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11. (1908) Quinze ans de ma vie « Préface » pp. -

Je l’entendis causer : la difficulté avec laquelle elle parle le français ajoute à ses moyens d’expression sans nuire à sa vivacité ; elle l’oblige à se tenir dans le rare et dans l’exquis, à créer à chaque instant l’expression nécessaire, le tour le plus prompt et le meilleur. […] Pour y aider, ni gestes ni mouvements ; mais seulement l’expression de ses regards clairs et changeants comme des paysages qu’on découvre sur une belle route.

12. (1724) Histoire générale de la danse sacrée et profane [graphies originales] « Histoire generale de la danse sacrée et prophane : son origine, ses progrès & ses révolutions. — Chapitre III. Des mouvemens de la Danse par rapport aux actions humaines, suivant les préceptes des Egyptiens & des Grecs. » pp. 59-69

C’est ce qui a fait dire à Plutarque que le Balet est une Poésie muette, qui parle ; parce que sans rien dire, il s’exprime par les gestes & par les mouvemens : c’est ce qui s’appelle sçavoir parler aux yeux, & toucher le cœur par des expressions patétiques & muettes. […] Les Anciens ont aussi distingué trois sortes de mouvemens dans les Balets, qui sont les ports du corps, les figures, & les expressions. […] Les expressions sont les actions qui marquent, comme les forgerons, les rameurs, les endormis, des personnes prises de vin, des luteurs, &c. […] C’est par les expressions que les Balets se distinguent des autres danses, qui ne sont que de simples portemens du corps, ajustez à la cadence & au son des instrumens, dont on marque seulement les tems par la différence des pas & par la chute du corps : & presque toutes les danses que l’on danse au Bal & aux assemblées, sont sans aucune expression ; si ce n’est la Sarabande Espagnole avec les castagnettes, ou la Gigue d’Angleterre, comme la Courante marque la gravité de la danse Françoise. Plus les expressions sont naturelles, plus elles sont agréables.

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