(B) Ciel Ciel, (Décoration théâtrale) on donne ce nom aux plafonds de l’Opéra, lorsque le théâtre représente un lieu découvert ; comme on dit le ciel d’un tableau. […] La décoration commence l’illusion ; elle doit par sa vérité, par sa magnificence, et l’ensemble de sa composition, représenter le lieu de la scène et arracher le spectateur d’un local réel, pour le transporter dans un local feint. […] Rien n’est plus commun que d’imaginer une décoration en formant le plan d’un opéra ; on place les lieux différents dans lesquels se passeront ses différents actes. Ce point une fois décidé, on croit que le reste regarde le décorateur, et qu’il n’est question que de peindre mécaniquement les locaux, pour établir aux yeux du spectateur le lieu où se passe la scène. […] Ce n’est pas assez d’imaginer des lieux convenables à la scène, il faut encore varier le coup d’œil que présentent les lieux, par les décorations qu’on y amène.
Toutes deux conservent exactement l’unité du lieu, du tems, & de l’objet. […] Enfin la Peinture & la Poésie partent du même lieu, tiennent la même route, arrivent à la même fin, & tirent leur plus grande estime des premiers tems, où la magnificence & la délicatesse ont le plus éclaté. […] Un décret du Sénat d’Athenes ordonna qu’il seroit défrayé aux dépens du Public, dans tous les lieux où il passeroit. Aussi la Peinture étoit alors si honorée, que les habiles Peintres de ces tems-là ne peignoient sur aucune chose qui ne pût être transportée d’un lieu à un autre, & qu’on ne put garantir d’un embrasement. […] Mais les faits historiques les plus constans au sentiment des habiles, sont ceux que nous voyons établis ou confirmez par les médailles & les bas-reliefs antiques, ou par les peintures dont les Chrétiens ont décoré les lieux souterrains où ils faisoient l’exercice de leur Religion, & ces lieux se trouvent à Rome & en d’autres lieux de l’Italie.