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22. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 11 novembre. Danseurs viennois. Mlle Wiesenthal et M. Anton Birkmeyer. »

Sa coquetterie apparaît gauche, son geste gourmé. […] Puis, le cabotinage moderniste reprend le dessus, et, soulignant à grands gestes évocateurs un sautillement intermittent, grêle, ou de pauvres petits temps de talons, elle repart vers une nouvelle défaite.

23. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre XIII. » pp. 122-133

Si le maître de ballets sacrifie les grandes masses aux parties de détail, l’intérêt principal aux accessoires, et qu’il suspende la marche de l’action par des danses insignifiantes ; s’il substitue les pirouettes qui ne disent rien, aux gestes qui parlent, les entrechats, aux signes, que les passions impriment sur les traits de la physionomie, s’il oublie que c’est un poème intéressant, qu’il doit offrir au public et non un divertissement fastidieux de danse morte ; tout sera perdu, l’action s’évanouira, rien ne sera à sa place, le fil sera rompu, la chaîne sera brisée, la trame déchirée, et cette composition monstrueuse dénuée d’ordre et d’intérêt n’annoncera que l’incapacité, l’ignorance et le mauvais goût de l’auteur. […] Après avoir avancé qu’on pouvoit traiter les plus grands sujets avec quatre principaux personnages, je n’ai pas prétendu exclure les rôles secondaires, tels que ceux de confidens ; je n’ai pas voulû non plus bannir les choeurs agissants et expressifs ; à l’exemple des Grecs, ils peuvent être employés dans quelques circonstances, soit pour perpétuer l’action, soit pour participer à celle qui se passe devant eux ; ces choeurs produiront sans doute un grand effet, s’ils sont confiés aux seconds acteurs et aux Coriphées ; mais ces acteurs et ces Coriphées gâteront tout s’ils ne sont exercés à la pantomime et à l’art expressif des gestes. […] Mais pour que le maitre de ballets arrive à ce but, il est absolument necessaire qu’il exerce son âme à sentir vivement, sa physionomie à recevoir les sensations diverses qu elle lui communique, les gestes qui doivent les rendre avec vérité ; si son coeur est froid, si son âme est glacée, si son visage est invariable et ne se prête point au-jeu des passions, si ses yeux sont fixes et immobiles, si son corps est roide et guindé, et que les articulations propres à le faire mouvoir ne jouent pas avec facilité, si enfin la tête ne se meut pas avec grâce et que les éffacemens du corps ne contrastent pas avec ses diverses positions ; comment un tel maître de ballets pourra-t-il servir de modèle à ses danseurs ? […] C’est une erreur généralement accréditée de croire qu’un maître de ballets peut les composer assis, et indiquer par l’écriture et le discours, les pas, les figures, les groupes, l’action, l’expression et les gestes. […] Si la partie méchanique de la danse donne au maître de ballets tant de peines et de fatigues, si elle exige tant de combinaisons ; combien l’art du geste et de l’expression n’exige-t-il pas de travaux et de soins ?

24. (1797) Essai ou principes élémentaires de l'art de la danse, utiles aux personnes destinées à l'éducation de la jeunesse « Introduction »

Voyez se présenter dans un cercle une jeune personne embarrassée dans sa marche et dans ses gestes, elle devient préoccupée et par conséquent timide ; se présente-t-elle au contraire avec une contenance sûre et aisée, elle apporte dans ses réparties et dans ses discours plus de présence d’esprit et de jugement. […] On copie, on se modèle souvent sur les danseurs de théâtre ; cependant il n’est pas plus du bon ton d’imiter, dans les danses de société, les danseurs de l’opéra que les grotesques d’Italie, ou les baladières de l’Hindoustan ; l’attitude, les gestes ne sont plus les mêmes, et c’est en partie faute de discernement et pour ne pas savoir juger des convenances que tant de maîtres ineptes font de si mauvais écoliers. Combien de jeunes personnes se rendent singulièrement ridicules par des minauderies, des manières empruntées, que le bon goût réprouve, et par des gestes trop souvent indécents qui blessent la bienséance.

25. (1908) Quinze ans de ma vie « Préface » pp. -

Préface Je ne l’avais vue que comme l’ont vue toutes les foules humaines qui couvrent la terre, sur la scène, agitant d’un geste harmonieux ses voiles dans les flammes, ou changée en un grand lis, éblouissante, nous révélant une forme auguste et neuve de la beauté. […] Pour y aider, ni gestes ni mouvements ; mais seulement l’expression de ses regards clairs et changeants comme des paysages qu’on découvre sur une belle route.

26. (1908) Quinze ans de ma vie « Quinze ans de ma vie — XII, la collection de m. groult » pp. 124-133

Il nous conduisit tout d’abord devant une grande vitrine et dévoila, avec des gestes délicats et religieux, la plus merveilleuse collection de papillons que l’on puisse rêver. […] A la fin il s’approcha de moi, puis, embrassant la salle d’un geste large, il dit : — Ce sont vos couleurs. […] Il désigna une frise célèbre de Pompéï, puis me regardant fixement, il dit : — Voyez là, ce sont vos gestes. Il se recula pour donner la pose et reproduisit un de ces gestes très sérieusement, en dépit de ses rhumatismes, qui lui permettaient à peine de se tenir sur ses jambes.

27. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre XI. » pp. 107-114

J’avoüerai, avec regret, que cette réunion si précieuse est bien rare à rencontrer, parceque les danseurs mettent toute leur étude dans le mouvement des pieds et des jambes, que loin d’exercer leur esprit et leur âme, ils négligent le langage des passions, l’action animée et parlante que doit avoir le geste ; mais en confondant l’action avec le mouvement, ils se trompent, et s’égarent sans cesse. J’ai dit ailleurs, et je dois le répéter, que le devoir d’un acteur pantomime est de faire passer dans l’âme du spectateur par l’expréssion vraie de ses mouvemens, de ses gestes, et de sa physionomie, les sentimens, les passions dont il est agité. Cet acteur n’a d’autre langue que ses gestes, d’autres phrases que les traits animés de sa physionomie, d’autre énergie, que ses yeux. […] On me dira, sans doute, que cette comparaison n’a rien de relatif à l’acteur pantomime, puisqu’il doit parler sans voix ; je répondrai que ses gestes, le jeu varié de sa physionomie, l’expression animée de ses yeux sont autant de langues qu’il a à sa disposition ; j’ajouterai à tous ces moyens ceux que la musique expressive offre à la pantomime ; elle en est l’organe, et lui fournit tous les accens dont elle peut avoir besoin.

28. (1761) Le Festin de Pierre. Ballet Pantomime « [Première partie] »

[2] Le sublime de l’ancienne Danse était la Pantomime, et celle-ci était l’art d’imiter les mœurs, les passions, les actions des Dieux, des Héros, des hommes, par des mouvements et des attitudes du corps, par des gestes et des signes faits en cadence et propres à exprimer ce qu’on avait dessein de représenter. Cesmouvements, ces gestes devaient former, pour ainsi dire, un discours suivi : c’était une espèce de Déclamation, faite pour les yeux, dont on rendait l’intelligence plus aisée aux Spectateurs par le moyen de la Musique qui variait ses sons, suivant que l’Acteur Pantomime avait dessein d’exprimer l’amour ou la haine, la fureur ou le désespoir. […] Ce nom ne lui venait pas de Saltare qui signifie Sauter, mais d’un certain Salius qui, le premier, avait enseigné cet Art aux Romains ; et tous les auteurs conviennent qu’on l’exécutait par des gestes parlants, par des signes expressifs et par des mouvements de la tête, des yeux, de la main, des bras et des jambes.

29. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 26 juin. Lettre à Mlle ***, de l’Opéra. »

C’est l’émotion qui, victorieuse de la forme, modelait vos poses, qui s’épanchait — à quelques attitudes « hellénisantes » près — en gestes naturels, voire naturalistes et non organisés. […] Ou bien, sur un chant du Volga, vous figuriez le geste laborieux et saccadé des hâleurs de lourdes barques en simulant le rythme de l’effort musculaire extrême. […] Vous avez des gestes qui sont des cris de douleur ou de joie.

30. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 2 juin. Le ballet cambodgien. »

C’est la floraison suprême d’une tradition millénaire et sacrée ; chaque geste est surchargé de significations fournies par la légende, par le symbolisme rituel, par les cérémonies mêmes de la vie quotidienne — significations qui nous échappent pour les trois quarts. […] Et pendant que les corps se mêlent en cette lutte passionnelle et les bras simulent les gestes de l’amour, les deux petites figures rondes des mimes vous regardent bien en face, imperturbables, pensives, sereines.

31. (1775) La littérature renversée, ou l’art de faire des pièces de théâtre sans paroles [graphies originales] « Table. » p. 

v Avertissement du Libraire, vij Discours préliminaire, Préface, Avis au Lecteur ou tout ce qu’on voudra, ix Les Ressources, ou le Tableau du Monde, Pantomime, i Lettre d’un Grand-Sauteur à M. de Voltaire, sur les Pantomimes, 17 Post-Face, Post-Scriptum, ou Réflexions sur l’incertitude des Jugemens en matière de Littérature, 38 Traité du Geste, &c.

32. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1670 — 5 août : Le Ballet de la curiosité accompagnant la tragédie de collège Adraste — Lettres en vers et en prose au Roi de La Gravette de Mayolas — La Gravette de Mayolas, lettre de juillet-août 1670 »

La Gravette de Mayolas, lettre de juillet-août 1670 Dans le Collège de Clermont En toutes Sciences fécond, ADRASTE, rare Tragédie Parut en belle compagnie ; Le Révérend Père JOBERT En Vers, en Prose fort expert, Pieux et savant Personnage, A composé ce bel Ouvrage : Mais le Ballet bien inventé Fait sur la curiosité Ne se trouva pas moins aimable, Que la pièce était remarquable, Car Beauchamp, qui l’entend fort bien, En cela n’avait omis rien, Tous ceux qui la représentèrent Parfaitement s’en acquittèrent, Des Acteurs les beaux vêtements En augmentait les agréments ; De même tous ceux qui dansèrent Tant de gentillesse montrèrent Que leurs gestes, et que leurs pas Semblaient être faits au compas ; Aussi l’Assemblée éclatante Témoignait être fort contente.

33. (1797) Essai ou principes élémentaires de l'art de la danse, utiles aux personnes destinées à l'éducation de la jeunesse « [Conclusion] »

La danse, comme je la conçois, est toute autre chose ; son but doit être de parler aux yeux par le geste, de substituer des mouvements aux paroles, de représenter par des personnages vivants des actions intéressantes, enfin d’introduire sur la scène des comédiens muets, qui, sans le secours de la déclamation, fassent passer dans l’âme des spectateurs les impressions agréables qu’ils vont chercher aux théâtres ; je veux parler enfin de cette pantomime expressive, art connu, si chéri des Romains, et que ce peuple préférerait à tous les autres amusements. On sait à quelle perfection leurs acteurs l’avaient poussé ; on sait que par le geste seul, ils rendaient leurs idées avec tant d’intelligence et de vérité que tout le monde les entendait sans peine. L’histoire nous a transmis les prodiges des Protées, des Empuses, des Pilades et des Bathiles ; ils ne se bornaient pas à des pas légèrement exécutés, à des attitudes régulières, si l’on veut, mais sans âme et sans vie : inspirés par le génie de leur art, ils exécutaient par son secours ce que le poète produit avec des paroles, le musicien avec des sons, le peintre avec des couleurs, le statuaire avec du marbre, c’est-à-dire qu’avec des pas et des gestes ils formaient de grands tableaux et représentaient des fables théâtrales, des véritables drames qui avaient leur exposition, leur nœud et leur dénouement.

34. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre troisième — Chapitre II. De la Danse théâtrale des Grecs »

De la Danse théâtrale des Grecs La Pythie déclara par un Oracle, qu’un bon Danseur devait se faire entendre par le seul secours des gestes, comme un excellent Acteur par le moyen de la parole et un grand Chanteur par les différentes inflexions de la voix. […] Les Grecs qui avaient la vue déliée et l’oreille fine, entendirent l’Oracle, et en conséquence, ils regardèrent toujours la Danse, comme une imitation par les gestes, des actions et des passions des hommes.

35. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 4 décembre. Grands mots, petites danses. »

Une scène mimée dans le silence à grand renfort de gestes imitatifs put être comprise par le public grâce à un argument détaillé, précaution qui est une belle preuve d’impuissance. […] Mais cependant, à quoi bon minauder et faire ces grands gestes, censés être d’une spontanéité naïve, avec le bras gauche ?

36. (1921) Salvatore Viganò pp. 167-190

Son esthétique, nous le verrons, va être essentiellement fondée sur l’intime liaison du geste et du rythme. […] Ces gestes dont Stendhal vante la vérité, le naturel, nous apparaissent sur les estampes, curieusement stylisés. […] Tous les gestes, tous les mouvements étaient réglés par Viganò et devaient s’exécuter sinon en cadence, du moins sur un rythme déterminé. […] En somme pas de gestes conventionnels comme on les enseignait dans les écoles d’opéras, mais des gestes naturels, émouvants, expressifs sans doute un peu stylisés et se rapprochant des attitudes familières à la statuaire antique. […] La complète soumission du geste à la musique était une autre caractéristique de l’art de Viganò.

37. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 8 mai. Le répertoire : « La Tragédie de Salomé ». »

la tête que fait Saint-Jean-Baptiste, dont le costume et le masque tiennent du plus pur style Saint-Sulpice, et la misère de ses gestes qui sont tout d’une pièce ! […] René Piot ; divaguer un moment sur ce que devrait être, en somme, le « décor de danse » ; admirer l’art laborieux de la draperie et du geste que déploie M. 

38. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Errata du tome I. » pp. 241-242

30. 13. leurs gestes es, lisés : leurs gestes et 33. 18. ne surprément, lisés : ne surprénent 42. 28. le devinoit, lisés : le devinoient.

39. (1921) Danse et musique « Danse et musique, par André Suarès — VI » p. 137

La barre de mesure soutient toute la tradition des gestes et des pas, si niais la plupart et si ridicules.

40. (1757) Articles pour l’Encyclopédie « Sur la danse et le ballet »

danse figurée exécutée par plusieurs personnes qui représentent par leurs pas et leurs gestes une action naturelle ou merveilleuse, au son des instruments ou de la voix. […] La danse, le concours de plusieurs personnes, et la représentation d’une action par les gestes, les pas, et les mouvements du corps, sont donc ce qui constitue le ballet. Il est une espèce de poésie muette qui parle, selon l’expression de Plutarque ; parce que sans rien dire, elle s’exprime par les gestes, les mouvements et les pas. […] Le plaisir et la douleur en se faisant sentir à l’âme, ont donné au corps des mouvements qui peignaient au-dehors ces différentes impressions : c’est ce qu’on a nommé geste. Voyez Geste.

41. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre quatrième — Chapitre XII. Règles générales à observer dans les actions de Danse »

La Danse doit peindre par les gestes. […] Habituez votre âme à sentir, vos gestes seront bientôt d’accord avec elle pour exprimer.

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