseur, qui ayant reçû le Dieu Mars des mains de Junon, étant fort jeune, mais rustique, grossier, & très vigoureux, lui apprit l’art de la Danse avant l’exercice des armes, pour un prélude de la guerre ; & qu’en récompense on consacroit dans le temple de Priape la dixme des dépouilles vouées au Dieu Mars, après le gain des batailles. […] Voilà à peu près ce que l’Histoire nous a conservé sur l’origine de la Danse des Anciens, & ce qui m’a servi de canevas pour en composer l’Histoire générale, que j’ai tâché de mettre en ordre par Chapitres, pour la rendre aussi complette qu’intelligible : j’ai crû faire plaisir au Lecteur, en lui donnant d’abord une idée génerale des danses de l’Antiquité ; sans quoi j’aurois commencé le premier Chapitre par la danse Sacrée, comme la plus respectable, surtout par rapport à celle des Juifs, qu’ils ont regardée comme un don de Dieu pour l’employer à son culte ; & ce qui a même passé, au sentiment des Anciens, pour l’origine de toutes les Danses tant sacrées que prophanes, qui ont été inventées depuis la création du Monde, comme je vais le faire voir.
Henri IV. ayant lû le Mémoire, leur dit : Messieurs, il n’appartient qu’à Dieu de changer l’eau en vin ; cherchez quelque autre fonds, qui ne soit point à charge aux Parisiens, pour bien régaler mes Alliez. […] Après la maladie du Roi en 1684, Sa Majesté voulant venir à Notre-Dame pour rendre graces à Dieu de sa guérison, le Gouverneur de Paris & le Prevôt des Marchands allerent prier le Roi d’honorer l’Hôtel de Ville de sa présence, pour y dîner à son retour : le Roi l’accepta, & y fut régalé avec toute la Cour, d’une somptuosité surprenante. […] Des Saliens sous les armes Les Danses, Dieu des allarmes, Plaisoient même à ta fierté.
Sa Cadette, dont l’air charmant,33 Pourrait d’un Dieu faire un amant, Blanche et fraîche comme une Aurore, Et qui là représentait Flore.
Ceux là me fourniroyent vne multitude d’exemples, si la reuerence que ie porte au liure de Dieu, me permettoit le meslange des choses sainctes à celles qui ne le sont pas, joint aussi que ie m’engagerois d’expliquer le sens des Escritures, pour faire voir le suject qui obligeoit tant de sainctes ames à la danse, ce qui contrarie à la briefueté que ie me suis proposée, vn autre dira à ma capacité, ie l’aduouë : Mais si est-ce qu’il n’y a rien de plus palpable que les plus authorisez parmy le peuple de Dieu, (poussez d’vne saincte allegresse) ont dansé, & que depuis en la primitiue Eglise, la coustume longtemps continuée a esté, qu’on obseruoit des cadences & des pas mesurez au son de certains motetz qu’on y chantoit.
Auguste Vestris, à qui nous ne pouvons encore comparer aucun danseur, et que les Français regrettent de ne plus voir sur leur théâtre, de ce danseur que son père, qui ne connaissait dans l’Europe que trois grands hommes, Lui, Frédéric et Voltaire, appelait le Dieu de la danse.
Il dit alors cette chose que je n’oublierai jamais : — Lorsque nous trouvons une créature de Dieu, et que nous n’apercevons rien de bon en elle, la faute en est peut-être à nous.