On ne représentait à leur Foi, toute cette foule de Saints qui les avaient précédés, dans la carrière où ils couraient, que comme des chœurs différents29 dont la Danse triomphante célébrait dans le Ciel, la miséricorde, les bienfaits, et la gloire de Dieu.
Il nous communique, dans ses Mémoires, les réflexions qu’il se fit : « La révolution de Juillet, se disait-il, est le triomphe de la bourgeoisie ; cette bourgeoisie victorieuse tiendra à trôner, à s’amuser ; l’Opéra deviendra son Versailles, elle y accourra en foule prendre la place des grands seigneurs et de la cour exilés32. » Partant de ce principe que l’Opéra devait être un lieu de plaisir où la bourgeoisie riche, vaniteuse, avide de distractions mondaines se donnerait rendez-vous dans une atmosphère de luxe sous prétexte d’entendre de la musique, Véron s’efforça de parer de toutes les élégances et de toutes les splendeurs ce « Versailles » des nouvelles classes dirigeantes. […] Il était en mesure de faire profiter les auteurs de son expérience et des observations qu’il avait faites sur la psychologie des foules. […] Avec le concours de Musard, l’illustre organisateur et le boute-en-train des fêtes de ce genre, il essaya de galvaniser le bal traditionnel en habits noirs et d’introduire à la salle de la rue Le Peletier la foule bariolée qui s’amusait bruyamment aux Variétés et à Valentino. […] Ils l’admirèrent d’avoir illuminé d’un prestige nouveau la vieille Académie de Musique, d’y avoir attiré, par des spectacles somptueux et bien ordonnés, des foules émerveillées, d’en avoir fait un théâtre dont la France avait le droit d’être fière devant le monde entier.