Colbert donnoit des fêtes qui, en attirant des spectateurs de toutes les parties de l’Europe, apportoient beaucoup d’argent en France ; mais l’orgueil national étoit seul satisfait. […] Il faut convenir d’une triste vérité, c’est que la nation Française, cette nation qui marque le plus en Europe, pour les sciences et les arts, et qui l’emporte sur les autres par l’invention, l’esprit et le goût, n’a pu imagnier, depuis cent ans, un projet de fête digne d’elle. […] C’est à cette epoque qu’elle pourroit déployer, d’une manière glorieuse et utile à ses intérêts, toutes les richesses de l’imagination et du goût ; c’est dans cette circonstance enfin, que les talens et les arts enfans de la paix, s’empresseroient, à l’envi de déployer toutes leurs richesses, et de prouver à l’Europe, que si la France est la patrie des héros, elle est encore celle du génie et des arts.
Mais depuis ce tems-là les Balets se sont bien perfectionnez, puisqu’il n’est point de sujets dont on n’en puisse faire une représentation aussi agréable que convenable au Théâtre ; ce qu’on pourra connoître par le Catalogue que je rapporte de ceux qui ont été faits dans toutes les Cours de l’Europe, du moins jusqu’à la fin du siécle précédent ; sans parler de ceux qui se sont faits de nos jours en France depuis l’établissement de l’Opéra, dont ceux de l’Europe galante, des Arts & des quatre Saisons n’ont pas été des moindres. TABLE des Balets représentez dans les Cours de l’Europe, depuis la restauration des spectacles environ l’an 1450, jusqu’en 1723. […] L’Europe galante, Balet. […] Les Royaumes & les Provinces représentez par autant de génies, marchoient avec ces nations devant les chars des Ambassadeurs de l’Europe, de l’Asie, de l’Afrique, & de l’Amérique, dont chacun étoit escorté de soixante & dix Cavaliers. […] Après cet avant-Balet, des Princes & des Princesses de ces quatre Parties de l’Europe, sortirent du Globe, & danserent une Entrée majestueuse & digne de la grandeur de leurs Empires.