Loret, lettre du 20 janvier 1663 Moi, votre très humble Valet, Fus, Lundi dernier, au Ballet, Au Ballet des Arts, c’est-à-dire, Le Ballet du Roi notre Sire, Qui sous son Règne glorieux, Dans Paris et maints autres lieux, Fait refleurir par excellence, Les Arts, les Lettres, et la Science : Mais pour parler sincèrement De ce beau divertissement, Il était rempli de merveilles Pour les yeux et pour les oreilles, Il me parut digne des Dieux, Et jamais on ne dansa mieux ; Outre la parfaite harmonie D’une admirable symphonie, Dont Baptiste, esprit transcendant, Était Chef et Surintendant, Quatre Filles, qui sont de celles Qu’on admire pour Chanterelles, Firent alternativement Goûter un doux contentement Par leurs voix claires et sereines, Plutôt Angéliques qu’humaines, Et dont, par curiosité, Tu peux voir les noms à côté.
& consistoit, au rapport de Lucien, à donner une idée des mouvemens des corps célestes, & de la puissance des influences des Astres sur le monde élémentaire : son usage passa chez les Caldéens, les Grecs, & les Persans, qui joignirent ses préceptes à ceux de la danse Sacrée pour le culte des Planetes, après les avoir déifiées Ces sortes de danses étoient si majestueuses & si graves, qu’elles imprimoient dans l’esprit des Peuples des sentimens de respect pour les Dieux. […] C’est ainsi que j’apprens ce que c’étoit que les Orgyes parmi les Danses Bacchiques, ce que c’étoit que la Danse du Pressoir parmi les Vendangeurs ; comment Cerès enseigna les Danses Rustiques convenables aux Laboureurs pour lui rendre des honneurs divins, & pour les délasser de leurs travaux par des fêtes innocentes après les sémailles & la moisson : comment le Dieu Pan & les Faunes apprirent aux Bergers les Danses Champêtres au son de la flute & des chalumeaux, qui firent depuis partie de la cérémonie des fêtes célébrées en l’honneur de ces Dieux.
Au signal donné parle grand prêtre, tout le peuple tombe a génoux, ainsi que Clytéimnestre, Egiste et leur suite : Le corps humblement combé et les yeux attachés vers la terre, ils ne sortent de cette attitude respectueuse que pour élever les bras vers le ciel ; mais dans cet instant, le dieu du Tonnére Lance ses foudres ; les portes du tombeau s’ouvrent avec fracas, son intérieur est embrasé. […] ah dieux ! […] Son expression disoit ah dieux !
Don précieux, faveur singulière des Dieux !
Le grand prêtre leur fait entendre que les augures ne leur sont pas propices ; Pyrrhus, au désespoir, se flatte que le sacrifice, qu’il va offrir, lui rendra les dieux favorables ; il entre dans le temple ; mais ses vœux et ses offrandes sont rejettés ; la terre tremble, les éclairs percent la nue ; la foudre gronde, l’obscurité se répand par-tout. […] Cependant l’espérance renaît dans le cœur de ces amans, ils veulent tenter une seconde fois de fléchir le courroux des dieux.
Ce dieu sensible à la prière du chantre de la Thrace, a résolu de le conduire aux Enfers et de lui rendre Euridice. […] Guidé par ce dieu et éclairé par son flambeau, il disparoît avec lui.
Les Grecs ont aussi passé pour être les plus habiles à exprimer par ces mouvemens les habitudes de l’ame, les mœurs, les passions & les actions naturelles, puisque suivant Platon & Lucien, ils croyoient la danse une chose divine & mistérieuse, qui se pratiquoit en l’honneur des Dieux & par les Dieux mêmes, à qui ils en attribuoient l’origine. […] L’opinion la plus commune sur l’origine des Ballets, est qu’ils se danserent d’abord aux chansons, dont la plûpart étoient des prieres aux Dieux pour leur demander du secours dans nos besoins, des historiettes ou des fables, des chants de triomphe, des lamentations, des plaintes, que les chanteurs & chanteuses accompagnoient de gestes & de mouvemens conformes à ce que l’on chantoit ; ce qui fut les premiers essais des représentations des Pantomimes. […] Les Dieux Marins & les Déesses Marines se pressent de la voir ; les Vents arriverent au bruit ; Eole qui craint les désordres qu’ils ont coutume de faire, les resserre dans leur caverne ; Castor & Pollux assurent qu’en faveur de cette naissance, la navigation sera désormais heureuse : des Capitaines de Navires, des Marchands & des Matelots se réjouissent à leur vûe ; les Zéphirs qui avoient quitté les autres vents pour porter sur terre cette heureuse nouvelle, en font la premiere part au Printems, aux jeux, aux ris, & tous ensemble se devouent à cette nouvelle Divinité. […] Une troupe d’Indiens fit le prologue, en chantant les avantages du Tabac, & le bonheur des peuples à qui les Dieux avoient-donné cette plante.
Philostrate nous aprend encore dans son troisiéme Tableau, & Cartari dans son Traité des Images des Dieux, que les Anciens ont regardé Comus, comme la Divinité du bal & des festins, & l’ont représenté dans un Salon superbement illuminé, avec un visage riant, la tête couverte d’un chapeau de fleurs, tenant de la main gauche un flambeau allumé, qu’il laisse pancher nonchalamment pour brûler plus vîte, & paroissant comme enyvré de plaisirs, appuyé sur un épieu qu’il tient de la main droite : on voit encore dans ce Salon, dont le parquet est parsemé de fleurs, une partie des conviez qui festinent autour d’une longue table proprement garnie, d’autres qui dansent un branle, & quantité de spectateurs rangez sous la Tribune, sur laquelle il y a une symphonie nombreuse ; desorte qu’il est aisé de comprendre par ce grand appareil, que les Anciens ont voulu nous faire entendre que les bals & les festins sont des dépenses qui se doivent faire avec autant de profusion que de sumptuosité ; & que ces sortes de divertissemens sont de l’appanage des grands Seigneurs, pour s’attirer la bienveillance des peuples, ou pour faire remarquer leur grandeur & leurs magnificences. […] * Venez Dieux, venez Déesses, Danses Sacrées. […] Je commence à mieux connoître Ce mortel qui sembloit être Ce qu’il vouloit imiter, Admirable Pantomime, Que la surprise unanime Au rang des Dieux fit monter. […] Mais pressons les Dieux propices D’amener ces jours si chers, Où ton culte & tes délices Occupent tout l’Univers : Alors les graces renaissent, Les ris, les jeux reparoissent, Enfans d’un loisir heureux : Zéphire, que l’hyver glace, Fuis l’amour, viens à sa place Nous ranimer par ses feux.
Madame, de tous admirée, Qui représentait Citérée, Et pour régner sur tous les Dieux, S’élevait de la Mer aux Cieux, Étant indisposée, ou lasse, A cédé sa brillante place À certaines aimable Beauté41 Dont tu vois le nom à côté,42 Qui, comme jeune, belle et sage, Joue assez bien ce Personnage.
On entoure Euthyme, on le regarde comme un dieu tutélaire, qui vient d’assurer à cette contrée la paix et le bonheur. […] Les jeunes gens de Témesse viennent prendre ces deux amans pour les conduire au temple de l’hymen : c’est à l’autel de ce dieu que l’innocence et le courage doivent être unis pour toujours.
Qu’ils tremblent, je me propose de consacrer mes veilles au Théâtre fameux des Boulevards ; oui, je vais le gratifier de plusieurs Pantomimes excellentes, sublimes, merveilleuses : j’en jure par le Parnasse, aussi respecté des Poètes que le Styx était redoutable aux Dieux de la Mythologie ; ou plutôt j’en jure par le Repoussoir, machine qui sert à nous élever quand nous saisons nos sauts-périlleux : ce serment-là est terrible dans la bouche d’un grand-Sauteur.
La guerre étant terminée, les vainqueurs et les vaincus qui avoient souffert également de toutes les calamités qu’elle entraîne, ont dû célébrer le retour de la paix, et accompagner de leur musique guerrière les hymnes qu’ils adressoient aux dieux protecteurs de leur pays.
Les ARTS, qui sous lui rajeunissent, Et de tous côtés refleurissent, Sachant l’arrivée en ces Lieux Des FILLES du Premier des DIEUX, Comme d’Elles ils croient naître, Ils viennent les en reconnaître, Faisant tout à fait galamment, Au son de maint doux Instrument, Pour chacune exprès une ENTRÉE Digne d’être considérée, Et qui convient encor de plus À ces célestes Attributs.
Il est le dieu du matérialisme et son regard, qui insulte l’esprit, m’est souvent entré comme un coup de couteau dans le cœur, lorsque je le rencontrais ; il m’a semblé maintes fois que de ses yeux sortait une masse rampante de petits vers, gluants et brillants29. » Barbey d’Aurevilly flétrissait « le lépreux de la cité de Paris, le scrophuleux (sic) docteur Véron30 ». […] Les vieilleries mythologiques, les Dieux avec leurs attributs invariables, les Amours avec leurs flèches et leur carquois, tout cet attirail conventionnel fut mis au rebut ; on y substitua des inventions plus fraîches et plus variées. […] En général, on s’inclinait devant ces dieux puissants. […] Les comptes rendus des premières représentations sont des hymnes qui exaltent la gloire et la magnificence du dieu. […] Dans le temple de l’Art, Véron élevait des autels aux faux dieux dont le culte, hélas !
Danaüs devancé par deux Officiers fait poser sur l’autel un vase d’or couvert d’un tapis de brocard ; les Officiers se retirent, et les Danaïdes s’assemblent auprès de leur père ; il les engage de jurer par les Divinités, dont il leur dérobe l’image, d’être inviolablement fidelles aux serment d’obéissance qu’il exige d’elles ; Hypermnestre et ses sœurs s’avancent vers l’autel ; elles posent respectueusement la main sur ce marbre sacré, et s’engagent solemnellement et en présence des Dieux, de n’être point parjures à leurs serments ; Danaüs jouissant d’avance du succès funeste de sa ruse barbare, découvre le vase mystérieux ; il ordonne à ses filles de faire le partage de ce qu’il renferme, et elles en tirent chacune un poignard ; immobiles et tremblantes, elles n’osent lever les yeux ; mais leur père, arrachant le voile qui déroboit les statues, montre à ses filles les Divinités, sous les loix des quelles elles viennent de s’ensager. […] Danaüs ne peut soutenir cet excès d’outrage, et regardant Lincée comme celui que les Dieux ont conservé pour le punir de ses forfaits, il ordonne qu’on l’entraîne au supplice, et que l’on conduise sa fille dans les cachots.
J’en atteste les Dieux qui vous les ont conservées.
Les choses les plus extraordinaires, les prodiges éclatants, les descentes des Dieux, le cours des Fleuves, le mouvement des flots de la Mer, toutes les merveilles de la Fable fournissaient les sujets de ces Spectacles.
Cette même disposition symétrique est maintenue dans les bonds de sa danse de dieu guerrier.
Après quoi, ce même Dieu chante, D’une manière bien charmante, Ainsi qu’avec lui le Destin, Un Air, de louanges tout plein Pour le MONARQUE et pour MADAME, Ces Dieux, empruntant lors la Gamme De deux modernes Amphions Dont on admire les fredons.
Vous y voyez, outre cela, Les divers Changements de Scène Qu’on ne s’imagine qu’à peine Les Mers, les Jardins, les Déserts, Les Palais, les Cieux, les Enfers, Les mêmes Dieux, mêmes Déesses, Soit à blondes, ou brunes Tresses.