Son action est celle de la fureur, mais habile en l’art de feindre, elle cache sa rage sous le voile de la candeur, elle court vers Créuse et la serre tendrement dans ses bras ; Jason, que sa passion emporte, et qui ne voit que Créuse, oublie ce qu’il doit à Médée. […] La jalousie n’étant qu’impuissante, elle s’abandonne aux transports de la vengeance, elle tire son poignard, s’élance sur Créuse ; Jason arrête le coup mortel, il désarme Médée, qui, désespérée de n’avoir pu assouvir sa rage, part en menaçant, et en exprimant ce que la haine et la fureur ont de plus effrayant. […] Elle éloigne ses enfans, elle évoque les élémens, les enfers et les dieux ; elle change le sallon en une grotte épouvantable ; la haine, la jalousie et la vengeance accourent à sa voix ; elle leur commande de servir sa fureur, et ces filles de l’enfer lui présentent le feu, le fer et le poison ; elle ordonne au feu de renfermer dans un coffret qu’elle destine à Créon les matières les plus combustibles, et les flammes les plus actives ; elle commande au poison de répandre ses venins mortels et ses vapeurs empestées sur un bouquet de diamans, que sa cruauté réserve à Créuse ; elle demande au fer un instrument propre à assouvir sa rage ; il tire de son sein un poignard, que la jalousie, la haine et la vengeance présentent à Médée. […] Enivrée de ses fureurs, Médée appelle ses enfans, elle veut en faire ses premières victimes ; mais son bras mal-assuré refuse d’obéir. […] Cette magicienne paroît triomphante sur un char traîné par des monstres qui vomissent des flammes ; un de ses enfans expire à ses pieds, elle a le bras levé pour frapper l’autre ; Jason se précipite à ses genoux et la conjure d’épargner au moins cette dernière victime ; mais l’implacable Médée se rit de ses prières, met le comble à ses forfaits, et plonge le fer dans le sein du dernier de ses fils ; elle jette à Jason le poignard ; il le saisit avec fureur ; il veut s’en frapper, mais il est désarmé par la haine, la jalousie et la vengeance.
Qu’il se rappelle la manière dont Icare planta la vigne, les malheurs d’Érigone, l’enlèvement d’Orithye, celui de Médée et ses fureurs : sa retraite en Perse ; l’histoire des filles d’Érechthée, et tout ce qu’elles ont fait et souffert en Thrace. […] Glaucon, Créon, Bellérophon, la Chimère, Sthénobée, le combat du Soleil et de Neptune, les fureurs d’Athamas, le Bélier des enfants de Néphélé, l’accueil que reçurent Ino et Mélicerte dans les Gouffres des mers appartiennent à l’Histoire de Corinthe. […] La Fable d’Oreste est aussi naturellement liée à cette grande histoire, ses dangers chez les Scythes, la rencontre inopinée qu’il y fait d’Iphigénie, le sang qu’il avait répandu, l’expiation qu’il allait en faire, ses infortunes ; ses fureurs. […] Althée, Méléagre, Atalante, Dale, le combat et la défaite d’Acheloüs, l’origine des Sirènes et des Îles Échinades, la fureur d’Alcméon, la ruse fatale de Nessus, la funeste jalousie de Déjanire, l’embrasement d’Hercule sur le Mont Œta.