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2. (1724) Histoire générale de la danse sacrée et profane [graphies originales] « Histoire generale de la danse sacrée et prophane : son origine, ses progrès & ses révolutions. — Chapitre VIII. De la Musique naturelle attribuée à Dieu comme l’Auteur de la Nature. » pp. 183-194

Solin dit aussi qu’en Sicile il y a une fontaine dont les eaux se meuvent au son de la flute, & bouillonnent si haut, qu’elles semblent danser en cadence aussi long-tems que l’on en joue ; ce qui est confirmé par différens Auteurs. […] Mais sans aller chercher si loin, les curieux en peuvent faire l’expérience, comme l’Abbé Brossard auteur du Dictionnaire de la Musique, m’a dit l’avoir fait avec un bon joueur de flute, en faisant mettre un sceau d’eau de fontaine dans une grande terrine, exposée au Soleil pendant deux ou trois heures, afin que l’eau soit bien reposée : alors le fluteur s’assit auprès de la terrine, préludant sur sa flute le plus tendrement qu’il est possible, pour trouver le ton qui peut émouvoir l’eau, ce qu’il fit en un quart-d’heure ; & la voyant émue, il prit l’essort sur sa flute, en fit danser cette eau aussi long-tems qu’il voulut, comme si cette eau avoit été poussée par de petits tuyaux, pour la faire rejaillir. Mais comme les eaux des fontaines sont de differente nature, le ton qui convient à l’une pour la faire danser, ne convient pas à l’autre ; c’est au joueur de flute à le trouver : il faut aussi qu’il soit des plus habiles, pour jouer tendrement ces beaux airs de flute des Operas de Lully, qui émeuvent la nature ; & quand l’eau est bien agitée, elle danse au son des Menuets, de la Gigue, & sur des tons patétiques : cette expérience peut convaincre les plus incrédules sur les effets de la Musique naturelle.

3. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Programmes de ballets] — Le jugement de Pâris. Ballet héroïque. » pp. 171-182

Les Divinités des eaux. […] La décoration représente une vaste colonnade formée de congellations, de coquillages, de coraux, de perles et de pierres précieuses ; les entre-colonnes sont ornées de fontaines ; les eaux des unes sont jaillissantes et celles des autres sont tombantes, derrière ces colonnes s’elevent des arbres qui les surpassent en hauteur ; leurs branchages forment un demi ceintre au dessus d’elles. […] L’horison se divise et se partage en grouppes de nuages, qui se replient et se roulent les uns sur les autres en s’élevant vers le ciel : pendant ce mouvement ascendant, des nuages plus lumineux descendent les cieux ; et l’on voit bientôt tous les Dieux de l’Olympe ; par un mouvement contraire le char de Neptune attelé de cheveaux marins sort du sein de la mer ; Amphitrite est placée à côté de ce Dieu ; ce char, ou cette conque marine, est environnée de Tritons, qui fôlatrent dans les eaux, en jouant avec leurs trompes, tandis que les rochers de la droite se garnissent des Divinités terrestres, ceux de la gauche sont bientôt occupés par les Divinités des eaux ; de leurs urnes sortent avec abondance des sources limpides, qui tombent en cascades sur les rochers et se précipitent ensuite dans la mer. […] Les Divinités de la terre, des eaux et de l’air se réunissent aux Jeux, aux Ris et aux Plaisirs ; l’Amour, Vénus et les Graces embellissent cette fête ; Thétis et Pélée y expriment leur félicité ; l’Olympe applaudit à ces jeux et cette première partie de ce ballet, variée de pas d’expression et de caractère, se termine par un grouppe général qui témoigne aux Divinités célestes leur respect et leur reconnoissance.

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