… C’étaient Schlosser, Poussin, Maupérin et Mercier, que l’on avait surnommées les Quatre filles Aymon, sans doute parce qu’il devait leur être beaucoup pardonné ; Zina Richard, qui allait s’appeler madame Mérante ; Lilia Monselet, qui avait signé une brochure « à sensation » intitulée : Bluettes anti-mondaines d’une danseuse ; Fanny Génat, qui méditait de quitter le ballet pour le drame, et cette aimable Francine Cellier. qui avait l’air si comme il faut, qui écrivait des lettres si spirituelles aux journaux pour s’excuser d’être expropriée si souvent, et qui se préparait à jouer la comédie au Gymnase, où, le soir de son début, le quatrain suivant courait la salle : Du premier rang au dernier De l’orchestre, on se démène Pour voir l’effet que Cellier De plus près fait de la scène. […] *** C’étaient, enfin, les Brach, les Volter, les Villiers, les Ribe… Et puis, la bande des rats de l’époque : Nini, Salaba, Travers, Bélardel, Jousset, Accolas, Vauthier, Desvignes ; Gauguin, qui aimait tant Régnier, de l’Ambigu ; Guénia, que Faure protégeait ; Subra, la sœur aînée de celle d’aujourd’hui, qui allait jouer la tragédie dans la banlieue sous le pseudonyme de Constance Léger, et qui joue maintenant sous son nom la comédie à l’étranger ; Pourchet qui déclarait si volontiers : « L’Empereur a dit comme ça à mon beau-frère… » Travers, qui obtenait tant de succès dans une romance de sa composition : J’avais quinze ans et j’étais jeune fille… et la petite Paillier, qui, complimentée par un abonné sur son minois de bergerette à la mode du siècle dernier, s’écriait en s’adressant aux camarades : — Comprenez-vous c’ t’ animal-là qui vient me dire que je ressemble à un Boucher !
Les Masques n’étaient assujettis à aucune loi, et il leur était permis de faire jouer les airs qu’ils voulaient danser, pour répondre au caractère du déguisement qu’ils avaient choisi.
Ses fréquens voyages à Stuttgardt le conduisirent à l’étude ; il devint grand acteur et sut embellir par la vérité de son action, tous mes poëmes pantomimes dans les quels il joua les premiers personnages. […] Elle quitta Stuttgardt et Vienne, où je lui fis jouer plusieurs rôles dans mes ballets en action.
Il a tâché d’exprimer les passions qui y jouent, et l’épouvante qui règnedans la catastrophe.
Je ne dis rien des huit Entrées, Qui méritent d’être admirées, Où Princes et Grands de la Cour, Et nôtre Roi digne d’amour, En comblant nos cœurs d’allégresse, Font éclater leur noble adresse ; Je laisse les Concerts galants, Et les habits beaux et brillants, J’omets les deux Egyptiennes Ou, si l’on veut, Bohémiennes,30 Qui jouèrent audit Ballet Admirablement leur rolet, Et parurent assez charmantes Avec leurs atours et leurs mantes : De la Du-Parc, rien je ne dis, Qui rendait les Gens ébaudis Par ses appas, par sa prestance, Et par ses beaux pas et sa danse ; Enfin, je ne décide rien De ce Ballet qui me plût bien : Cette Pièce assez singulière Est un In-promptu de Molière ; Et comme les Bourgeois, un jour, Verront ce spectacle à leur tour, Où l’on a des plaisirs extrêmes, Ils en pourront juger eux-mêmes : Mais présentement écrivons Autres choses, si nous pouvons.
Je compare les compositeurs de ce genre de danse aux Faiseurs de Farces, et les Danseurs aux Acteurs de la Comédie, qui jouent des rôles de Caractère. Qu’on se souvienne ici, pour ne pas se méprendre en me lisant que le fameux Molière a fait des Farces, et que le célèbre Préville joue les rôles de Caractère. […] Semblables aux Acteurs Anciens qui faisaient quelquefois sur la Scène les gestes d’un Rôle, tandis qu’un déclamateur en récitait les vers dans la coulisse ; nous mettons les pas, les gestes, les attitudes, les expressions aux Rôles que nous jouons, sur la musique qui se fait entendre dans l’Orchestre.
L’Académie royale de musique, chassée par l’incendie du Palais-Royal, alla s’installer au théâtre des Tuileries ; puis l’administration obtint du roi la permission de jouer des opéras en un acte sur le théâtre des Menus-Plaisirs, rue Bergère. […] On continua d’y jouer jusqu’à ce que la nouvelle salle construite près de la porte Saint-Martin eût été achevée. […] Le gouvernement en fit l’acquisition, et les acteurs de l’Opéra y jouèrent, pour la première fois, le 28 juillet 1794.
Mais les Curez de Paris voyant que ce divertissement public attiroit & détournoit le peuple du Service divin, en firent abolir l’usage, & réduisirent les Danseurs de corde à ne jouer plus qu’aux Foires de Saint Germain & de Saint Laurent, suivant le Réglement de 1560, énoncé dans le Traité de la Police du Commissaire de la Marre, qui réduit les Danseurs de corde à ne jouer dans les Villes du Royaume que dans le tems des Foires, & à découvert dans les Places publiques. C’est apparamment sur les remontrances des Curez, que les Danseurs de corde n’ont plus joué qu’en champ clos, où je me souviens d’avoir donné seize sols aux premieres loges, & les autres places étoient à proportion. […] Il fait mention dans le Prologue de la Comédie intitulée D’heigra, qu’étant prêt de faire jouer cette piéce sur le Théâtre de Rome, l’an 586 de sa Fondation, partie des places étant même déja remplies, il se répandit un bruit dans le Parterre, que des Danseurs de corde, accompagnez d’une troupe d’Athlétes & de Gymnastes pour les sauts périlleux, avoient dressé leur Théâtre dans une Place publique, & qu’ils alloient commencer leurs Jeux pour la premiere fois ; aussitôt les spectateurs qui étoient venus pour voir la premiere représentation de sa Comédie, sortirent file à file, sans même redemander leur argent, & préférerent, au grand regret de Térence, la nouveauté du spectacle des Danseurs de corde, à celui de sa Piéce.
J’ai dit, Monsieur, que la danse étoit trop composée, et le mouvement symétrique des bras trop uniforme, pour que les tableaux pussent avoir de la variété, de l’expression et du naturel : il faudroit donc, si nous voulons rapprocher notre art de la vérité, donner moins d’attention aux jambes, et plus de soins aux bras ; abandonner les cabrioles pour l’intérêt des gestes ; faire moins de pas difficiles, et jouer davantage la physionomie ; ne pas mettre tant de force dans l’exécution, mais y mêler plus d’esprit ; s’écarter avec grâces des règles étroites de l’école, pour suivre les impressions de la nature, et donner à la danse l’ame et l’action qu’elle doit avoir pour intéresser. […] Les passions sont les ressorts qui font jouer la machine ; quels que soient les mouvemens qui en résultent, ils ne peuvent manquer d’être expressifs. […] Les bras d’un danseur auront beau parler, si son visage ne joue point, si l’altération que les passions impriment sur les traits n’est pas sensible, si ses yeux ne déclament point et ne décèlent pas la situation de son cœur, son expression dèslors est fausse, son jeu est machinal, et l’effet qui en résulte pèche par le dèsagrément et par le défaut de vérité et de vraisemblance. […] Ne pouvant occuper agréablement la vue, et n’ayant pu hériter de la gentillesse de Fossan, ils font beaucoup de bruit avec les pieds en marquant toutes les notes ; de sorte qu’on voit jouer avec admiration les violons de cette nation, et qu’on écoute danser avec plaisir leurs pantomimes.
J’ai dit, Monsieur, que la Danse étoit trop composée & le mouvement symmétrique des bras trop uniforme, pour que les Tableaux pussent avoir de la variété, de l’expression & du naturel ; il faudroit donc si nous voulons rapprocher notre Art de la vérité, donner moins d’attention aux jambes, & plus de soin aux bras ; abandonner les cabrioles pour l’intérêt des gestes ; faire moins de pas difficiles, & jouer davantage de la physionomie ; ne pas mettre tant de force dans l’exécution, mais y mêler plus d’esprit ; s’écarter avec grace des regles étroites de l’Ecole, pour suivre les impressions de la nature & donner à la Danse l’ame & l’action qu’elle doit avoir pour intéresser. […] Les passions sont les ressorts qui font jouer la machine : quels que soient les mouvements qui en résultent, ils ne peuvent manquer d’être vrais. […] Les mains d’un Danseur habile doivent, pour ainsi dire, parler ; si son visage ne joue point ; si l’altération que les passions impriment sur les traits n’est pas sensible ; si ses yeux ne déclament point & ne décélent pas la situation de son cœur, son expression dès-lors est fausse, son jeu est machinal, & l’effet qui en résulte péche par le désagrément & par le défaut de vérité & de vraisemblance. […] Ne pouvant occuper agréablement la vue, & n’ayant pu hériter de la gentillesse de Fossan, ils font beaucoup de bruit avec les pieds en marquant toutes les notes ; de sorte qu’on voit jouer avec admiration les Violons de cette Nation, & qu’on écoute danser avec plaisir leurs Pantomimes.
Il rit, joue, et badine dans le monde avec les hommes… Un flot nous entraîne.
Cependant que je m’en vais en guerre contre le travesti, Mlle Soutzo joue Franz ; sa belle prestance aurait fait mettre bas les armes à quelqu’un de moins obstiné que le critique de Comœdia. […] Dans une sorte de pantomime mesurée, elle fait jouer ses bras, balance son torse ; elle marche et court ses danses sur la plante ou la demi-pointe, vire sur elle-même et, surtout, pose.
Vest ris le père avoit obtenu de la cour de France la permission de passer trois mois de chaque année à celle du Duc de Wurtemberg ; on trouvoif chez ce Prince ami des arts, des talens et de le magnificence, la danse la plus belle, la plus nombreuse et la mieux exercée : Les rares talens de Vestris quant à la partie mécanique mirent le sceau à la perfection qu’on y remarquoit ; ce beau danseur ne s’étoit point exercé à l’art pantomime, inconnu alors à l’opéra ; étonné de ma manière de faire et de la nouveauté de mon genre, il sentit qu’il avoit en lui les moyens propres à peindre et à exprimer les passions ; je lui fis jouer successivement les rôles de Renaud dans le ballet d’Armide ; d’Admete dans celui d’Alceste ; de Jason dans Médée ; de Danaüs dans les Danaïdes ; de Pluton dans Proserpine ; d’Hercule dans le ballet de ce nom, d’orphée etc. ; il joua ces différens rôles avec une perfection rare, et encouragé par les succuès qu’il avoit obtenu dans ce nouveau genre, il donna à l’opéra mon ballet de Médée et Jason ; cette scène tragique fut reçue avec enthousiasme et ce fut pour la première fois que la danse en action fit répandre des larmes aux spectateurs.
« Un Orphée jouant de sa Lyre entra sur le Théâtre, suivi d’un Chien, d’un Mouton, d’un Chameau, d’un Ours et de plusieurs Animaux sauvages, lesquels avaient délaissé leur nature farouche et cruelle, en l’oyant chanter, et jouer de sa Lyre.
Je ne parlerai point du reste De ce Ballet pompeux et leste ; On en a fait un Imprimé, Où tout est si bien exprimé, Qu’aux Curieux il peut suffire, Et qu’on doit acheter et lire : Mais je désire, en ce moment, Dire deux mots, tant seulement, De cinq admirables Personnes, De cinq adorables Mignonnes, Qui dans cet illustre Ballet Jouèrent si bien leur Rollet De Bergères et d’Amazones, Que je crois que sous les cinq Zones, Et partout où luit le Soleil, Il ne se voit rien de pareil Madame en était la première, Qui paraissait toute lumière, Tant par ses habits précieux Que par l’éclat de ses beaux yeux ; On ne pouvait, sans allégresse, Voir danser icelle Princesse, Et rien n’égalait les appas De sa grâce et de ses beaux pas : C’est ce qu’on ne lui peut débattre ; Voici les noms des autres quatre.
Or, parmi ce Ballet charmant, Se jouait, encor, galamment, Petite, et grande Comédie, Dont l’une était en mélodie ; Toutes deux ayant pour Auteur, Le comique et célèbre Acteur, Appelé Baptiste Molière, Dont la Muse est si singulière : Et qui le Livre a composé, Demi-rimé, demi-prosé, Qu'à l’illustre de Bensérade, Près d’Apollon, dans un haut Grade, J'ai, bonnement, attribué, Sur ce que ce grand Gradué, Fait ces livres-là, d’ordinaire, Etant du Roi, Pensionnaire.
Il faudroit jouer, disois-je un jour à un comédien, le père de famille et le fils naturel. […] Pourquoi donc, lui répondis-je, doutéz vous de l’effet que ces pièces produiroient au théatre, puisqu’elles vous ont séduit, quoique dégagées des charmes de l’illusion que leur prêteroit la scène, et quoique privées de la nouvelle force qu’elles acquéroient étant jouées par de bons acteurs ? Voilà la difficulté ; il seroit rare d’en trouver un grand nombre, continua-t-il, capable de jouer ces pièces : ces scènes simultanées seroient embarrassantes à bien rendre ; cette action pantomime seroit l’écueil contre le quel la plupart des comédiens échoueroient. […] On s’est écrié par la même raison que le fils naturel et le père de famille n’étoient point des pièces de théatre, et il a été plus facile de s’en tenir là que d’essayer de les jouer ; au moyen de quoi les artistes ont raison, et les auteurs sont imbécilles. […] Diderot, et de la partie de Trictrac jouée dans la première scène du pere du famille, ce qui la rend plus vraie et plus naturelle, j’ai mis un jeu d’échec dans mon ballet.
Tout eut du succès dans ce Ballet, sans en excepter même la Scene du dépit, jouée partie assis, & partie debout ; elle parut aussi vive, aussi animée & aussi naturelle que toutes les autres. […] Il faudroit jouer, disois-je un jour à un Comédien, le Pere de famille & le Fils naturel : ils ne feroient point d’effet au Théatre, me répliqua-t-il. […] Pourquoi donc, lui répondis-je, doutez-vous de l’effet que ces pieces produiroient au Théatre, puisqu’elles vous ont séduit, quoique dégagées des charmes de l’illusion que leur prêteroit la Scene, & quoique privées de la nouvelle force qu’elles acquerroient étant jouées par de bons Acteurs ? Voilà la difficulté ; il seroit rare d’en trouver un grand nombre, continua-t-il, capable de jouer ces Pieces ; ces Scenes simultanées seroient embarrassantes à bien rendre ; cette action Pantomime seroit l’écueil contre lequel la plupart des Comédiens échoueroient. […] Diderot & de la partie de trictrac jouée dans la premiere Scene du Pere de famille, ce qui la rend plus vraie & plus naturelle, j’ai mis un jeu d’Echec dans mon Ballet.
L’estimable antipathie que j’ai pour les Drames mal écrits, & qui m’a fait desirer qu’on ressuscitât la Pantomime, me porte encore à souhaiter vivement, qu’en attendant cette utile résurrection, les Acteurs en tout genre soient tenus de ne jouer leurs rôles que par signes ou par le moyen des gestes. […] Pour revenir à mon sujet, n’est-il pas vrai que si les Acteurs ne jouaient que par signes, les Spectateurs ne seraient plus ennuyés, dégoûtés, révoltés par le mauvais style de la plupart des Pièces nouvelles ? […] Je l’ai déjà dit, en ne faisant représenter sur nos Théâtres que des Pantomimes, ou du moins en prescrivant à tous les Acteurs l’obligation de jouer à la muette, si l’on veut conserver les Poèmes immortels qui font tant d’honneur au Théâtre Français.