Du flegme, une étude profonde, beaucoup de patience, un grand fond de fermeté, la certitude que les hommes ne sont pas toujours injustes, le secours du temps, et surtout des efforts redoublés pour mieux faire ; voilà les moyens légitimes qu’on doit se ménager pour les circonstances malheureuses, les seules armes avec lesquelles il faut combattre ses ennemis, les grandes ressources qu’il est glorieux d’employer en faveur de la bonne cause. […] Si vous voulez vivre heureux, si vous aspirez à l’estime publique, si l’honneur de votre nom vous intéresse, employez le présent à mériter les suffrages de l’avenir.
Ils sont établis comme des sentinelles sur le troupeau qui leur est confié, pour examiner et considérer tout ce qui peut nuire aux ames dont ils sont chargés, pour les en avertir, et pour employer tous leurs soins à les en garantir. […] En effet, s’ils croient leur présence aux danses nécessaire, ou du moins utile pour empêcher des désordres qu’ils croient avoir lieu de craindre, ils conviennent donc que les danses peuvent facilement donner lieu à ces désordres ; et dès-lors, bien loin de paroître approuver les danses par leur présence, ne doivent-ils pas au contraire employer tout ce qu’ils ont de zèle et d’autorité à les empêcher, s’il est possible, dans leurs paroisses ?
D’autres, sans l’approuver expressément, négligent, par défaut de zèle, ou par une lâche complaisance, d’employer l’autorité et les ressources de leur ministère pour éloigner les personnes qu’ils conduisent, de ces divertissemens qui perdent tant d’ames. […] Saint Athanase, cet intrépide défenseur de la divinité du Verbe contre les ariens qui l’attaquèrent, a fait un excellent discours, qu’il emploie tout entier à montrer qu’il ne faut pas juger de la vérité par la seule autorité dé la multitude. […] Nous pourrions employer pour cela très-utilement cette prière de David dans le psaume 42 : (v. 3.) […] « Voilà, dit saint Augustin, expliquant ces paroles, voilà deux mots différens que le prophète emploie en priant Dieu de lui envoyer sa lumière et sa vérité ; mais ces deux mots ne signifient qu’une même chose : (Ps. 42, n.° 4.) […] Ceux qui ont recherché comment les danses sont venues jusqu’à nous, ont remarqué qu’elles s’introduisirent dans l’Egypte au temps que le peuple de Dieu y étoit en captivité, qu’on commença d’abord à danser aux chansons hors des villes, et qu’ensuite on y employa des flûtes et d’autres instrumens : que des places publiques elles passèrent sur les théâtres, et que de là elles sont entrées dans les palais des princes et des grands.
Or, combien est-on éloigné d’entrer dans ces sentimens, quand on emploie une partie de ces jours consacrés à Dieu, à des danses, dont l’effet naturel et inévitable est de jeter l’ame dans une dissipation qui ne la laisse plus assez maîtresse d’elle-même pour s’appliquer à Dieu, d’affoiblir et d’éteindre par là l’esprit de prière, et d’allumer dans le cœur le feu de la cupidité, pendant qu’on ne devroit s’occuper qu’à rendre plus ardent et plus actif le feu de la charité. […] Les Juifs observent leur sabbat d’une manière toute servile et toute charnelle, parce qu’ils l’emploient à l’impureté et aux danses, qui portent à la débauche ; combien leurs femmes feroient-elles mieux d’employer ce jour-là à leurs ouvrages de laine qu’à danser !
Surtout pour les employer comme elle prétend les employer.
Les Égyptiens, les Grecs, les Romains, et même les Juifs, les employèrent dans leurs rites religieux, et ensuite les introduisirent dans les fêtes et les divertissements publics. […] Si je formais une école de Danse, je mettrais de suite en pratique ce moyen que j’ai imaginé, que je crois essentiellement utile, et que tout professeur, sans être obligé de savoir dessiner, peut employer, c’est-à-dire, que je formerais pour les élèves une espèce d’abécédaire composé de lignes droites, pour toutes les positions de leurs membres, donnant à ces lignes et à leurs combinaisons respectives, les dénominations adoptées par les géomètres, savoir de perpendiculaires, d’horizontales, d’obliques, d’angles droits, aigus, obtus, etc.
XIII Or, avant : employer la poésie. […] Entre autres manières intelligentes de se présenter, qu’on me permette de raconter celle qu’il employa il y a quelques jours auprès d’une de mes amies : Il ne la connaissait pas, ne l’avait jamais vue, et, nonobstant, un matin il s’en fut sonner à sa porte.
On voit encore ici le mot danse, et saltation mis à la place du mot geste ; les écoles de saltation n’enseignoient donc que les gestes d’imitation ou de convention, et les auteurs anciens employoient indifféremment le mot de saltation, tantôt pour le geste, tantôt pour la danse. […] Apulée fait la déscription d’une représentation du jugemcut de Paris, éxecutée par des pantomimes, qui jouoient sans parler ; lorsque cet auteur parle des mimes, il emploie le mot incedere, qui signifie marcher.
.° 2.) il observe que le démon, selon la différence des temps, prend aussi différentes formes pour attaquer les chrétiens ; que dans le temps que les princes infidèles persécutoient les adorateurs du vrai Dieu, le démon avoit la forme de lion, la fureur des persécuteurs étant figurée par celle d’un lion rugissant ; qu’ensuite les persécutions ayant cessé, le démon avoit pris la forme d’un serpent, s’appliquant d’autant plus à séduire et à tromper les Fidèles, qu’il ne pouvoit plus les persécuter autrement ; que les danses sont un des moyens qu’il emploie pour les perdre. […] Il nous apprend dans une de ses lettres adressées à Alippe son ami et évêque de Tagaste, ce qu’il avoit fait pour cela : un des moyens qu’il employa fut de faire lire au peuple l’histoire de l’adoration du veau d’or par les Juifs, rapportée au chapitre 32 de l’Exode : il y est dit que le peuple se leva dès le matin, pour offrir à ce veau des holocaustes et des victimes pacifiques ; qu’ensuite il s’assit pour boire et pour manger, et qu’ils se levèrent pour danser : sur quoi saint Augustin, qui n’étoit alors que simple prêtre, fit observer au peuple que dans toute l’Histoire sainte on ne voit que la circonstance de la consécration et de l’adoration du veau d’or, où les excès de bouche et de danses aient eu lieu pour la célébration d’une fête : « et il en conclut que cette manière de célébrer les fêtes, n’est digne que des fêtes des idolâtres », et est par conséquent indigne des véritables chrétiens. […] Mais si toutes les paroles de ces saints livres sont véritables et inspirées de Dieu, comme elles le sont en effet, il est incontestable qu’il est défendu à des chrétiens de rechercher les divertissemens dont nous venons de parler : Si Dei hæc sint verba, et vera et divinitùs inspirata, ut reverà sunt : nefas sanè fuerit, christianis quæ jam dixerunt agere… N’employons donc pas, je vous en conjure, mes chers frères, à ces coupables divertissemens le temps qui nous est donné pour faire pénitence. […] columna secunda), recommande aux curés d’avoir pour le temps de la visite de l’évêque, une liste de ceux dans la conduite publique desquels il y aura quelque chose à reprendre et à corriger, afin que l’évêque leur donne les avertissemens nécessaires, et emploie, s’il le faut, son autorité pour les faire rentrer dans leur devoir : et marquant qui sont ceux qui doivent être mis sur cette liste, après avoir nommé les hérétiques, les blasphémateurs, les usuriers, les concubinaires, et autres pécheurs semblables, il nomme « ceux qui ont coutume de profaner les jours de fêtes par des œuvres serviles, par des danses, et autres actions semblables : Illorum qui servilibus operibus dies festos violant aut choreis aliisque ejusmodi actionibus profanare soleant ».
Mais puis-je faire trop d’efforts, et employer trop de moyens pour m’opposer à un désordre devenu si commun, et dont tant de gens osent prendre la défense, non par lumière, mais par prévention pour les coutumes et les maximes du monde, ou même, parce que, livrés à l’amour de ces dangereux plaisirs, leur cœur ne peut s’en détacher ? […] Il a aussi écrit à tous ses curés plusieurs lettres circulaires pour les exhorter à employer contre ce désordre tous les efforts, toute l’activité de leur zèle, et toutes les ressources de leur ministère. […] Vialart, il y en a une du 16 novembre 1658, adressée à tous ses curés, pour les exhorter à s’employer avec zèle à combattre et à détruire les vices, les scandales, et les mauvaises coutumes dont il fait une très-longue énumération. […] Henri de saint Ignace, de l’ordre des carmes, dans son savant ouvrage auquel il a donné pour titre : Ethica amoris, c’est-à-dire la morale de l’amour, traitant, par rapport au sixième commandement, de l’amour qui doit réprimer la concupiscence, emploie un chapitre entier à montrer que les danses sont si dangereuses, qu’elles se passent rarement, ou même jamais sans péché : Chorearum et saltationum frequentatio adeò periculosa est, ut sinè peccato rarò vel nunquàm fiat.
On nomme ce pas temps, parce qu’il est renfermé dans un seul pas et un seul mouvement, et qu’il tient la même valeur que l’on emploie à faire un autre pas composé de plusieurs mouvements. […] L’entrechat emploie deux mesures ; la première sert au coupé ; la seconde à l’élancement du corps, au battement et au tomber. […] Il ne reste ici qu’une observation à faire pour aider ses progrès, et pour employer utilement les moyens qu’elle a sous sa main, et que cependant elle laisse oisifs depuis qu’elle existe.
Il faudrait cependant que ce Poète n’en eût eu que des idées très bornées, s’il n’en avait adopté que la partie la plus faible, et il serait tombé dans cette lourde bévue, s’il n’avait voulu l’employer que comme un simple divertissement, tandis qu’elle est capable de former les tableaux les plus dignes du Théâtre. […] Si l’amour l’emporte sur la gloire, sur le dépit, sur les plus forts motifs de vengeance qui balancent le penchant secret d’Armide, quels moyens n’emploiera pas son pouvoir (qu’on a eu l’adresse de nous faire connaître immense) pour soutenir les intérêts d’un si grand amour !
Que penserait-on d’un Graveur, qui, ayant assez de talent, pour rendre et multiplier à son gré les tableaux de Michel-Ange, du Corrège, de Vanlo [van Loo], n’emploierait cependant son burin, qu’à répéter mécaniquement un nombre borné de jolies vignettes ou quelques culs-de-lampe monotones ?
Des hommes intelligens, peut-être un pâtre, dont la cornemuse faisoit les délices de sa contrée, auront donné l’idée d’employer les instrumens.
33Au surplus quoique tout sujet soit propre à être traité en Danse Pantomime, et même ceux qu’on peut tirer de son imagination, sans avoir recours à la fable, ou à l’histoire, je ne puis m’empêcher de dire que tout sujet où l’on emploiera des personnages allégoriques, ne réussira presque jamais au Théâtre. […] Il faut qu’il soit lui-même fortement affecté de tout ce qu’il veut représenter, qu’il éprouve enfin et qu’il fasse sentir aux Spectateurs ces frémissements intérieurs, qui sont le langage avec lequel l’horreur, la pitié, la terreur parlent au-dedans de nous, et nous secouent au point de pâlir, de soupirer, de tressaillir, et de verser des larmes ; malgré la persuasion où nous sommes que ce qui nous rend si sensibles, n’est qu’un être artificiel, une imitation dénuée de cette force, et de cette vérité éloquente qu’emploie la nature dans ses spectacles réels.
Si j’ai été la première à employer de la lumière de couleur, je ne mérite pour cela aucun éloge, Je ne puis pas expliquer la chose, je ne sais pas comment je fais. […] Un jour viendra où l’homme saura les employer de si précieuse façon pour des harmonies rayonnantes qu’il n’arrivera pas à concevoir comment il a pu vivre si longtemps dans les ténèbres où il se meut aujourd’hui.
Avant de vous nommer, Monsieur, le peuple qui aime le mieux la musique, qui la cultive avec passion, et qui en fait l’agrément de ses loisirs, je me permettrai de vous faire quelques observations relatives à cet art, et particuliérement sur la manière leste et frivole que nous employons communément pour en juger les productions ; jugement bien propre à prouver que le peuple, qui aime le mieux la musique, n’est pas celui qui sait le mieux en apprécier les beautés.
Ils les employèrent quelquefois contre la vraisemblance, jamais avec assez d’art et toujours comme une espèce d’ornement postiche ; et c’est-là un des grands défauts de leur exécution. […] D’abord le merveilleux fut la pierre fondamentale de l’édifice, et la Fable, ou l’imagination lui fournirent les seuls matériaux qu’il crut devoir employer pour le bâtir.
C’est un talent de savoir les employer à propos et de les faire disparoitre lorsqu’ils deviennent inutiles ; car ils ne peuvent être témoins des scènes mystérieuses qui se passent, qui forment le noeud de l’action et qui en préparent le dénouement. […] Virgile en visitant ces lieux enchantés en apperçoit quelques-unes qui dansent ; voilà le maître de ballets autorisé à employer les charmes de son art.
Ils en avaient le fond ; mais l’Art de l’employer leur fut inconnu.
Des Fêtes consacrées par la piété, autorisées par l’usage, et rendues augustes par le motif qui les fait célébrer l’ont fait employer encore de la manière la plus solennelle dans des occasions particulières.
Je faisais des speechs, mais en prose, car j’employais des mots qui m’étaient propres, me contentant de traduire l’esprit des choses que je récitais sans me soucier beaucoup du mot à mot.