Ne pouvant ni soutenir sa situation affreuse ni résister aux remords, qui déchiroient son cœur, il prit la résolution d’aller à Delphes, pour y consulter L’Oracle d’Apollon. […] A cet aspect, son crime se retrace à son imagination et porte à son cœur les sentimens du désespoir. […] Isménie, bien éloignée de partager les sentimens de son époux, tente encore une fois d’ébranler son cœur ; elle embrasse ses genoux elle le menace du courroux des Dieux ; mais il reste inflexible et se retire avec sa suite, en exprimant le plaisir barbare que lui cause l’arrivée des deux Grecs. […] Iphigénie implore la Déesse ; elle lui jure que son cœur est innocent, qu’il est déchiré par la douleur, qu’il n’a point de part au sang que sa main répand ; que son bras, armé par le cruel Thoas, du glaive de la mort, ne peut éluder les coups que la barbarie du Tyran lui prescrit de porter, ni se soustraire à l’obéissance ; elle supplie la Déesse de la délivrer des fonctions qui déshonorent son culte, offensent les Dieux et font horreur à l’humanité. […] La mort d’un Prince farouche, cruel et justement abhorré rétablit le calme et fait naître la joye et le bonheur dans tous les cœurs.
Mylord, tâchez de saisir mon cœur, moi je saisirai vos guinées. […] Etait-ce désenchantement d’amour-propre, ambition déçue, peine de cœur ? […] Elle avait dans les veines du sang de danseuse et dans le cœur des élans d’artiste. […] Mon cœur est comme les montagnards écossais de la Dame blanche. […] Les princes ont des yeux et un cœur comme de simples mortels.
Floridor, et ses Compagnons,5 Sans être incités, ni semons, Que pour la véritable joie Que dans les cœurs la Paix envoie, Pour réjouir Grands et petits, Jeudi, récitèrent, gratis, Une de leurs Pièces nouvelles,6 Des plus graves et des plus belles, Qu’ils firent suivre d’un Ballet, Gai, divertissant et follet, Contribuant, de bonne grâce, Aux plaisirs de la populace, Par cette générosité, Autrement, libéralité, Qui fut une évidente marque De leur zèle pour le Monarque.
Camille peint dans cette scène tout ce que l’amour, en opposition avec le devoir, peut exprimer ; son cœur combattu par la tendresse qu’elle doit à ses frères, par l’amour qu’elle doit à son père et à sa patrie, par l’honneur de sa famille, et par un sentiment encore plus cher, se livre tour-à-tour impressions diverses qui affectent son âme. […] Coriace enchanté regarde ce gage de l’amour, comme le présage heureux de sa victoire ; il tombe aux genoux de Camille, il lui témoigne sa reconnaissance ; mais le bruit éclatant des timbales et des trompettes réveille dans son cœur le désir de combattre, et ralume cette ardeur martiale que les larmes de son amante avoient amortie pendant quelques instans. […] Le danger de ses frères élève dans son cœur tous les sentimens de la tendresse ; elle s’oppose à leur départ ; elle insulte Rome et les Dieux ; elle se précipite alternativement dans leurs bras, et les arrose des larmes précieuses de l’amitié. […] Fulvie, dont le cœur est déchiré par la crainte et le désespoir, ne peut plus soutenir les idées, qui affligent son ame ; elle tombe évanouie. […] Horace jure à son père qu’il ne démentira pas, par une foiblesse indigne de son cœur, le sang qui coule dans ses veines.
En habituant notre ame à les sentir, la difficulté de les exprimer s’évanouira ; alors la physionomie recevra toutes ses impressions de l’agitation du cœur ; elle se caractérisera de mille manieres différentes ; elle donnera de l’énergie aux mouvements extérieurs, & peindra avec des traits de feu le désordre des sens & le tumulte qui régnera au-dedans de nous-mêmes. […] On ne réussit dans les compositions théatrales qu’autant que le cœur est agité ; que l’ame est vivement émue ; que l’imagination est embrasée ; que les passions tonnent, & que le génie éclaire. « Etes-vous tiedes, au contraire ; votre sang circule-t-il paisiblement dans vos veines ; votre cœur est-il de glace ; votre ame est-elle insensible ?
Ledit Ballet je revis, donc, Agréable s’il en fut, onc, Où, du Roi, la belle prestance, L’air noble, la taille et la danse, Comblèrent, en ce temps de Paix, Les cœurs, d’amour, plus que jamais.
Je prie le Lecteur de bien retenir ces Positions par cœur, non seulement pour la proportion des pas, mais aussi pour la maniere de les faire, parce que dans la suite je citerai de quelle Position un pas se commence, & celle par où on le finit : outre qu’au lieu d’avancer ; s’il ne les retenoit pas, il seroit obligé de recourir au commencement du Livre, ce qui retarderoit encore l’execution du pas.
En effet, tout y fut brillant, Poli, copieux et galant, Et de l’Hôtel la noble Hôtesse, La belle et charmante DUCHESSE, L’Aimant délicieux des Cœurs, De sa Maison fit les Honneurs, Avec tant de grâce et de gloire Qu’on n’en peut perdre la Mémoire.
Les Violons touchaient des airs, Et les accords des doux concerts, S’unissant aux voix sans pareilles, Charmaient les cœurs et les oreilles.
Mais, comme elle a le cœur fâché Des Honneurs rendus à Psyché,146 Au préjudice de ses Charmes, N’en pouvant cacher ses alarmes, Elle fait, bientôt, bande à part, Et restant seulette, à l’écart Avec son Fils, en conférence, Elle l’anime à sa Vengeance, Puis s’éclipse, jusqu’au Succès, Qu’aura son amoureux Procès. […] Mais, il faut, qu’ici, je vous dise Que Lundi, je vis ce Ballet, Grace à Monsieur Carnavalet, Qui joint, par un rare avantage, La courtoisie au vrai courage, Et qui m’ayant, de très-bon cœur, Fait, bien des fois, même faveur, En toute rencontre semblable, Me fit, par un trait amiable, Entrer ici, certe, à gogo, Et, c’est-à-dire, tout de go, Et de maniére aussi facile, Que j’entre dans mon Domicile.
C’est ce qui a fait dire à Plutarque que le Balet est une Poésie muette, qui parle ; parce que sans rien dire, il s’exprime par les gestes & par les mouvemens : c’est ce qui s’appelle sçavoir parler aux yeux, & toucher le cœur par des expressions patétiques & muettes. […] L’amour demande des empressemens & des tendresses, un visage doux & serein, qui se trouble néanmoins quelquefois, & qui prend autant de de formes qu’il y a de mouvemens au cœur capables de l’altérer. […] On peut encore dans une même Entrée exprimer des mouvemens différens, pourvû qu’ils ayent quelque rapport : les uns peuvent donner des coups de sabre ou des coups de massue, & les autres les parer avec des boucliers ; un Magicien peut invoquer des ombres, des fantômes, & faire des cercles avec sa baguette enchantée, tandis que ces ombres ou les démons feront diverses postures ; des amours peuvent forger des dards, & d’autres s’amuser à percer des cœurs, &c.
La seconde que l’on nomme danse en action est, si j’ose m’exprimer ainsi, l’âme de la première ; elle lui donne la vie et l’expression, et en séduisant l’oeil elle captive le coeur, et l’entraine aux plus vives émotions ; voila, ce qui constitue l’art. […] Tous ces agens des passions lorsqu’ils sont mûs par la puissance de l’âme, sont assurés de produire le plus grand éffet, et les plus vives émotions ; mais on ne peut espérer d’intéresser, d’attendir, et de porter le public à l’illusion par des phrases exprimées sans langue ; il faut qu’elles aient, toute la force des parole et l’expression de la nature, car la pantomime a ses accens et son sublime, ainsi que l’éloquence ; son langage est plus bref et plus concis que le discours ; c’est un trait vivement lancé par le sentiment ; il va droit an coeur. […] Ces cordes, quoique bien disposées, ne produiront entre elles que des sons faux et dissonants, lorsque l’art seul voudra les faire parler : mais elles obéiront, et rendront au contraire tous les tons propres au langage des passions, lorsqu’elles seront touchées par lâme, et que le coeur en déterminera toutes les vibrations.
Est-il étonnant que, connoissant si peu les divines beautés de notre sainte Religion, et ce qu’elle a d’intéressant pour le cœur, on n’ait de goût que pour la vanité du siècle et pour ses dangereux plaisirs ? […] Cor. c. 3, 113,) de porter la loi de Dieu écrite dans leur cœur, nous ne pussions pas amollir et briser le même cœur de ceux qui tiennent encore aux abus dont nous nous plaignons, et qu’ils persistassent à vouloir pratiquer tous les ans dans les solennités des Saints, ce que le peuple juif n’a fait qu’une seule fois, et dans une occasion d’idolâtrie ? » Le cœur de ses auditeurs fut en effet brisé par la force et l’onction de ses paroles, à laquelle Dieu joignit l’onction intérieure de sa grâce. […] Il n’y aura plus, près de vous, que les démons, ces esprits invisibles à qui vous avez obéi, et qui n’attendront que le consentement du Seigneur pour entraîner votre malheureuse ame dans le lieu des supplices qui lui sont préparés, et où elle recueillera ce qu’elle aura semé, je veux dire les pleurs, l’affliction, le serrement de cœur, les grincemens de dents et toutes sortes de maux. […] Peut-on avoir tant soit peu à cœur son salut, et s’exposer, en aimant les danses, à tant et de si grands maux ?
Que TRIVELIN, pareillement, Me fait de bien à tout moment Et, par sa belle humeur, dilate Mon cœur, et mon foie et ma rate !
Je n’accusai que moi ; mais je ne compris pas en quoi consistait ma faute, et je devins sombre et désespéré sans m’aviser d’une expansion de cœur qui m’eût peut-être sauvé. […] » Telle est la teneur et tels sont les principaux griefs de cette lettre que j’abrège beaucoup, mais dont le dernier trait enfonça le poison dans mon cœur. […] Cette personne excellente et charmante, pour qui je me sentais le cœur d’un fils, je la détestais, du moment que je découvrais le mobile de sa conduite. […] J’ai aimé avec les sens, avant que mon cœur eût parlé et se fût révélé à moi-même. […] Je suis à vous toujours du plus profond de mon cœur.
Elle étoit à peine entrouverte, que la Peur s’introduit dans la salle : elle plane sur toutes les têtes, glace les esprits et répand dans les cœurs sa fatale influence ; puis, voyant des croisées ouvertes, elle glisse et dirige son vol vers la capitale. […] Ce qui est à remarquer, c’est que, la fête entièrement terminée, l’horison commença à s’éclaircir, les nuages sombres et les taches sanguinolentes disparurent insensiblement ; l’espérance, cette fille consolatrice du ciel, reparut sur la terre et reprit son empire dans tous les cœurs, où longtems elle avait cessé de régner.
On n’admira les Baladins, Plus souples que Cerfs ni que Daims ; On fut charmé des Dialogues, Où, comme dedans les Églogues, On s’entendait sur les douceurs Que produit le beau Dieu des Cœurs : Concluons que, sans lui, la Vie N’est pas un Bien digne d’envie.
Faire la cour signifie peindre sa flamme à une femme qui a su captiver votre cœur, entourer l’objet aimé de vos soins et chercher par des prévenances et des attentions sans égales à lui plaire. […] Elle a des larmes pour les infortunes du cœur, et des commisérations pour les malheurs de l’âme. […] XII Un de mes amis disait un jour : « Les blondes, c’est comme les œufs à la neige, ça demande à être battu. » Qui expliquera jamais le cœur des femmes ?
La musique abandonnant les richesses, et les éclats vigoureux de l’harmonie, lorsque mes tableaux changeoient de caractère, lorsqu’ils n’éxprimoient que le bonheur, la tendresse, et la félicité de deux amants heureux couronnés par l’amour et l’hymen : la musique alors emploiyoit les couleurs tendres et aimables de la mélodie ; ce chant simple, et touchant qui ne frappe l’oreille que pour aller au coeur s’associoit intimement à l’action de la pantomime. Lorsque la musique et la danse travaillent de concert, les effets que produisent, ces deux arts réunis deviennent sublimes, et leur magie enchanteresse triomphe tout-à-la fois du coeur et de l’esprit. […] J’évoquai humblement les ombres fugitives des Pylade, des Batyle et des Hylas ; de ces mimes célèbres, qui captivèrent sous le règne d’Auguste, les esprits et les coeurs, et qui étoient devenus par la supériorité de leurs talens, les idoles des grands, et les dieux de la populace.
C’est afin que, s’abstenant des travaux et des occupations ordinaires, on ait plus de loisir, plus de liberté d’esprit et de cœur pour s’appliquer à Dieu, aux exercices de piété, et à la grande affaire du salut, que souvent les affaires temporelles font trop long-temps perdre de vue. Mais si les distractions et les dissipations d’esprit et de cœur, que causent naturellement les soins et les travaux temporels, obligent de les suspendre les jours de dimanches et de fêtes pour vaquer plus librement à Dieu ; combien est-on criminel de leur substituer les danses, beaucoup plus capables de dissiper, et d’une manière infiniment plus dangereuse ? […] C’est encore de faire des retours plus sérieux sur soi-même, pour reconnoître les péchés où l’on a été entraîné les jours précédens par la fragilité humaine, et pour s’en purifier par de saints gémissemens, en s’en humiliant devant Dieu et lui en demandant pardon, du cœur plus encore que de la bouche. Or, combien est-on éloigné d’entrer dans ces sentimens, quand on emploie une partie de ces jours consacrés à Dieu, à des danses, dont l’effet naturel et inévitable est de jeter l’ame dans une dissipation qui ne la laisse plus assez maîtresse d’elle-même pour s’appliquer à Dieu, d’affoiblir et d’éteindre par là l’esprit de prière, et d’allumer dans le cœur le feu de la cupidité, pendant qu’on ne devroit s’occuper qu’à rendre plus ardent et plus actif le feu de la charité.