Il n’est pire sourd, dit un proverbe français, que celui qui ne veut pas entendre.
Or le public français serait routinier et conservateur par lui-même.
Le Cardinal Mazarin connoissoit les hommes, et savoit les apprécier ; politique adroit, il avoit étudié soigneusement le caractère léger et insouciant des Français.
Perrot vient d’emprunter à Lamotte-Fouqué, écrivain allemand né de parents français, imagination rêveuse, profondément assimilée aux traditions du moyen âge. […] On connaît à peine son nom chez nous ; et ses ouvrages seraient peu goûtés si l’on osait les traduire tous en français.
Et voilà pourquoi elle a fondé de ses deniers avec une passion qui fait maintenant le but de sa vie, une école où elle reçoit gratuitement, héberge, habille, instruit, vingt jeunes enfants allemands, hollandais, russes, français, scandinaves.
Nous voilà d’accord ; et pour que ma comparaison soit plus juste, je metterai le ballet en action, en paralelle avec la galerie du Luxembourg peinte par Rubens : chaque tableau présente une scène ; cette scène conduit naturellement à une autre ; de scène en scène on arrive au dénouement, et l’œil lit sans peine et sans embarras l’histoire d’un prince dont la mémoire est gravée par l’amour et la reconnoissance, dans le cœur de tous les français.
A ce ministre protestant, j’en joindrai un grand nombre d’autres, qui ont composé en commun un traité contre les danses, qu’ils ont adressé au roi de Navarre par une épître dédicatoire, à la fin de laquelle ils prennent la qualité de ministres du saint Evangile des églises françaises réformées. […] Je vais donner une analyse et quelques extraits de ce traité excellent en lui-même ; et quoique le français, dans lequel il est composé, soit rempli de termes surannés, qui ne sont plus maintenant en usage, cependant, voulant donner les extraits avec la plus exacte fidélité, afin qu’on soit plus touché de la force avec laquelle les ministres, auteurs du traité, ou qui l’ont adopté, parlent contre les danses, je ne supprimerai ni ne changerai de ces termes, si ce n’est peut-être quelques-uns en petit nombre, qui seroient tout-à-fait inintelligibles, ou qui expriment d’une manière trop grossière le vice de l’impureté, qu’on fait voir être l’ame et le fruit des danses.
Un Français, M. […] Au bas, dans la profondeur, coule ce Rhin allemand qui a inspiré une si verte, si française et si cavalière chanson à notre Alfred de Musset.
Mais qu’il soit permis de citer ici un ou deux passages du Discours que vient de prononcer à l’Académie Française M. de Lamoignon de Malesherbes : « Le Public s’est élevé un Tribunal indépendant de toutes les Puissances, & que toutes les Puissances respectent, qui apprécie tous les talens, qui prononce sur tous les genres de mérite ... cette vérité que j’expose dans l’assemblée des Gens de Lettres, a déjà été présentée à des Magistrats, & aucun n’a refusé de reconnaître ce Tribunal du Public, comme le Juge Souverain de tous les Juges de la terre ».
Elle choisit, pour retourner en Russie, un moment favorable : celui où Sébastopol venait de tomber sous les armes françaises.
Si la force, chez une ballerine, n’était pas en raison de la taille, Léontine Beaugrand eût été sans peine la première danseuse de l’École française : « Il faut voir, dit un de ses admirateurs, quelle perfection mademoiselle Beaugrand atteint quand elle dessine, avec ses petits pieds, les contours de l’orchestre.
Fontanes ne jugea rien de mieux que de faire porter chez la danseuse toute la bibliothèque des classiques français richement reliés. […] Elle fut le dernier produit de l’école française aux poses géométriques et aux écarts à angle droit… Déjà, Marie Taglioni s’avançait sur la pointe du pied, — blanche vapeur baignée de mousselines transparentes, — poétique, nébuleuse, immatérielle comme ces fées dont parle Walter Scott, qui errent la nuit près des fontaines et portent en guise de ceinture un collier de perles de rosée ! […] Delphine, — la blonde, — déserta la rue Le Peletier pour aller, en 1847, jouer la comédie aux Variétés, où elle eut d’heureuses créations ; puis, au Vaudeville ; puis, au Gymnase ; puis, aux Français, où la mort vint la surprendre, voici tantôt cinq ou six ans.
Chacun chante sa partie et compte ses temps avec exactitude ; ces concerts dictés par la simple nature et exécutés par les gens les plus vils ont un ensemble que nous avons de la peine à faire saisir à nos musiciens Français, malgré le bâton de mesure et les contorsions de celui qui en est armé. […] Le contre-point qui sans contredit, est la pierre de toûche de l’oreille la plus délicate, est pour eux ce qu’il y a de moins difficile ; aussi la danse est-elle animée, et la finesse de leur organe jette-t-elle dans leur manière de se mouvoir une gaité et une variété que l’on ne trouve point dans nos contredanses Françaises.
Diderot, ce philosophe ami de la nature, c’est à dire, du vrai et du beau simple, cherche également à enrichir la scène Française d’un genre qu’il a moins puisé dans son imagination que dans l’humanité ; il voudroit substituer la pantomime aux manières ; le ton de la nature au ton empoulé de l’art ; les habits simples aux colifichets et à l’oripeau ; le vrai au fabuleux ; l’esprit et le bon sens au jargon entortillé, à ces petits portraits mal peints qui font grimacer la nature, et qui l’enlaidissent ; il voudroit, dis-je, que la comédie Française méritât le titre glorieux de l’école des mœurs ; que les contrastes fûssent moins choquans et ménagés avec plus d’art ; que les vertus enfin n’eûssent pas besoin d’être opposées aux vices, pour être aimables et pour séduire, parce que ces ombres trop fortes loin de donner de la valeur aux objets et de les éclairer, les affoiblissent et les éteignent ; mais tous ses efforts sont impuissans.
— Voyez-vous, elle ne sait pas un mot de français, mais elle sourit sans cesse et dit « bongjour ».
— Eh bien, alors, aux Français ou à la Porte-Saint-Martin ou au Cirque-Olympique. […] Une autre commençait ainsi une pétition au roi des Français : Cire. […] La langue française, pas plus que la langue chinoise, n’a de mots pour exprimer ce mouvement incessant, cette action galvanique, ce tournoiement continu, ce bourdonnement aigu, cette convulsion constante qui constituent la vie de ces myriades de lutins blancs, bleus, tricolores, qui se choquent, se heurtent, et sortent de la ruche du domicile pour n’y rentrer qu’au milieu du carême. […] Les princes étrangers, les sous-préfets français font aussi une prodigieuse importation et exportation de la Lorette.
On dit même que quelques riches Américains, fanatiques de Mlle Fanny et qui l’ont accompagnée en Angleterre, sont en instance pour se faire naturaliser Français et pouvoir devenir… huissiers, dans le cas où Fanny Elssler reviendrait à Paris ! […] Ce travail avait été exécuté par Mlle Félicie de Fauveau, une femme sculpteur, née à Florence de parents français, fort connue à Paris dans le monde des arts, dans les cénacles romantiques, et aussi dans les milieux politiques. […] La veille de la représentation d’adieux, les artistes des troupes impériales, russe et française, lui offrirent un bracelet avec ces deux inscriptions : « A Fanny Elssler, les artistes de Moscou ». — « Au cœur le plus noble, au talent le plus beau. » Le jour des adieux « dès le matin, Moscou se trouvait dans l’attente de quelque chose d’extraordinaire ».
Il y a dans toute sa personne une souplesse remarquable, dans tous ses mouvements une légèreté qui l’éloigne de la terre ; si l’on peut s’exprimer ainsi, elle danse de partout comme si chacun de ses membres était porté par des ailes70. » Ce fut surtout Théophile Gautier qui, en sa qualité de protagoniste du romantisme, célébra dans le succès de la Sylphide la victoire, au sanctuaire de la danse française, de la forme d’art qui lui était chère : « Ce ballet, dit-il, commença pour la chorégraphie une ère toute nouvelle et ce fut par lui que le romantisme s’introduisit dans le domaine de Terpsichore. […] « Elle n’en est pas pénétrée, écrit-elle en français, et voilà ce qui manque à ses membres », et elle continue en allemand : « Ils ne sont pas animés d’un seul et même esprit comme chez Fanny Elssler. » Rahel revient à l’appréciation du physique pour s’écrier : « Magra, magra, magrissima !
Claretie m’avait encore parlé de mon livre, et, à tout prendre, c’est grâce à son insistance que je me suis décidée à tremper ma plume dans l’écritoire et à commencer ces « Mémoires », — ces « Mémoires », écrits en anglais, et que le prince Bojidar Karageorgevitch, un bon, un brave, un excellent ami, voulut bien adapter en français, travail laborieux que la mort vint interrompre.
L’applaudissement part ; les bras et les doigts méritent des éloges ; et on accorde à l’homme-machine et sans tête, ce que l’on refusera constamment de donner à un violon Français qui réunira au brillant de la main, l’expression, l’esprit, le génie et les graces de son art.