Aussi avons-nous dû, pour donner une base d’observation serrée à notre jugement, la voir travailler à la leçon — quitte à projeter mentalement notre vision dans l’espace grandiose de la scène. Si cette transposition facilement fallacieuse demande une expérience assez longue des choses de la danse, j’avoue que le plaisir d’étudier cette sublime gymnastique dans un cadre dépouillé et même un peu maussade, en dehors des enchantements illusoires et tant soit peu barbares de la mise en scène, est l’un des plus vifs qu’on puisse imaginer. […] Elle ne vit pas encore en scène, désinvolte, oublieuse de l’effort ; encore elle exécute. […] On bien une exécution magistrale qui nous eût prouvé que les grandes traditions de la Scala et de San Carlo ne se sont pas évanouies — et je ne cite pas la scène romaine dont se réclame Mme Leonidoff, car je crois savoir que cette scène n’a jamais eu de tradition chorégraphique. […] Ces panneaux continués par des draperies faisant coulisses simplifient, sans doute, le montage d’une pièce, mais ne répondent à aucune formule plausible de mise en scène.
Nullement, car il ne s’agissait pas ici de jeux de scène laissés à l’initiative des acteurs. […] L’action en est obscure, mais quelques scènes d’un effet grandiose suffirent à assurer un triomphe à Viganò. […] À cet instant, le feu sacré s’éteint et la scène se trouve plongée dans l’obscurité. […] Les dernières scènes ennuyèrent. […] La pantomime de cette scène est rythmée musicalement.
Cras se déroule sur une scène encombrée par d’énormes rochers praticables ; de grands arbres sont plantés sur tous les plans, toute une flore artificielle complète la mise en scène.
Scène I. […] Scène II. […] Scène III. […] Il sort en faisant à Campaspe les plus tendres adieux, et pendant cette scène, il va examiner les chefs d’œuvres qui composent la galerie d’Apelles. Scène IV.
La chasse suivante contrastera bien avec les scènes précédentes, tant pour l’action que pour la décoration. […] Ici, la scène changera, elle représentera un endroit délicieux embelli par l’enfant de Cithère ; il paraîtra dégagé de ses attributs ; il annoncera à la belle Gabrielle l’arrivée du Monarque, il ouvrira son coeur à la tendresse ; les Jeux, les Ris et les Plaisirs devanceront les pas du Héros, cette troupe enjouée sera conduite par la volupté. […] A cette scène variée succédera un pas de deux entre Henri et la belle Gabrielle, il offrira tous les agrémens du dialogue dicté par le sentiment et la passion. […] Comme la Rage et le désespoir sont les ressorts de ce ballet, qu’elles déterminent l’Amour à seconder leurs projets en blessant le coeur du héros ; comme le lieu de la scène est embélli par ce Dieu, et que ce que la volupté a de plus séduisant s’y trouve rassemblé ; ne seroit-il pas possible, au départ de Henry, dans l’instant qu’il est aux genoux de sa maîtresse, et qu’il ne peut s’en détachér ; de faire paroitre la Gloire accompagnée de toutes les vertus qui font la renommée des Princes ? […] Le lieu de la scène offriroit le temple de l’immortalité dérobé en partie par quelques nuages : Henry frappé tout à la fois par l’éclat de la Gloire, et des Vertus qui l’environnent, renonceroit à toutes les passions qui peuvent la ternir ; il se dépouilleroit des ornemens qu’il a reçu des mains de la Volupté, pour reprendre ses aunes.
Un Médecin et un Apothicaire qui formèrent la première Scène, s’y réjouissaient de ce que les maux du monde faisaient tout leur bien, et de ce que la terre couvrait toujours leurs fautes. […] Cette Scène fut suivie d’une Entrée dans laquelle un Marchand et un Traitant cherchaient à se défaire en faveur l’un de l’autre d’une bonne conscience, qui leur pesait, qu’ils regardaient tous deux comme un meuble fort incommode et par malheur comme une marchandise d’un très mauvais débit. […] À sa voix, accourent alors les différents personnages que cette Muse introduit sur la Scène.
L’action se divise en Actes ; chaque Acte est partagé en Scènes ; les Scènes amènent successivement les situations ; les situations, à leur tour, entretiennent la chaleur, forment le nœud, conduisent au dénouement, et le préparent.
En Amérique, souvent, j’avais dansé, sur les plus grandes scènes lyriques, entre deux actes d’un opéra, et j’imaginais qu’il en serait de même à Paris. […] Influencé par la voix et par le geste d’un homme qui avait joué jadis le rôle de Méphistophélès sur la scène qu’il dirigeait aujourd’hui, Marten Stein n’osa point s’enquérir plus avant. […] Quand je les rouvris, j’aperçus, en scène, une de mes compatriotes qui jadis, m’ayant emprunté de l’argent, en Amérique, avait négligé de me le rendre. […] Nous n’étions plus que six sur la scène : M. […] Il en vint beaucoup sur la scène pour me féliciter et, parmi eux, Calvé.
Lorsque j’arrivai en scène chaque spectateur me jeta un bouquet de violettes. […] Quand j’eus achevé de danser, ce fut une nouvelle avalanche fleurie qui roula sur la scène. […] Au pied de la scène, se trouvaient deux bassins qui laissaient jaillir des fontaines lumineuses. […] Lors de la seconde soirée, au moment où l’on allait éteindre les lumières, un homme vint me dire, tandis que j’entrais en scène : — Regardez avant qu’on éteigne, le flot humain qui déferle à vos pieds. […] Il y eut une scène violente entre les deux hommes.
Scène I. […] Scène I. […] Scène II. […] Ces deux amans peignent dans cette scène muette tous les mouvemens qui agitent leur ame. […] Scène I.
La décoration représente les jardins du Sérail du Sophi de Perse ; la droite de la scène offre une terrasse ornée de balustrades et ombragée par de riches étoffes ; derrière cette terrasse s’élève une partie des vastes bâtimens du Sérail, des bosquets couronnés d’arbres sont plantés vers la gauche ; du même côté et à l’extrémité du théâtre, on découvre un grand escalier ; le fond offre un massif d’arbres en forme circulaire, au milieu des quels est placé un bassin orné de jets et de nappes d’eau. […] Plusieurs Sultanes assises sous les berceaux s’occupent à différens ouvrages : la Sultane favorite, placée sur un riche sopha, forme le grouppe principal de ce tableau ; elle est entourée de plusieurs Sultanes qui lui présentent les fleurs dont elle compose un bouquet pour le Sophi ; l’assortiment et le mélange ingénieux des couleurs doivent lui peindre ses sentimens, des esclaves sont dispersés sur l’escalier dans différentes attitudes ; cette scène tranquille et contrastée de tableaux reçoit un nouveau mouvement par l’arrivée des Eunuques et des Bostangis. […] Le Sophi touché de la sensibilité de Zulmire l’en aime davantage ; et, pour faire diversion à cette scène affligeante, il ordonne des jeux ; on se livre à des danses : Zulmire y déploie toutes les grâces de son âge et toutes celles de la beauté, dans un pas de trois dialogué entre elle, le Sophi et son frère. […] Fatnie, qui avoit épié malignement cette scène, se livre à tous les projets de sa vengeance ; elle veut que Zélis en soit le fatal instrument. […] Pendant cette scène la cruelle Fatnie paroît vers le fond avec Zélis : elle cherche à raffermir son bras mal assuré, elle la pousse, pour ainsi dire, vers le crime ; Zélis approche, lève une main tremblante ; le Sophi se retourne ; le fer lui échappe ; elle tombe aux pieds de son amant et de sa rivale ; les inonde des larmes du repentir, déclare sa complice, relève le poignard pour s’en percer le sein : Zulmire la désarme : le Sophi irrité appelle ; on accourt, on enchaîne Fatnie.
Pourroit-on s’étonner, Madame, de ne pas trouver derrière la scène, la décence, la considération de soi-même, les égards et les attentions réciproques que l’on cherche, et que l’on ne trouve pas toujours même dans ce qu’on nomme très-improprement la bonne société. […] Vous avouerez, Madame, que tous ces contre-facteurs des talens dégradent la scène et fatiguent le public éclairé. […] C’est donc à cette absence du bon goût, que nous sommes redevables d’un tas de petites productions, qui ne peuvent ni illustrer ni embéllir notre scène. Lorsque l’on se consacre aux plaisirs du public tels que ceux de la scène, il faut avoir reçu de la nature les dons précieux qu’elle n’accorde qu’à un petit nombre.
Le music-hall est donc un laboratoire, en permanence de recherches théâtrales dont les grandes scènes, voire surtout le cinéma, finissent par profiter. […] Mais les grandes scènes payent, fait aussi regrettable que paradoxal, leur dette en leur monnaie courante. […] Ainsi cette scène de la Conquérante que j’ai vue aux Folies-Bergère — car ce sont deux visites successives à ce séjour champêtre qui m’ont fait m’écarter du droit chemin qui mène à l’Opéra — n’est autre chose que la Cléopâtre des ballets russes de 1909, Cléopâtre déchue, s’entourant d’un luxe plutôt compromettant. […] Et quand l’homme fait le moulinet avec le corps de la danseuse, c’est un accès de jalousie furieuse qui est censé déterminer ce jeu de scène exhilarant.
L’Opéra, cette scène vaste que l’on pouvait animer de mouvemens si remplis d’émotions entraînantes, devait surtout fixer l’attention publique. […] Alors, on distinguait sur la scène, les Laïs les Lainez, les Gardel, les Vestris, les Beaupré et les Clotilde. […] Combien toutes les proportions de cette scène ne s’étaient-elles pas alors agrandies ! […] L’égalité règne à l’Opéra, et peut-être le spectacle d’un tel public offre-t-il autant d’attraits que les magnificences de la scène. […] Les effets de cette mise en scène, si palpitante d’énergique vérité, ne se sont pas bornés là.
Mais elle ravive cette scène par son beau regard sombre et par de bien piquants jeux de physionomie. […] Quant au reste de l’exécution et surtout de la mise en scène, j’ai trop peu à en dire — ou trop, si je m’y mets : cela sera pour une autre fois.
[Épigraphe] C’est en vain qu’aujourd’hui des chants mélodieux Sur la Scène appellent les Grâces, Si la danse n’amuse, et ne charme les yeux, L’ennui suit les plaisirs, et vole sur leurs traces.
Je me permettrai ici, une réflexion, depuis Louis quatorze jusqu’a ce moment la scène Française s’est soutenue glorieusement, malgré les pertes qu’elle a essuyée ; les grands talens ont été succéssivement. remplacés ; quelques-uns à la-vérité ne l’ont pas été complettement ; on se souvient encore des le Kain, des Préville, des Claïron, et des Dumesnil ; mais les éfforts constants de ceux qui sont en possession de leurs emplois, sont près de les égaler ; leurs progrès augmentent chaque jour, et dans peu ils pourront atteindre à la perfection, et soutenir avantageusement la gloire de notre théatre. […] on trouvoit encore dans ces magasins des masques de femmes tout, aussi volumineux, mais non pas si laids ; ils servoient à de jeunes acteurs, qui avoient une voix douce et agréable ; car il n’est fait aucune mention dans les écrits des anciens des noms des femmes dont les talens avoient embelli la scène ; ils ne parlent que d’Ampuse, de Tymèle, et de Dyonisia, célèbres pantomimes ; elles s’attachoient à peindre la volupté ; plusieurs auteurs assurent qu’excitées par les applaudissemens que leur prodiguoient les jeunes gens, elles avoient porté la pefection de leur jeu au dernier période d’indécence. […] L’antique Rome ainsi que la nouvelle, privoit ses spectacles des objets les plus intéressants et les plus dignes de plaire : si les femmes font les délices de la société, elles font encore le charme de la scène ; elles l’animent, l’embellissent, et elles y ajoutent un pincipe de vie, et un intérêt, qu’elles seules peuvent inspirer. […] Le public pourroit-il jouir des grands effets que lui offrent les tableaux variés d’un spectacle tel que celui de l’opéra, si on ne levoit jamais le rideau qui cache la scène ?
Auguste n’attendit pas longtems, Hilas enivré d’amour-propre, et soutenu par une populace effrénée défia son maître ; il lui proposa de représenter Agamemnon, et dit insolemment à Pilade : « Je rendrai cette scène en prémier, vous la jouerez ensuite à votre manière ; et le public jugera quel est celui de nous qui mérité le scéptre du talent. » Pilade fier, et vain accepta le défi ; le jour fut pris ; la ville et les faubourgs de Rome furent en mouvement, les uns parurent pour Pylade et les autres pour Hilas. […] Pylade alors s’avança sur la scène, et dit froidement à Hilas : « Jeune homme, nous avions à représenter un roi qui commandoit à vingt rois, tu l’as fait long ; je l’ai fait grand. » Par un mouvement spontané, les applaudissemens recommencèrent, et Hylas fut éclipsé par le mérite transcendant de son maitre, et de son bienfaiteur. […] Pylade ne représentoit que des sujets héroïques ; il se pénétroit si puissament des grands personnages, qu il avoit à peindre, qu’il en prenoit dans sa vie privée la hauteur, la rudesse et la fierté ; il étoit dur et insolent avec ses camarades, ne faisoit point sa cour aux grands, et insultoit même étant en scène au goût, et aux decisions du public. […] Auguste indigné de cette scène scandaleuse à la quelle il avoit assisté, voulut en prévenir les suites funestes ; il fit venir Pylade, et lui signifia son bannissement. […] Le goût cessa de présider aux productions des arts ; les théatres n’eurent plus de modèles et les spectacles n’offrirent que les tableaux dégoûtants de la crapule, et du libertinage ; les Romains perdirent leur moralité ; les grands associèrent leurs débauches à celles de ces bas farceurs, les dames Romaines, et leurs filles joüoient avec eux les scènes les plus indécentes, et se prostituèrent sans aucun ménagement, libère successeur farouche d’Auguste n’aimoit ni les talons, ni les théâtres ; il chassa de Rome tous les Baladins, et fit fermer les théâtres ; mais la passion éffrénée que les Grands avoient pour les représentations licencieuses, les détermina à donner azile dans leurs palais à tous ces crapuleux histrions.
La scène Française ne m’offre-1-elle point Corneille, Racine, Voltaire et Crébillion ? […] Je pourrois encore parler de ces acteurs tragiques qui créerent l’art de la tragédie, et dont les successeurs font encore aujourd’hui les délices de la scène Française ; si leur éloquence est secondaire, il faut avouer néanmoins que c’est un mérite de faire ressortir par la déclamation toutes les beautés de la poésie ; car combien ces belles productions ne perdent-elles pas de force et d’energie dans la bouche d’un lecteur ou d’un acteur médiocre ? […] et comme il y avoit un homme chargé d’accompagner, probablement les accents de chaque scène étoient notés en piano en forté, et en semi-tons, pour que l’instrument fut toujours d’accord avec la voix et la fortifiât. […] La représentation théatrale partagée entre l’acteur récitant, et l’acteur faisant les gestes passe ma conception ; si j’ajoute à cette méthode peu naturelle, un troisième personnage chaussé d’une sandale de fer, frappant rudement le plancher pour marquer la mesure de chaque geste ; si je parle ensuite d’une flûte gauche nommée Tibia, faite avec la partie la plus grosse du roseau, dont le son devoit approcher de celui du Basson, et qui servoit à accompagner l’acteur ; si je compare le son de ce frêle instrument avec celui de la voix qui sortoit avec fracas du cornet adapté à l’enorme bouche du masque de l’acteur ; mes conjectures se perdent, ma raison se tait, et c’est vainement que je cherche ce sage, ce vrai, ce naturel qui embellit les arts ; je n’apperçois sur cette scène antique qu’un amas de ridicules et d’invraisemblances. […] Quant a la déclamation, on me permettra de dire que la nôtre est plus sage, plus vraie et bien plus naturelle que celle des Grecs et des Romains et que le costume adopté par notre scène Française, s’avoisine de la vérité, autant que celui des anciens s’en éloignoit ; tout étoit contre nature dans l’accoutrement de leurs acteurs ; 1’homme disparoissoit : un art bizarre lui enlevoit sa forme et ses proportions ; sa tête enveloppée dans une seconde tête monstrueuse ; sa voix métamorphosée en voix de Stentor ; ses bras paralisés pas l’établissement d’un gésticulateur ; tout cet attirail, dis-je, le privoit des moyens propres à fortifier ]‘éxpréssion du discours, et à y ajouter de l’énergie.
Ce qui faisait battre mon cœur et me faisait verser des larmes abondantes, c’est que j’étais sûre dé ne jamais arriver à la voir, cette merveilleuse fée de la scène ! […] Elle s’avança légère, paraissant à peine effleurer le sol, puis s’arrêta au milieu de la scène et regarda le public, ce public d’acteurs. […] Il y eut des applaudissements frénétiques, des rappels et des rappels après chaque acte, puis le rideau tomba sur la scène finale que suivit un grand tumulte de bravos et de cris. Maintenant le public sortait lentement, comme au regret de quitter l’atmosphère de la scène. […] J’entrai en scène, et regardai le public qui emplissait la salle du haut en bas.