/ 195
135. (1724) Histoire générale de la danse sacrée et profane [graphies originales] « Histoire generale de la danse sacrée et prophane : son origine, ses progrès & ses révolutions. — Chapitre IV. De la Danse des Balets des Anciens & des Modernes, avec quelques descriptions des plus singulieres, & de l’origine de la danse Théâtrale. » pp. 70-111

En 1582 il fut fait au Louvre un Balet comique par l’ordre de la Reine Louise, pour la solemnité du mariage du Duc de Joyeuse avec Mademoiselle de Vaudémont sœur de cette Reine ; toute la Cour, hommes & femmes, danserent dans les Entrées. […] Aristoxene dans son Traité de la Musique, dit que les femmes de Grece chantoient & dansoient une chanson qu’elles nommoient Calycé : une fille de ce nom étant devenue amoureuse d’un jeune homme nommé Evatius, demande à Venus pour toute faveur de l’épouser ou de mourir : si elle ne peut vaincre par l’intercession de la Déesse, l’indifférence du mortel, ses vœux n’étant point exaucez, elle se précipite de désespoir dans la mer : ce sujet fut encore un canevas pour l’invention des Balets tragiques dès ce tems-là. […] Pour les Hilarodes, ils entroient sur la scêne vêtus de blanc, avec une couronne d’or ; les Simodes avoient ce nom d’un Simon qui a passé pour habile chantre & très-bon danseur ; les Magodes se déguisoient en femmes, dansoient, chantoient & représentoient des choses extraordinaires qui tenoient du prodige, comme les enchantemens des Magiciens ; & les Lysiodes étoient des femmes qui se déguisoient en hommes, pour chanter & pour danser : ce qui introduisit insensiblement de grandes licences sur le Théâtre, qui tendoient à la corruption des mœurs, & contraires aux préceptes de la danse Théâtrale.

136. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre quinzième et dernière. » pp. 216-240

D’un côté du théatre on apperçoit un autel antique élevé à la divinité que les habitans adorent ; une statüe représentant un homme qui plonge un poignard dans le sein d’une femme, est élevée au dessus de l’autel. Les habitans de cette isle sont cruels et barbares ; leur coutume est d’immoler à leur divinité toutes les femmes jettées malheureusement pour elles sur ces côtes. […] Celui-ci se voit forcé de promettre solemnellement d’immoler avec le fer dont on va l’armer, la première femme qu’un destin trop cruel portera dans cette isle ; à peine commence-t-il à proférer l’affreux serment dont il frémit lui-même, quoiqu’il fasse le vœu dans le fond de son cœur de desobéir au nouveau Dieu dont il embrasse le culte, que la cérémonie est interrompue par des cris perçans poussés à l’aspect d’une chaloupe que bat une horrible tempête, et par une danse vive qui annonce la joie barbare que fait naître l’espoir de saisir quelques victimes. On apperçoit dans cette chaloupe une femme et un homme qui lèvent les mains vers le ciel, et qui demandent du secours.

/ 195