J e puis vous assurer avec connoissance de cause, Monsieur, et d’après des épreuves réitérées, que les sujets puisés dans l’histoire sont ceux qui peuvent fournir à l’art pantomime, les plus riches images et les plus grands moyens d’expression. […] Il doit encore employer tous ses moyens dans un genre diamétralement opposé à celui que je viens de citer, tel que l’entrée thriomphale d’Aléxandre dans Babylone, la Foire du Caire, celle des Lanternes, les Kermès, ou Foires Flamandes, dont la suite des tableaux de ténier lui offre les images variées. […] Avant de résoudre ces deux questions je dirai qu’un corps de ballet nombreux est l’image d’une compagnie d’infanterie soigneusement exercée à tous les pas, à toutes lesfigures des évolutions, et aux mouvemens précis du maniement, des armes etc. […] La danse étoit autrefois d’une exécution noble, sage, heureusement combinée, intéressante par son fini et ses belles proportions ; elle offroit successivement à l’oeil enchanté, des pauses et des repos agréables, où les graces du danseur se déployaient ; ce mélange artistement combiné présentoit de beaux contrastes : Ils étoient l’image d’un temps doux et tranquille qui succède à un orage impétueux.
La Musique qui n’exprimerait pas ; la peinture qui ne serait qu’un vain assemblage de couleurs ; la Poésie qui n’offrirait qu’un arrangement mécanique de mots ; la Danse de laquelle il ne résulterait aucune image, ne pourraient être regardées, que comme des productions bizarres, sans art, sans vie, et de mauvais goût.
Elle fut donc dans les premiers temps une expression simple de joie dans les Fêtes publiques ou particulières et successivement les différentes images qu’elle peignit dans les occasions, quoique plus composées, leur furent cependant toujours relatives.
Elle n’est pas de ces rares privilégiées dont l’inspiration se traduit impérieusement en images motrices et dont le démon — au sens socratique — de la danse conduit les pas.
Psyché en habit de victime est enchaînée sur un rocher escarpé ; elle ne peut regarder sans frémir les précipices dont elle est environnée : accablée sous le poids de son infortune, elle étend les bras vers le ciel, elle implore son secours, et ne pouvant plus résister aux images effrayantes que son imagination lui trace, elle tombe presque mourante, dans l’attitude la plus propre à exprimer l’excès de sa douleur et de son désespoir. […] Ces images séduisantes frappent son imagination ; elles ouvrent son cœur à la tendresse. […] L’image séduisante de l’Amour la rappelle bientôt à la glace : elle n’y voit qu’elle et les Graces ; mais les Graces ne sont pas l’Amour. Psyché est triste ; sa contenance annonce tout à la fois son amour et son affliction : l’enfant de Cythère lui avoit apparu en songe ; elle avoit retrouvé son image sur le miroir ; il a disparu, mais il est dans son cœur : l’Amour, vivement touché s’approche, et sa physionomie réfléchie pour la seconde fois par la glace, rappelle Psyché au bonheur : il lui tend la main, elle veut s’en saisir, et ne trouvant qu’une surface polie, elle se retourne avec précipitation : mais l’Amour a disparu ; le jour baisse ; et ce dieu ordonne à la cour brillante de Psyché de s’éloigner.
Cette jeune fille, et c’est là l’essentiel, pense par images plastiques et elle est outillée pour les réaliser.
Que de fois, Karsavina, au cours de ces grandes soirées des ballets russes, votre souvenir nous avait-il hanté et votre chère image s’était-elle interposée entre notre vision intérieure et les réalités du spectacle !
Ces vêtemens offroient par leur vétusté l’image d’une batterie de cuisine ; le cuivre et l’étain se montroient partout, et cette prodigalité devenoit complette, lorsque le corps de ballet, vêtu dans le même genre se réunissoit aux chœurs.
Il joignait à ce premier trait d’adresse, la facilité extrême de composer sur le champ des Danses nouvelles qu’il exécutait lui-même : chacune d’elles était une image vive et ingénieuse des traits estimables, des actions héroïques, des vertus éclatantes, des femmes illustres, dont on conservait en Grèce la mémoire.
La Peinture qui retrace à nos yeux les images les plus sortes ou les plus riantes, ne les compose que des attitudes, du mouvement des bras, du jeu des traits du visage, qui sont les parties dont la Danse est composée comme elle.
Robinet, lettre du 4 octobre 1665 Mais, pour achever ce Chapitre Et pour dépêcher notre Épître, Parlons de l’IN-PROMPTU follet ALIAS du joli Ballet Qu’on fit et dansa le Jour même, Par une diligence extrême, Qui montre qu’un simple FIAT Suffit à notre POTENTAT, Comme aux DIEUX dont il est l’IMAGE, Plus digne d’encens et d’hommage.
Pâle et douce image d’un poète insouciant qui croit avoir tout fait pour la gloire et surtout pour la joie intérieure, quand d’une course aux pays lointains il rapporte moins que rien, un conte, un rêve, une ballade. — Nodier, en effet, rapportait de son voyage en Écosse l’histoire de Trilby : Trilby, c’est le bon génie du foyer domestique, c’est le diable amoureux qui se rencontre dans toutes les mythologies ; c’est le rêve du printemps quand se glisse furtivement, dans la maison réjouie, le premier rayon du soleil ; c’est le rêve de l’hiver, à l’heure solennelle où la famille se presse, grelottante, autour de l’âtre enflammé ! […] Trilby, c’est le chant du poète ; la Sylphide, c’est le cadre du tableau ; mademoiselle Taglioni, c’est la poésie, c’est l’image, c’est l’idéal. […] James, esprit moins grossier, rêve tout haut d’une belle vision qui l’obsède ; il voit en songe une forme aérienne, une tête au doux sourire, au doux regard. — Ce beau rêve, c’est l’image amoureuse, c’est la fée des campagnes florissantes, c’est le démon de la cabane. […] qu’es-tu devenue, la belle image flottante de mes rêves d’amour ? […] par quel sentier invisible a-t-elle disparu, l’image charmante ?
J’y cultive des fleurs avec soin : je les admire et retrouve chez elles votre image. […] Comme ses tableaux n’offroient à l’œil aucune ombre vigoureusement prononcée, les jolies femmes disoient que c’étoit le seul artiste, qui fut digne de multiplier leurs images ; que non seulement il faisoit ressemblant ; mais qu’il étoit le seul qui sût peindre un nez sans tabac. […] Que ces jeunes artistes fixent leurs regards sur la nature ; qu’ils n’oublient point qu’elle est mère des arts ; qu’elle ne les égara jamais ; qu’elle rejette tout ce qui ne lui ressemble point ; enfin, qu’elle pose le sceau de la célébrité sur les chefs-d’œuvre qui portent son image. […] Ils sont l’image des fleurs : Néglige-t-on leur culture ?
Ils la regardaient comme l’harmonie du Monde, et ils croyaient, qu’elle ne pouvait être mieux honorée, que par des Danses régulières qui leur semblaient une image du concert et de l’accord de ses perfections.
Voilà les ressources sans nombre que les images fournissent au véritable talent.
Les applaudissemens sont les alimens des arts, je le sais ; mais ils cessent d’être salutaires, s’ils ne sont distribués à propos, une nourriture trop forte, loin de former le tempérament le dérange et l’affoiblit : Les commençans au théâtre sont l’image des enfans que l’amour trop aveugle et trop tendre de leurs parents perd sans ressource. […] Si de simples images m’entrainent à l’illusion ; si la magie de la peinture me transporte ; si je suis attendri à la vue d’un tableau ; si mon âme séduite est vivement affectée par ce prestige ; si les couleurs et le pinceau dans les mains du peintre habile, se jouent de mes sens au point de me montrer la nature, de la faire parler, de l’entendre et de lui repondre ; quelle sera ma sensibilité, que deviendrai-je, et quelle sensation n’éprouverai-je pas à la vue d’une représentation encore plus vraie, d’une action rendue par mes semblables ?
Les applaudissements sont les aliments des Arts, je le sais, mais ils cessent d’être salutaires, s’ils ne sont distribués à propos : une nourriture trop forte, loin de former le tempérament, le dérange & l’affoiblit ; les commençants au Théatre sont l’image des enfants qu’un amour trop aveugle & trop tendre perd sans ressource. […] Si de simples images m’entraînent à l’illusion ; si la magie de la Peinture me transporte ; si je suis attendri à la vue d’un Tableau ; si mon ame séduite, est vivement affectée par le prestige ; si les couleurs & les pinceaux dans les mains du Peintre habile, se jouent de mes sens au point de me montrer la nature, de la faire parler, de l’entendre & de lui répondre ; quelle sera ma sensibilité !
Or ce que vous éprouvez dans ce moment est une image (imparfaite à la vérité, mais suffisante pour éclaircir mon idée) de ce qui se passe dans l’âme de l’homme de génie, lorsque la raison, par une opération rapide, lui présente un tableau frappant et nouveau qui l’arrête, l’émeut, le ravit, et l’absorbe. […] Il s’agit donc d’un tableau qui n’a point encore été vu, d’un tableau que la raison vient de créer, d’une image toute de feu qu’elle présente tout-à-coup à une âme vive, exercée, et délicate ; l’émotion qui la saisit est en proportion de sa vivacité, de ses connaissances, de sa délicatesse. […] Je réponds 1°. qu’il n’existe point de musique digne de ce nom, qui n’ait peint une ou plusieurs images : son but est d’émouvoir par l’expression, et il n’y a point d’expression sans peinture. […] Ce discours qui vous émeut, qui vous intéresse ou qui vous révolte ; ces détails, ces images successives qui vous attachent, qui ouvrent votre cœur d’une manière insensible à celui des sentiments que l’on veut vous inspirer, tout cela n’est et ne peut être que l’effet de l’émotion vive qui a précédé dans l’âme de l’orateur celle qui se glisse dans la vôtre.
Les Coryphées étant les chefs du ballet, sont employés utilement dans les choeurs qui offrent l’image de ceux des Grecs ; ils participent à l’action ; il faut, à cet effet, qu’ils s’exercent à la pantomime ; car, dans cette situation la danse doit faire place à l’action ; il n’est plus question de pas brillans ; il faut des gestes expressifs qui remplacent les mouvemens des jambes ; ce sont les traits animés de la physionomie qui doivent suppléer au méchanisine des pieds. […] J’entendrai dire à la plupart des maîtres de ballets, si toutefois ils me lisent, que cette action est noire, que la danse ne doit offrir que des images riantes, que les sujets tristes doivent être absolument proscrits, et que l’art n’exige que de la gaieté et de l’enjouement. […] Cette culture intéressante fait les délices de l’homme sage ; en examinant leur éclat, leur fraîcheur, leurs couleurs brillantes, et en voyant ensuite la dégradation de leurs formes et la diminution de leur beauté, il retrouve dans cette métamorphose succéssive l’image de sa naissance et de sa mort.