Tout dépend pour bien apprendre, du bon commencement, ce qui est l’affaire du Maître, mais comme l’Ecolier a beaucoup de vivacité, ou que souvent le trop d’étude dont il est chargé, lui fait oublier la plûpart de ses exercices, & ordinairement celui de la Danse, que l’on ne croit pas aussi nécessaire qu’elle est, puisque c’est par elle que nous nous comportons dans le monde avec cette bonne grace & cet air qui fait briller notre Nation ; & c’est sur cette idée que je me suis fait un plan ou maniere de leçon que le Maître donne à son Ecolier pour le mener de pas en pas, même lui enseigner tous les differens mouvemens des bras, afin de les conduire à propos à chacun de ces differens pas de danse : & comme il est essentiel de sçavoir se poser le corps dans une situation gracieuse, c’est ce qui est expliqué dans ce premier Chapitre, de même que le represente cette Figure : Il faut avoir la tête droite sans être gêné, les épaules en arriere (ce qui fait paroître la poitrine large & donne plus de grace au corps,) les bras pendans à côté de soi, les mains ni ouvertes ni fermées, la ceinture ferme, les jambes étenduës, & les pieds en dehors : j’ai tâché de donner à cette Figure l’expression possible, afin qu’en la voïant on puisse se poser le corps tel qu’il doit être.
A qui Appien Aléxandrin donne encore le nom de Pompe Thirrhénique, dont l’invention est attribuée aux Thirrhéniens ; il dit que ces Balets sont d’une institution très-ancienne : les danseurs étoient de jeunes gens, dont les habits étoient retroussez ; ils portoient des couronnes ou des guirlandes d’or sur leurs têtes, & alloient chantant & dansant dans les places publiques, avec autant d’ordre que de méthode : ce spectacle étoit en vénération parmi cette nation. […] Les Royaumes & les Provinces représentez par autant de génies, marchoient avec ces nations devant les chars des Ambassadeurs de l’Europe, de l’Asie, de l’Afrique, & de l’Amérique, dont chacun étoit escorté de soixante & dix Cavaliers. […] Après le rétablissement du Roi Charles sur le Trône d’Angleterre, la Chambre des Pairs fit faire un Balet allégorique, pour faire voir que la vérité de la Religion s’étoit retirée dans l’Isle d’Angleterre, où toutes les Nations du monde vinrent en ordre par la Tamise, jusqu’au Palais du Roi, pour rendre leurs hommages à la vérité. […] La premiere Entrée fut de quatre Sacrificateurs de cette nation, qui tiroient du tabac en poudre de certaines boëtes d’or, qu’ils portoient pendues à leurs ceintures, & jettoient cette poudre en l’air, pour appaiser les vents & les tempêtes ; puis avec de longues pipes, ils fumoient autour d’un autel, marchant en pas graves & cadencez, & faisant de leur tabac en fumée, une espece de sacrifice à leurs fausses Divinitez. […] La cinquiéme étoit une troupe de fumeurs assemblez dans une Tabagie, ou lieu destiné à fumer : des Turcs, des Maures, des Espagnols, des Portugais, des Allemands, des François, des Polonois, & d’autres nations recevoient le tabac des Indiens & s’en servoient diversement : ils finirent le spectacle.
Ce héros paroît sur un char traîné par les esclaves des différentes nations qu’il a vaincues ; ses compagnons charges des trophées de ses victoires et des riches dépouilles des vaincus, marchent à ses côtés. […] Les captifs, tant Européens qu’Asiatiques et Africains, déposent aux pieds de Déjanire les différents tributs de leurs climats ; ils l’implorent pour leur liberté ; et l’ayant obtenue, ils se livrent à des danses qui expriment leur reconnoissance autant que leur joye, et dans les quelles le costume de chaque nation se fait distinctement remarquer. […] Une marche majestueuse annonce l’arrivée d’Hercule ; les sacrificateurs de Jupiter précédent ce héros, qui paroît devancé par ses compagnons ; Hilias et Philoclète l’accompagnent, et les captifs des nations qu’il a vaincues les suivent et terminent cette marche.
Ils s’évanouissent aux yeux des Nations que la gloire abandonne.
La France devint le modèle des cours étrangères, et celle de Louis quatorze fut une école de goût, de politesse et de galanterie, où toutes les nations accourroient pour s’y former, et pour y jouir du spectacle pompeux des beaux arts. […] Le ministére du Cardinal Marazin fut orageux, mais au milieu des chocs, des secousses et des ébranlemens suscités par la guerre, par la politique, et par le fanatisme, il fit construire le collège des quatre nations ; il se déclara le protecteur de l’Académie Royale de peinture et de sculpture, à la quelle il fit accorder des lettres patentes enrégistrées au parlement ; il obtint la même faveur pour la danse. […] Nous n’avions alors que des pigeoniers pour théâtres, et la nation les a conservés malheureusement trop longtems pour le progrès des arts. […] Ses ennemis augmentèrent sa gloire, et le rendirent aussi cher à son Roi qu’a la nation dont il fut constamment l’idole. […] Ce Ministre qui faisoit honneur à la France, qui avoit rendu a son Roi des services signalés, éprouva comme Sully l’ingralilude de ses contemporains ; il fut haï et calomnié ; l’envie qui s’attache à tout ce qui est grand, exagéra ses fautes, et chercha à rabaisser tout ce qu’il avoit fait pour la gloire de la nation, enfin la renommée s’est fait entendre ; et la postérité toujours juste a vengé la mémoire de Colbert, eu lui décernant le surnom de grand.
Il y a parmi chaque nation des tours de chant usés, dans lesquels la plupart des compositeurs retombent toujours. […] Il prend toujours la teinte, si on peut parler ainsi, du tempérament des diverses nations. […] En partant de ce point, qui paraît incontestable, il est aisé de concilier les différences qu’on trouve dans la Musique vocale des diverses nations. […] Les Français passent pour réussir mieux dans cette partie qu’aucune autre nation de l’Europe. […] Le récitatif d’ailleurs, la grande scène suffisait alors à la nation à laquelle Lully devait plaire.
C’est là ce langage universel entendu par toutes les Nations et par les animaux même ; parce qu’il est antérieur à toutes les conventions, et naturel à tous les êtres qui respirent sur la terre.
Lorsque la Nation sainte célébrait quelque événement heureux où le bras de Dieu s’était manifesté d’une manière éclatante, les Lévites exécutaient des Danses solennelles, qui étaient toujours composées par le Sacerdoce.
Le spectacle héroïque de l’ancienne chevalerie formera toujours un spectacle intéressant, lorsqu’il sera présenté à une nation qui aime l’honneur et qui chérit la gloire. […] J’espère qu’il aura d’autant plus de succès qu’il est offert à une nation qui a le courage pour armes, et l’honneur pour devise.
De plus, c’est que les contre-tems sautez ne conviennent qu’à de jeunes personnes, ou des personnes de moyenne taille : & pour ceux qui sont d’une taille avantageuse, il les faut faire en tems de Courante & demi-jetté, comme je l’ai déja marqué dans la maniere de donner les mains : parce qu’il ne convient point à de grandes personnes de sauter, & de se tourmenter dans les danses figurées, où ce n’est que des mouvemens doux & gracieux, qui ne dérangent pas le corps de ce bon air qui est si fort estimé & usité par notre Nation : ce qui n’est pas de même de plusieurs contre-danses que l’on a introduit en France depuis quelque temps, & qui ne sont pas du goût de tous ceux qui aiment la belle danse.
On sçait aussi qu’il n’est pas permis de démasquer un masque au bal, quelque personne que ce puisse être : ce qui fait connoître que ceux qui ont établi le bal masqué, n’ont pas manqué d’y joindre quelques préceptes, & des régles pour y conserver un ordre convenable aux mœurs de la nation. […] Mais quoi qu’en dise cet Auteur, que je n’approuve point parce qu’il attaque les Cérémonies de notre Religion, nous voyons peu de nations qui n’ayent leurs marottes pour se délasser l’esprit des travaux de la vie, dans les tems de réjouissances.
On applaudissait au Duc de Nemours qui imaginait de pareils sujets ; et les Courtisans toujours persuadés que le lieu qu’ils habitent est le seul lieu de la Terre où le bon goût réside, regardaient en pitié toutes les nations, qui ne partageaient point avec eux des divertissements aussi délicats. […] C’est par cette galanterie ingénieuse que le Cardinal de Savoie se vengea de la fausse opinion que les Courtisans de Louis XIII avaient pris d’une Nation spirituelle et polie, qui excellait depuis longtemps dans un genre, que les Français avaient gâté.
Il seroit donc à desirer pour le progrès des arts qui concourent unanimement 0 la perfection d’un spectacle dont la nation Française se glorifiera toujours, il seroit à desirer, qu’on élevât un monument digne d’elle, qui permit aux artistes de donner l’essor à leur imagination, et qui rassurât le public sur des craintes que des événemens fâcheux ne rendent que trop légitimes. […] Si mes réflexions ont de la publicité ; elles engageront des hommes plus instruits que moi, à jetter de nouvelles lumières sur un objet qui intéresse autant l’humanité que la gloire de la nation, l’embellissement de la capitale, et les progrès des arts en général. […] Je ne me suis occupé ici que d’un grand monument, que du temple des arts ; je n’ai songé qu’à leurs progrès ; et en m’intéressant à leur gloire, je n’ai point oublié celle d’une grande nation. […] Ces maisons appartiennent presqu’en totalité à la nation ; ce sacrifice ne lui coûteroit rien. […] la foule d’artistes et de talens en tous genres qui le composent, enfante des modes propres à alimenter l’industrie, à accélerer l’activité des manufactures ; les nouveautés qu’ils imaginent chaque jour rendent les nations étrangères tributaires de nos goûts, de nos costumes et de nos fantaisies l’opéra n’a-t-il pas toujours ajouté un poids sensible dans la balance de ces mêmes intérêts ?
C’est alors que parurent ces grands Ballets, qu’on employa dans les Cours les plus galantes, pour célébrer les Mariages des Rois, les Naissances des Princes et tous les événements heureux qui intéressaient la gloire ou le repos des Nations.
En supposant, comme vous l’avancez, que les ouvrages Italiens se succèdent et s’effacent tour à tour, c’est rendre hommage à la fertilité des compositeurs de cette nation, à la fécondité de leur imagination et à la richesse inépuisable de leurs compositions.
Ce mot a été nécessaire à toutes les nations : elles ont toutes eu des fêtes. […] Il honorait ainsi, dans la plus belle moitié d’eux-mêmes, ces hommes sages, qui gouvernaient sous ses yeux une nation heureuse. […] L’attente de la nation fut retardée d’une année ; et alors des circonstances qui nous sont inconnues lièrent sans doute les mains zélées des ordonnateurs. […] Aussi le nom des Turgots sera-t-il toujours cher à une nation sensible à la gloire, et qui mérite plus qu’une autre de voir éclore dans son sein les grandes idées des hommes. […] Dans tous les temps cette action aurait mérité les louanges de tous les gens de bien, et les transports de reconnaissance de la nation entière.
Le ballet passa des Grecs chez les Romains, et il y servit aux mêmes usages ; les Italiens et tous les peuples de l’Europe en embellirent successivement leurs théâtres, et on l’employa enfin pour célébrer dans les cours les plus galantes et les plus magnifiques, les mariages des rois, les naissances des princes, et tous les événements heureux qui intéressaient la gloire et le repos des nations. […] On ne verra sans doute jamais notre opéra passer chez les autres nations : mais il est vraisemblable qu’un jour, sans changer de musique (ce qui est impossible) on changera toute la constitution de l’opéra Italien, et qu’il prendra la forme nouvelle et piquante du ballet Français. […] Rameau, du sort desquels on n’ose décider, et qui conserveront, ou perdront leur supériorité, selon que le goût de la nation pour la musique se fortifiera, ou s’affaiblira par la suite. […] Tout ce que la poésie, la musique, la danse, les machines peuvent fournir de plus brillant, fut épuisé dans ce spectacle superbe ; la description qui en parut étonna l’Europe, et piqua l’émulation de quelques hommes à talents, qui profitèrent de ces nouvelles lumières pour donner de nouveaux plaisirs à leur nation.
Les preuves de la perfection de la Danse à Athènes et sous le règne d’Auguste sont donc à l’abri de toute contradiction, et par malheur, il faut en tirer la conséquence évidente, que l’art que nous avons cru jusqu’ici parmi nous à un si haut degré, n’est encore que dans son enfance ; mais c’est beaucoup pour une nation aussi éclairée que la nôtre, si elle voit une fois l’erreur qui l’avait séduite.
[7] J’ai choisi pour mon coup d’essai une Tragicomédie Espagnole qui a réuni les suffrages de toutes les Nations : c’est leFestin de Pierre.
La sensation qu’elle y fit, fut telle, que le jour marqué pour son bénéfice, le fut encore par la générosité de la nation.
Au reste les accessoires de cette fête affichoient l’inconséquence et la misère ; les drapeaux, les étendards, les banderoles et les trophées de la victoire, étoient de papiers aux couleurs de la nation ; une petite pluie humecta tous ces attributs ; elle fut suivie d’un coup de vent impétueux qui déchira tous ces simulacres, de telle sorte que le ciel fut éclipsé par l’immense quantité de papiers que Borée y enlevoit.
Les Phéaques étoient des peuples si voluptueux, qu’on ne s’étonne pas qu’Homere les peigne si adonnez à la Danse ; aussi Ulisse admire principalement leur adresse en cet Art : néanmoins je doute qu’ils ayent surpassé les Arcadiens, qui passent encore aujourd’hui pour la nation la plus agile à tous les exercices du corps, vû qu’ils s’exerçoient à la Danse dans les salles publiques depuis l’âge de cinq ans, jusqu’à trente, comme on le verra ci-après. […] Il est à croire que ce fameux Pantomime étoit Sicilien, cette nation ayant excellé pour les gestes, comme on le verra ci-après. […] Les Entrées de ces Balets étoient proportionnées à l’âge & aux forces de chacun ; desorte qu’il n’est pas surprenant que cette nation ait passé pour produire les meilleurs Danseurs de la Gréce.