Ce vieux Nautonier frémit de rage à la vue d’un mortel ; il ordonne à Orphée de quitter le rivage, et celui-ci le supplie de le passer à l’autre bord. […] Le silence du chagrin fait place à l’horreur que lui fait éprouver la vue des tristes lieux, où son amour l’a conduit. […] La vue d’un mortel étonne les ombres heureuses : de jeunes amans morts d’amour quittent leurs berceaux de myrthe et d’amarantes ; des héros qui ont versé leur sang pour la défense et la gloire de leur patrie abandonnent leurs allées ombragées de lauriers : Les poètes qui ont chanté leurs victoires, quittent les monts fleuris et les eaux argentés qui en découlent.
Alors les Philosophes, peut-être par simple curiosité, et les Législateurs, sans doute, par des motifs plus utiles, examinèrent cet exercice avec la sagacité que donne l’esprit et les vues qu’inspire la prévoyance.