Que M. de Voltaire ne craigne donc pas de composer des Pantomimes , & qu’il lise attentivement les grandes vérités dont je vais lui faire part. […] « Le mérite n’est pas bien grand d’arranger une action vraisemblable ; mais créer des êtres à qui l’on donne des passions qu’il saut peindre, répandre dans les gestes qu’on leur prête, cet intérêt soutenu, cette chaleur qui donne à l’illusion l’air de la vérité, trouver, saisir ces sentimens qui s’échappent de l’âme, que les gestes expriment, & que l’homme médiocre ne rencontre jamais : voilà le talent rare & supérieur, voilà le génie » ! […] On est quelquefois si charmé d’entendre parler les Héros de vos Tragédies, ils disent souvent des vérités si sublimes, & tiennent des discours si mâles ; votre style est si beau, si harmonieux, qu’on oublie le plaisir d’aller voir des gens qui se font entendre sans parler, qui découvrent par leurs gestes les passions qui les agitent.
Le jour des lumières est un premier pas vers l’imitation, qui commence à faire naître l’illusion Théâtrale ; et quelles ressources ne peut-il pas fournir à l’art, pour donner de la force, de l’expression, de la vérité, à la décoration, et au surplus de l’ensemble83?
Les bas-reliefs des colonnes Trajane & Antonine sont des Livres muets, où l’on ne trouve pas à la vérité les noms des choses, mais les choses mêmes qui servoient dans le commerce de la vie, du tems au moins des Empereurs dont les colonnes portent le nom. […] Si par le mot de raisonnement on entend l’action de l’entendement qui infere une chose par la connoissance d’une autre, il se trouve également dans la Poésie & dans la Peinture, quand l’occasion s’en présente ; le plus sûr moyen de rendre cette vérité sensible, est de la démontrer dans des ouvrages qui soient sous nos yeux, & ausquels il soit aisé d’avoir recours : les tableaux de la Gallerie du Luxembourg, qui représentent la vie de Marie de Médicis, en seront autant de preuves ; je me servirai de celui où est peinte la naissance de Louis XIII. parce qu’il est le plus connu. […] La trop grande facilité que l’on trouve à découvrir les choses, affoiblit ordinairement les désirs ; les premiers Philosophes ont cru qu’ils devoient enveloper la vérité sous des fables & des allégories ingénieuses, afin que leur science fût recherchée avec plus de curiosité, ou qu’en tenant les esprits appliquez, elle y jettât des racines plus profondes ; car les choses font d’autant plus d’impression dans notre esprit & dans notre mémoire, qu’elles exercent plus agréablement notre attention : Jesus-Christ même s’est servi de cette façon d’instruire, afin que les comparaisons & les paraboles tinssent ses auditeurs plus attentifs aux véritez qu’elles signifioient. […] Je sçai bien que l’on peut attribuer à la parole des expressions que la Peinture ne peut suppléer qu’imparfaitement ; mais je sçai bien aussi que la Poésie est fort éloignée d’exprimer avec autant de vérité & d’éxactitude que la Peinture : tout ce qui tombe sous le sens de l’ouie, quelque soin qu’elle prenne de nous représenter la phisionomie, les traits, & la couleur d’un visage, ses portraits laissent toujours de l’obscurité & de l’incertitude dans l’esprit ; ils n’approcheront jamais de ceux que la Peinture nous expose. […] Les pauvres se servoient anciennement du même moyen pour se défendre contre l’oppression des riches, selon le témoignage du même Quintilien, parce que l’argent des riches pouvoit bien gagner les suffrages en particulier ; mais sitôt que la peinture du tort qui avoit été fait paroissoit devant toute l’assemblée, elle arrachoit la vérité du cœur des Juges en faveur des pauvres : la raison en est que la parole n’est que le signe de la chose, & que la Peinture qui représente plus vivement la réalité, ébranle & pénétre le cœur beaucoup plus fortement que le discours.
Quinault connaissait la marche de l’Opéra Italien, la simplicité noble, énergique, touchante de la Tragédie ancienne, la vérité, la vigueur, le sublime de la moderne. […] Il en écarta l’Histoire qui avait déjà son Théâtre, et qui comporte une vérité, trop connue, des personnages trop graves, des actions trop ressemblantes à la vie commune, pour que, dans nos mœurs reçues, le Chant, la Musique et la Danse ne forment pas une disparate ridicule avec elles.
Mais pour que le maitre de ballets arrive à ce but, il est absolument necessaire qu’il exerce son âme à sentir vivement, sa physionomie à recevoir les sensations diverses qu elle lui communique, les gestes qui doivent les rendre avec vérité ; si son coeur est froid, si son âme est glacée, si son visage est invariable et ne se prête point au-jeu des passions, si ses yeux sont fixes et immobiles, si son corps est roide et guindé, et que les articulations propres à le faire mouvoir ne jouent pas avec facilité, si enfin la tête ne se meut pas avec grâce et que les éffacemens du corps ne contrastent pas avec ses diverses positions ; comment un tel maître de ballets pourra-t-il servir de modèle à ses danseurs ? […] Le maître de ballets veut-il régler un pas de vingt-quatre lutteurs, il faut qu’il renonce à toute espèce de simétrie de figures, de mouvemens, de positions, d’attitudes et de grouppes ; pour imprimer à cette action le caractère de la vérité, il doit composer séparément douze pas de deux différens ; ce travail pénible est l’ouvrage de plusieurs jours ; lorsque tous ces pas de deux sont composés et appris partiellement par les exécutans, on les réunit alors pour former un grand ensemble.
Frappé de la vérité de la représentation, il laissa échapper, malgré lui, des marques d’étonnement fort extraordinaires ; mais, soit que l’orgueil lui fît trouver une espèce de honte dans l’admiration qu’il avait montrée, soit que naturellement jaloux et inquiet, il se trouvât blessé d’avoir été contraint de trouver bien une chose qu’il n’avait pas faite, il rejeta sur la Musique l’impression forte qu’il avait éprouvée.
Ce genre tout à fait nouveau (quoique composé d’un fond connu) formé par le génie, et adopté avec passion par les Romains, fut nommé Danse Italique ; et dans les transports du plaisir qu’il causait, on donna aux Acteurs le titre de Pantomimes, qui n’était qu’une expression vive, et point exagérée de la vérité de leur action.
Son génie, le feu de ses compositions, la vérité de son exécution causaient de l’étonnement, asservissaient les Spectateurs, les entraînaient jusqu’au respect ; mais il était sans intrigue, par conséquent sans cabales.
Si l’on considère ses effets, tant sur le moral que sur le physique, on sera forcé de convenir que, par ses différents caractères, elle exprime les passions avec énergie ; qu’il n’est pas de situation de l’âme qu’elle ne puisse peindre avec vérité, et que l’homme en tire des secours innombrables, dont l’importance n’est bien appréciée que par l’œil observateur du philosophe ; peut-être ne serait-il pas indigne de son attention d’examiner si elle ne pourrait pas devenir un moyen de guérison pour ces maladies de l’âme, à la cure desquelles sont impuissants tous les secours de l’art d’Hippocrate.
L’Autrice de ce bel Ouvrage, Femme spirituelle et sage, S’appelle Madame Touzé, Nom digne d’être éternisé, Puisqu’elle est au Monde l’unique Capable de telle fabrique ; Et comme elle n’avait souci De travailler, jusques ici, Qu’à faire d’admirables tresses Pour Prélats, Princes et Princesses, On peut dire avec vérité Que la rare dextérité De cette Ouvrière inimitable, Part un sort assez honorable De son art plus qu’industrieux, En sait faire aussi pour les Dieux.
Thomas l’avoit peint en grand, et avoit employé toutes les teintes de la vérité pour le faire ressemblant ; il avoit peint son àme, et son immoralité ; mais le chapitre des petites considérations obligea Thomas à ne point exposer ce tablean aux regards de public. […] Mais l’histoire est majestueuse et triomphante lorsqu’elle descend dans les tombeaux, et qu’elle en ranime les cadavres, éclairée par le flambeau de la vérité, elle les peint alors tels qu’ils étoient jadis ; elle saisit leurs traits, elle trace leurs caractères avec fidélité, et elle ne se dégrade point en leur prêtant des ornemens étrangers. C’est donc la postérité qui doit offrir à l’histoire, la palette, les couleurs, et les pinceaux vigoureux de la vérité.
soyez ami de la vérité, c’est un titre qui révolte tous ceux qui la craignent. […] Ces phrases coupées, ces sens suspendus, ces soupirs, ces sons à peine articulés démanderoient une vérité, une âme, une expression et un esprit qu’il n’est pas permis à tout le monde d’avoir ; cette simplicité dans les vêtemens, dépouillant l’acteur de l’embellissement de l’art, le laisseroit voir tel qu’il est ; sa taille n’étant plus relevée par l’elégance de la parure, il auroit besoin pour plaire de la belle nature ; rien ne masqueroit ses imperfections, et les yeux du spectateur n’étant plus éblouis par le clinquant et les colifichets, se fixeroient entièrement sur le comédien. […] de Cahusac rappeloit également les danseurs à la vérité ; mais tout ce qu’ils ont dit a paru faux, parce que tout ce qu’ils ont dit ne présente que les traits de la simplicité. […] En vain cherche-t-on à ramener l’art à la nature, la desertion est générale ; il n’est point d’amnistie qui puisse déterminer les artistes à revenir sous ses étendards et à se rallier sous les drapeaux de la vérité et de la simplicité.
SOCRATE La vérité et le mensonge. […] ÉRYXIMAQUE Celle-ci : la vérité et le mensonge tendent au même but… C’est une même chose qui, s’y prenant diversement, nous fait menteurs ou véridiques ; et comme, tantôt le chaud, tantôt le froid, tantôt nous attaquent, tantôt nous défendent, ainsi le vrai et le faux, et les volontés opposées qui s’y rapportent. […] Tire le fil doré… Amène de tes absences profondes quelque vivante vérité ! […] PHÈDRE La vie noircit au contact de la vérité, comme fait le douteux champignon au contact de l’air, quand on l’écrase. […] … Les méprises, les apparences, les jeux de la dioptrique de l’esprit, approfondissent et animent la misérable masse du monde… L’idée fait entrer dans ce qui est, le levain de ce qui n’est pas… Mais enfin la vérité quelquefois se déclare, et détonne dans l’harmonieux système des fantasmagories et des erreurs… Tout menace aussitôt de périr, et Socrate en personne me vient demander un remède, pour ce cas désespéré de clairvoyance et d’ennui !
La vérité seule peut être la base d’un bon Livre, elle règne avec le sentiment, la bonne métaphysique, et le goût dans ses deux premiers volumes. […] Je cherche la vérité, je souhaite la trouver, j’aspire même à l’honneur de la faire connaître ; mais je n’ai nulle sorte de prétention à la législation : ce ne sont point des préceptes que je veux donner ici.
La vérité n’est qu’une, s’écriera-t-on, j’en conviens ; mais n’est-il qu’une manière de la démontrer et de la faire passer aux écoliers aux quels on s’attache, et ne doit-on pas nécessairement les conduire au même but par des chemins différens ? […] Une legère attention vous convaincra de cette vérité, et vous verrez qu’en général les défauts de conformation provenans de l’arrangement vicieux de quelques articulations, s’étendent à toutes.
Quel est celui d’entre nous qui s’est jamais vanté de pouvoir représenter en Danse un seul personnage célèbre, comme Hercule, Thésée, Alexandre, dans sa dignité et dans la vérité de leurs caractères ?
La vérité est que le terrain était parfaitement préparé, et que Satan n’avait plus qu’à apparaître pour récolter les bénéfices de sa rouerie.
Moi je n’en étais pas… Le résultat de cette séance fut que Kawakami joua Patrie de Sardou au Japon, et obtint pour cette pièce un succès aussi grand que pour les drames de Shakespeare qu’il implante également là-bas et dont il joue les rôles avec tant de vérité qu’on l’appelle chez lui l’« Antoine » du Japon.
Ce qui, pour eux, importe, c’est la grâce des choses fanées, leur malicieux et mélancolique sourire ; ce n’est pas le vase, mais le parfum ; ce n’est pas la vérité austère, mais la splendeur imaginaire ; ce n’est pas la statue étiquetée du musée, mais le torse charmant qui s’effrite sous le lierre.