Ils rendent à la mode une beauté démodée : le ballet de Nijinski ressuscite le ballet de Vestris, comme l’Europe de 1914 rappelle celle du Directoire.
Avant de vous nommer, Monsieur, le peuple qui aime le mieux la musique, qui la cultive avec passion, et qui en fait l’agrément de ses loisirs, je me permettrai de vous faire quelques observations relatives à cet art, et particuliérement sur la manière leste et frivole que nous employons communément pour en juger les productions ; jugement bien propre à prouver que le peuple, qui aime le mieux la musique, n’est pas celui qui sait le mieux en apprécier les beautés. […] Après la mise d’Armide, et le nouveau triomphe que Gluck obtint dans cet opéra, qui n’est point une tragédie, ce célèbre compositeur fut sollicité par le Baron de Thoudy, auteur des paroles d’Echo et Narcisse, d’en faire la musique ; il céda aux instances des amis de l’auteur : cette nouvelle circule dans tout Paris, ou ceux qui aiment le mieux la musique répandirent le dégoût dans les sociétés, en annonçant que cette nouvelle production seroit médiocre ; tous ces propos retentirent même dans les cafés, avant que Gluck eût mis la main à la plume pour écrire la première scène de ce nouvel ouvrage ; il rioit de la prédiction de tous ces petits prophètes : il donna son opéra ; mais l’esprit de parti triompha du charme, de la beauté et de la grace qui règnoient dans cette production ; elle n’eût qu’un foible succès.
Item, Mad’moiselle de Brie, Qui n’est pas native de Brie, Y fait la Déesse Vénus, Mais montrant ses Membres moins nus, Que ladite Beauté céleste, Comme étant beaucoup plus modeste, Quoi qu’elle égale en ses Atours, Cette Déesse des Amours, Contre Psiché, moult irritée, De voir sa Beauté plus vantée : Et cette belle Actrice là Fait, certe153, des merveilles là.
Sans beauté, avec sa figure d’institutrice sympathique, son torse sans souplesse, ses pieds comme aplatis et élargis par vingt ans de piétinement sur les plantes nues, Isadora conserve je ne sais quel prestige plastique. […] Celle, petite, d’Anna, aux traits qui, volontiers, s’empreignent d’une douloureuse extase, admirablement placée sur un cou élégant ; celle de Lisa, beauté vénitienne, blonde aux sourcils noirs qui semble avoir échangé le domino et la botte d’un personnage de Gozzi contre la tunique grecque ; celle de Margot, écolière sage. […] J’œuvre humblement à rééduquer cette faculté de percevoir la beauté chorégraphique.
Zulmire obéit en tremblant ; le voile tombe ; les roses de la modestie et de l’innocence ajoutent encore à la beauté. […] Le frère de Zulmire frappé de la beauté de Zélis, lui prodigue les plus tendres soins ; elle ouvre enfin les yeux, mais rencontrant ceux de sa rivale et se trouvant entre ses bras elle s’en échappe avec horreur, et fuit en exprimant son désespoir. Le Sophi touché de la sensibilité de Zulmire l’en aime davantage ; et, pour faire diversion à cette scène affligeante, il ordonne des jeux ; on se livre à des danses : Zulmire y déploie toutes les grâces de son âge et toutes celles de la beauté, dans un pas de trois dialogué entre elle, le Sophi et son frère.
Libre alors de la contrainte à laquelle ses yeux avaient été assujettis ; il appela la lumière et l’engagea par les plus tendres chants à se répandre sur les Astres, le Ciel, l’Air, la Terre et l’Eau, afin qu’en leur donnant mille beautés différentes, par la variété des couleurs, il lui fut aisé de choisir la plus agréable.
Toutes les jeunes filles de Sparte, parées de leur propre beauté et sans autre voile que leur pudeur, venaient immédiatement après eux avec des pas lents, et une contenance modeste. […] Ces arbres vous paraissent tous d’une égale beauté.
Tous ces objets ne sont rien moins qu’aisés à remplir : mais que de beautés résultent aussi dans ces sortes d’ouvrages de la difficulté vaincue! […] Cette première idée que Quinault a eue en créant ce genre, est le germe des plus grandes beautés de ce spectacle. […] La féerie y fait voir un pouvoir surprenant sur les créatures sans mouvement, ou sur les êtres animés : la magie par ses enchantements y amène des changements qui étonnent, et tous ces différents ressorts y produisent des beautés qui peuvent faire illusion, lorsqu’ils sont conduits par une main habile. […] Tout enchantement qui ne naît pas du sujet qu’on traite, qui ne sert point au développement de la passion, et qui n’en est pas l’effet, est donc vicieux, et ne saurait produire qu’une beauté hors de place ; cette espèce de merveilleux ne doit être employé à l’opéra qu’à propos. […] [Voir Ballet] Les Romains, en adoptant le théâtre des Grecs, prirent tous les défauts de leur genre, et n’atteignirent à presqu’aucune de leurs beautés.
Contenant des éléments de beauté impérissable le ballet 1830 est bien de son temps. […] Le ballet, qui fut sous l’Empire surtout un divertissement de danse accolé à un sujet quelconque de mythologie scolaire ou bien, comme en Italie, un drame passionnel mimé en mesure, se vit ainsi appelé à exprimer les aspirations d’une époque, sa pensée philosophique, son besoin de beauté. […] Par tous ces contacts une conception plus vaste, plus intense de la beauté plastique est bientôt instaurée ; devant la plénitude des formes évoquées ou entrevues la grâce étriquée, guindée et toute de convention, promulguée par l’école de Gardel, s’étiole et disparaît. […] Du reste le très remarquable « portrait écrit » qu’il fait d’elle à ce propos dans Les beautés de l’Opéra, album où Jules Janin se charge du panégyrique de Taglioni, n’est qu’une réduction de l’article d’ensemble qu’il avait publié au Figaro en 1837. On n’analyse jamais la beauté des actrices, on ne les envisage jamais sous le côté purement plastique, se plaint-il au début.
Du premier coup j’avais été pris : elle m’avait révélé la beauté du mouvement. […] La vue de la pureté, de l’innocence, de la candeur unies à la beauté et à la grâce, procure aux vieux pécheurs une émotion que j’appellerai divine pour en marquer la qualité rare et noble. […] Déjà un comité de professeurs éminents et de gens du monde s’est fondé pour l’aider à gérer son œuvre de beauté, mais l’appui financier qu’il lui faudrait ne s’est pas encore trouvé.
Monsieur, avec sa belle Suite, Par les Grâce mêmes, conduite Et Madame, pareillement, Du Bal, le second Ornement, Vinrent en Bergers et Bergères, Revêtus d’étoffes légères, Et d’habits assez peu dorés, Mais si superbement parés De rubans de toutes manières, De houlettes, de panetières, Que, certes, le beau Céladon, Qui, de charmer, avait le don ; Que, certes, l’amoureux Sylvandre, Pour qui Diane eut le coeur tendre, Que Dorinde, Astrée et Philis, Aux teints de roses et de lys, Stelle, Hylas, Tersandre et Madonte, Dont tant de choses l’on raconte, Dans le plus fort de leur beauté, Assurément n’eussent été Auprès de ces rares Personnes, Que des chiffons et des chiffonnes.
Robinet, lettre du 20 février 1672 Depuis quinze Jours on redanse, En la Royale Résidence, Ce Ballet fait, non sans grands frais, Nommé le Ballet des Ballets : Où, pendant sept heures qu’il dure, Sans qu’aucun ennui l’on endure, On voit les extraits éclatants, De Ballets faits depuis vingt ans, De qui l’on a pris les entrées163 Les Concerts les mieux concertez En un mot, toutes les beautés Qui, le plus, notre Cour, charmèrent Pendant le temps qu’ils les dansèrent.
de ces images une si surprenante beauté que je n’aurais su les oublier et qu’aujourd’hui la fatale nouvelle me touche infiniment. […] Mais, beauté suprême, la danse ayant pour instrument le corps dompté et transfiguré, le schéma idéal, le théorème plastique se revêt en elle de chair vibrante, de vie nerveuse, de couleur et de sourires.
C’est une toute jeune fille que Mlle Brociner ; elle est roumaine ; cependant ses yeux en amande son nez mince et un peu busqué, ses sourcils finement fusinés sont autant de caractères de la beauté sémitique.
Je compare ces copistes détestables aux harpies de la fable ; comme elles, ils gâlent tout, ils empoisonnent tout, et la beauté sous leurs mains crochues acquiert tous les traits repoussans de la laideur.
Un Ouvrage dramatique n’est qu’une grande action, formée de mille autres, qui lui sont subordonnées, qui en sont les parties essentielles, qui doivent concourir à l’harmonie générale, et dont le concert mutuel peut seul former la beauté, l’illusion, le charme de l’ensemble. […] Dans cette succession historique des différents emplois de la Danse, on voit distinctement les divers degrés de beauté que peut lui donner l’art : car ce qu’il a pu dans un temps, il le peut toujours dans un autre. […] Instruite par son art de l’état du camp de Godefroy, jouissant des transports de Renaud, elle n’a que sa fuite à craindre ; et cette fuite, elle ne peut la redouter, qu’autant qu’il serait possible de détruire l’enchantement dans lequel son art et sa beauté ont plongé son heureux Amant.
Ce Dieu fatigué et sachant bien que toutes les Déesses ainsi que les mortelles, ont des prétentions à la beauté, enlève la pomme et la présente à Jupiter. […] Les Déesses impatientes d’obtenir le prix décerné à la beauté, le pressent de s’expliquer ; Junon, qui dispose des trônes, lui en promet un ; elle lui fait offrir par sa suite un sceptre, une couronne et des richesses immenses désignées par des minéraux d’or, d’argent, et les pierres les plus précieuses. […] Ce Berger, blessé par l’Amour et séduit par Vénus refuse les trônes et les grandeurs, dédaigne les victoires, les trophées et les triomphes et oubliant la jalousie et la vengeance des deux Déesses, il donne à Vénus le prix de la beauté.
Puissamment taillé, le torse un peu étroit par rapport aux jambes athlétiques, Novikoff montre cette superbe et pathétique fougue qui fait la beauté de certaines sculptures baroques. Il « enlève » la danseuse avec une aisance souriante ; et tout l’acharnement meurtrier d’une pianiste redoutable ne parvint pas à détruire la farouche et pesante beauté de sa « danse albanaise ».
L’Oratorio d’Hayden, intitulé la création du monde fut donné sur le théâtre de l’opéra ; cet ouvrage rempli de science et de goût, de beautés musicales et imitatives, étonna par l’abondance et la richesse des plus savantes combinaisons ; mais il ne fut bien apprecié que par les connoisseurs, et malheureusement ils sont en petits nombre. […] Les artistes qui composent le brillant orchestre de l’opéra, ainsi que les hommes à talens qui s’étoient réunis à eux pour donner à l’exécution de cet ouvrage toute la perfection qu’il méritoit, en apprécièrent les beautés ; et dans l’enthousiasme de leur admiration ils écrivirent à l’auteur.