Ensuite les règles s’établirent au son des instrumens et de la voix ; le corps s’agita en cadence ; les bras s’ouvrirent ou se fermèrent ; les pieds formèrent des pas lents ou rapides ; les traits du visage participèrent à ces mouvemens divers ; et la danse devint un art universel et estimé.
Ce manque aux convenances est devenu une mode pour les sots et les ignorans, et cela leur convient à merveille ; aussi ce sont eux en partie qui s’empressent de multiplier le nombre des danseurs lorsqu’il s’agit de se mettre en place, parce que sentant eux-mêmes leur incapacité, ils aiment à se confondre dans la foule, et par ce moyen dérober aux yeux des spectateurs leurs défauts et leurs gaucheries.
Tous les mouvements de l’acteur étant astreints à un rythme, la pantomime devient danse.
155 Son Fils, nommé le Dieu d’Amour, Qui là, devient Homme en un jour, Pour mieux contanter son Amante, Savoir Psiché, toute charmante, Est, comme Enfant, représenté, Par un, lequel, en vérité, S’acquitte, à miracle, du Rôle De ce petit céleste Drôle : Et comme Homme fait, et formé, Par ce jeune Acteur, tant aimé, Qui par tout, le Baron se nomme, Et lequel, des mieux, joue, en somme.
Ainsi elle devint parmi les Egyptiens, et successivement chez les Grecs et les Romains, la partie la plus considérable du culte de leurs faux dieux. […] Hélène s’exerçait à cette danse lorsque Thésée la vit, en devint amoureux, et l’enleva. […] La satyre ou l’éloge des morts devenait ainsi une leçon utile pour les vivants. La danse des archimimes était alors dans la Morale, ce que l’Anatomie est devenue dans la Physique ».
[Voir Féerie] Le langage musical si analogue à la Langue Grecque, et de nos jours si éloigné de la vraisemblance, devenait alors non seulement supportable ; mais encore tout à fait conforme aux opinions reçues. La danse la plus composée, les miracles de la peinture, les prodiges de la mécanique, l’harmonie, la perspective, l’optique, tout ce qui, en un mot, pouvait concourir à rendre sensibles aux yeux et l’oreille les prestiges des Arts, et les charmes de la nature entrait raisonnablement dans un pareil plan, et en devenait un accessoire nécessaire.
Les huguenotes de Meyerbeer et les juives d’Halévy étaient devenues des saintes de fresques. […] Cette figurine, popularisée par la gravure, devint avec raison le portrait-type de Fanny Elssler, qu’il montrait dans son meilleur rôle, le mieux approprié à sa nature. […] « Ces deux sœurs exceptionnelles, dit l’Allgemeine Theaterzeitung, ne sont pas, dans le tumulte des grandes capitales Paris et Londres, devenues sourdes à la voix de l’humanité souffrante. […] La cachucha devenait une calamité publique. […] L’article félicitait Marie Taglioni d’être devenue la reine de la danse terrestre, après avoir été la reine de la danse céleste.
Quand elles s’y fourvoient, Rolland, le contrôleur, devient joyeux.
[Voir Enchantement] Elle forme par elle-même une action complète ; mais le sujet principal auquel elle est liée, et dont elle devient une partie par l’Art du Poète, pouvait absolument subsister sans elle.
Le dimanche dont je viens de parler, ma mère ressentit la première commotion nerveuse qui devait lui indiquer, si elle avait pu comprendre ce tragique avertissement, qu’elle allait devenir la proie de la maladie terrible qui devait la tenir immobile pendant de si longues années.
N’est-ce pas manquer de foi, que de ne vouloir pas s’en rapporter à sa parole, et de ne penser qu’à se réjouir en ce monde, sans se mettre en peine de ce qu’on deviendra dans l’autre pour l’éternité ?
Le Menuet est devenu la danse la plus usitée, tant par la facilité que l’on a de le danser, que par la figure aisée que l’on pratique à présent, & dont on est redevable à Monsieur Pécour, qui lui a donné toute la grace qu’il a aujourd’huy, en changeant la forme S, qui étoit sa principale figure en celle d’un Z, où les pas comptez pour le figurer, contiennent les Danseurs dans la même régularité, comme il est démontré dans la suite de ce Chapitre.
On se comportera toujours avec décence et condescendance, évitant de danser toutes les contredanses ; cela devient importun, et prive souvent d’autres personnes de danser, à moins que ce ne soit par complaisance ; et si l’on ne pouvait rester jusqu’à la fin du bal, on ira se présenter aux maîtres de la maison pour les saluer, comme pour leur témoigner satisfaction, reconnaissance et regret de les quitter sitôt ; toutefois que cela n’occasionerait pas un dérangement, pour eux ou pour la société ; en pareil cas on s’en abstiendrait. […] La politesse est de tous les rangs ; cependant il faut en user suivant le genre des personnes à qui l’on a affaire ou devant qui l’on se présente ; car il existe une grande différence de genre et d’habitudes entre les personnes d’un haut rang et celles d’un rang inférieur : chez les premières, la politesse s’exécute en silence ; c’est alors que vous devez avoir recours aux principes qui vous prescrivent la manière de vous présenter et d’observer le corps dans tous ses mouvemens, ce qui devient une habitude dans la nature, quand on a souvent occasion d’en faire usage. […] Et que devient-elle au contraire, quand elle est abandonnée à elle-même ?
La danse dite classique, qui fut une acrobatie élégante satisfaisant à un appétit d’harmonie bien ordonnée, de mouvement symétrique, devint le langage de l’indicible, le mouvement s’érigea en symbole, le geste conventionnel se mua en un signe, une formule abstraite. […] Abolie la tunique néo-grecque à la David ; le corsage rigide et le « tutu » allongé, cloche de tarlatane blanche, inspirée à la Taglioni par le peintre Eugène Lamy, affranchissant le mouvement, l’entourant d’une brume laiteuse, deviennent l’« uniforme » de la sylphide, de la libellule, de la salamandre. […] « Taglioni, dit-il, c’était la danse, comme Malibran c’était la musique. » Taglioni commençait à devenir pour les gens dont la vie avait pris une autre pente, qui s’étaient fait d’autres enthousiasmes et d’autres amours une figure idéale, une personnification poétique.
Ce goût, cette émulation, et l’ambition de fixer les regards du Monarque devinrent universels. […] La France devint le modèle des cours étrangères, et celle de Louis quatorze fut une école de goût, de politesse et de galanterie, où toutes les nations accourroient pour s’y former, et pour y jouir du spectacle pompeux des beaux arts. […] « Pour toute ambition, pour vertu singulière Il excelle à conduire un char dans la carrière ; A disputer des prix indignes de ses mains, A se donner lui-même en spectacle aux Romains, A venir prodiguer sa voix sur un théatre, etc. » Ne seroit-il pas plus simple et plus juste de croire que Louis quatorze délivré de Mazarin, prit les Rênes de son Royaume, qu’il devint l’âme de son conseil, qu’il voulut règner seul, et se livrer entièrement aux affaires de l’état.
Ainsi la spirituelle Eriphanis passionnée pour un chasseur nommé Ménalque, composa une chanson par laquelle elle se plaignoit aux arbres, aux rochers & aux forêts, de la dureté & de l’insensibilité de son amant ; elle le suivit même par les montagnes & dans les forêts en chantant cette chanson, dans laquelle elle témoignoit que les bêtes moins cruelles que Ménalque, s’attendrissoient à ses plaintes ; que les rochers sembloient y devenir sensibles, & que tout pleuroit avec elle : enfin cette chanson courut quelque tems après par toute la Grece ; en la chantant on exprimoit la passion d’Eriphanis par des mouvemens qui tenoient beaucoup de la danse. Aristoxene dans son Traité de la Musique, dit que les femmes de Grece chantoient & dansoient une chanson qu’elles nommoient Calycé : une fille de ce nom étant devenue amoureuse d’un jeune homme nommé Evatius, demande à Venus pour toute faveur de l’épouser ou de mourir : si elle ne peut vaincre par l’intercession de la Déesse, l’indifférence du mortel, ses vœux n’étant point exaucez, elle se précipite de désespoir dans la mer : ce sujet fut encore un canevas pour l’invention des Balets tragiques dès ce tems-là. […] Armide voyant tous ces enchantemens inutiles, devient furieuse ; & pressée de douleur, de honte & de désespoir, se plaint & s’emporte contre les Amours qui l’ont si mal servie, & les chasse de son Palais enchanté, qu’elle détruit en un moment. […] Neptune commença ainsi : Taisez-vous, flots impétueux ; Vents, devenez respectueux : La mere des Amours sort de mon vaste Empire : THÉTIS.
Si ce que j’avance est vrai (et l’on en verra les preuves les moins équivoques dans le cours de cet Ouvrage) que deviennent toutes les conjectures de l’Abbé Du Bos ? […] Ce Baladinage est devenu à son tour la seule Danse noble, à laquelle on a substitué dans les suites une Danse plus animée, que les louangeurs du temps passé ont jugée un excès outré et de mauvais goût, et c’est cette dernière qu’au temps de l’Abbé Du Bos on regardait comme la perfection de l’Art.
La colère chez eux devient fureur ; la crainte, poltronnerie ; l’amour, une faiblesse pusillanime, ou un emportement ridicule : enfin ils sont quelquefois aussi éloigné du ton de leurs rôles, qu’un chanteur est hors de mesure lorsqu’il chante faux. […] Rappellons-nous combien de célèbres Comédiens, à force de crier dans leurs rôles, deviennent poitrinaires, & crachent le sang le reste de leurs jours : l’un se rompt une veine dans l’estomac, & l’autre se foule même le tendon d’Achille.
On sait que Psyché étoit d’une beauté rare ; que Vénus en devint si jalouse, qu’elle employa tout son pouvoir pour la persécuter, que l’Amour frappé des charmes de Psyché, conçut pour elle la passion la plus vive, et qu’il se détermina à l’épouser ; que la curiosité de cette jeune Princesse pour connaître son vainqueur, qui ne la voyoit que la nuit, excita pendant quelque tems la colère de ce dieu, et qu’il l’abandonna quelques instans ; on n’ignore pas, dis-je, que Venus profita de ce moment, pour s’abandonner à sa vengeance, et qu’elle livra la malheureuse Psyché aux fureurs des divinités infernales ; qu’indépendamment des tourmens que les furies lui firent éprouver dans ce séjour de douleur, elle y perdit encore ses charmes et sa beauté ; que l’Amour toujours tendre et toujours épris se fraya une route dans les enfers, qu’il y enleva Psyché prête à perdre la vie, qu’il la transporta dans le palais de Vénus, qu’il reconcilia enfin cette divinité avec Psyché, qui recouvra sa fraîcheur et ses charmes : et que l’Amour l’épousa. […] Ici, ce Dieu devient suppliant, Psyché s’humilie et sollicite sa grace ; Vénus n’écoute rien, elle repousse Psyché avec colère et dédaigne les prières de l’Amour ; c’est vainement que les Graces, les jeux et les plaisirs sollicitent en faveur de Psyché ; c’est tout aussi vainement qu’Adonis tombe aux pieds de Vénus pour fléchir son courroux ; elle est inéxorable.
La conversation devint générale, et la séance se termina par un grandissime succès pour Kawakami, car c’était le jour de Kawakami.
*** Je ne suis pas devenue la Loïe Fuller, sans avoir, comme bien on pense, payé mon tribut à quelques petites aventures.