Pour le reste, c’est autre chose, Toutefois, si parler j’en ose, Je ne saurais faire autrement Que jaser généralement De ce Ballet plus qu’admirable, Duquel la pompe incomparable Subsiste six heures durant, Et qu’on peut nommer dix fois grand, Soit à l’égard des symphonies, Qui font de rares harmonies, Soit pour les Décorations, Les subtiles inventions, La dignité des Personnages, Les Machines dans les nuages, Les Héros, Déesses et Dieux, L’Air, la Mer, l’Enfer et les Cieux, Du Soleil, la Sphère brillante, Qui parut, tout à fait, charmante, La richesse et les ornements Des superbes habillements ; Bref, les dix-huit grandes Entrées, La moindre valant vingt bourrées : Et dont Louis, la Fleur des Rois, Paraît à la tête de trois ; Que dis-je, trois ?
Le premier acte fut joué devant la porte de l’Eglise de Notre-Dame de Lorette, où il parut d’abord une machine de bois d’une grandeur prodigieuse, qui représentoit le cheval de Troie : ce cheval commença dès lors à se mouvoir par des ressorts secrets, tandis qu’autour de ce cheval se représentoient en Balets des actions considérables de la guerre de Troie, accompagnées d’une simphonie très-nombreuse ; après quoi on alla avec cette machine mouvante, à la place de S. […] Une partie de cette place étoit ornée d’une décoration qui représentoit la Ville de Troie, avec ses tours & ses murailles : aux approches du cheval, une partie des murailles tomba ; les Soldats Grecs sortirent de cette machine, & les Troïens de leur Ville, couverts de feux d’artifice, avec lesquels ils firent un combat de danse merveilleux : le cheval jettoit des feux d’artifice contre la Ville, & la ville contre le cheval. […] Comme le Roi en avoit fait la dépense, rien ne fut épargné pour l’embellissement du spectacle, pour les machines, les décorations, & la magnificence des habits.