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145. (1909) Une vie de danseuse. Fanny Elssler « Chapitre X. le coucher de l’astre  » pp. 365-413

Ainsi tu révélais à l’univers, ô femme, ce que l’univers a de plus secret, et parfois, dans la fuite rapide de quelques instants, se reflétaient sur ton visage le ciel et l’abîme. » Prati demande ensuite à la mystérieuse créature comment elle a appris à connaître les sentiments qu’elle exprime avec une force incomparable, ainsi par exemple dans le rôle d’Esmeralda, les extases de la vierge, la grâce ingénue, la pudeur céleste, les courroux terribles, les frayeurs sublimes de l’être chaste qui fuit un infâme baiser. […] Une autre fois, soutenue par Théodore, elle enleva d’un bond hardi toute sa gracieuse personne au-dessus de la tête de son danseur et avec tout cela ces efforts avaient l’air de ne lui rien coûter ; elle ne perdit pas un seul instant sa légèreté habituelle, sa grâce intarissable… Elle s’enleva, voltigea, pirouetta, joyeuse et flambloyante, rapide et enivrée, s’inspirant de l’inspiration générale, entraînée par l’enthousiasme universel.

146. (1806) L’Art de la danse, poëme en quatre chants, calqué sur l’Art poétique de Boileau pp. -247

Jusque dans votre marche, il faut être sévère : Que votre corps, cédant à tous vos pas égaux, Trouve, sur chaque pied, un instant de repos. […] L’ardeur de corriger, et non pas de médire, Va m’armer un instant du trait de la satire. […] que j’aime bien mieux ce danseur plein d’adresse Qui, toujours déployant une aimable souplesse, Lorsque par trop d’ardeur il se sent emporté, Abandonne un instant la régularité !

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