Je veux encore que les pas soient placés avec autant d’esprit que d’art, et qu’ils répondent à l’action et aux mouvemens de l’ame du danseur ; j’exige que dans une expression vive, on ne forme point de pas lents ; que dans une scène grave on n’en fasse point de légers ; que dans les mouvemens de dépit on sache éviter tous ceux qui, ayant de la légèreté, trouveroient place dans un moment d’inconstance ; je voudrois enfin que l’on cessât, pour ainsi dire, d’en faire dans les instans de désespoir et d’accablement : c’est au visage seul à peindre ; c’est aux yeux à parler ; les bras mêmes doivent être immobiles ; et le danseur, dans ces sortes de scènes, ne sera jamais aussi excellent que lorsqu’il ne dansera pas, ou que sa danse n’aura pas l’air d’en être une.
Mais passons aux tics ; c’est une objection si foible, qu’il ne me sera pas difficile d’y répondre. […] On pourroit m’alléguer encore que le masque sérieux porte un caractere de noblesse ; qu’il ne dérobe point les yeux du Danseur, & qu’on peut lire dans leurs regards les mouvements qui les affectent : je répondrai premiérement qu’une physionomie qui n’a qu’un caractere, n’est pas une physionomie théatrale.