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105. (1724) Histoire générale de la danse sacrée et profane [graphies originales] « Histoire generale de la danse sacrée et prophane : son origine, ses progrès & ses révolutions. — Chapitre IV. De la Danse des Balets des Anciens & des Modernes, avec quelques descriptions des plus singulieres, & de l’origine de la danse Théâtrale. » pp. 70-111

Les Balets tragiques étoient graves & sérieux, leurs sujets se prenoient dans l’Histoire ou dans la Fable : les comiques étoient plaisans & bouffons ; les satyriques étoient libres & indécens ; & c’étoit particulierement dans ces deux-là que les Pantomimes faisoient voir leur habileté, par les figures, les mouvemens, & les gestes, qui sont les trois moyens de s’exprimer sans parler. […] L’opinion la plus commune sur l’origine des Ballets, est qu’ils se danserent d’abord aux chansons, dont la plûpart étoient des prieres aux Dieux pour leur demander du secours dans nos besoins, des historiettes ou des fables, des chants de triomphe, des lamentations, des plaintes, que les chanteurs & chanteuses accompagnoient de gestes & de mouvemens conformes à ce que l’on chantoit ; ce qui fut les premiers essais des représentations des Pantomimes. […] L’avanture du jeune Boreus aussi beau qu’Adonis, qui en puisant de l’eau à une fontaine, disparut & fut enlevé par les Nymphes, donna lieu à une chanson tendre & lamentable, qui, au rapport de Mimphis Auteur Grec de la Ville d’Héraclée, se chantoit encore de son tems, avec des gestes & des mouvemens pleins de compassion & de pitié, qui exprimoient la douleur de la famille de Boreus, dont il étoit tendrement aimé. […] La quatriéme Entrée étoit des preneurs de tabac en poudre, qui éternuoient, & qui se le présentoient les uns aux autres, le prenant par pincée, avec des gestes & des cérémonies plaisantes.

106. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre quinzième et dernière. » pp. 216-240

Un geste d’Inès semble reprocher à son amant son injustice. […] Fernand exprime cependant par ses gestes et ses régards combien ce sacrifice lui déchire le cœur ; c’est par un effort violent qu’il se défait d’un portrait qui lui est si cher ; il le laisse tomber, ou pour mieux dire il le laisse échapper avec peine de ses mains. […] Combien de comédiens faux, et de parodistes détestables qui ont abandonné les accens de la nature, qui ont renoncé à eux-mêmes, à leur voix, à leur marche, à leurs gestes et à leur physionomie, pour emprunter des organes, un jeu, une prononciation, une démarche, une expression et des traits qui les défigurent, de manière qu’ils n’offrent que la charge ridicule des originaux qu’ils ont voulu copier ! […] Cette scène longue à la lecture est vive et animée à l’exécution ; car vous savez qu’il faut moins de temps pour exprimer un sentiment par le geste, qu’il n’en tant pour le peindre par le discours ; ainsi lorsque l’instant est bien choisi, l’action pantomime est plus chaude, plus animée et plus intéressante que celle qui résulte d’une scène dialoguée.

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