Ce chevalier, violent et emporte, se livre sans ménagement à tous les excès de la jalousie et de la fureur ; il insulte son rival, Adèle et Renaud. […] Il sort dans la résolution de pénétrer un mystère, dont la seule idée le fait frémir de honte et de fureur. […] Sans entrer dans aucun détail, il accable Adèle de reproches ; il pousse l’injure jusqu’à attaquer sa vertu : il insulte Raymond, et se livre sans ménagement à tous les excès de sa fureur. […] Après des coups portés avec vigueur et pâtés avec adresse, ils parviennent à se couper mutuellement les courroies de leurs cuirasses : elles tombent à-demi : ils les arrachent avec fureur : ils jettent loin d’eux leurs haches et leurs boucliers, et mettent l’épée à la main. […] Les acclamations du peuple, un cri perçant d’Adèle qui tombe mourante dans les bras de son père, rallument le courage et la fureur de Raymond.
Communément on entend par enthousiasme, une espèce de fureur qui s’empare de l’esprit et qui le maîtrise, qui enflamme l’imagination, l’élève, et la rend féconde. C’est un transport, dit-on, qui fait dire ou faire des choses extraordinaires et surprenantes ; mais quelle est cette fureur et d’où naît-elle ? […] Je crois d’abord que ce mouvement qui élève l’esprit et qui échauffe l’imagination, n’est rien moins qu’une fureur. […] Le peuple avait appelé ce dernier enthousiasme, fureur prophétique ; et les pédants de l’antiquité (autre partie du peuple peut-être encore plus bornée que la première) donnèrent à leur tour à la verve des poètes, dont il n’est pas donné aux esprits froids de pénétrer la cause, le nom superbe de fureur poétique. […] Mais la fureur n’est qu’un accès violent de folie, et la folie est une absence ou un égarement de la raison ; ainsi lorsqu’on a défini l’enthousiasme, une fureur, un transport, c’est comme si l’on avait dit qu’il est un redoublement de folie, par conséquent incompatible pour jamais avec la raison.