* * * Lorsque l’on interroge les initiés sur l’esprit des ballerines, beaucoup répondent comme le sous-préfet du Monde où l’on s’ennuie au sénateur qui veut connaître l’esprit de son arrondissement : « Il n’en a pas. » Certes, elles ne font pas concurrence à Rivarol, Chamfort ou Henri Lavedan, leur horizon intellectuel ne dépasse guère celui de l’Opéra, leur instruction est médiocre, et elles n’ont pas, en général, le temps de décrocher le brevet de capacité.
Je conviendrai de la justesse de leurs observations et de l’étendue de leurs connoissances ; mais je leur répondrai que si mes idées ont choqué la vérité, elles n’ont point blessé la vraisemblance ; et dèslors j’aurai eu raison de recourir à des licences nécessaires que tous les auteurs se sont permis dans des ouvrages bien plus importants que des ballets.