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112. (1921) L’âme et la danse pp. 99-128

… Permets que je vienne m’asseoir auprès de toi et de Phèdre ; et le dos délibérément opposé à ces viandes toujours renaissantes et à ces urnes intarissables, laisse-moi que je tende à vos paroles la coupe suprême de mon esprit. […] Nous regardions manger et boire nos semblables… ÉRYXIMAQUE Mais Socrate ne laissait pas de méditer sur quelque chose ? […] Nos actes, et singulièrement ceux de nos actes qui mettent notre corps en branle, peuvent nous faire entrer dans un état étrange et admirable… C’est l’état le plus éloigné de ce triste état où nous avons laissé l’observateur immobile et lucide que nous imaginâmes tout à l’heure. […] … Il se laisse tromper… Elle traverse impunément l’absurde… Elle est divine dans l’instable, elle en fait don à nos regards ! […] ÉRYXIMAQUE Laissons agir le repos qui va la guérir de son mouvement.

113. (1887) Ces Demoiselles de l’Opéra « VI. Ballade des dames du temps jadis. » pp. 88-

Regnauld de Saint-Jean d’Angély dépensait tout seul cent francs à son dîner, et le propre frère de César, —  Jérôme, roi de Westphalie, — laissait sa montre en gage entre les mains d’un garçon du Cadran-Bleu, pour payer du champagne à des filles ! […] « A cette époque, mademoiselle Aurélie représentait (à la répétition) l’Amour avec des bas de laine noirs, dont les défauts avaient été corrigés en fil blanc ; la fille de Danaüs laissait entrevoir aux coulisses la forme de son talon, qu’une chaussure trop vieille refusait de couvrir ; la sœur des Grâces gesticulait fort peu, de crainte qu’on n’aperçût sous son bras un morceau d’étoffe dont la couleur fût plus vive que celle de la robe, ce qui eût fait soupçonner la réparation de quelque brèche. […] L’œil le plus fin ne s’apercevrait pas de la supercherie, si le tapissier n’eût oublié de prendre ses mesures un peu plus justes, et de ne pas faire la jambe droite plus épaisse que la gauche ; si la gorge, trop élevée, ne faisait soupçonner un estomac en bourre de soie, et si la tunique couleur de chair, s’entr’ouvrant par l’essor des ossements, ne laissait parfois échapper quelques flocons d’une substance qui ne pousse pas sur le corps féminin, mais bien sur le dos d’un être doux et innocent, appelé communément mouton. […] L’insensible, à son tour, s’était laissé pincer. […] Pendant toute la durée de ses trois mois d’exil doré, elle fut une véritable étoile : les Anglais se laissent toujours prendre par ces aventures romanesques et princières.

114. (1909) Une vie de danseuse. Fanny Elssler « Conclusion » pp. 414-418

……………… La danse laissait voir tous les trésors de Flore Sous les plis des maillots, vermeils comme l’aurore ; C’était la vive Elssler, ce volcan adouci, Lucile et Carlotta, celle qui marche aussi Avec ses pieds charmants armés d’ailes hautaines Sur la cime des blés et l’azur des fontaines.

115. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 15 mai. Peut-on reconstituer une danse antique. »

Qu’il nous laisse disserter, nous autres, mais qu’il sache, lui, son métier.

116. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 5 juin. Les deux Sacres. »

Les danseurs incarnent la durée et la force respective du son, l’« accelerando » et le « ralentendo » de l’allure par une gymnastique simplifiée ; ils font ployer les genoux et les redressent, soulèvent les talons et les laissent retomber, piétinent sur place, marquant avec insistance les notes accentuées.

117. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Réponse à la question proposée. — Seconde lettre. Sur le même sujet. » pp. 14-18

Les jeunes gens qui n’étudient point la musique, peuvent fort bien ne pas connoître les chefs-d’œuvre de ces compositeurs estimables ; mais ceux qui se destinent a l’étude de cet art, et qui sont admis aux conservatoires, ne cessent de méditer les leçons que les grands maîtres leur ont laissées ; ils étudient toutes leurs partitions ; ils les comparent, et, lorsqu’ils sont en état d’apprécier le style, la couleur, l’énergie, le goût, les graces et le génie de ces maîtres célèbres, ils butinent dans cette foule de chefs-d’œuvres ; ils se livrent à l’impression de leur génie, et, l’imagination embrasée et remplie de grandes images, ils composent à leur tour, et enfantent des productions qui réunissent aux charmes séducteurs de la mélodie, toutes les richesses de l’harmonie.

118. (1724) Histoire générale de la danse sacrée et profane [graphies originales] « Paralele. DE. LA PEINTURE. ET DE. LA POESIE. » pp. 213-269

Il y a néanmoins cette différence, que la Poésie n’a fait que disparoître en Italie, & qu’elle s’est conservée toute pure dans les ouvrages d’Homere, d’Eschille, Sophocle, d’Euripide, d’Aristophanes, & dans les régles qu’Aristote & Horace nous en ont laissées. […] Cicéron rapporte que si Aléxandre défendit à tout autre Peintre qu’à Appellès de le peindre, & à tout autre Sculpteur qu’à Lisippe de faire sa statue, ce ne fut point seulement par l’envie d’être bien représenté, mais pour ne rien laisser de lui qui ne fût digne de l’immortalité, & par l’estime singuliere qu’il avoit pour ces deux Arts. […] Cependant les préceptes qu’il nous a laissez, ne regardent que la théorie de ces deux Arts, lesquels different seulement dans la pratique & dans l’exécution : cette pratique de la Poésie se remarque dans la diction & dans la versification, supposé que la versification soit de l’essence de la Poésie. […] Si des Fables nous voulons passer à l’Histoire, qui est une autre source où les Peintres & les Poëtes puisent également, nous trouverons qu’à la réserve des Ecrivains sacrez, la plûpart des Auteurs ont écrit selon leur passion, ou selon les mémoires qu’on leur a donnez ; qu’ainsi ils nous ont laissé des doutes sur beaucoup de faits qu’ils ont souvent rapportez diversement. […] Mais malgré cette opinion, Polidore avoue après bien d’autres, que les Egyptiens se vantoient d’avoir inventé la Peinture plus de 6000 ans avant que les Grecs en eussent la connoissance, & que les Grecs même n’ont pû leur contester cet avantage sur eux ; ce qui fait voir que la profonde Antiquité nous laisse toujours quelques incertitudes sur l’origine des Sciences & des Arts.

119. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre troisième — Chapitre V. Établissement de l’Opéra Français »

Laissons à part la vénération, que nous puisons dans la poussière des Collèges, pour les ouvrages de l’Antiquité. […] En retenant les chœurs des Grecs, les Italiens les ont laissés avec encore moins de mouvement que ne leur en avaient donné leurs modèles.

120. (1909) Une vie de danseuse. Fanny Elssler « Chapitre II. la dernière passion du chevalier frédéric de gentz  » pp. 37-96

Il n’avait pas de fortune à laisser à la chère enfant. […] Il espère cependant que la petite sauvage finira par se laisser apprivoiser et que sa langue se déliera ; il compte sur Rahel pour continuer l’œuvre commencée par lui. […] Rahel lui avait demandé s’il ne craignait pas que sa charmante petite amie, devenue l’idole du public berlinois, ne se laissât retenir définitivement par des offres brillantes qui lui étaient faites. […] Les Berlinois ne pouvaient se décider à laisser partir la sémillante Viennoise. […] Laissons la parole à Betty Paoli : « Selon moi, c’est la reconnaissance qui avait dans ce sentiment la part la plus importante.

121. (1860) Mémoires de Rigolboche « Mémoires de Rigolboche — Chapitre X » pp. 138-147

Lorsque son père tient serrés les cordons de la bourse, il emprunte et s’endette avec le laisser aller d’un gentilhomme de l’ancien jeu.

122. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre quatrième — Chapitre XI. Des Actions Épisodiques en Danse »

Ainsi dans un Opéra, quelque brillante en soi que puisse être une Danse inutile, elle doit toujours être regardée comme ces froids récits des Tragédies, où l’acteur semble disparaître pour ne laisser voir que l’Auteur.

123. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 10 juillet. Le répertoire : « Sylvia » »

Et récemment nous avons vu Mlle Nijinska, qui fait grand, même quand elle se trompe, laisser, dans une variation de Petipa, complètement aller le poignet qui se démène comme une chose désarticulée ; quelle erreur !

124. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. Seconde partie. — Chapitre VIII. De la maniere de faire les bras avec les pas de Bourrée, ou Fleurets. » pp. 223-230

Il s’en fait encore d’une autre sorte de côté, en effaçant l’épaule, dont il y en a deux dans le premier couplet de l’Aimable Vainqueur, dans la Bretagne, dans la Nouvelle Forlanne, & dans plusieurs autres, & dont l’opposition ne se fait qu’à la fin du pas : par exemple, vous avez le pied gauche devant, & le bras droit opposé ; vous faites votre demi-coupé en pliant sur le pied gauche, & vous vous élevez sur le droit qui dans le même tems le bras s’étendant, vous donne la facilité d’effacer le corps, ou de vous tourner un peu de côté, & le pied gauche s’étant porté derriere, vous restez sur la pointe des deux ; ensuite vous laissez glisser le droit devant à la 4e. position, le bras gauche se plie du même tems, & s’avance aussi devant qui fait l’opposition au bras droit.

125. (1757) Articles pour l’Encyclopédie « Sur la poétique du ballet et de l’opéra »

Tout divertissement est plus ou moins estimable, selon qu’il est plus ou moins nécessaire à la marche théâtrale du sujet : quelque agréable qu’il paraisse, il est vicieux et pèche contre la première règle, lorsque l’action peut marcher sans lui, et que la suppression de cette partie ne laisserait point de vide dans l’ensemble de l’ouvrage. […] (Belles-Lett.) est en général l’espace de temps qui sépare deux actes d’une pièce de théâtre, soit qu’on remplisse cet espace de temps par un spectacle différent de la pièce, soit qu’on laisse cet espace absolument vide. […] En France, lorsque Corneille et Molière créèrent la tragédie et la comédie, ils profitèrent des fautes des Romains pour les éviter ; et ils eurent assez de génie et de goût pour se rendre propres les grandes beautés des Grecs, et pour en produire de nouvelles, que les Sophocles et les Aristophanes n’auraient pas laissé échapper, s’ils avaient vécu deux mille ans plus tard.

126. (1845) Notice sur Ondine pp. 3-22

Il y a moins de beauté pure et complète, avouons-le, dans cette conception gothique et germanique que dans la lumineuse création du symbole grec ; mais si la beauté est le domaine de l’Hellène, le monde merveilleux et invisible se laisse entrevoir au Germain avec plus d’épouvante et de singularité. […] La vieille mère, attentive, prête l’oreille à ce frôlement léger, et ne peut rien apercevoir : la vision n’est perceptible que pour l’œil jaloux et clairvoyant de Giannina, qui laisse échapper l’écheveau de ses mains brûlantes. […] Il se laisse aller sur sa couche, vaincu par le sommeil, qui s’empare de lui.

127. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Programmes de ballets] — Iphigenie en Tauride. Ballet tragique » pp. 235-256

La destruction du temple est une suite bien naturelle du courroux de Diane, qui ne veut laisser aucun vestige d’un lieu, où l’on déshonoroit son culte en arrosant ses autels du sang précieux des humains. […] La Déesse ne voulant plus laisser aucun vestige d’un lieu si souvent profané par le sang des mortels, invoque le Maître des Dieux ; la foudre gronde, frappe le temple et il disparoît. […] La disparution du temple qui s’enfonce dans les entrailles de la terre, laisse voir la mer ; des arbres surmontent des rochers ; et un vaisseau magnifiquement orné est sur le bord du rivage.

128. (1769) Traité contre les danses [graphies originales] « Discours préliminaire. » pp. -

Faisons en sorte de ne la pas rendre notre adversaire en cette vie ; et pour cela laissons-nous conduire par elle, et obéissons-lui. […]  » Saint Paul prédisant la grande séduction de l’Antéchrist, qui viendra avec la puissance de Satan, avec toutes sortes de miracles, de signes, et de prodiges, et avec toutes les illusions qui peuvent porter à l’iniquité ceux qui périront, donne pour raison de la facilité avec laquelle tant de personnes se laisseront séduire, l’opposition qu’elles auront à la vérité. (2.  […]  » « Vous ayant laissé l’Evangile, dit encore le même saint docteur, il est par-là avec vous : (serm. […] C’est un grand péché de tenter Dieu ; quiconque se jeteroit dans la mer ou dans une fournaise, sous prétexte que Dieu a conservé dans le fond des abîmes le prophète Jonas, et les trois Israélites dans la fournaise où Nabuchodonosor les fit jeter, ne laisseroit pas d’être homicide de soi-même.

129. (1887) Ces Demoiselles de l’Opéra « VII. Brelan d’astres » pp. 134-175

Scribe et Auber, — le public ne lui laissa pas achever les révérences d’usage et exigea impérieusement que la danseuse reparût, avant de consentir à écouter les noms du parolier et du musicien ! […] Musset s’en souvenait encore douze ans plus tard, alors qu’il griffonnait ces vers sur l’album de la ballerine, engraissée et alourdie : Si vous ne voulez plus danser, Si vous ne faites que passer Sur ce grand théâtre si sombre, Ne courez pas après votre ombre Et tâchez de nous la laisser. […] Enfin, un machiniste se dévoua, risqua sa vie sur une solive, se laissa glisser au bout d’une corde, et parvint à les décrocher. […] Elle l’avait donc laissé voleter tranquillement de Schœnbrunn à Paris. […] … Elle osa tordre ses reins, mouvementer son buste, pencher sa tête comme une fleur trop chargée de parfums, et laisser flotter à la dérive ses bras morts de langueur !

130. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Avant-propos »

Ils nous procurent cependant des avantages si constants et en si grand nombre ; ils peuvent prévenir tant de maux, ils sont la source inépuisable de tant de plaisirs, qu’il est difficile de les connaître, de les approfondir, d’en écrire, sans laisser échapper pour eux une sorte de considération qu’ils inspirent et qu’ils méritent. […] Je laisse ici la Musique ancienne dont je parlerai à fond dans un ouvrage particulier, pour ne m’occuper que de la danse qui doit être aujourd’hui mon sujet unique.

131. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre premier — Chapitre X. De la Danse sacrée des Chrétiens »

Lorsqu’après les orages, le calme qui leur succédait, laissa la liberté d’élever des Temples, on disposa ces édifices relativement à cette partie extérieure du culte.

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