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2. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre second — Chapitre X. Vues des Philosophes : objet des Législateurs relativement à la Danse. »

La Nature semble avoir chargé de penser pour eux certains êtres privilégiés qu’elle produit quelquefois pour sa propre gloire, et pour le bonheur du reste de l’humanité. […] Ce sens, si l’on en croit Platon, produit l’harmonie de tous les mouvements de l’âme et du corps que la Danse sert à entretenir. « Lorsque (dit il poétiquement), la raison répète à la mémoire les concerts que cette harmonie a formés, toutes les puissances de l’âme se réveillent ; et il se forme une Danse juste et mesurée entre tous ces divers mouvements. » On dirait que ce philosophe ne nous considère que comme des espèces de clavecins bien accordés, sur lesquels des mains exercées touchent les airs différents, qu’un caprice heureux leur suggère.

3. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre XI. » pp. 107-114

Tous ces agens des passions lorsqu’ils sont mûs par la puissance de l’âme, sont assurés de produire le plus grand éffet, et les plus vives émotions ; mais on ne peut espérer d’intéresser, d’attendir, et de porter le public à l’illusion par des phrases exprimées sans langue ; il faut qu’elles aient, toute la force des parole et l’expression de la nature, car la pantomime a ses accens et son sublime, ainsi que l’éloquence ; son langage est plus bref et plus concis que le discours ; c’est un trait vivement lancé par le sentiment ; il va droit an coeur. […] Ces cordes, quoique bien disposées, ne produiront entre elles que des sons faux et dissonants, lorsque l’art seul voudra les faire parler : mais elles obéiront, et rendront au contraire tous les tons propres au langage des passions, lorsqu’elles seront touchées par lâme, et que le coeur en déterminera toutes les vibrations. […] Je crois pouvoir avancer comme vérité incontestable, que l’homme apporte en naissant un germe précieux susceptible de produire en se développant, un goût déterminé pour un art, ou une science quelconque ; ce germe miraculeux jetté par la providence dans toutes les créatures ne se développe pas également dans tous les hommes. Il est des terrains ingrats qui ne produisent que des ronces et des chardons ; mais il en est d’excellents qui assûrent aux cultivateurs attentifs et laborieux les plus abondantes récoltés.

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