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44. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Avant-propos. » pp. -

  Briser des masques hideux, bruler des perruques ridicules, supprimer les paniers incommodes, bannir les hanches plus incommodes encore, substituer le goût à la routine, indiquer un costume plus noble, plus vrai et plus pittoresque ; exiger de l’action et du mouvement dans les scènes, de l’ame et de l’expression dans la danse ; marquer l’intervalle immense qui sépare le mécanisme du métier, du génie qui le place à côté des arts imitateurs ; c’étoit m’exposer à la mauvaise humeur de tous ceux qui respectoient et vénéroient les anciens usages quelque barbares et ridicules qu’ils pûssent être.

45. (1724) Histoire générale de la danse sacrée et profane [graphies originales] « Histoire generale de la danse sacrée et prophane : son origine, ses progrès & ses révolutions. — Chapitre V. De l’usage de la Danse grave & sérieuse, convenable aux Bals de cérémonie. » pp. 112-145

Quatre jeunes Seigneurs de la Cour, après avoir soupé aux Bons-Enfans, s’aviserent d’aller incognito à ce bal, mais d’une maniere fort surprenante, puisqu’ils étoient tout nuds, enveloppez de manteaux d’écarlate, doublez de velours, des chapeaux garnis de grands bouquets de plumes, bien chaussez, & sans masques, parce que dans ce tems-là on ne se masquoit que pendant le cours du Carnaval ; ils avoient leurs épées cachées sous leurs bras : desorte qu’il ne fut pas difficile de les reconnoître pour ce qu’ils étoient. […] *  Toi qui prêtes à l’Histoire Ton masque & tes ornemens, Fable, dis moi, dois-je-croire Prothée & ses changemens ?

46. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre IX [X] » pp. 97-106

La représentation théatrale partagée entre l’acteur récitant, et l’acteur faisant les gestes passe ma conception ; si j’ajoute à cette méthode peu naturelle, un troisième personnage chaussé d’une sandale de fer, frappant rudement le plancher pour marquer la mesure de chaque geste ; si je parle ensuite d’une flûte gauche nommée Tibia, faite avec la partie la plus grosse du roseau, dont le son devoit approcher de celui du Basson, et qui servoit à accompagner l’acteur ; si je compare le son de ce frêle instrument avec celui de la voix qui sortoit avec fracas du cornet adapté à l’enorme bouche du masque de l’acteur ; mes conjectures se perdent, ma raison se tait, et c’est vainement que je cherche ce sage, ce vrai, ce naturel qui embellit les arts ; je n’apperçois sur cette scène antique qu’un amas de ridicules et d’invraisemblances.

47. (1765) Dissertation sur les Ballets Pantomimes des Anciens, pour servir de programme au Ballet Pantomime Tragique de Sémiramis « [Seconde partie] »

Cependant comme toute expression en avait autrefois été bannie en couvrant d’une masque le visage du Danseur qui même le plus souvent dansait seul, elle ne pouvait alors affecter le Spectateur que très médiocrement, en faisant seulement éprouver à son âme quelques atteintes passagères de volupté, telles qu’on les ressent lorsque la belle nature parée de ses grâces naïves, et aidée de celles d’un art qui se cache, se présente à nos yeux.

48. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre troisième — Chapitre I. Des Fêtes dont la Danse a été le fond à la Cour de France, depuis l’année 1610 jusqu’en l’année 1643 »

Ce personnage était caractérisé par une jambe de bois qui le faisait clocher en marchant, par un habit composé de plusieurs masques, et par une lanterne sourde 111 qu’il portait à la main.

49. (1806) L’Art de la danse, poëme en quatre chants, calqué sur l’Art poétique de Boileau pp. -247

, à la fleur de son âge, D’un masque sérieux habillant son visage8, Sur les ais d’un théâtre, au palais exhaussé9, De même que Beauchamps, d’un brodequin chaussé, Sous les habits d’un lieu, danser seul à Versaille, En pas majestueux, la grave Passacaille 10 : Malgré le préjugé, les souples courtisans, Des plaisirs de leur roi devinrent partisans. […] Tous les ballets à la Cour de Louis xiv s’exécutaient sous le masque. Il y avait des masques selon les genres de Danse, sérieux ou nobles, galans, comiques, &c. […] Cette nouveauté déplut à la plus grande partie des spectateurs : cependant on s’y accoutuma, au point que deux ans après, Gaëtan Vestris, ayant été engagé par les principaux seigneurs de la Cour à remettre le masque, le public trouva aussi ridicule de voir danser masqué, qu’il avait trouvé singulier, deux ans avant, de voir danser à visage découvert. « En Espagne, les moines mettaient des masques et dansaient dans l’église en plusieurs fêtes solennelles ».

50. (1887) Ces Demoiselles de l’Opéra « V. Pastels après décès. » pp. 54-87

Les ballerines dont le public s’était contenté jusqu’alors appartenaient, en effet, au « sexe fort, » et le masque, les vêtements féminins, les formes arrondies par l’art et le coton, dont s’affublait ce singulier corps de ballet, ne provoquaient qu’un enthousiasme essentiellement modéré. […] Les juges du camp décidèrent, cependant, que ce minois chiffonné ne pouvait lutter avec la correction froide du masque de sa rivale. « La fillette faillit en crever de dépit. » Mademoiselle Dorival Celle-ci s’étant permis d’envoyer… promener Gaëtan Vestris, qui la fatiguait de ses poursuites, ce maître de ballet obtint contre elle une lettre de cachet et la fit enfermer au For-l’Evêque.

51. (1908) Quinze ans de ma vie « Quinze ans de ma vie — XXII, gab » pp. 250-

Au milieu du sabbat embrasé, léchée par les torrents de feu qui déferlent un masque, étrange flamme aussi, s’estompe rouge sur l’air rougi.

52. (1769) Traité contre les danses [graphies originales] « Traité contre les danses. [Première partie.] — Chapitre IX. Circonstances qui contribuent à rendre les Danses plus dangereuses et plus criminelles. » pp. 102-114

Si, comme je viens de le marquer, les ténèbres de la nuit contribuent à donner plus de hardiesse pour prendre ou souffrir des libertés criminelles, cette hardiesse ne doit-elle pas naturellement beaucoup augmenter, lorsqu’étant caché par un masque et sous un habit extraordinaire, on est assuré de n’être pas connu ?

53. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre XVI. » pp. 160-172

Cet assassin voulant dérober son crime, emprunte le masque de la douleur et l’accablement du desespoir.

54. (1841) Physiologie de la lorette pp. -127

Il y a des Lorettes, qui devant un tiers n’ont jamais prononcé le nom qui se cache sous le masque de ce mystérieux monosyllabe. […] La Lorette avec aïeux n’accepte au carnaval que les hommages des masques moyen âge. […] Dis donc, beau nez (il faut faire remarquer au lecteur qu’on ne peut pas dire beau masque à un homme qui ne possède que quelques millimètres de carton sur la figure) ; dis donc, beau nez, tu ne t’amuses guère…. c’est trop cohue… n’est-ce pas ? […] « Toute personne qui (au carnaval excepté) sera vue, sans permission, dans des vêtements autres que ceux de son sexe sera considérée comme masque et mise au violon. » Aussi le nombre des pétitions tendant à porter culotte tient-il du prodige.

55. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre X. » pp. 130-144

Figurez vous autour d’une table immense, quantité de joueurs portant tous des masques plus ou moins grotesques, mais en général tous rians.

56. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre VI. » pp. 56-71

Il est des vices ou des déffauts de construction qui ne peuvent s’éffacer, et qui arrêtent également le maitre et l’élève ; raison suffisante pour rejetter de l’école des graces les enfans mal batis, mal constitués, et d’une figure désagréable ; lorsque l’on se consacre aux plaisirs du public, il faut être né avec toutes les dispositions que l’art du théatre exige, et si l’homme qui s’y destine n’a pas été primordialement favorisé par la nature, il languira dans la médiocrité, et l’art qu’il appellera vainement à son secours, ne lui prêtera que le masque infidèle de la nature.

57. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Réponse à la question proposée. — Lettre VII. Sur le même sujet. » pp. 40-55

quelle est cette pusillanimité d’emprunter le masque hideux d’Echyle, lorsque notre physionomie est faite pour se montrer avec confiance ?

58. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre XVIII. » pp. 185-200

Sa taille et sa physionomie étoient faites pour ses rôles, il avoit un jeu serré, un débit brillant, un grand sang froid en apparence, qui étincelloit de feu ; ne riant jamais, et faisant rire tout le monde, sans grimaces et sans charge ; il étoit perpétuellement à la scène ; il avoit un masque frippon et mobile, qui se ployoit et se déployoit à la fourberie de ses rôles.

59. (1921) Théophile Gautier et le ballet romantique pp. 149-162

Le sourire rustique de Lise, la bonne fille en jupon court, filant le lin ou battant le beurre, n’est que le masque de la divinité ; c’est la blanche nymphe Terpsichore qui se cache sous ce travestissement trop évident ; et ces bras sous la toile grossière, mais ce sont ceux qui manquent à la Vénus de Milo.

60. (1927) Paul Valéry philosophe de la danse

La condition du véritable danseur est précisément celle du poète : « consentement de l’âme à des gênes exquises, et le triomphe perpétuel du sacrifice… La rigueur instituée, une liberté positive est possible »… De la valeur, pour les anciens, des formules saltatoires consacrées, nous devons la révélation au passage suivant des « Deipnosophistes » d’Athénée, cette encyclopédie sous forme de « table talk » (Livre I, paragraphe 21 d et suivants de l’édition Teubner) : « Αίσχύλος… πολλά σχήματα ορχηστικά αυτός έξευρίσκων άνεδίδου τοΐς χορευταΐς. » Le compilateur averti célèbre en la personne d’Eschyle aussi bien que l’hoplite de Marathon ou le vainqueur dans maints concours tragiques qui (dira Boileau) « d’un masque plus honnête habilla les visages », le maître de ballet qui « inventa de nombreux pas de danse et les transmit aux danseurs. » 2.

61. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre XIV. » pp. 197-215

Les Faunes étoient sans tonnelets, et les Nymphes, Vénus, et les Graces sans paniers : j’avois proscrit les masques qui se seroient opposés à toute expression.

62. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE XIV. » pp. 396-434

J’avois proscrit les masques qui se seroient opposés à toute expression ; la méthode de M.

63. (1757) Articles pour l’Encyclopédie « Sur la danse ancienne »

Un homme instruit en l’art de contrefaire l’air, la démarche, les manières des autres hommes, était choisi pour précéder le cercueil ; il prenait les habits du défunt, et se couvrait le visage d’un masque qui retraçait tous ses traits : sur les symphonies lugubres qu’on exécutait pendant la marche, il peignait dans sa danse les actions les plus marquées du personnage qu’il représentait.

64. (1757) Articles pour l’Encyclopédie « Sur les fêtes modernes »

La seconde commença par une mascarade aux flambeaux, composée de plusieurs troupes de masques à cheval. […] L’intérieur de toutes ces arcades était en gradins, couvets de tapis en forme de loges, d’une très belle disposition, et d’une grande commodité pour les masques, auxquels on pouvait servir des rafraîchissements par les derrières. […] On compte que le concours des masques a monté à plus de 12000 depuis les huit heures du soir, que le bal commença, jusqu’à huit heures du matin. […] La sixième, intitulée Ducreux et Baraillon, avait pour marchande la Duval, danseuse ; et pour marchandise, des masques, des habits de bal, et des dominos de toutes les couleurs et de toutes les tailles. […] Après ce chœur le Roi alla souper, et les masques s’emparèrent de la salle du bal.

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